Il y a un siècle et demi, un Français, un certain Honoré de Balzac, a sillonné les routes d’Ukraine. Sa destination était un village perdu dans les plaines ukrainiennes, Verkhovnia. Il est allé jusqu’en Ukraine par défi, par passion, par amour.
En 2008, un autre Français a traversé ces mêmes plaines, en train tel un voyageur d’autrefois… il s’agit d’Emmanuel Lepage. Natif de Bretagne, il n’avait pas eu peur de mettre le cap à l’Est ! Il s’est arrêté à plus de 3000 kilomètres de Saint Brieuc, à Volodorka, près de Tchernobyl. A la suite de ce voyage deux livres ont vu jour - "Les Fleurs de Tchernobyl" et "Un Printemps à Tchernobyl".
Emmanuel a, en effet cette, particularité de rechercher l’inspiration dans les terres supposées inhospitalières. Il sillonne le vaste monde à la rencontre des quatre éléments et y rencontre souvent un cinquième – l’être humain.
C’est une quête intérieure et poétique qui l’anime. Elle le conduit à l’universel, tel le cheminement du pèlerin de Compostelle. « Un Printemps à Tchernobyl » s’inscrit tout particulièrement dans cette approche sensible et artistique de ce qui relie la nature et les hommes.
Sujet tragique, synonyme d’anéantissement, la catastrophe du 26 avril 1986 semblait, aux yeux du monde et notamment des français, avoir figé l’Ukraine dans l’ambre de l’éternité et du désespoir.
Mais Emmanuel Lepage a merveilleusement retranscrit la résurrection d’une terre et d’un peuple qui a une foi absolue en la vie, au-delà des épreuves, au-delà de la souffrance.
Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, il avait parlé d’avoir pris des couleurs gris et noir pour dessiner Tchernobyl, et il s’est retrouvé avec du vert… Cette phrase résume l’étymologie du mot « Tchernobyl »! En effet, «Tchernobyl » veut dire à la fois – « un conte noir » mais aussi l’herbe d’absinthe, cette plante verte, qui inspirait les artistes en menant, parfois, ceux qui n’étaient pas assez prudents, à leur perte.
Emmanuel Lepage a réalisé un album éblouissant de lumière, de poésie et d’émotion, en alternant paysages de campagne, friche industrielle et urbaine, en conjuguant nuances de gris et couleurs éclatantes.
« Un Printemps à Tchernobyl » est le récit lucide d’une reconstruction aux confins de la peur et du courage, tout à la fois vertigineux, profond, intense et terrifiant.
C’est en reconnaissance de ce témoignage, porté par un puissant sentiment d’humanité, que la rédaction de Perspectives Ukrainiennes a décidé à l’unanimité de décerner à Emmanuel Lepage le prix Balzac – Verkhovnia 2013.
Perspectives Ukrainiennes remercie chaleureusement monsieur le Sénateur Hervé Maurey, président du groupe d’amitié France-Ukraine, qui s’est associé à cette remise de prix, en accueillant la cérémonie ce 19 juin 2013.