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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 21:18

 

trombinoscope-Olga-3.jpgAu Salon du livre de Paris-2014, Perspectives Ukrainiennes lance une opération caritative de vente des cartes postales au profit des familles des tués sur Maidan. Olga Gerasymenko, présidente de l’association présente cette initiative.


 En quoi consiste l’opération ?

Cette année au Salon du livre de Paris pour la deuxième année consécutive le stand d’Ukraine sera présent (emplacement U77). Nous connaissons bien les organisateurs et nous nous sommes dits que c’est l'occasion de rencontrer un vaste public, des gens curieux et instruits, qui se posent forcement des questions sur ce qui se passe en Ukraine. Même l’entourage proche des Ukrainiens en France nous demande « mais que se passe-t-il, nous n’y comprenons rien ».

 

Nous avons donc décidé en collaboration avec le Collectif Euromaidan France d’organiser une équipe de bénévoles qui pourra discuter avec les visiteurs qui viendront s’informer au Stand ukrainien. Le meilleur média est encore le contact humain.

 

Le Collectif Euromaidan France s’est naturellement créé au moment des événements de Maidan pour soutenir les peuples ukrainiens dans leur soif de justice, d’Etat de droit, de démocratie, toutes ces valeurs européennes auxquelles on adhère entièrement. Le Collectif est composé d'associations et de volontaires de différents âges, nationalités et aspirations. Ce que nous a réuni, c’est l’envie de contribuer à la construction d’un Etat nouveau en Europe, face aux défis d’aujourd’hui et en répondant à l'agression de notre voisin.

 

 Pourquoi avez-vous choisi de transmettre le bénéfice aux familles des tués sur Maidan ?

Les morts sur Maidan (aujourd’hui c’est 101 personnes – « centurie céleste » comme on l’appelle dans le peuple) ont donné leur vie pour leur pays. Ce n’est pas très courant de nos jours de donner sa vie en répondant à sa conscience et non à un appel de mobilisation militaire officiel.

 

 

Or le titre d'« Héros d’Ukraine » a perdu son sens. On l’a beaucoup trop souvent donné à des criminels au pouvoir. Par ailleurs, le temps que l’Etat se remette debout et donne des compensations aux familles des morts pourrait être long... Or les familles, déjà éprouvées par la perte d’un des leurs, ont perdu non seulement une source de revenu mais probablement plus : la foi en la justice.

 

Malgré d’autres urgences, nous avons donc décidé d’aider ces familles endeuillées. Faire une preuve d’humanité, de compassion et d’amour envers son proche doit devenir une des bases de cette nouvelle société qu’on souhaite construire en Ukraine. Nous sommes époustouflés par la violence de la société post-communiste –  des autorités ont d’abord tiré sur les chiens errants. Après ils ont tué les hommes. Nous souhaiterions tourner la page et faire table rase du passé trop violent et injuste. Pour cela il nous faut beaucoup de confiance et d’amour les uns pour les autres.

 

Comment avez-vous choisi les visuels?

Dans le Collectif Euromaidan France, composé de groupes parsemés à travers l'Hexagone, à Paris, Toulouse, Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille et autres, nous avons une cellule de veille. Nous avons vu le travail formidable fourni par des journalistes et reporteurs français qui sont venus travailler à Kyiv et ailleurs en Ukraine. Je pense que l’expérience de Maidan les a fait revenir avec une autre vision de la réalité. Nous avons également vu le travail des rédactions françaises de piètre qualité. Elles n'ont pas saisi les subtilités (comme dans le cas du nationalisme ukrainien),  ne donnaient pas d’importance aux événements capitaux pour l’avenir de l’Europe,  s’inspirant des sources financées par le Kremlin et invitant les « experts » sur les plateaux qui ne connaissent rien au sujet ou sont de mauvaise foi (mention spéciale à Dimitri de Kochko).

 

Sur la base de cette veille, le Collectif Euromaidan France a préparé la liste des experts francophones à qui on peut faire confiance – puisqu’ils travaillent sur l’Ukraine et l’espace post-soviétique depuis plusieurs années et pas seulement des experts de la Russie (la Russie est déjà assez vaste et complexe pour s’y perdre les pieds; un expert de la Russie ne veut pas dire forcement un expert de l’Ukraine). Je sens qu’il est important de mettre les points sur les I en prononçant cette banalité.

 

Précisons également les difficultés de financement d’une mission en Ukraine, « ce pays inconnu et méconnu », cela s’avérait très souvent compliqué pour les reporteurs français.

 

Nous avons vu le travail formidable des grands photographes et c’est ainsi que nous avons fait connaissance avec Eric Bouvet.  Eric est un humaniste, une personne formidable qui couvre depuis 33 ans de nombreux conflits. Il a déjà fait 18 missions en Russie et c’était la première fois qu’il venait en Ukraine. Il n'y a passé que quelques jours, mais je crois que l’expérience Maidan l’a beaucoup affecté. Comme il dit « je me suis retrouvé au mauvais moment dans un mauvais endroit » - Lui  et son collègue Jérôme Sessini de Magnum étaient  sous l’hôtel Oukraina quand les snipers ont tué plus de 70 personnes.


Il a vu ces gens mourir et il a tout de suite accepté de donner ses photos pour notre opération caritative. La générosité du geste est à la mesure de sa grandeur.


Nous avons choisi des photos reconnaissables – avec des drapeaux ukrainiens ou dans des lieux devenus déjà familiers (entrée au Stadion Dynamo de Lobanovsky).

Carte-postale_BAT.jpg

Eric Bouvet a des photos formidables mais très violentes. Nous avons choisi de prendre des photos moins dures – voici un ajusteur de piano face aux Berkout, voici un homme avec une chapka cosaque…. Mais derrière chaque image il y a toute une histoire : on accorde le piano juste avant un assaut des Berkout, le gars en chapka c’est celui dont on a vu les images nu, moqué et torturé par les mêmes forces spéciales… Eric Bouvet passera lundi au stand ukrainien – venez le rencontrer et lui parler.

 

 

 Sur qui vous appuyez vous dans votre organisation de vente ?

Nous avons des bénévoles qui sont venus spontanément proposer leur aide et avec leurs idées et initiatives. Nous avons eu l'accord immédiat des organisateurs du stand Ukrainien – Open Ukraine, Anetta Antonenko des éditions Calvaria, Iryna Dmytrychyn d’INALCO. Le Comité représentatif de la Communauté ukrainienne en France nous soutient beaucoup et est une partie prenante dans l’opération.

 

Nous remercions également Yves Merle de l’Imprimerie Jasson Taboureau des Yvelines pour son soutien technique et financier.

 

Il ne reste plus que le public français réponde présent. Donc, on compte sur chacun d'entre vous. Venez nous rencontrer au stand U77 pour échanger, poser vos questions et si vous êtes convaincus par notre opération : achetez les cartes. Une carte postale n’est rien, mais c’est à la fois énorme – puisqu’elle représente une unité de mémoire. Les conflits à travers le monde et les sociétés s’empilent aujourd’hui, on oublie ces visages et ces sacrifices. Donc, prenez une carte pour ne pas oublier !

 

Propos recuillis par Camille Kourbas

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