CINÉ -CLUB UKRAINIEN - ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE
Mardi 10 janvier 2012, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade, 22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53
Entrée libre.
Cinéma d’animation ukrainien contemporain
LE TRAMWAY n° 9 (ЇХАВ ТРАМВАЙ НОМЕР 9)
Production : Ukranimafilm, 2002, 10 mn, coul.
Scénario et réalisation : Stepan Koval
Synopsis
Le tram n°9 parcourt la ville en bringuebalant. C’est l’heure de pointe, des gens montent, d’autres descendent. Des conversations s’engagent et s’interrompent. On parle du feuilleton télévisé de la veille, des problèmes de santé, des glorieux souvenirs de combats, du prix du poisson sous le régime soviétique et des impondérables du présent. Il est bientôt six heures, et les voyageurs ne sont toujours pas arrivés chez eux.
PANTOMIME POUR TROIS ACTEURS (П’ЄСА ДЛЯ ТРЬОХ АКТОРІВ)
Production : Ukranimafilm, 2004, 10 mn, coul.
Scénario et réalisation : Alexandre Chmyhoun
Synopsis
Histoire émouvante de la façon dont la véritable amitié peut aider à surmonter les plus cruelles adversités de la vie.
COMMENT LES COSAQUES JOUAIENT AU FOOTBALL
(ЯК КОЗАКИ У ФУТБОЛ ГРАЛИ)
Production : Kievnaoukfilm, 1970, 18 mn 30, coul.
Réalisation : Volodymyr Dakhno
Synopsis
Après s’être préparée en vue du championnat du monde de football, l’équipe nationale cosaque affronte les équipes allemande et française. Puis vient la finale contre les Anglais au stade de Wembley, sous la pluie…
COMMENT LES COSAQUES LIBÉRÈRENT LEURS FIANCÉES
(ЯК КОЗАКИ НАРЕЧЕНИХ ВИЗВОЛЯЛИ)
Production : Kievnaoukfilm, 1973, 19 mn, coul.
Scénario : Volodymyr Kapoustian
Réalisation : Volodymyr Dakhno
Synopsis
Enlevées par des pirates, de jeunes femmes sont emmenées sur une île. Les Cosaques décident de partir à leur recherche à travers plusieurs pays du bassin méditerranéen.
LES PINSONS ET LES AUTRES (ЗЯБЛИКИ ТА ІНШІ)
Production : Ukranimafilm, 2001, 6 min. nb
Scénario et réalisation : Anatoliї Lavrenychyn
Synopsis
Sur une branche, un chœur d’oiseaux s’égosille. Mais certains brillent mieux que d’autres.
NEXT (НАСТУПНИЙ)
Production : Ukranimafilm, 2003, 3 min. 30, nb.
Scénario et réalisation : Anatoliï Lavrenychyn
Synopsis
Un bourreau s’affaire devant sa guillotine. Une file discontinue de condamnés attend son tour.
Soudain, le couperet se coince. Le bourreau se fait malencontreusement trancher la tête.
ÉTERNITÉ ÉPHÉMÈRE (ОДНОРАЗОВА ВІЧНІСТЬ)
Production : Ukranimafilm, 2002, 10 mn. coul
Scénario et réalisation : Mykhaïlo Illienko
Synopsis
Film composé de dix histoires courtes, plus absurdes les unes que les autres. Du Pôle Nord au Pôle Sud, elles font le tour du globe tel un boomerang.
KOMPROMIX (КОМПРОМІКС)
Production : Ukranimafilm, 2002, 5 mn. 30, nb.
Scénario et réalisation : Yevhen Syvokin
Synopsis
Variation sur le noir et le blanc, les forces du bien et du mal.
WEEK-END (УІК’ЕНД)
Production : Faculté du cinéma et de la télévision, Ukranimafilm, 1998, 5 mn, coul.
Scénario et réalisation : Evhenia Ilmenska
Synopsis
L’amitié nouée un jour de printemps entre un petit garçon et un chien s’éteint subitement. La nature du chien, accablé de tristesse, se transforme bientôt.
MARC DE CAFÉ (CAFÉЙНА ГУЩА)
Production : Faculté du cinéma et de la télévision, Ukranimafilm 1998, 6 mn 30, coul.
Scénario et réalisation : Alexandra Ilmenska
Synopsis
Assis à la même table dans un bar, un homme et une femme semblent s’ignorer, mais pensent tous deux à la même chose, les yeux fixés sur le marc de café qui se répand sur la table.
Opinion
Le cinéma d’animation ukrainien, à qui Viatcheslav Levandovskyi donna ses lettres de noblesse en 1927 avec Le Petit taureau de paille, s’est distingué tout au long du XXème siècle comme un art à part entière dans la production cinématographique soviétique. Les réalisateurs Hyppolite Lazartchouk, Yevhen Horbatch, Dmytro Tcherkaskyi, Nina Vassylenko, Iryna Hourvytch, Alla Gratchova, Yevhen Proujanskyi, Volodymyr Dakhno et Yevhen Syvokin ont livré des œuvres de qualité, tels Mykyta Kojoumiaka, Parasolka, Les Aventures du Cosaque Enée, Maroussia Bohouslavka, Les Aventures du capitaine Vrungel, L’Ile au trésor, Docteur Aїbolyt, etc. On retiendra surtout l’incontournable série des Cosaques, dont Volodymyr Dakhno a été le grand concepteur pendant près d’un quart de siècle. Décédé en 2006 dans l’anonymat le plus complet, il fut considéré comme le chef de file du cinéma d’animation ukrainien. Dernier rescapé des grands maîtres de l’animation, son collègue Yevhen Syvokin reste quant à lui le mentor de la nouvelle génération. Cependant, Syvokin garde ses distances avec les nouvelles technologies numériques, dont les phases artistiques de pré-production s'effectuent moins à la main que sur des logiciels. Admirateur de l’œuvre de Walt Disney, qui en son temps influença l’animation ukrainienne, Syvokin fait de la résistance. Ses techniques restent conventionnelles : papier, cellulo, sable, pâte à modeler, figurines, etc. Il ne réalise que 6 à 7 secondes de film utile par journée de travail. Dans Kompromix, il utilise comme médium le sel et la poussière de charbon, (technique du sablage qui remonte à Man Ray). Pendant les années 90, le cinéma d’animation en Ukraine avait pratiquement disparu. Au Studio Ukranimafilm (antérieurement Kievnaoukfilm), des quelque 200 artistes, seuls 20 restèrent, livrant deux ou trois films par an. La plupart des cinéastes intégrèrent des studios privés ou partirent à l’étranger. Syvokin lui-même partit travailler quelques temps en Bulgarie et en Pologne. Alexandre Boubnov travailla en France. Serhiї Kouchnariov se fixa aux Etats-Unis (il travailla notamment sur la série Shrek), Igor Kovalov à Los-Angeles. Au début des années 2000, Mykhaïlo Illienko, qui jusqu’alors ne réalisait que des longs métrages de fiction, alla tâter de l’animation avec Eternité éphémère, une série de miniatures, marqués d’élucubrations folkloriques. Des jeunes réalisateurs, seul Stepan Koval décrocha une haute distinction internationale (Ours d’Argent au Festival de Berlin en 2003 pour Le Tramway n°9 (technique de la pâte à modeler), une très belle fable sur la société ukrainienne dépeinte à travers la représentation microcosmique de ses transports en commun. Toujours dans cette même technique, Stepan Koval a généré la série Mon pays – l’Ukraine, un florilège de 26 courts métrages de trois minutes racontant l’histoire des villes et les régions sur un mode divertissant et pédagogique. Pour ses débuts, Anatoliï Lavrenyshyn, élève de Syvokin, s’inspire d’un graphisme épuré dans Next ou d’une mise en image rappelant les Shadocks dans Les Pinsons et les autres. Quant à Yevhenia et Alexandra Ilmenska, elles utilisent le crayon de couleur : Marc de café reste un exemple époustouflant de ce que peut traduire un story-board au rythme du tango sur le thème du subconscient et de la réalité. L’animation en volume, la plus ancienne des techniques qui connut ses grandes heures pendant la période soviétique, reste toujours présente, mais cette fois-ci, mêlant les marionnettes traditionnelles et le numérique. Représentée par Alexandre Chmyhoun avec Pantomime pour trois acteurs, elle restitue une superbe fluidité des personnages se mouvant dans des décors grand-guignolesques.
Jusqu’à la récente crise internationale, le cinéma d’animation ukrainien n’a dû sa survie qu’aux maigres subsides de l’État et grâce au concours qu’il apporte aux studios américains ou français. Les studios privés Borysthène ou Novator-Film représentent à eux seuls plus de la moitié de la production nationale des films d’animation.
Lubomir Hosejko