La Fondation Robert-Schuman est l’un des grands think tank européens qui publie régulièrement des analyses approfondies sur l'Ukraine. Son dirigeant, Jean-Dominique Guiliani se rend souvent en Ukraine. La Fondation a pris une position très ferme vis-à-vis du pouvoir ukrainien. En particulier, M Giuliani qui s’est exprimé pour un boycott de Euro-2012 et pour l'interdiction aux dirigeants de l'Ukraine de fouler le sol européen. «Les Européens doivent refuser de s'asseoir sur les mêmes gradins que les liberticides », a-t-il écrit sur son blog.
Monsieur Giuliani soutient ainsi la position du gouvernement français qui consiste à ne pas aller en Ukraine en juin. « Notre Fondation suit très attentivement les événements, nous a-t-il dit dans une interview. Je me suis rendu en Ukraine en automne. Youlia Timochenko, Youri Loutsenko, Valery Ivashchenko étaient déjà en prison. J'ai rencontré beaucoup de monde, et j'ai trouvé que les responsables du gouvernements que j'ai rencontré n'avaient aucune conscience de l'importance que représentait pour nous cet abus de droit. Il s'agit d’une véritable logique d’abus de droit, parce que ces gens sont condamnés pour des faits commis dans l'exercice de leur fonction sur la base d’un droit pénal hérité de l'époque soviétique. Ce sont deux raisons par lesquelles leurs condamnations sont considérées par les européens comme une double manœuvre politique.»
Compte tenu de la détérioration de la situation des droits de l'homme, Jean-Dominique Giuliani estime que le moment n'est pas venu pour que les négociations entre l'Ukraine et l'UE aboutissent à la signature d'un accord d'association: « Les ploutocrates de Kiev craignent leurs compères russes et ont fait mine de se tourner vers l'Union européenne, avec ce chantage : ou l'Europe ou la Russie. C'est ainsi que l'Union a entrepris, sous la pression d'une Pologne qu'on a connu plus attachée aux droits fondamentaux, de négocier avec l'Ukraine un accord de libre-échange qui n'est pas près d'être ratifié. Elle découvre aujourd'hui, à l'occasion de ce qui devait être la fête du football européen, la réalité triste et inacceptable de la politique ukrainienne. »
Jean-Dominique Giuliani souligne que même une libération rapide des opposants politiques n'entrainerait pas un retour immédiat aux négociations, comme si rien ne s’était passé. « Il faudra beaucoup plus que des gestes cosmétiques, car les violations de l’Etat de droit sont édifiantes » nous a-t-il dit. En Ukraine il y a les gens formidables, beaucoup de richesses potentielles, notamment, au sein de la jeunesse qui est très entreprenante, très européenne sur touts les plans et notamment culturels et économiques... Et je considère que le pouvoir est confisqué de manière pire encore qu'en Russie ».
La Fondation Schumann est l’une des toutes premières institution à avoir évoqué la nécessité de sanctions contre les dirigeants ukrainiens. Aujourd'hui le Parlement Européen parle de plus en plus de mesures restrictives comparables à celles prises à l’encontre des autorités biélorusses. « Le pouvoir ukrainien fait de jolis sourires à tout le monde et exerce une chantage avec l'Union Européenne, en, pensant jouer sur les contradictions entre les différents pays de l'Union. Mais il se trompe dans cette stratégie, parce que s'il existe un sujet sur lequel l'UE et pleinement unie, c'est celui de l'Etat de droit et les droits de l'homme ».
Durant sa dernier visite en Ukraine, M Giuliani a formulé la demande de rencontrer Ioulia Timochenko. La réponse de Kiev a été négative. « C'est une situation inadmissible », estime le dirigeant de Fondation Schumann. Il ne s'agit pas que de Madame Timochenko, mais de tous les prisonniers politiques qui sont privés de liberté et en mauvais santé. L'Ukraine doit changer sa politique vis-à-vis d'eux. Autrement, l'accord de libre-échange avec l'UE ne sera jamais signé ».