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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 10:51

L’Ambassade d’Ukraine et le Ciné-club ukrainien

Mardi 5 octobre 2010, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, M° Miromesnil, tel. 01 43 59 03 53.

Entrée libre.

 

ROUSLAN, CHIEN FIDÈLE  (ВІРНИЙ РУСЛАН)

vostf

 

suivie d’une intervention d’Elisabeth Gesatt-Anstett, anthropologue, chercheur au CNRS

 photogramme Rouslan, chien fidèle 2

 

Production : Studio Fest-Zemlia, Fond Culturel ukrainien, Svea Sovconsult (Suède) 1991, 101 mn, coul.

Scénario : Volodymyr Khmelnytskyi, d’après le récit de Gueorgui Vladimov

Réalisation : Volodymyr Khmelnytskyi

Photographie : Natalia Kompantseva

Décors : Jevhen Pitenine

Musique : Volodymyr Bystriakov

Son : Igor Barba

Interprétation : Léonide Yanovskyi, Lidia Fédosseiéva-Choukchina, Jevhen Nikitine, Serhiї Pojohine, Mykola Sektymenko, Viktoria Korsoun, Lidia Tchachtchina, Bohdan Beniouk, Taras Kyreїko, Mykhaїlo Ignatov.

 

Genre : film dramatique animalier

 

Synopsis

Rouslan est un berger allemand qui ne comprend plus le monde. Après avoir passé sept années de dur labeur au Goulag, il perd son travail le jour, où il n’entend plus d’ordre et où la neige a définitivement recouvert les traces des bagnards libérés. Sa vie perd tout son sens. N’ayant plus rien à faire, il réfléchit à ses perspectives d’avenir et revoit son passé parmi ses congénères livrés à eux-mêmes. Rouslan n’accuse pas son maître, ne lui fait aucun reproche. Il est vieux et sait que les maîtres font parfois des erreurs. Il sait que les chiens de garde répondent toujours de leurs erreurs, et souvent des erreurs de leurs maîtres. Cela était déjà arrivé à Rex, un chien très expérimenté et dévoué qu’il enviait. 

 

Opinion

Avec Le Dernier bunker de Vadim Illienko et Le Paria de Volodymyr Saveliev, Rouslan, chien fidèle est l’un des trois films produits par le Studio Fest-Zemlia, unité de production éphémère, créée au moment où l’Ukraine accédait à son indépendance. Son réalisateur Volodymyr Khmelnytskyi avait fait ses armes à l’Ukrtéléfilm puis au Studio des films de vulgarisation sciphotogramme Rouslan, chien fidèle 1entifique. Après avoir réalisé une trentaine de documentaires sur la société soviétique, la jeunesse, le tourisme, le sport, il tâta du film de fiction au Studio d’Odessa en signant en 1976 le scénario et la mise en scène Moi – le plongeur 2. Il revint à la fiction en 1991 avec Rouslan, chien fidèle, tiré du récit éponyme, largement diffusé dans les années 70 en samizdat, de Gueorgui Vladimov (Volosevytch), écrivain dissident et futur activiste d’Amnesty International. Tout au long de cette saisissante allégorie sur l’univers concentrationnaire, Rouslan est la métaphore terrible de la foi aveugle d’une société tout entière et de chaque individu qui, comme le fidèle Rouslan, servit longtemps et honnêtement les idéaux du socialisme. Un socialisme de caserne et de barbelés où n’existait pas un pouce de terre où une créature n’en garde une autre et où il fut son propre garde-chiourme. Plus incisive encore, la métaphore mettant en garde tout un chacun dans la séquence finale, où Rouslan, retrouvant son  instinct de tueur, se jette sur des jeunes recrues marchant vers ce que fut jadis le camp. La réussite du film est due à la maîtrise du cinéaste qui avait travaillé dans le film animalier (Les Hommes et les dauphins, Le Cerf blanc de la toundra) ainsi qu’au parallèle tracé entre la libération soudaine de l’animal, conduisant à la désorientation, et la confusion morale de l’URSS après le cauchemar stalinien. Ce deuxième et dernier long métrage de Volodymyr Khmelnytskyi s’inscrit dans le registre des films-constat, au même titre que Famine 33 d’Olès Yantchouk, Le Tango de la mort d’Alexandre Mouratov, sortis en 1991.

Lubomir Hosejko

 

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