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18 mars 2015 3 18 /03 /mars /2015 15:52

Dakha-Brakha - Rap de Carpates

Le soir du 13 octobre 2014 la salle du théâtre Le Monfort dans le 15ème arrondissement de Paris est pleine à craquer. Nous attendons les musiciens du groupe Dakha-Brakha avec impatience. Trois femmes en coiffes de laine noires imposantes et un seul homme habillé en noir montent sur scène et s’installent devant leurs instruments, prennent leur temps... et le mystère commence... Lorsque nous écoutons cette musique, étonnante, à la fois traditionnelle et moderne, archétypique et universelle qui nous envoie quelque part, très loin, à explorer nos origines ... Un seul mot vient à l’esprit : la puissance. La puissance des voix et de l’imagination musicale, la puissance des tambours et des émotions, la puissance des traditions ukrainiennes qui disparaissent et reviennent sous une nouvelle forme.

« DakhaBrakha » signifie « donner/prendre » en ancien ukrainien. En effet, les musiciens donnent au public le meilleur d’eux-mêmes. Ils accompagnent leurs chants polyphoniques d'instruments indiens, arabes, africains, russes ou encore australiens... La magie opère immédiatement. Issus du milieu universitaire et artistique, Iryna Kovalenko, Olena Tsybulska, Nina Harenetska et Marko Halanevych forment le groupe depuis 2004 sous la direction de Vlad Troitsky, le directeur de théâtre d'avant-garde le Dakh à Kyiv. C'est que DakhaBrakha est un projet artistique avant d'être un projet musical, et continue à jouer régulièrement dans des pièces théâtrales du Dakh.

Leur carte de visite - les costumes - sont très recherchés et facilement reconnaissables: les coiffes de laine noir très hauts, les robes blanches brodées, les colliers lourds et riches, portés à la façon traditionnelle ukrainienne des femmes, la chemise noir et la barbe de Marko. « DakhaBrakha » occupe une place unique sur la scène musicale ukrainienne. Habitués des festivals internationaux prestigieux, ils ont su conquérir le public en Europe, aux Etats-Unis et au Canada. Dans son entretien avec Stéphane Deschamps de « Les InRocks », Marko Halanevych a parlé du concept du groupe : « On n’est pas de pop-stars, on ne passe pas à la télé. Mais dans la sphère de la world-music, on est connus, nos concerts font venir des milliers de personnes. Notre public est plus jeune en Ukraine qu’à l’étranger, et plutôt urbain. Ils nous voient comme l’expression d’une réunification de l’Ukraine, une nouvelle énergie. On est la bande-son d’un idéal, d’un désir de vivre autrement. Notre mission, c’est de créer des nouveaux mythes ukrainiens, pour une nouvelle génération. Parler de l’Ukraine aux Ukrainiens, de cette culture riche et unique, dont on peut être fiers, et qu’on peut montrer dans les pays étrangers. On a l’opportunité de voyager, de briser les stéréotypes et l’ignorance que les étrangers ont par rapport à l’Ukraine. On est des Européens, ouverts, amicaux, avides de démocratie. Dans notre musique, on utilise des racines de musique traditionnelle, mais jouées de façon innovante. On mélange par exemple des rythmes dubstep avec des polyphonies traditionnelles propres à l’Ukraine. On compose peu, on a écrit deux chansons peut-être, on prend des chansons anciennes dont on change le rythme, les paroles. Mais ces vieilles chansons, elles ont quelque chose de magique, de shamanique, on ne peut pas vraiment les améliorer. Notre répertoire est largement composé de chants rituels préchristianiques, avec une dimension chamanique et spirituelle. Mais on en fait de l’art, pas une religion, on n’est pas une secte. »

Ouest France : « Dakhabrakha a fait vivre au public une transe musicale de toute beauté. Étonnant de voir les spectateurs se laisser emporter autant par ces airs ukrainiens. Par moment, ce n'est pas un rêve, on se croirait presque dans une rave ». La présentation du concert : « Un bel envoûtement, l’hallu totale un vrai choc durable, la sensation d’avoir trouvé une musique tradi-moderne, à la fois ancestrale (les instruments, les polyphonies traditionnelles) et neuve (les rythmes de transe, l’influence du hip-hop) ».

DakhaBrakha représente « Une Ukraine qui s'émancipe de la Russie. Une Ukraine qui résiste. Et une Ukraine féminine loin des clichés ». « Voix des femmes » (Belgique) : « Laissez-vous bousculer, laissez-vous emporter. DakhaBrakha, c'est de la bombe ».

Ceux qui ont eu la chance d’assister au concert le 13 octobre 2014 à Paris, n’ont pas été déçus. Au début les spectateurs sont silencieux et étonnés, mais déjà au milieu de la performance une partie du public est attirée vers la scène pour danser aux rythmes envoutants, afin de finir dans une sorte de transe collective d’une beauté sidérante. Malheureusement, les technologies modernes même les plus sophistiqués – les vidéos et des enregistrements – ne sont pas capables de transmettre entièrement cette énergie incroyable, cette puissance des voix et cette magie que l’on puisse ressentir dans l’obscurité de la salle de concert en compagnie des spectateurs enthousiastes et totalement conquis. DakhaBrakha revient en France en 2015 pour participer au Festival Art Rocks, alors ne le manquez pas!

Par Oléna Codet

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