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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 22:16

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

Jeudi 6  décembre 2012, 18 heures

 

 

Ciné-concert

 

 

LE COCHER DE NUIT 

(НІЧНИЙ ВІЗНИК)

vostf

 

copie restaurée en 2010

Photogramme-1-Le-Cocher-de-nuit.jpg

musicalisé par Arsène Trofimov

 

Production : VOUFKOU, Studio d’Odessa, 1929, nb, muet, 55 mn
Scénario : Mykhaïlo Zats, Heorhiї Tassine   
Réalisation : Heorhii Tassine
Photographie : Albert Kun
Décors : Heinrich Baisenhertz, Josef Shpinel
Interprétation : Ambroise Boutchma, Marie Ducimetière, Karl Tomskyi, Youriï Choumskyi, Mykola Nademskyi
Genre : drame social
Affiche-Le-Cocher-de-nuit.jpg

Synopsis


Durant la guerre civile, la ville d’Odessa se retrouve aux mains des interventionnistes. Pendant que le cocher de nuit, Hordiї Yarochtchouk, conduit les officiers blancs dévoyés, sa fille Katia imprime des tracs à son insu, aidée par le jeune bolchévik Boris. Hordiї, qui a fini son labeur plus tôt qu’à l’ordinaire, décide d’aller la chercher à la sortie de son travail. Il apprend que Katia a quitté son emploi depuis deux mois. Furieux, il rentre chez lui, aperçoit Boris et va le dénoncer. Par malchance, c’est Katia que le commissaire arrête, et Hordiї doit amener lui-même sa fille à la morgue où elle est tuée sous ses yeux. Le vieil homme erre toute la journée dans la ville. À nouveau interpellé par le commissaire qui vient d’appréhender Boris, il se rachète en faisant signe au prisonnier de sauter en marche avant de précipiter son attelage du haut de l’escalier Potemkine.

Opinion

Tourné au Studio d’Odessa en 1928, année bénie du cinéma muet en Ukraine avec plus de trente longs métrages de fiction, Le Cocher de nuit est considéré comme l’une des œuvres majeures de l’époque. Réalisé par Heorhiї Tassine sur un scénario de Mykhaïlo Kats, ce film, ainsi que Deux jours de Heorhii Stabovyi, sont de ceux qui vont ouvrir la voie au réalisme en décentrant l’individu par rapport à la masse et en plaçant le héros au cœur des événements. Né du rejet de la représentation abstraite et symbolique de la réalité que véhiculent les films allégoriques, ce nouveau courant psychologique manifeste un intérêt pour le destin des individus, leurs drames personnels et leur interaction avec le milieu social. L’histoire du vieux cocher Hordiї Yarochtchouk, qui voiture pendant la nuit les officiers blancs dans Odessa, semble être celle d’un homme fermé à tout ce qui est hors de sa sphère familiale et ne veut pas entendre parler de politique. Mais à la suite d’une tragédie personnelle, son histoire devient le récit d’un héros qu’une prise de conscience pousse au courage civique. En dénonçant Boris (Karl Tomskyi), l’ami bolchevique de sa fille Katia (Marie Ducimetière), il la dénonce involontairement. Le rôle-titre est tenu par la star du cinéma de l’époque Ambroise Boutchma, venu du théâtre de Lès Kourbas. À cette époque, entre 1926 et 1930, Boutchma travaille exclusivement pour le cinéma en tenant les premiers rôles dans les films de Tchardynine, Okhlopkov, Tassine, qui lui donnent une liberté artistique totale, notamment dans les rôles de composition où il campe tantôt un Français, tantôt un Anglais ou un Américain. Son partenaire Youriï Choumskyi, qui a connu les affres de la guerre civile, interprète avec brio celui de l’officier des services secrets. Cette œuvre émotionnelle de portée socio-politique, qui marque un tournant dans le cinéma ukrainien, soulève le problème des populations prises en otage par l’ennemi, thème qui sera exploité jusqu’à l’écœurement dans le cinéma soviétique. Le Cocher de nuit  fut très vite comparé au film Le Dernier fiacre de Berlin de Karl Boese, et le jeu de l’acteur Ambroise Boutchma à celui d’Emil Jannings dans Le Dernier des hommes de Friedrich Murnau.Photogramme Le Cocher de nuit 2
À l’instar de la plupart des films odessites, Le cocher de nuit fut tourné in situ. Le réalisateur ne se servit pas de la ville comme d’un décor pittoresque, mais comme d’un élément constitutif de l’intrigue et du jeu des acteurs. Les séquences principales furent enregistrées dans un splendide ensemble urbain, partant du Palace Vorontsov jusqu’au boulevard Primorsky (à l’époque boulevard Feldman) et la Place Catherine. Selon le témoignage d’Ambroise Boutchma, la scène finale, qui se déroulait sur les escaliers Potemkine, fut amputée pratiquement de sa totalité. Tassine avait pour principe de ne pas truquer ses scènes et demandait à ses acteurs de ne pas être doublés. Un cheval d’une caserne de pompiers bien entraîné fit l’affaire devant plusieurs caméras installées sur les marches. Boutchma lança sa monture au galop en dirigeant la calèche dans les escaliers. Il sauta de celle-ci lorsque le cheval, devenu fou, se brisa les jambes sur un palier intermédiaire. Enregistrée à l’aube, cette ultime scène se terminait par la mort de l’officier et du cocher, les yeux fixés sur les nuages moutonnant dans le ciel.
Le Cocher de nuit fut présenté avec un accompagnement musical live d’Arsène Trofimov au Premier Festival du cinéma muet d’Odessa Mute Nights’ Silent Films Festival, le 18 juin 2010.

Lubomir Hosejko


Ciné-concert

 

L’HOMME À LA CAMÉRA

(ЛЮДИНА З КІНОАПАРАТОМ)

vostf

 

musicalisé par Volodymyr Shpinov

 Affiche--L-Homme-a-la-camera.jpg

Production :VOUFKOU, Studio de Kiev, 1929, nb, muet, 1h.07mn

Scénario : Dziga Vertov

Réalisation : Dziga Vertov

Photographie :Mikhaïl Kaufman, Gleb Troyansky

Montage :Elizaveta Svilova, Dziga Vertov

Genre :documentaire

 

Distinction : œuvre citée parmi les douze meilleurs documentaires de tous les temps au Festival International de Mannheim en 1964.

 

Synopsis

Un jour de la vie à Odessa. La ville s’éveille le matin. Un homme filme tout à l’improviste : les rues animées, le travail, les machines, les loisirs. À midi, la pause, puis le rythme reprend de plus belle, l’agitation grandit, la caméra s’emballe, les images se bousculent. Un œil mécanique se ferme, le soir tombe, la ville s’endort. Photogramme-L-Homme-a-la-camera-2.jpg

Opinion

Après lui avoir commandé, en 1928, la réalisation d’un film de propagande, La Onzième année, la Direction générale photocinématographique d’Ukraine (VOUFKOU) apporte une nouvelle fois son soutien à Dziga Vertov pour sa création la plus audacieuse et la plus achevée, L’Homme à la caméra. Dans ce film expérimental proche de l’écriture automatique, où le montage joue un rôle central, se chevauchent quatre lignes conductrices : l’opérateur en quête d’images, la vie au quotidien du citoyen lambda, la monteuse rivée à sa table de montage, le spectateur observant l’écran. La destruction volontaire du récit, assurée par un montage d’une complexité rigoureuse, et l’absence totale d’inter-titres, n’altèrent en rien le relevé diégétique spatio-temporel : une grande ville d’Ukraine sous la NEP – le film est tourné sur le vif à Kiev, Kharkiv et Odessa -, en plein processus institutionnel dit de l’indigénisation. Partout,
Photogramme-L-Homme-a-la-camera-1.jpg l’ukrainien envahit progressivement le paysage socioculturel. Enseignes, calicots, panneaux publicitaires, administrations, journaux, signalétique sont photographiés au hasard, non pas pour les besoins d’une propagande superflue, mais en tant qu’éléments différentiels, témoins iconiques d’une volonté qui s’opère plus en surface qu’en profondeur. Surchargés d’allitérations visuelles, de collages, de surimpressions à échelles différentes, de dédoublements ou d’inversements de l’image et, en guise de bouquet final, d’un enchaînement ultrarapide de plans courts, le film reste incompris du public, rejeté par la critique pour fétichisme technique et infantilisme. Ce film fondateur de la théorie sur le ciné-œil reste un hommage de l’homme à sa nouvelle conquête mythique - la caméra, qui, sous l’aspect technique et esthétique, se conjugue à la première personne. Vertov cherche, en réalité, à en faire une sorte d’essai sur la morphologie filmique en s’interrogeant sur les capacités de l’œil humain et du médium lui-même. En réinventant l’espace quotidien de la vie d’une cité, ce manifeste futuriste préfigure, en quelque sorte, le futur dispositif de vidéosurveillance des grandes agglomérations d’aujourd’hui.
Lubomir Hosejko

 

 


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