Pour quelle raison avez-vous déposé un vœu relatif à la situation de Ioulia Timoshenko au conseil de Paris ?
J’ai eu la chance de rencontrer Ioulia Timochenko lors d’une visite qu’elle effectua en France en tant que Premier Ministre. Elle avait souhaité rencontrer des chefs d’entreprise français pour les encourager à investir en Ukraine. Elle avait fait forte impression grâce à son charisme et à sa volonté. Sa condamnation à sept années d’emprisonnement de manière totalement injustifiée a été un grand choc : il fallait réagir et montrer que Paris, considérée comme la capitale des Droits de l’Homme, ne pouvait rester indifférente devant cette profonde injustice. Ces deux raisons m’ont incité à déposer ce vœu.
Comment cette initiative a-t-elle été accueillie, d'une part par le Nouveau centre, parti dont vous êtes secrétaire national, d'autre part par les différents groupes politiques du conseil de Paris ?
Cette initiative a été très bien accueillie par les différents groupes politiques du Conseil de Paris puisque ce vœu a été voté à l’unanimité. Les élus ont bien senti qu’il ne s’agissait pas d’une affaire politicienne mais bien d’un problème de liberté, qui transcende les courants politiques ; Il s’agissait de manifester notre opposition déterminée au sort réservé à Ioulia Timochenko et au-delà à l’ensemble des opposants qui sont aujourd’hui injustement emprisonnés. Je pense notamment à Monsieur Lutsenko.
Au regard des dégradations avérées des droits de l'homme et des libertés fondamentales, considérez-vous que l'Ukraine est encore une démocratie ?
Les opposants sont clairement privés de liberté d’expression, voire de liberté tout court. Certains ne pourront pas être candidats aux élections législatives d’octobre puisqu’ils ont été privés de leurs droits civiques. Dans ces conditions, la démocratie est bafouée puisque le pluralisme politique ne peut plus s’exercer. L’Ukraine est devenue une démocratie « canada dry » : elle en a encore vaguement l’apparence mais son exercice est devenu impossible. La dégradation s’accélère de jour en jour sans parler de la corruption qui est une autre forme de déni de la démocratie, plus économique mais néanmoins très présente.
Quelle attitude se doivent d'adopter les dirigeants européens, et notamment français, face au pouvoir ukrainien ?
Le nouveau gouvernement français doit adopter une position très ferme vis-à-vis du régime ukrainien actuel. Il ne peut pas tolérer le maintien de la situation actuelle. Il doit peser de tout son poids politique pour obtenir la condamnation immédiate de la part de l’ensemble des pays européens, assortie éventuellement de sanctions diplomatiques, voire économiques. Ces condamnations ont prouvé, par le passé, qu’elles pouvaient avoir une influence décisive sur l’évolution de tel ou tel régime qui bafouait la démocratie. L’Union Européenne doit parler d’une même voix et doit parler rapidement : c’est sa vocation et c’est son rôle.
Plus de deux décennies après l'implosion de l'URSS, quelle lecture avez-vous de la citation de Voltaire : " L'Ukraine a toujours aspiré à être libre " ?
Voltaire avait raison et il est vraiment dommage que nous soyons encore aujourd’hui au XXIème siècle obligé de défendre la liberté dans ce pays. Il y a une histoire commune entre l’Ukraine et la France qui ne peut laisser indifférent le peuple français. L’Ukraine a payé par le passé un lourd tribut à la soviétisation de son territoire : des millions de morts ; un univers concentrationnaire terrible ; une économie détruite par une idéologie absurde puis l’invasion allemande. Ce pays qui a de nombreux atouts notamment économiques, doit rapidement retrouver un fonctionnement démocratique normal, gage de liberté et de prospérité pour son peuple.