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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 15:51

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

 

Mardi 2 avril 2013, 19 heures

 

76-ème séance

entrée libre

 

en présence de la réalisatrice Michale Boganim

 

et de

 

l’actrice Olga Kourylenko

(sous réserve)

 

LA TERRE OUTRAGÉE

(ЗЕМЛЯ ЗАБУТТЯ)

vostf

 

Production : Les Films du Poisson, ARTE France, Nikovantastic Film, Apple Film Productions, 2011, 108 mn, coul.

Scénario : Michale Boganim, Anne Weil, Antoine Lacomblez.

Réalisation : Michale Boganim

Photographie : Yorgos Arvanitis, Antoine Heberlé

Décors : Bruno Margery

Musique : Leszek Możdżer

Son : Frédéric de Ravignan, François Waledisch

Interprétation : Olga Kourylenko, Andrzej Chyra, Illya Iosifov, Serhiї Strelnikov, Viatcheslav Slanko, Nicolas Wanczycki, Nikita Emshanov, Tatiana Rasskazova, Julia Artamonov, Natalia Bartyeva, Maryna Bryantseva, Vladyslav Akulyonok

Genre : drame

Récompenses : Prix du public: Festival du Film d'Angers, Prix du public du 29ème Festival International du Film d’Environnement. Scénario lauréat de la fondation GAN.

 

Synopsis

 

Alors qu’Ania et Piotr célèbrent leur mariage à Prypiat, non loin de Tchornobyl, un accident se produit à la centrale nucléaire. Piotr, pompier réquisitionné, n’en reviendra pas. Alexeï, ingénieur à la centrale, tente d’alerter la population, mais il est condamné au silence par les autorités. Dix ans plus tard, Ania est devenue guide dans cette ville fantôme érigée en site touristique.

Opinion

Seconde fiction prenant pour sujet la catastrophe de Tchornobyl, après La Désintégration (1990) de l’Ukrainien Mykhaïlo Biélikov, La Terre outragée est aussi le premier long métrage de Michale Boganim, cinéaste franco-israélienne, remarquée pour son documentaire Odessa… Odessa. Il retrace les destins croisés d’individus qui ont vécu la tragédie et qui en portent les séquelles physiques et psychiques. Sorti sur les écrans en même temps que Un Samedi comme les autres du Russe Alexandre Mindadze et le film d’épouvante Chroniques de Tchernobyl de l’Américain Bradley Parker, il diffère de ces films décalés par son message  sur la survivance mémorielle des êtres et des faits.

la_terre_outragee.jpg Olga Kourylenko dans La Terre outragée

 

Tourné en français, en russe et en ukrainien, selon le rôle et l’origine des personnages, le film porte le titre ukrainien La Terre oubliée (Земля забуття) dont le sens est relié à Tchornobyl - sémantiquement herbe de l’oubli -, et semble générer un sentiment de terre devenue étrangère à tous ses habitants et où le temps semble arrêté. À vrai dire, le titre français paraît plus juste. Maintes fois outragée, la terre d’Ukraine vit une nouvelle fois une calamité anthropique, la plus grave que puisse connaître l’humanité. Pourtant, cette calamité est évoquée de manière distanciée, rejetant tout élément spectaculaire, morceau de bravoure ou effets spéciaux de film-catastrophe. Le film n’a rien de didactique, sa narration suit un schéma linéaire, avec une absence totale d’héroïsme individuel ou collectif, et le regard de la caméra ne constitue pas forcément le regard de la mort. Si héroïsme il y a, c’est le combat contre l’amnésie, aussi insidieuse que les radiations. En dépit des diverses contraintes de la part de l’administration ukrainienne dans l’enregistrement de certaines scènes in situ, les techniciens ont eu le mérite d’avoir effectué un travail approfondi et soigné sur le son. Dès les premières minutes, on devine une sourde explosion dans le lointain qui se perd dans les grondements de l’orage et le bruit des sabots de cerfs galopants. Puis vient le silence qui tel une chape de plomb s'abat sur la ville de Prypiat. Parfois, dans ce silence, on distingue un bruit de fond provenant non pas de la radioactivité naturelle permanente, mais d’une tension sourde, d’un son extra diégétique généré en surface par un mal invisible.

 

Le choix de la réalisatrice d’effectuer une ellipse dans le temps, dix ans après la catastrophe, reste louable, mais peut paraître anachronique au vu des événements. En réalité, en dehors des expéditions scientifiques, le tourisme à Tchornobyl avait débuté clandestinement pour les amateurs de l’extrême dès les années 90, et avait fini par rejoindre cette banalisation bien monnayée en 2011, l’année où les excursions furent autorisées dans un périmètre de sécurité défini et proposées par des agences spécialisées basées à Kiev. Au contraire, pour la réalisatricetout ne se passe pas comme si le tourisme permettait de fixer l’état catastrophique des lieux dans un décor évolutif. Elle nous fait pénétrer dans un lieu de glaciation où la vie reste hypothétique pour ceux qui y ont vécu et continuent à y vivre. Dans un monde marginal qui essaie de se reconstruire se dégagent deux personnages d’exception. Ania, guide touristique dans la zone interdite qui ne quittera pas son pays pour un étranger, mais y restera, résignée, pour témoigner et lutter contre l’oubli ; Alexeï, ingénieur à la centrale, déterminé à se battre contre l’inconscience, le déni de la radioactivité ambiante, et qui ne pourra plus vivre avec le mensonge d’État dans un système qu’il croyait transparent. Le personnage d’Ania est incarné par Olga Kourylenko, révélée dans le rôle de la James Bond girl dans Quantum of Solace de Marc Foster. Elle interprète le rôle émouvant d’une très jeune veuve qui ne parvient pas à faire son deuil et vit deux histoires d’amour, l’un avec l’ami ukrainien de son mari défunt, l’autre avec un Français. Le rôle d’Alexeï est tenu par l’acteur polonais Andrzej Chyra qui incarna le célèbre syndicaliste Lech Walesa dans le téléfilm L’Héroïne de Gdansk de Volker Schlöndorff. Effondré par l’ampleur des événements, il est atteint de folie, et ne sera jamais délivré de son errance métaphysique.

La Terre outragée est aussi celle de l’Ukraine profonde, soviétique et post-soviétique. Ici et là, quelques clichés émaillent son imagerie: femmes lavant le linge dans la rivière, vol de cigognes, repas sur les tombes le dimanche de Pâques, photo de mariage sous la statue de Lénine, malanka et son cortège carnavalesque… Cependant, cette imagerie n’est nullement un album de chromos kitsch, tant il est vrai que ces lieux communs s’insèrent dans la trame reconstituant la vie à Prypiat, avant et après l’accident, et ne sont aucunement des raccords spatio-temporels pour appuyer la fascination du désastre. Outre ces tableaux ethnographiques, le film abonde de références cinéphiliques. C’est le pommier planté par le père du petit Valéry, la veille de la catastrophe - clin d’œil à l’univers panthéiste rencontré dans La Terre d’Alexandre Dovjenko, et à la séquence tarkovskienne, où un cheval mange des pommes (L’Enfance d’Ivan). Et c’est bien de cette terre contaminée, qui reprend légitimement ses droits, qu’un vieux garde forestier offre des pommes aux touristes sans le moindre souci. Par analogie au film du Japonais Shohei Imamura Pluie noire (1989) dans lequel une pluie noire s'abat sur la mer et sur les passagers d’une embarcation, la scène de la noce reste sans doute la plus frappante. Ceux que cette pluie a souillés ne savent pas encore qu'ils ont été irradiés. Ceux de la noce sur les bords de la rivière Prypiat, non plus. Même si dans la réalité il n’y eut ni orage, ni toute autre intempérie ce jour-là dans la région de Tchornobyl, la référence au film japonais est juste et puissante. Elle est le premier marqueur radioactif venant d’un élément qui va frapper sournoisement la population, dans une nature où lentement la mort s'installera.

Cette honnête fiction est nourrie parfois de correspondances métaphoriques, tel le rappel biblique du paradis perdu, d’où l’Homme est chassé sans espoir de retour. Conquise par les animaux sauvages, squattée par des clandestins chassés eux-mêmes par les humains, cette terre devrait devenir dans cent ans une future mégapole et ville-musée, comme veut le faire croire le maire de Slavoutytch dans un discours captieux vantant le tourisme industriel. Mais l’Ukraine, dont la terre a été violée pendant des siècles, son tchernoziom emmené un temps par convois entiers, ses populations affamées et déplacées, peut-elle encore prétendre rester un pays de cocagne ? La réponse ne se trouve ni dans l’Apocalypse de Saint-Jean dont les commentateurs s’étaient saisi, ni dans une fable à valeur cathartique… Ou alors, dans l’ultime plan du film effectué en travelling latéral sur des flaques d’eau toujours gorgées de substance radioactive. Réalisé quart de siècle après la catastrophe de Tchornobyl, La Terre outragée est déjà perçu comme un film-paradigme pour d’autres fictions au postulat identique, dont la toute récente du cinéaste japonais Sono Sion Terre d’espoir.

Lubomir Hosejko

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 12:08

dvaFrance-pet.jpgCette année l’Ukraine aura pour la première fois de son histoire récente un stand – OpenUkraine ( U80) - au Salon du livre à Paris (22.03-25.03.2013).

 

C’est une occasion unique de rencontrer et se faire dédicacer un livre par les écrivains ukrainiens – Lubko Deresh, Anton Kouchnir, Evgueniya Kononenko, Maryna Grymytch, Iren Rozdoboudko, Ivan Ryabtchiy et Dmytro Tchystyak.

 

La délégation ukrainienne commencera sa présentation par une soirée musicale et littéraire animée par Iren Rozdoboudko, Igor Jouk et Maryna Grymytch dans le cadre des rencontres du Club littéraire ukrainien (6, rue de Palestine) jeudi 21 mars 2013 à 19h. Tereziya Yatsenyuk, présidente du conseil de surveillance de la Fondation Open Ukraine assistera également à la soirée.

 

Le vendredi 22 mars entre 13 et 14h au stand de l’Institut français (U70) une discussion sera animée sur le sujet « Aux frontières de l'Europe : l'Ukraine » avec la participation de Sophie Julien, directrice du Festival des Littératures Européennes, Iryna Dmytrychyn, Maître de conférences à l'INALCO et l’écrivain Anton Kouchnir.

 

Le même jour, entre 16 et 17h au stand OpenUkraine (U80)  sera présenté le programme de soutien aux traductions à partir de l’ukrainien par la Fondation Open Ukraine en présence de sa présidente du conseil de surveillance, Tereziya Yatsenyuk.

 

Dimanche, 24 mars entre 15 et 16h aura lieu la présentation du livre «La fiancée noire» par son auteur, Roman Rijka un écrivain français qui revient souvent dans ses œuvres vers les thématiques ukrainiennes.

 

Des éditeurs ukrainiens (Сalvaria, Douliby, Nora-Druk) avec le concours de l’Institut français ont publié à l’occasion du salon un almanach de la littérature ukrainienne contemporaine.

 

Lundi 25 mars une rencontre sera organisée avec les écrivaines Iren Rozdoboudko, Maryna Grymytch et le barde Igor Jouk au Palais de l’Europe (Conseil de l’Europe) à Strasbourg.  L’association MIST est l’organisatrice de cet évènement.

 

Ces évènements sont programmés dans le cadre du projet « Davantage de pays – davantage de livres » avec le concours de la Fondation de Rinat Akhmetov « Rozvytok Oukrainy », de la fondation d’Arseniy Yatsenyuk « Open Ukraine », de l’ambassade de la France en Ukraine, de l’Institut français en Ukraine, PJSC Kraft Foods Ukraina, l’association MIST et le ministère de la Culture d’Ukraine.

 

Programme

 

Soirée littéraire jeudi, 21 mars 2013 19:00-21:00 6 rue de Palestine
Lyubomyr Deresh vendredi, 22 mars 2013
12:00-13:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Anton Kushnir vendredi, 22 mars 2013 12:00-13:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Yevheniya Kononenko vendredi, 22 mars 2013 13:00-14:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Maryna Hrymych vendredi, 22 mars 2013 14:00-15:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Aux frontières de l'Europe : l'Ukraine vendredi, 22 mars 2013 13:00-14:00 Stand U70 (Institut Français)
Irène Rozdoboudko et Igor Jouk
vendredi, 22 mars 2013 15:00-16:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Présentation de la Fondation Open Ukraine vendredi, 22 mars 2013 16:00-17:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Lyubomyr Deresh samedi, 23 mars 2013 12:00-13:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Anton Kushnir samedi, 23 mars 2013 16:00-17:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Yevheniya Kononenko samedi, 23 mars 2013 13:00-14:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Maryna Hrymych samedi, 23 mars 2013 14:00-15:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Irène Rozdoboudko et Igor Jouk samedi, 23 mars 2013 15:00-16:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Ivan Ryabtchiï
samedi, 23 mars 2013 17:00-17:30 Stand U80 (Open Ukraine)
Dmytro Tchystiak
samedi, 23 mars 2013 17:30-18:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Ivan Ryabtchiï et
Dmytro Tchystiak : Traductions
samedi, 23 mars 2013 18:00-19:00 Stand U80 (Open Ukraine)
Roman Rijka dimanche, 24 mars 2013 16:00-17:00 Stand U80 (Open Ukraine)

 

Pour lire l'Almanach de la littérature ukrainienne contemporaine préparé pour le Salon 2013, cliquez ici.

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 11:32

JP-Lecoq2.jpgDepuis plusieurs siècles, l'Ukraine est étroitement liée au 6ème arrondissement de Paris : La Cathédrale Saint Vladimir le Grand se trouve rue des Saints Pères, le célèbre cosaque Grégoire Orlyk ainsi que l'écrivain Joseph Roth ont résidé rue de Tournon, par ailleurs de nombreuses associations franco-ukrainiennes ont leur siège boulevard Saint Germain. Quel sentiment vous inspire cette présence ukrainienne au coeur de l'arrondissement le plus prestigieux de la capitale ?


L’Ukraine est une grande nation européenne ; compte tenu de la richesse de son histoire, elle se devait d’avoir des liens avec la France. Au cours des siècles, de nombreuses personnalités ukrainiennes en exil  sont venues s’installer dans le 6e arrondissement. L’exemple du cosaque Grégoire Orlyk, devenu lieutenant-général dans l'armée de Louis XV et agent diplomatique français, est à cet égard emblématique.

 

Quels rapports entretenez-vous avec les associations franco-ukrainiennes et notamment l'instance qui les fédère : le Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne de France ?


En ma qualité de Maire du 6ème j’entretiens depuis longtemps des relations cordiales avec cette communauté, principalement implantée à Paris et en Ile-de-France, qui trouve avec la cathédrale de la rue des Saints-Pères un lieu traditionnel de rassemblement pour ses membres, chaque dimanche. En 2006 j’ai soutenu l’initiative visant à honorer la mémoire des Ukrainiens ayant participé par leur travail à la reconstruction de la France, meurtrie par les deux guerres mondiales. Ce projet s’est concrétisé par l’apposition d’une plaque commémorative qui a été dévoilée devant de nombreuses personnalités et en présence de plusieurs centaines de personnes venues de toutes les régions de France.

 

Quel événement ou fait de société survenu en Ukraine ces 20 dernières années vous a le plus marqué ?


C’est assurément ce qu’on a appelé la « Révolution Orange » en novembre 2004, c’est-à-dire l’avènement d’une société civile mature, structurée autour d'un projet démocratique.

 

Quelle lecture avez-vous de la citation de Voltaire : "L’Ukraine a toujours aspiré à être libre" ?

 

La Citation de Voltaire renvoie bien évidemment à la situation de l’Ukraine et de la Pologne vis-à-vis du grand voisin qu’est la Russie, qu’il s’agisse de la Russie impériale ou de la Russie soviétique. C’est seulement après l’éclatement de l’URSS dans les années 90 que l’Ukraine a retrouvé son indépendance. Elle ne restera pas moins marquée par son histoire et ses frontières souvent fluctuantes. Aujourd’hui, l’Ukraine a retrouvé son indépendance, mais elle reste encore fortement marquée par son histoire et sa très grande proximité avec la Russie.

 

Pierre Beregovoy est le plus illustre des Français d'origine ukrainienne, que vous inspirent son parcours et son engagement politique ?


Le parcours de Pierre Beregovoy fut celui d’une ascension sociale exemplaire. Il restera marqué par la formidable détermination qui fut la sienne, puisque n’ayant pas pu faire de longues études, il ne dut qu’à son intelligence, sa force de travail et son engagement syndical, de gravir les différentes étapes qui le menèrent jusqu’aux fonctions ministérielles. Il fut le dernier Premier Ministre de François Mitterrand et disparut dans des circonstances que chacun connaît.

 

Propos recueillis par Frédéric du Hauvel

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 11:18

guillaume_arenas.jpgTripAvisor, le site de référence en matière de voyage, a classé l’Ukraine la destination N°1 en Europe et N°3 dans le monde en 2012. Partagez-vous cet avis ? Comment a été pour vous cette année 2012 ?


L’année 2012 fut une année très positive pour UIA avec une augmentation du nombre de passagers. On constate également un intérêt grandissant pour le tourisme en Ukraine. Ceci s’est également confirmé dans la presse internationale qui a nommé l’Ukraine à plusieurs reprises dans les 10 destinations à voir en 2013. Tripadvisor à classé Kiev en 1ère position européenne et 3ème mondiale dans la catégorie « Destination Tendance ». Lonely Planet a classé Lviv en 2ème destination week-end européenne, et le National Geographic  à quant à lui classé la Crimée en 1ere position dans le classement des 20 destinations  à voir en 2013. J’ai pour ma part toujours été convaincu de l’énorme potentiel touristique de l’Ukraine. Un office de tourisme manque terriblement au développement de ce secteur en France, et serait un véritable atout pour la promotion du pays
 
Est-ce qu'on peut espérer que cet intérêt envers l'Ukraine continuera en 2013 ?


Cet intérêt se confirme clairement en ce début d’année avec une augmentation des réservations et de demandes de groupes. Nous continuons à tout mettre en œuvre pour promouvoir la destination avec l’organisation de voyages d’études auprès des professionnels du tourisme, avec pour la première fois la présence d’un stand Ukraine à l’IFTM en septembre 2012, avec des partenariats pour promouvoir différents événements : Exposition Pinsel au Louvre, festival Kazantip, film « La Terre Outragée », Journées consulaires de Lyon …
 
Tout développement de destination s’accompagne en général de l’augmentation de l’offre en matière d’hébergement, de restauration et d’autres produits touristiques. Quelle est la situation en Ukraine en matière d’infrastructure touristique ?


Accueillir un événement comme la Coupe d’Europe de Football en 2012 a impliqué de grands chantiers, comme la rénovation de routes, la signalétique… afin de faciliter l’accueil des visiteurs. L’offre hôtelière a été largement étoffée, quelles que soient les gammes d’hébergement. Ceci ayant un impact direct sur les capacités, et également sur les offres tarifaires.
 
L'année dernière UIA a fếté ses 20 ans. Comment la société a-t-elle été créée ? Quelles sont les principales étapes de son évolution ? Comment votre société a-t-elle fêté ses 20 ans ?


UIA a été fondée en 1992, et a fêté ses 20 ans le 25 novembre 2012. En vingt ans, la compagnie est devenue la compagnie privée leader en Ukraine et a été récompensée à maintes reprises comme « Meilleure compagnie Ukrainienne » par les agences touristiques ukrainiennes et l’association ukrainienne de journalistes.
Notre priorité absolue est la sécurité, et nous répondons aux exigences internationales. Nous avons été la première compagnie de la CEI à obtenir le certificat IOSA (IATA Operational Safety Audit).


Nous sommes à ce jour la compagnie Ukrainienne proposant le plus grand nombre de vols vers des destinations européennes. Nous desservons les principaux aéroports ukrainiens, capitales et villes clés européennes, les pays de la CEI, du proche Orient, l’Asie ...
guillaume_arenas2.jpg
Nous élargissons constamment notre réseau, que ce soit avec nos propres vols ou avec des accords de partage de code avec les plus grandes compagnies aériennes. Les 20 ans ont été célébrés dans la majeure partie des pays où nous sommes implantés. En France, nous avons fêté l’événement quelques jours après le Nouvel An Orthodoxe, le 17 janvier 2013, dans un lieu très tendance dans les beaux quartiers de Paris. Nous avons réuni nos meilleurs partenaires français autour d’un cocktail dinatoire dans une ambiance feutrée et conviviale : Décideurs de réseaux de distributions, de Tour Operateurs,  d’agences,  de sites internet, d’associations, et aussi journalistes sont venus nombreux. A L’image des  20 ans d’UIA, l’événement fut un succès.


Comment faites-vous la promotion de l'Ukraine en France ?


En tant que compagnie aérienne, notre objectif premier est de promouvoir notre compagnie en France. La promotion d’un pays est généralement gérée par un office de tourisme qui le représente. Il n’y a malheureusement pas d’office de Tourisme de l’Ukraine en France  et par conséquent nous travaillons activement avec nos différents partenaires, associations et medias pour mettre en avant la destination et la promouvoir auprès des professionnels du tourisme et du grand public. Lors de notre soirée anniversaire, une présentation de la compagnie et de la destination que nous avions préparée, intégrant photos et vidéos, passait sur 2 écrans de télévision afin de montrer à nos invités les splendeurs de l’Ukraine, et susciter l’envie. 


Quelle est la stratégie de votre société en France ? Quelles nouveautés prévoyez-vous pour 2013 ? (ouverture de nouvelles lignes, nouveau terminal à CDG et à Kiev, etc.)


2013 est une année riche en ambition. Nos objectifs sont multiples, mais nous souhaitons mettre l’accent sur la promotion du tourisme en Ukraine et faire en sorte que la notoriété de la destination continue à croitre. 2013 est également une année riche en nouveautés avec l’ouverture d’une liaison directe supplémentaire entre Paris et Kiev, soit 4 vols quotidiens à compter du 26 avril 2013. A cela s’ajoute l’ouverture de 23 routes telles que Saint Petersbourg, Ekaterinbourg, Rostov, Sotchi, Kaliningrad, Batumi, Erevan, Bakou et aussi Vilnius, Varsovie, Minsk, Bichkek pour n’en citer qu’une partie.
 
 
Propos recueillis par Lesya Darricau-Dmytrenko

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 22:37

aarjakovsky_questcequelorthodoxie.jpgPermettez-vous de reprendre votre propre question "Qu’est-ce que l’Orthodoxie" ?  

 

Il y a plusieurs façons de répondre à cette question. Si Orthodoxie porte un O majuscule, on désigne le plus souvent une réalité ecclésiale. Mais précisément les historiens hésitent de plus en plus à identifier cette Orthodoxie à l’Eglise Orthodoxe comprise au sens confessionnel du terme. C’est ce dont témoignent aussi de nombreux auteurs du XXe siècle comme le père Serge Boulgakov par exemple qui dans son livre L’Orthodoxie en 1932 commence par les phrases suivantes : « L’Orthodoxie est l’Eglise du Christ sur la terre. L’Eglise du Christ n’est pas une institution, elle est la vie nouvelle, avec et dans le Christ, mue par le Saint Esprit. »

 

En effet les théologiens du XXe siècle ont constaté qu’il était très difficile d’assigner des frontières à l’Eglise du Christ. Comment le faire quand le Christ Lui-même assure à ses disciples que lorsque deux ou trois seront réunis en son nom Il sera au milieu d’eux ? (Mathieu 18, 15-20) Selon cette définition une simple famille qui invoque le Christ forme l’Eglise. On est loin ici d’une définition classique de l’Eglise.

 

Il y avait donc matière à tirer tous les enseignements de cette prise de conscience fondamentale qui a grandi tout au long du XXe siècle chez de nombreux chrétiens. Il fallait en particulier concevoir un récit post-confessionnel de l’Eglise. Très sincèrement j’ai le sentiment que, au moins du point de vue des chrétiens orthodoxes, mon livre « Qu’est-ce que l’orthodoxie ? » (Paris, Gallimard, 2013) représente un premier essai de rédaction d’une telle histoire.

 

Pour ce faire il a fallu tirer les enseignements de cette profonde évolution de l’ecclésiologie (elle-même certainement influencée par le mouvement des grandes migrations du XXe siècle et également par le désir de sortir d’une idéologie moderne mortifère) au plan des relations entre la « foi » et la « raison ». Jusqu’il y a peu, dans les milieux sécularisés, on considérait que l’orthodoxie avec un o minuscule n’avait pas grand-chose à voir avec l’Orthodoxie avec un O majuscule. On disait par exemple de telle opinion qu’elle était « peu orthodoxe » pour désigner d’une façon générale une pensée déviante par rapport à une règle. Qu’il s’agisse de la cuisine nouvelle ou des thèses d’Amartya Sen sur l’indice du PIB on avait à faire à l’hétérodoxie.

 

La raison de cette semoule sémantique est qu’au XVIe siècle s’est produite une fracture profonde entre la « foi » et la « raison ». On pourrait même dire que cette fracture eut lieu dans certains esprits dès le IVe siècle. Mais elle est devenue dominante ou paradigmatique à partir des nouveaux récits d’histoire de l’Eglise qui apparurent avec la Réforme et la Contre Réforme. L’explosion de la communion d’amour qui existait entre les chrétiens a entraîné avec elle l’intelligence de l’orthodoxie comme vérité droite, comme structure intelligible capable de penser ensemble la vérité de la révélation, l’identité commune, la morale personnelle et l’horizon du royaume. A partir de Flavius Illyricus, César Baronius et Dosithée de Jérusalem l’orthodoxie n’est plus comprise que comme la mémoire fidèle à une norme. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire qu’une telle évolution du sens de l’orthodoxie se produit. Lors des quatre premiers siècles du christianisme en effet être orthodoxe signifiait avant tout louer Jésus Christ comme puissance et sagesse de Dieu. Pierre le dit dans sa première épître : « Mais vous, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière… » (Pierre 2,9)

 

Aujourd’hui cependant l’étude approfondie des nouvelles histoires de l’Eglise montre qu’un nouveau sens de l’orthodoxie émerge, celui de la connaissance juste. L’orthodoxie signifie de moins en moins une appartenance à une institution ou à une chapelle mais de plus en plus la capacité à faire ce que l’on dit et à dire ce que l’on fait. Cela signifie également que disparaît actuellement aussi la conception séculière de l’orthodoxie comme concept neutre détaché de tout contenu et signifiant simplement l’adéquation à une norme. On comprend mieux que la norme ne peut être une réalité stable s’il n’y a plus de référent symbolique à l’ensemble des normes. Ainsi par exemple que signifie être un libéral orthodoxe lorsqu’on étudie l’évolution du libéralisme depuis la révolution française. Quel est l’étalon du libéralisme ? Et comment justifier la disparition du référent transcendant au libéralisme après Tocqueville ?

 

- Si une personne vit selon ces 4 principes, est-elle orthodoxe quelle que soit sa religion ?

 

Si l’on entend l’orthodoxie comme indice de la qualité de la foi religieuse, alors comme je vous le disais de plus en plus on se réfèrera à l’authenticité du style de vie pour désigner quelqu’un d’orthodoxe ou non. Mais vous avez raison d’insister sur le fait que la pensée doxique repose sur une structure plus complexe, à savoir sur une capacité personnelle et donc communautaire à tenir ensemble la juste glorification, la mémoire fidèle, la vérité droite et la connaissance juste. Les grandes religions sont souvent partagées par des courants divergents. Pour retrouver leur unité et leur cohérence elles devront retrouver cette structure universelle de l’intelligence spirituelle. La réconciliation entre sunnites et shiites par exemple ne repose pas uniquement sur un travail historique portant sur la mémoire originelle de l’islam.

 

J’attire votre attention sur le fait que le christianisme ne se comprend pas comme une « religion » à proprement parler. Jésus Christ a répondu à la Samaritaine (Jean 4) que l’adoration de Dieu ne peut se réaliser qu’en esprit et en vérité. Cela signifie que le christianisme transcende les religions. Il les transforme toutes de l’intérieur. Il pose que la juste glorification, la mémoire fidèle, la vérité droite et la connaissance juste sont indissociables de la révélation du Christ comme vrai Dieu et vrai homme, et de Dieu comme Père, Fils et Saint Esprit. Il s’agit d’une ekklesia catholica, d’une communauté vivant selon le tout trinitaire, ouverte donc à tout le genre humain.

 

La pensée doxique est donc bien différente de la pensée scientifique qui conceptualise en fonction de critères pré-déterminés comme le contenu doctrinal et la vérification homothétique de l’expérience. La pensée épistémique fait jaillir la vérité par le travail d’objectivation à l’égard de tous les a priori, de détachement du monde de l’intelligence, et d’universalisation des données de sa propre expérience par la conceptualisation abstraite d’un phénomène. La pensée doxique a longtemps été ignorée voire méprisée par la philosophie et par la théologie académique en raison de son manque de permanence, de sa dépendance à l’égard de la pensée d’autrui, de sa trop grande proximité avec la mythologie. Elle requiert en effet une ouverture à ce qui dépasse notre entendement et puise dans toute forme de symbolisme. Elle s’appuie sur l’amitié comme source de l’intelligence. Elle n’est donc pas immédiate et saisissable de façon individuelle. Elle comprend l’amour de la sagesse comme un cheminement unissant la vérité et la vie.

 

La foi est la synthèse entre la pensée épistémique et la pensée doxique. En effet dans la lettre aux Hébreux Paul la définit à la fois comme « la garantie des biens que l’on espère » et « la preuve des réalités qu’on ne voit pas ».

 

 

- Nous avons l’habitude d’utiliser le mot « orthodoxie » pour désigner une religion. Vous nous le présentez sous un nouveau sens. Ça pourrait porter à confusion ? Pourquoi ne pas « inventer » un autre mot?

 

D’abord il faut rappeler que ce phénomène de désigner une « religion » par le qualificatif « d’orthodoxe » est récente. Elle ne date que du XVIe siècle. Et jusqu’au milieu du XXe siècle elle n’était pas acquise. En effet les « orthodoxes » ont continué à désigner leur Eglise comme « catholique » jusqu’à aujourd’hui (cf la traduction en français par « catholique » du terme slavon « sobornaja », qui fut lui-même une traduction du terme grec « katholica »).

 

Pierre Mohyla en Ukraine au XVIIe siècle a écrit une Confession de foi à destination des « orthodoxes-catholiques ».

 

La vraie confusion consistait en réalité à attribuer l’orthodoxie à une seule famille d’Eglises au nom d’une identification des frontières de l’Eglise avec l’intelligence de la foi. Il est heureux que cette période, théorisée par Vladimir Lossky, prenne fin. C’est je crois l’un des apports principaux de mon livre d’aider à prendre conscience.

 

Et au contraire je crois que le temps est venu pour les Eglises orthodoxes d’expliquer pourquoi elles pensent avoir le monopole de la vérité. D’un point de vue chrétien « orthodoxe » les « catholiques » ont peut être tort de penser que le pape est « infaillible ». Mais les « orthodoxes » ont également tort de ne pas être en mesure de se réunir en concile depuis plusieurs siècles ! Il y a tellement de sujets qui mériteraient de recevoir un éclairage conciliaire puisque telle est la gnoséologie chrétienne « orthodoxe ». Mais depuis au moins 3 siècles pas une parole de vérité commune n’a pu jaillir des Eglises orthodoxes sur la question du calendrier commun ou sur celle des totalitarismes… Il faut admettre ce fait avant de prétendre au monopole de la vérité.

 

J’ajoute que ce travail de redécouverte de l’orthodoxie de la foi comme synthèse de la doxa et de l’épistémè ne concerne pas uniquement les différentes chapelles du christianisme. Il concerne également les pensées dites agnostiques et modernes qui se pensent émancipées des choses en soi par le simple fait qu’elles aient cessé avec Kant de vouloir connaître celles-ci. Il suffit d’un minimum d’honnêteté intellectuelle pour le reconnaître. C’est le mérite d’un philosophe chrétien orthodoxe de tradition slave Vladimir Soloviev de l’avoir montré le premier. Nicolas Berdiaev, qui est né à Kiev comme vous le savez a réalisé le même travail à l’égard de la philosophie existentielle de son temps. Y aura-t-il un penseur contemporain capable d’aider les Ukrainiens d’aujourd’hui à se défaire de leurs fausses certitudes ?

 

 

 

- L’orthodoxie dans ce nouveau sens se rapproche de l’œcuménisme. En quoi l’œcuménisme est important et particulièrement dans le contexte ukrainien?

 

Oui cette redéfinition sémantique participe à la redécouverte que les frontières de l’Eglise du Christ sont infiniment plus larges que les frontières institutionnelles des Eglises dites catholiques, orthodoxes ou protestantes.

 

Le mouvement œcuménique est important pour le monde car il actualise les dernières paroles du Christ avant son arrestation : « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17, 22). Ce mouvement historique inter-ecclésial correspond donc à la réalité d’un échange de gloire permanent entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint comme l’atteste ce verset. Il a une particulière importance en Ukraine. Car l’Ukraine est sortie profondément blessée par sa douloureuse histoire à l’époque moderne. La guérison de ses blessures intra-ecclésiales lui permettra de guérir de ses blessures identitaires et linguistiques.

 

Je suis également convaincu que si les chrétiens ukrainiens parvenaient à actualiser leur « idée historique » de « l’Eglise de Kyiv » théorisée par de grandes figures telles que le métropolite Mohyla ou au XXe siècle le métropolite Sheptytsky, à savoir une Eglise en triple communion avec Rome, Moscou et Constantinople, elle permettrait à l’ensemble du monde chrétien à faire un pas de plus vers l’unité (et j’inclus bien évidemment dans ce processus les Eglises issues de la Réforme). L’Eglise grecque catholique ukrainienne longtemps vilipendée par les « orthodoxes » de Moscou est en réalité une chance pour l’avenir car elle dispose d’une triple identité : orthodoxe par sa foi (comprise dans tous les sens du terme), catholique par sa fidélité à l’évêque de Rome (comme ce fut le cas depuis le concile de Florence en 1439 à la différence des autres Eglises), et protestante par son avènement à l’âge de la Réforme (c’est-à-dire par sa résistance à toutes les injonctions de la rationalité sécularisée).

 

Je me suis réjouis que le président Youshenko en 2005-2010 ait été aussi attentif à cette question à la fois ecclésiologique et géo-politique. Il a échoué car il n’a pas cru à ce modèle post-national d’une Eglise dont le principe d’unité ne serait pas uniquement le territoire mais d’abord l’union du peuple de Dieu à son pasteur divino-humain.

 

 

- Il y a quelques années vous avez publié le livre « En attendant le concile de l’Eglise Orthodoxe». Vous l’avez fait traduire en ukrainien. Comment le livre fut-il accueilli en Ukraine ? Comptez-vous faire traduire en ukrainien le livre qui vient de paraître ?

 

Ce livre « En attendant le concile de l’Eglise Orthodoxe » est paru en 2011 en France aux éditions du Cerf. Il est déjà traduit en russe et en ukrainien. J’espère qu’il va être publié cette année aux éditions de l’Université catholique d’Ukraine à Lviv. C’est un livre qui consacre plus de 150 pages à la situation politique, spirituelle et religieuse de l’Ukraine. J’ai souhaité que ce livre soit lu en Ukraine et en Russie car d’une part j’ai énormément reçu de ces deux pays pendant les vingt années où j’y ai vécu successivement. Et d’autre part j’ai pris conscience que la plupart des freins au dynamisme de la vie ecclésiale en Ukraine reposent sur un manque de connaissance du travail réalisé dans le monde en philosophie, théologie, ecclésiologie, etc…

 

J’ajoute qu’il s’agit d’une série de conférences que j’ai données un peu partout dans le monde et que partout mes idées ont été en général très bien accueillies. L’une de ces idées est que l’Eglise Orthodoxe doit prendre conscience qu’elle a une responsabilité historique, et que cette responsabilité est méta-nationale. D’où mon insistance sur l’importance de cet horizon du concile œcuménique réunissant l’ensemble des Eglises Orthodoxes. Cet horizon doit se transformer en actualité si les Eglises ukrainiennes veulent avoir une chance de peser sur les destinées du monde. En proposant leur modèle d’Eglise locale en double communion l’Eglise de Kiev réconciliée pourrait bouleverser l’ordre du jour du concile et apporter une contribution définitive non seulement à l’ecclésiologie mais aussi à la science politique post-moderne. Il y a en effet un lien étroit entre les théories modernes de l’autocéphalie et de l’Etat-nation.

 

Il est heureux que l’Ukraine cherche à se constituer comme Etat-nation après tant d’années de déni de son identité plurielle par les grands empires qui la bordent. J’ai essayé moi-même de contribuer, lorsque je vivais à Kiev puis à Lviv, à faire comprendre la réalité de cette identité ukrainienne et européenne à mes compatriotes. Mais il est nécessaire qu’aujourd’hui les Ukrainiens se projettent un peu plus dans l’avenir. La globalisation ne permet plus aux nations de vivre repliées sur elles-mêmes. Et surtout les progrès du christianisme œcuménique et de la pensée contemporaine la plus authentique ont mis en valeur la notion de personne comme horizon de notre post-modernité. La personne est une notion hiérarchiquement supérieure à la notion de nation. D’un point de vue chrétien elle seule a été créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. D’un point de vue humaniste elle seule est parvenue à vaincre l’oppression des Etats totalitaires. C’est au nom des droits de la personne que la révolution orange a pu résister en 2004 au système souverainiste, anti-personnaliste et anti-démocratique de Léonide Koutchma.

 

C’est pourquoi, sans vouloir donner en aucune manière de leçon – car je sais combien la France et l’Union européenne souffre d’une profonde crise morale -  les Ukrainiens doivent réaliser que le rejet par la population des principes éthiques et personnalistes de la démocratie risque réellement de leur faire perdre leur souveraineté. L’Ukraine est en effet un pays qui souffre d’une large corruption. De nombreux indicateurs sur la santé physique de la nation ukrainienne sont au rouge. L’exil des élites est également un danger pour l’avenir du pays.

D’un point de vue chrétien l’horizon d’une nation souveraine ne peut se limiter à elle-même, il doit nécessairement participer à l’établissement du royaume de Dieu sur la terre. C’est même cet aiguillon de vérité-justice, de pravda, qui représente le meilleur de ce que la culture ukrainienne a produit de Iaroslav le Sage à nos jours. A titre personnel je pense que cet horizon de justice devrait pousser les Ukrainiens à se mobiliser beaucoup plus pour la libération de tous les prisonniers politiques qui remplissent les geôles ukrainiennes, à commencer par Youlia Tymoshenko.

 

S’ils parvenaient les premiers à retrouver cette hiérarchie des valeurs qui pose la primauté de la dignité humaine, ils pourraient alors aider les démocraties occidentales à se sortir de leur profonde crise morale et spirituelle. Une crise dont les Ukrainiens n’ont pas à mon avis encore pris toute la mesure.

 

Propos recueillis par Valentyna Coldefy

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 22:31

 L’Ambassade d’Ukraine

et

 le Ciné-club ukrainien

 

ont l’honneur de vous inviter à la projection du film

 

La Terre outragée

vostf

 

 de

Michale Boganim

 

le mardi 2 avril 2013 à 19h

 

suivie d’un débat en présence de la réalisatrice

-

La séance sera honorée par l’actrice

Olga Kourylenko

(sous réserve)

 

Espace culturel de l’Ambassade d’Ukraine

22, avenue de Messine, Paris 8ème

 

       

 la_terre_outragee.jpg

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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 21:48

nathalie-pasternak.jpgC ’est dans les salons de la Mairie du 6ème arrondissement de Paris et sous la présidence de M. Jean-Pierre Lecoq, maire de cet arrondissement prestigieux, que Nathalie Pasternak, présidence du Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne de France  s’est vue remettre les prix Anne de Kiev et Grégoire Orlyk 2013.

 

Dès son plus jeune âge, Nathalie Pasternak s'est investie avec passion dans la lutte pour la reconnaissance de la culture et des droits démocratiques du peuple ukrainien.  Dotée d'un double ancrage culturel, elle incarne, dans tous ses engagements associatifs, les valeurs humanistes et démocratiques qui unissent la France et l'Ukraine.  

 

En 2006, elle a été élue à la présidence du Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne de France. Elle n'a eu de cesse d'insuffler une nouvelle dynamique à cette instance qui soutient, fédère et coordonne les initiatives franco-ukrainiennes. D'innombrables projets humanitaires, culturels et artistiques ont pu se concrétiser grâce à son inlassable dévouement.

 

Pour voir la galérie des photos.

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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 21:34

Le bulletin de Mars 2013 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes

Au sommaire:


p. 1:  Editorial

p. 2: 5 questions à Jean-Pierre Lecoq, Maire du 6ème arrondissement de Paris

 

p. 3-4: Rencontre avec Antoine Arjakovky, auteur de l’ouvrage « Qu’est-ce que l’orthodoxie ? »

p. 5-6: Entretien avec Guillaume Arenas, directeur commercial et marketing France de de la compagnie Ukraine International Airlines

p. 7: L’Ukraine au Salon du Livre

p. 8-11: A l’affiche

p. 12: Actualité du livre

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 22:06

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 22:02

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