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4 mai 2013 6 04 /05 /mai /2013 06:25

Natalka PasternakVous souvenez-vous de ce que fut votre première réaction à l'annonce de la mort de Pierre Bérégovoy le 1er mai 1993 ?

 

J’étais abasourdie, totalement sous le choc, puis j’ai ressenti une immense tristesse m’envahir. Je me suis ensuite posée d’innombrables questions ; je demeure convaincue que ce drame aurait pu être évité.

 

Quelle conséquence a eu sa disparition sur votre vision du monde politique ?

 

Je perçois cet univers comme dépourvu de sentiment ; il s’agit d’un monde où la dureté laisse peu de place à l’éthique.  

 

Que vous inspirent son parcours personnel ainsi que son engagement politique ?

 

Un immense respect et de l’admiration pour cet homme qui plaçait les valeurs républicaines au cœur de son action. Il appartenait à cette génération marquée par la Résistance, animée par une espérance collective et prête à des sacrifices individuels.

 

Quelle lecture avez-vous de la citation de Pierre Bérégovoy : "Le vrai débat n’est plus entre capitalisme et communisme, mais entre conception sociale et conception libérale de l’économie de marché. Le temps des révolutions n’est plus. Celui des réformes — conservatrices ou sociale-démocrates — est devant nous." ?

 

Cette citation illustre parfaitement la dimension constructive de sa pensée, fondée sur l’équilibre et l’efficience. Pierre Bérégovoy a fait preuve durant toute sa vie d’une grande ouverture d’esprit. Rejetant les postures extrémistes et dogmatiques, il privilégiait les approches pragmatiques et consensuelles, tant en politique qu’en économie.

 

A l'occasion d'un voyage, Pierre Bérégovoy s'était rendu dans le village natal de son père et avait été confronté de visu au passé traumatique de l'Ukraine. Il était l'un des rares responsables français à connaitre précisément depuis de nombreuses années la réalité et l'ampleur des crimes de masse perpétrés par le régime stalinien. Comment expliquez-vous l'ignorance d'une large part de la classe politique française sur ce sujet durant des décennies ? Quels enseignements en tirez-vous ?

 

Pierre Bérégovoy dont une grande partie de la famille avait subi les persécutions staliniennes, était sans illusion quand au silence de la quasi-totalité de l’intelligentsia française : Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! C’est dans l’indifférence presque générale que la moitié du continent européen a subi le joug soviétique... Qui s’est préoccupé des millions d’Ukrainiens qui ont péri lors du Holodomor, famine génocidaire de 1932-1933 ? Je formule le vœu que l’Europe, au-delà des crises qu’elle traverse, saura se préserver du totalitarisme et parviendra à unir harmonieusement tous les peuples qui la composent.

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