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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 08:31

Plusieurs jours après les élections législatives, les résultats définitifs ne sont toujours pas officiellement proclamés. Dans certaines circonscriptions, les résultats font l’objet de vives contestations. On recompte encore et encore. L'opposition dénonce une victoire volée tandis que le pouvoir cherche les moyens grâce auxquels il pourra faire valider la victoire de ses candidats.

 

Les désaccords les plus importants touchent les circonscriptions concernées par le scrutin majoritaire. En revanche, le scrutin proportionnel reflète, plus ou moins, les sympathies politiques des Ukrainiens... « Sans compter les fraudes, les voix préachetées et des pratiques administratives détournées » précise un activiste de la société civile ukrainienne, Ostape Kryvdyk.

 

Le scrutin proportionnel révèle que le parti au pouvoir, le Parti des Régions, réunit actuellement 30 % des suffrages. « Il ne s'agit pas d’un succès, estime le journaliste politique Moustafa Naiyem. Entre les élections de 2007 et celles de 2012, le Parti des Régions a perdu presque 2 millions de voix, dont 34 % sont comptabilisées dans le fief électoral du parti : les oblasts de Donetsk, Lougansk et Kharkiv. »

 

La liste de l'Opposition Unie – Batkivchtchyna (Notre Patrie) a fait un score légèrement inférieur aux sondages effectués à la sortie des urnes. La Commission Centrale Électorale a communiqué un résultat de 25,54 %, alors que les sociologues prédisaient à la force politique de Tymochenko-Yatsenuk 27-28 %. Ce score paraît assez logique, au regard de la déception de l'électorat « orange » résultant des promesses non tenues, des reformes non faites et de la faiblesse de l'opposition au moment des votes relatifs aux accords de Kharkiv et à la loi sur les langues.

 

 

La troisième force politique s’avère être le parti « Oudar » (Le Coup) du champion du monde de boxe Vitaliy Klitchko. Ce nouveau venu au parlement est déjà surnommé par la presse russe « le chouchou d'Angela Merkel ». Ce parti, fort de ses 13,96 %, est la seule formation politique ayant obtenu un soutien à peu près équivalent dans tout le pays. Potentiellement, s'il ne perd pas la confiance accordée par les électeurs, « Oudar » pourrait devenir un jour une force à même de réunir une majorité dans toute l'Ukraine, tant à l'Est qu’à l'Ouest.

 

Quant au Parti Communiste ukrainien, il obtient un succès inattendu, déjouant les pronostics qui annonçaient la disparition de la formation au drapeau rouge. « Si on analyse une carte électorale, parti par parti, on constate que les voix communistes à l'Est proviennent d’un électorat autrefois acquis au Parti des Régions », estime le politologue Serguey Taran. Le vote communiste, même si le PC ukrainien est un allié fidèle des Régions, est en quelque sorte aussi un vote contestataire.

 

La deuxième surprise des élections est le score élevé du parti nationaliste « Svoboda ». Même si la formation bénéficie d'un bon ancrage à l'Ouest du pays, nul n'a vu venir ses 18,5 % à Kyiv. « Il représente un instrument efficace pour faire partir le Parti des Régions » : ainsi Andriy, un ingénieur quadragénaire et russophone, explique-t-il son vote. La capitale ukrainienne a exprimé une forte attente de changement. Le Parti « Svoboda » se retrouve en mesure de devenir, s'il synthétise les aspirations de l'ensemble des composantes de son électorat, un parti conservateur patriotique. Si le potentiel interne de « Svoboda » ne lui permet pas le renouvellement  politique nécessaire, elle reviendra inévitablement à son statut de formation régionale.

 

Tant que les résultats définitifs ne sont pas déclarés, les conclusions des missions d'observation de l'OCSE, de l'APCE et autres organisations ne sont pas recevables. Le combat pour les décomptes continue. « Les fraudes sont importantes et systématiques », affirme le député polonais du Parlement Européen Pavel Zalevski. « Mais ce qui est rassurant, c'est de constater que les Ukrainiens ne se laissent pas faire. Que le pluralisme est maintenu et que l'Ukraine ne prend pas le chemin de la Russie ou de la Biélorussie. C'est au peuple ukrainien et pas aux partis corrompus que nous devons apporter notre soutien. » Comme de nombreux députés polonais au Parlement Européen, M. Zalevski plaide pour la suppression des visas entre l'Union Européenne et l'Ukraine au plus vite.

 

Youlia Timochenko depuis sa prison, ainsi que son mari depuis la République Tchèque, demandent à la communauté internationale de ne pas reconnaître les résultats des élections. Au sein de l'opposition ukrainienne les avis sont partagés. Il n 'est pas exclu qu'en mars prochain de nouvelles élections soient organisées dans les circonscriptions où de nombreux problèmes ont entaché le scrutin. Dans ce cas, les partis « Batkivchtchyna », « Oudar » et « Svoboda » se sont déjà engagés à présenter un candidat unique contre le parti des Régions.

 

 

 

Alla Lazareva

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