CINÉ-CLUB UKRAINIEN
ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE
22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53
Entrée libre.
SÉANCE SPÉCIALE
Jeudi 20 septembre 2012, 20 h 30
LIBERTÉ SECRÈTE
(ТАЄМНА СВОБОДА)
vo
suivi d’une intervention de Myroslav Skoryk,
compositeur de la musique du film Les Chevaux de feu
Production : Agence cinématographique d’État, Studio Kontakt, 2011, 52 mn, coul.
Scénario : Loudmyla Lemecheva
Réalisation : Serhiї Lyssenko
Photographie : Igor Ivanov, Yevhen Heranine, Volodymyr Houїevskyi, Vitaliї Filippov
Son : Heorhii Stremovskyi
Montage : Valeriï Matsiouk, Maxime Palahviї
Genre : documentaire
Opinion
Présenté lors du IIIème Festival International d’Odessa en 2012, ce documentaire riche en archives filmiques retrace les moments forts de l’histoire du cinéma ukrainien des années 60-70, notamment à travers les films-phare Les Chevaux de feu, La Croix de pierre, L’Oiseau blanc marqué de noir, Brèves rencontres, Et l’Acier fut trempé, Vol entre rêve et réalité. Ce documentaire de Serhiї Lyssenko diverge complètement du film expérimental d’Alexandre Balahoura Antolohion et, dans une moindre mesure, de celui de Anatoliï Syrykh À Ivan Mykolaїtchouk, tous deux de 1996, traitant différemment des mêmes pans d’histoire. Dans Liberté secrète, la scénariste Loudmyla Lemecheva revalorise l’atmosphère créatrice des sixties et seventies par une analyse très fouillée des pratiques et de l’esthétique des réalisateurs qui surent résister aux pressions idéologiques et rester libres dans leur for intérieur. Tous connurent la dictature du Parti communiste, plus tard celle du marché. Les figures qui défilent restent toujours dans la mémoire des nouvelles générations : Paradjanov, Mykolaїtchouk, Illienko, Ossyka, Machtchenko, Dziouba, Dratch, Yakoutovytch, Biélikov, Hrès, Balaїan, Kalouta, Mouratova, mais aussi les moins connus ou plus jeunes tels Constantin Yerchov, Serhiї Masloboїchtchykov. L’idée de réunir autour d’une table ronde dans les célèbres Studios Dovjenko de Kiev les acteurs principaux de cette époque - réalisateurs, opérateurs, scénaristes, décorateurs, comédiens et critiques de cinéma -, trouve ici le recul nécessaire pour s’interroger sur les liens étroits qu’exercent les images d’archives entre la fascination nostalgique et la potentialité de les raconter ou de les réinterpréter à bon escient. On y découvre un moment émouvant, où le cinéaste Youriï Illienko annonce sa mort prochaine, et l’on regrette l’absence de Bohdan Stoupka ou encore les divergences des frères ennemis Illienko et Balaїan. Par leur opus, Serhiї Lyssenko et Loudmyla Lemecheva, laquelle avait signé douze ans auparavant le scénario de À Ivan Mykolaїtchouk, ont le mérite d’avoir donné une forte caution historique au cinéma d’auteur et à ce qui a été en son temps caché ou défendu : un hors-champ réinstallé faisant corps avec la surface écranique.
Lubomir Hosejko