Entretien avec Nathalie Pasternak, Présidente du Comité représentatif de la communauté ukrainienne en France
Que vous inspire le renoncement par Kiev à signer un accord d'association avec l'Union européenne ?
Plus qu’une déception, un véritable gâchis… Depuis 10 ans, les précédents présidents ukrainiens avaient entamé des négociations avec l’Union Européenne. Celles-ci avaient notamment abouti à des échanges de savoirs et de compétences en vue de réformes indispensables à la société ukrainienne, dans tous les domaines de l’économie, des transports, de la justice ou encore de de l’écologie. Il est irrespectueux et irresponsable de balayer ainsi tout ce travail accompli.
Mais surtout, le refus flagrant du gouvernement d’être à l’écoute de son peuple, met en exergue une fois de plus la pression exercée par Poutine chef de file de l’impérialisme russe.
La proposition de dialogue tripartite - Bruxelles / Kiev / Moscou - vous parait-elle une option recevable ?
C’est inconcevable ! L’Ukraine est un pays indépendant et n’a nul besoin des dirigeants du Kremlin pour décider de son avenir !
De quel dialogue peut-il d’ailleurs s’agir quand on assiste à un chantage honteux de la part de la Russie ? Moscou n’hésite pas en effet à brandir ouvertement des menaces à l’encontre des entreprises ukrainiennes pour prendre en tenailles l’économie du pays tout entier.
Quel état des lieux dressez-vous de la démocratie ukrainienne ?
Le chemin vers la démocratie a réellement débuté en 2004, au moment où le peuple a pris son destin en main, c'était la Révolution orange. Espoirs et déceptions ont ponctué ce parcours qui a permis l’émergence d’une vraie société civile.
Mais depuis 2010, nous sommes en droit de nous interroger devant les dérives du pouvoir : une justice de plus en plus sélective, une censure de la presse plus insidieuse que jamais, une liberté de parole malmenée, tout esprit d'entreprise contrarié au profit d'un cercle de privilégiés...
Mais le peuple ukrainien est plus que jamais déterminé à faire valoir ses droits et ses aspirations européennes. Il est animé par un élan démocratique et une soif de changement.
Propos recueillis le 25/11/2013 par Frédéric du Hauvel