24 avril 2009
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Alexandra Exter, née Grigorovitch appartient à ces artistes de l’avant-garde russo-ukrainienne qui ont déployé au début du XXème siècle toute l’amplitude de leurs talents en Occident. Le travail d’Alexandra Exter est dominé par le cézanisme géométrique avant de s’inscrire progressivement dans le cubo-futurisme russo-ukrainien.
Installée avec sa famille à Kiev depuis 1886, elle y fait ses études jusqu’à 1908. L’artiste voyage beaucoup, mais revient toujours à Kiev où elle ouvre son atelier de décor non objectif en 1914. Peu après, elle entre dans le groupe de Malevitch dont elle est très proche. Alexandra Exter fut une avant-gardiste « la plus française » : elle vit plusieurs mois à Paris où elle côtoie notamment Apollinaire, Picasso, Braque. C’est notamment grâce à ces deux derniers qu’elle se passionne pour le cubisme.
Grâce à Exter, le cubisme fit une entrée triomphale à Kiev, Odessa ainsi qu’à Moscou. Mais cette grande ukrainienne ne suivit pas aveuglément les influences parisiennes de ses illustres amis, et sa dynamique de recherche passionnée, son talent lui permirent de créer son propre mouvement, son cachet, son école que l’on désigne par le cubo-futurisme russo-ukrainien. La recherche en couleurs est tout particulièrement remarquable et se définit, selon les historiens d’art, comme typiquement ukrainien.
Le talent de cette kiévienne atteint alors une notoriété sans précédent, elle participe à de nombreuses expositions en Russie et en Ukraine. Ouverte à toute nouveauté artistique, les facettes de son art s’avèrent d’une éblouissante multiplicité; l’artiste s’intéresse au travail dans l’espace, ainsi elle réalise des décorations théâtrales pour une pièce d’Alexandre Tairov qui ne fit appel à elle qu’une fois car … ses décorations extraordinaires avaient fait de l’ombre aux recherches du metteur en scène et au jeu d’acteurs !
Sa collaboration avec Yakov Protazanov pour le film Aélita (1923) est un véritable chef d’œuvre de la plastique constructiviste dont l’impact a marqué des générations de cinéastes.
En 1924, Exter émigre en France où elle enseigne dans une école parisienne d’art contemporain. Au début des années 1930, elle se tourne vers des projets de Livres Manuscrits, réalise des marionnettes et des créations originales en céramique. L’Ukraine lui manque terriblement, elle n’a de cesse d’y envoyer des œuvres pour les expositions auxquelles il lui est possible de prendre part. Mais ses œuvres puis son nom finissent par être interdits à partir de 1924.
Paradoxalement, cette immense artiste mourut à Fontenay-aux-Roses dans un total dénuement , mais aujourd’hui son œuvre est toujours source d’inspiration pour de nombreux artistes, comme la styliste ukrainienne Lilia Poustovit qui a présenté une collection inspirée du cubo-futurisme extérien à l’occasion de l’exposition à Kiev au printemps 2008.
Olga Artyushkina
Images:
1 - Construction Scene with Plastic Gymnastic Figures 1926
Musee National d'Art de Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, France
2 - cadre du film Aélita
Installée avec sa famille à Kiev depuis 1886, elle y fait ses études jusqu’à 1908. L’artiste voyage beaucoup, mais revient toujours à Kiev où elle ouvre son atelier de décor non objectif en 1914. Peu après, elle entre dans le groupe de Malevitch dont elle est très proche. Alexandra Exter fut une avant-gardiste « la plus française » : elle vit plusieurs mois à Paris où elle côtoie notamment Apollinaire, Picasso, Braque. C’est notamment grâce à ces deux derniers qu’elle se passionne pour le cubisme.
Grâce à Exter, le cubisme fit une entrée triomphale à Kiev, Odessa ainsi qu’à Moscou. Mais cette grande ukrainienne ne suivit pas aveuglément les influences parisiennes de ses illustres amis, et sa dynamique de recherche passionnée, son talent lui permirent de créer son propre mouvement, son cachet, son école que l’on désigne par le cubo-futurisme russo-ukrainien. La recherche en couleurs est tout particulièrement remarquable et se définit, selon les historiens d’art, comme typiquement ukrainien.
Le talent de cette kiévienne atteint alors une notoriété sans précédent, elle participe à de nombreuses expositions en Russie et en Ukraine. Ouverte à toute nouveauté artistique, les facettes de son art s’avèrent d’une éblouissante multiplicité; l’artiste s’intéresse au travail dans l’espace, ainsi elle réalise des décorations théâtrales pour une pièce d’Alexandre Tairov qui ne fit appel à elle qu’une fois car … ses décorations extraordinaires avaient fait de l’ombre aux recherches du metteur en scène et au jeu d’acteurs !
Sa collaboration avec Yakov Protazanov pour le film Aélita (1923) est un véritable chef d’œuvre de la plastique constructiviste dont l’impact a marqué des générations de cinéastes.
En 1924, Exter émigre en France où elle enseigne dans une école parisienne d’art contemporain. Au début des années 1930, elle se tourne vers des projets de Livres Manuscrits, réalise des marionnettes et des créations originales en céramique. L’Ukraine lui manque terriblement, elle n’a de cesse d’y envoyer des œuvres pour les expositions auxquelles il lui est possible de prendre part. Mais ses œuvres puis son nom finissent par être interdits à partir de 1924.
Paradoxalement, cette immense artiste mourut à Fontenay-aux-Roses dans un total dénuement , mais aujourd’hui son œuvre est toujours source d’inspiration pour de nombreux artistes, comme la styliste ukrainienne Lilia Poustovit qui a présenté une collection inspirée du cubo-futurisme extérien à l’occasion de l’exposition à Kiev au printemps 2008.
Olga Artyushkina
Images:
1 - Construction Scene with Plastic Gymnastic Figures 1926
Musee National d'Art de Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, France
2 - cadre du film Aélita