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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 11:38

anna-schevtchenko.jpgNée en Ukraine en 1965, Anna Shevchenko est la première étudiante de « l’Ukraine indépendante » à obtenir une bourse pour intégrer l’université de Cambridge et la première femme d’origine étrangère devenue membre de l’Oxford & Cambridge Club. Parlant couramment sept langues, dont le français, Anna a servi d’interprète lors de nombreuses rencontres gouvernementales. Elle a  par ailleurs, écrit deux guides culturels ; l’un sur l’Ukraine, l’autre sur la Russie.

Son premier roman Héritage, publié aux Editions «First » a paru en France en octobre 2011. Aujourd’hui Anna vit et travaille en Grande Bretagne.

 

Pourquoi vous avez écrit ce roman ? Quelle était votre source d’inspiration ?

Ce livre est dédié à mes grands-parents. Un des personnages féminins – Sara Samoilivna - a été directement inspiré par ma grand-mère. Dans le chapitre 3, j’ai utilisé le journal de guerre de mon grand-père, Fedir Shevchenko (1914-1996), un grand historien et archiviste ukrainien.

J’ai toujours écrit, même si cela m’a été longtemps interdit, car mon grand-père était considéré comme dissident à l’époque soviétique. Ma famille a beaucoup insisté pour que j’écrive ce roman, pour que j’exprime enfin ma pensée.

J’ai d’abord publié (en anglais) un guide sur l’Ukraine, sa culture et ses coutumes (Anna Shevchenko. Ukraine - Culture Smart ! : Essential Guide to Customs and Culture, aux Editions KUPERARD, Grande Bretagne). Cet ouvrage est considéré comme la première publication au monde abordant l’étude de la mentalité ukrainienne ; il a déjà connu 5 rééditions. (Il parait que Vladimir Poutine l’a lu avant d’entamer des négociations avec les Ukrainiens !)

Ce roman, Héritage, m’a « trouvée ». C’est le récit de rêves nationaux. Il s’agit du trésor des cosaques (mythique ou pas), qui aurait été déposé à la Banque d’Angleterre au XVIII siècle. Ce trésor serait devenu un « héritage » incroyable de 150 milliards. J’ai imaginé ce qui pourrait se passer si quelqu’un réclamait cette somme aujourd’hui. Ce livre n’est pas uniquement une chasse aux trésors et une intrigue politique. C’est plus que cela. Ce livre est un hommage à mon grand-père, qui a écrit son journal intime pendant la guerre. Je l’ai trouvé très émouvant, poignant et l’ai utilisé dans mon roman. C’est aussi un hommage aux trois générations de mes compatriotes : la génération de la guerre, la génération de l’époque du « dégel » des années 60 et ma génération. Après quelques années de liberté à la mort de Staline, le système s’est renfermé à nouveau. Pour moi, cette dernière génération est « perdue ». Quant à ma génération, je la considère non seulement « perdue », mais « tuée, cassée ». Nous avons grandi dans une société se référant à des  valeurs soviétiques qui ont ensuite disparu. Alors, nous nous sommes retrouvés dans une société sans valeurs. Certaines personnes se sont suicidées ou sont devenues alcooliques ou ont encore décidé de partir, comme moi.

Au-delà de mon histoire personnelle, pour mon roman pendant deux ans, j’ai fait de nombreuses recherches. Entre autres, je me suis rendue au château privé d’un descendant de cosaque ukrainien devenu général de l’armée française au XVIII siècle. Par ailleurs, j’ai consulté des archives russes et ukrainiennes et bien sûr, celles de la Banque d’Angleterre.

Je pense que cette intrigue politique qui débute au XVIII siècle intéressera les lecteurs français. L’histoire se répète aux XIX et XX siècles. Mon roman est inspiré de faits réels et de témoignages de personnes ayant vécu dans les années 60. L’épisode sur l’hôpital psychiatrique pour les prisonniers politiques en est un exemple.

Les nombreuses redites et symboles sont les témoins d’une histoire qui non seulement se répète, mais se venge. Cela me semblait très important à mettre en évidence.

J’ai choisi trois personnages féminins pour incarner les différentes époques de l’histoire de l’Ukraine : Sofia, Oksana et Kate. C’est Oksana qui symbolise l’Ukraine qui a survécu, mais qui a été privée de son identité.

 

heritage.jpgCe livre est très personnel. Qu’est-ce que vous avez ressenti lorsque vous l’avez terminé?

J’ai été soulagée… Lorsque le roman a été publié, j’ai ouvert la première page et quand j’ai vu ma dédicace à mes grands-parents, j’ai été très émue. J’ai compris que j’avais accompli quelque chose d’important car le souvenir de mes grands-parents aujourd’hui décédés, m’est très cher…

Quand j’ai écrit ce roman qui est resté dix ans dans mon tiroir, je n’avais pas l’intention de le publier car il me semblait qu’un sujet sur l’Ukraine n’intéresserait personne en Grande-Bretagne. Pourtant je l’avais écrit directement en anglais.

Lorsque mon premier livre – le Guide sur l’Ukraine - est sorti, mon fils m’a encouragé à publier « Héritage ». A ma grande surprise, le livre a rencontré un succès. Récemment en France, j’ai vu dans un kiosque à la gare que mon livre était parmi « les meilleures ventes » !

 

Le roman « Héritage » (le titre original - « Bequest ») - a été écrit directement en anglais. Pourquoi ?

Mon roman est destiné à des lecteurs étrangers. Une journaliste britannique a écrit dans son article que j’avais réussi à donner une leçon claire et concise sur l’histoire ukrainienne. Mon objectif principal était de faire découvrir l’Ukraine aux lecteurs étrangers. Je voulais vraiment susciter chez eux, un intérêt pour mon pays.

 

Vous travaillez actuellement sur votre deuxième roman. Quel est son sujet ?  

Il s’agit de la conférence de Yalta en février 1945. L’histoire se déroule entre Odessa et Yalta, dans une période allant de la guerre à nos jours. C’est un nouveau regard sur cet événement historique. Comme pour mon premier roman, j’ai travaillé dans les archives, notamment à Odessa. Cet ouvrage sera publié bientôt en Grande-Bretagne.

Propos recueillis par Olena Yashchuk Codet

 

 

 

 

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 11:32

Genre: Drame

Date de sortie : 28 mars 2012

Réalisé par : Michale BOGANIM

Avec : Olga Kurylenko, Andrzej Chyra

Durée : 1h48min

Pays de production : France

Distributeur : Le Pacte

Prix: Prix du public - Long métrage européen,

Festival Premiers plans d'Angers 2012

 

http://www.aufaitmaroc.com/pictures/0088/1187/LA_TERRE_OUTRAGEE_-_LAND_OF_OBLIVION_-_affiche_24112011122947.jpg

 

Premier long métrage de fiction cinématographique de la réalisatrice franco-israélienne Michale Boganim : La terre outragée (The Land of Oblivion). Remarquée avec son documentaire Odessa…Odessa (Forum de la Berlinale 2005 et Grand Prix du jury au Sundance), la cinéaste s’attaque avec La terre outragée à une coproduction franco-germano-polonaise retraçant les conséquences irréversibles de l'accident à la centrale de Tchornobyl en 1986. Au casting figurent Olga Kurylenko, Vyacheslav Slanko, Serguei Strelnikov, le Français Nicolas Wanczycki, le Polonais Andrzej Chyra, Illya Iosifov, Vyacheslav Kurbasov, Natalya Tkachenko, Tatiana Rasskazova, Nikita Emshanov, Marina Bryantseva et Dmitry Surzhykov.

Le film est une fiction dont la catastrophe de Tchernobyl constitue l’arrière-plan. Un événement qui aura en tant que tel des incidences sur la vie intime des personnages. Leur impossibilité d’aimer et de vivre normalement. Leur rapport à leur lieu d’origine, leur arrachement si brutal qui les transforme au fil du temps en errants… C’est aussi un film sur l’après Tchernobyl, un enfer moderne peuplé de démons invisibles qui a été transformé en zone interdite, mais où certains habitants continuent à vivre ou à travailler… Un film sur le rapport à son lieu d’origine quel qu’il soit, même s’il est radioactif.

Le scénario démarre en avril 1986 à Prypiat, une ville proche de la centrale nucléaire de Tchernobyl, quelques jours avant l’explosion. Un enfant Valery et son père, physicien à la centrale, plantent un arbre. Anya et Piotr célèbrent leur mariage, au milieu d’une clairière paisible. La fête est brutalement interrompue et Piotr, pompier volontaire, doit se rendre sur les lieux d’un incendie… La jeune femme ne le reverra pas !

Mais cependant, Anya revient pour faire visiter le site, pendant que d’autres reviennent cultiver leur jardin empoisonné, au risque de mourir eux aussi. Mais rien ne peut les

séparer de cette terre qui les a vus naitre.

Ce premier long-métrage franco-germano-polonais sélectionné pour la compétition des longs métrages européens montre l’après catastrophe nucléaire : des populations que l’on tient dans l’ignorance du danger, l’armée qui débarque dans les fermes dans des scènes qui ressemblent à des rafles. Les militaires tuent les animaux, embarquent les paysans sans explication. L’atome a plus de prix que ces hommes en symbiose avec la nature depuis des siècles.

Les séquelles de Tchernobyl y sont  pleinement exposées, nous obligeant à imaginer ce à quoi pourrait ressembler l'avenir du nucléaire.

Même si le film se base sur des faits réels, dans un univers hostile, la réalisatrice, Michale Boganim, a voulu amener une touche de poésie, ce qui sépare le film d’un simple documentaire. Elle fait des pauses sonores pour mieux traduire le silence de cette partie du monde, toujours interdite. « Ce qui est le plus impressionnant sur place, c’est le silence. Tout semble figé, même la nature. C’est très impressionnant ». Malgré tout, elle redonne de la vie dans cette zone sinistre, comme la première fleur qui repousse après la tempête.

Si le message politique est inévitable, la catastrophe de Tchernobyl étant le résultat de la déliquescence de l’empire soviétique, la réalisatrice s’est surtout intéressée au côté humain. «
Les risques sont invisibles et pourtant bien réels et malgré tout certains ne veulent pas partir, c’est qui m’a donné envie de faire ce film ».

Pour cela l’équipe de tournage a obtenu toutes les autorisations administratives, « très compliquée » souligne la réalisatrice, car le lieu est encore radioactif. « Nous étions très surveillés, car ce n’était pas bien vu que l’on aille tourner dans cette zone et en plus il faisait très froid (-20°) ».

Un film sur un mal invisible qui devrait avoir un retentissement dans une France qui compte 58 réacteurs…

 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 09:11

Le bulletin de Février 2012 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes.

 

Au sommaire:

p.1: Le mois de février dans l’histoire
p.2: Interview d’Anna Shevchenko, auteur du roman « Héritage »
p.3: « LA TERRE OUTRAGEE », retour sur un mal invisible…
p.4:"Les Fiancées d’Odessa" de Janet Skeslien Charles
"L'Etat soviétique contre les paysans Rapports secrets de la police politique (Tcheka, GPU, NKVD) 1918-1939" de Nicolas Werth, Alexis Berelowitch

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 08:38

CINÉ -CLUB UKRAINIEN  - ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 7 février 2012, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade, 22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53. Entrée libre.
Photogramme-Au-devant-du-reve-6.jpg
AU DEVANT DU RÊVE (МРІЇ НАЗУСТРІЧ)
vostf

Production : Studio d’Odessa, 1963, 64 mn, coul.
Scénario : Olès Berdnyk, Ivan Bondine, Mykhaïlo Karioukov
Réalisation : Mykhaïlo Karioukov, Otar Koberidze
Photographie : Olexiї Herassymenko
Décors : Youriї Chvets, Oscar Feltsman, Vano Mouradeli
Musique : Edouard Artemiev
Son : Edouard Hontcharenko
Interprétation : Nicolas Timoféiev, Otar Koberidze, Laryssa Hordeїtchyk, Boris Borissionok, Nicolas Volkov, P. Chmakov, Alexis Guenesine, Léonid Tchinidjants, Semen Kroupnyk, Oleksiї Korotioukov, Viatcheslav Voronine, Vitold Janpavlis, Peter Kadr, Vassyl Viekchyn
Genre : fantastique, anticipation
Photogramme-Au-devant-du-reve-3.jpg
Synopsis
Après avoir entendu un chant venu de la Terre, les habitants de la planète Centuria décident d’y envoyer un vaisseau spatial, proposant ainsi la première rencontre intergalactique. Mais le vaisseau subit une avarie sur Phobos, une lune de Mars. Les Terriens entreprennent alors une périlleuse mission de secours pour aller à la rencontre des extraterrestres. Mais le vol se complique, une seconde mission part ravitailler le vaisseau.

Opinion
Sorti sur les écrans deux ans après l'expédition de Youri Gagarine, Au devant du rêve de Mykhaïlo Karioukov et Otar Koberidze est le second film de science fiction du cinéma ukrainien, quatre ans après Le Ciel appelle, réalisé par le même Mykhaïlo Karioukov en binôme avec Alexandre Kozyr. Projectionniste de formation puis opérateur spécialisé dans le domaine des effets spéciaux, Mykhaïlo Karioukov ne livra que ces deux longs métrages en tant que réalisateur sur la fin de sa carrière. Deux œuvres mythiques alliant fascination pour la technologie et poésie, réalisées dans des décors futuristes splendides. L’une et l’autre doivent beaucoup au décorateur Youriï Chvets qui, à travers des trucages mécaniques et des maquettes au rendu très réaliste, privilégia une vision particulièrement soignée des reliefs planétaires, ainsi qu’à l’ingénieur du son Edouard Hontcharenko, dont le travail fut considéré comme avant-gardiste.Photogramme-Au-devant-du-reve-2.jpg
Le scénario de Au devant du rêve n’est autre que l’adaptation du récit d’anticipation Le Cœur de l’univers d’Olès Berdnyk, auteur populaire de romans de science fiction et futur dissident, co-fondateur du Groupe ukrainien de Helsinki. À cette époque, l’URSS et les USA se livrent à une compétition sans merci dans la course à l’espace. La rivalité culturelle, notamment dans le domaine du Septième art, est à l’image de cet enjeu. Dans le cas de Au devant du rêve, les cosmonautes soviétiques ne se déroutent pas pour sauver des astronautes américains en détresse, mais pour une rencontre intergalactique avec des habitants d’une planète inconnue. Face à des scientifiques sceptiques, ils apparaissent ici comme des sauveurs de l'Univers prodiguant un message pacifiste. Bien qu’il tende au space-opéra regorgeant de séquences spatiales contemplatives, ce film détonne par l’absence totale de l’apesanteur.
À la lecture des scénarios, les analogies entre les films de science-fiction soviétiques et américains paraissent évidentes. Il est vrai que le cinéma hollywoodien s’empara ouvertement des films ukrainiens L’Appel du ciel et Au devant du rêve de Mykhaïlo Karioukov, comme de ceux du cinéaste russe Pavel Klouchantsev. Le producteur Roger Corman, spécialiste du recyclage des films soviétiques, acheta les droits dans le but de les adapter au goût du public américain. C’est ainsi que le débutant Francis Ford Coppola  réalisa la version américaine de L’Appel du ciel en ajoutant même des monstres martiens (Battle Beyong the Sun - La Bataille au-delà du soleil), et que Curtis Harrington reformata Au devant du rêve (La Planète de sang - Planet of Blood). Par ailleurs, on note des ressemblances flagrantes dans Alien de Ridley Scott  avec Au devant du rêve : les cosmonautes découvrent un vaisseau extraterrestre échoué en plein désert martien et pénètrent dans l’aéronef. Dans les deux films, la découverte se fait de la même manière. Vêtus de leur combinaison, les équipages se dirigent vers l’épave. Des caméras Photogramme-Au-devant-du-reve-1.jpgintégrées filment de manière subjective ce qu’ils voient. Les explorateurs s’engagent à bord du vaisseau à travers un couloir aux apparences de boyau puis pénètrent dans une grande pièce circulaire où siège au centre une extraterrestre figée aux étranges commandes de son engin. Dans Au devant du rêve, l’alien centurian se révèle être une charmante spationaute, et non plus une créature humanoïde fossilisée. En pleine tempête, l’équipage l’évacue, mais faute de place dans le vaisseau terrien, un des humains se sacrifie pour qu’elle survive. Otar Koberidze qui fait ses premiers pas de metteur en scène interprète ici le rôle du cosmonaute se sacrifiant.
Dans son ensemble, le cinéma ukrainien a produit des films de science fiction de manière épisodique. On retiendra Sous la constellation des Gémeaux (1978) et Mission stellaire (1982) de Boris Ivtchenko, Le Retour de l’orbite (1983) d’Alexandre Sourine. On s’étonnera aussi qu’aucun des romans des spécialistes du genre, comme Volodymyr Vladko, Dmytro Bouzko, Mykola Dachkiev et notamment Vassyl Berejnyi, ne fut porté à l’écran.
Lubomir Hosejko

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 09:32

vinnitchuk-persukr.jpgC’est un homme persifleur, un poète désœuvré. Il peut paraître ordinaire. Il sait tout…ou presque. Sa tête est comme une valise pleine d’informations et de connaissances.
Il est né en 1952 à Ivano-Frankivsk. Pendant les années 1974-1981, soupçonné par l’état soviétique d’activités antisoviétiques (et non sans raison comme il le dit lui-même), Vinitchouk n’était pas publié. Par conséquence, il a testé beaucoup de métiers dans sa vie. Il a travaillé en tant que manutentionnaire, peintre-décorateur ou assistant de laboratoire. Depuis 1991, il collabore au journal Postup, puis Post-Postup, dont il devient rédacteur en chef.
Youri Vinitchouk est écrivain, traducteur (anglais, langues celtes et slaves), poète, éditorialiste et rédacteur en chef du journal Post-Postup (selon Vakhtang Kipiani, c’est une édition emblématique de l’âge d’or du journalisme ukrainien). Par ailleurs, il écrit pour le théâtre, rédige une anthologie de la prose ukrainienne gothique, ainsi que des contes ukrainiens littéraires. En 2005, son livre «Les jeux printaniers dans les jardins d`automne » est reconnu comme le meilleur roman ukrainien selon la BBC.
Ses livres sont publiés en Grande Bretagne, au Canada, aux Etat Unis, en Argentine, en Allemagne, en Croatie, en République Tchèque, en Serbie, en Russie, en Pologne, au Japon, en Biélorussie. En France, n’est publié que son conte pour les petits et les grands «Le plus brave des petits cochons».
Actuellement, Youri Vinitchouk se prépare à publier deux anthologies des poètes ukrainiens perdus dans la tourmente de la répression politique. Parmi eux Sava Bozko, Grygori Kosynka, Mychailo Lozynski.
 
D`ou vient cet amour des contes ?
C`est plutôt la foi, la croyance en les contes. C`est inexplicable. Les contes m’accompagnent toute ma vie. Depuis l’enfance j’en suis fou. La moitié de ma bibliothèque sont des contes des quatre coins du monde, environ deux mille volumes en différentes langues.http://www.bayard-editions.com/var/bayard/storage/images/editions-bayard/jeunesse/petite-enfance/albums/belles-histoires/plus-brave-des-petits-cochons-le/20040334-1-fre-FR/PLUS-BRAVE-DES-PETITS-COCHONS-LE_ouvrage_large.jpg
Dans votre œuvre il y a beaucoup de biographies, et vous, comment êtes vous devenu écrivain ?
Dans les années 80, quand je ne pouvais pas publier mes propres livres, j`écrivais alors pour moi et mes amis. Si ce système politique n’avait pas existé, j’aurais pu écrire beaucoup plus. Mon envie d`écrire est née de la lecture. Si je m`étais trouvé seul sur une île inhabitée, j`aurais écrit pour moi-même. Dans ma vie j`ai vu beaucoup de choses intéressantes et je n`ai pas encore tout décrit.


Dans les années 80 vous avez publié vos propres livres comme des traductions. La critique, les censeurs n`ont pas vu ce subterfuge?
J`étais obligé de travailler de cette façon. Autrement ce n`était pas possible d’être publié. Toutes mes mystifications s’exerçaient à haut niveau. Ils ne les ont pas comprises.
Aujourd`hui c`est une autre époque. On peut dire que la critique n`existe plus. Il n y a pas de critiques sur les livres. Souvent ce ne sont que louanges. Or la critique doit être caustique, mordante. Dans les années 80, le feuilleton était le genre le plus populaire. Moi-même je flagellais ces graphomanes dans tous les journaux. Maintenant ? Tout est lisse. Tout le monde est bon .Tout le monde est doué et plein de talent. Je m`ennuie à lire toutes ces odes laudatives. Et donc je ne les lis pas.
 
Combien de temps dédiez-vous à l`écriture et où puisez-vous votre inspiration ?
Quand je suis inspiré, je peux écrire du matin au soir. Mais, bien sûr, je m`arrête, je fais une pause, je prépare un repas. Quelquefois je n’arrive pas écrire. Dans ces moments je traduis ou prépare les articles. J`avoue beaucoup de lacunes ; il y a les années perdues où je ne pouvais pas publier tout ce que je voulais.
Pour retrouver l’inspiration je prends un livre qui pourrait m`influencer et je le lis une heure. L`inspiration vient d’elle-même. C`est comme charger une batterie. Je ne presse pas mes personnages, je peux les couver longtemps sans réfléchir au sujet, juste quelques lignes. Ainsi Malva Landa fut écrit par morceaux en dix ans.
 
Quels sont les auteurs qui vous ont influencé ?
C’est surtout Bohumil Hrabal. Je ne traduis que des auteurs qui me sont proches. Parfois il me semble que c`est moi qui écrit à tel point que nos styles se ressemblent. Hrabal est surtout intéressant pour son langage. Il maîtrisait la langue parlée, la langue du peuple.
Son personnage parlait en tchèque. La langue tchèque sonnait dans ses textes mise dans la bouche de personnages de toutes les couches sociales. C`est très important et c`est comme ça que ça se passe dans tous les pays développés.
Chez nous, notre pays était longtemps esclave et asservi, et même aujourd’hui, notre langue ukrainienne n`est pas dûment valorisée dans tous les milieux de la société. Par exemple nos stars sportives ne la maîtrisent pas.
Parmi mes auteurs préférés on peut évoquer Borges, Cioran, Landolfi, Blanchot, Bukowski, Lorrens Darrell, Paul Bowles, Youriy Kossatch, Igor Kostecky… Depuis longtemps je suis abonné au journal littéraire polonais «Littérature na sviecie». On peut dire qu’il a formaté mes gouts littéraires. Dedans il y a toutes les nouveautés de l’édition. Un numéro entier est consacré à chaque nouveau lauréat de prix Nobel de littérature.

Actuellement vous travaillez sur un roman où vous parlez du Lviv d’antan. C`est un roman historique ou une histoire romanesque ?
Non, il n`est pas historique, même si toutes les actions se déroulent à Lviv dans les années 1930-40. Dans mon texte je donne une description de la défense de la ville, en septembre 1939, où les Allemands ont assiégé la ville. Lviv a tenu neuf jours ... jusqu`à ce que les bolcheviks l’attaquent par derrière. Je pense que c`était une époque héroïque. A grand mon regret, aujourd`hui, les habitants de Lviv ne sont pas conscients de ça. Mais dans mon roman, il s`agit d`abord de relations humaines.
Propos recueillis par Liana Benquet

 

En France, on peut lire Post-Postup à Paris,
dans la bibliothèque ukrainienne Symon Petlura
(6, rue de Palestine, 75019, Tél/Fax. 01 42 02 29 56 )

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 09:19

Toute équipe de Perspectives Ukrainiennes vous souhaite une heureuse et prospère année 2012!

Bonneannee2012-.jpg

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 10:57

Le bulletin de Janvier 2012 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes.

 

Au sommaire:

p.1: Le mois de janvier en histoire
p.2: Entretien avec Youri Vinitchouk, écrivain, rédacteur en chef du mensuel Post-Postup
p.3: 3 questions à David Chabin, fondateur de Club Ukraine
p.4: Journal (1918-1920) de Nelly Ptachkina;
Ukraine, 20 ans de Renaud Rebardy, François Rivard, Roman Rijka
Le jardinier d'Otchakov d'Andreï Kourkov
p.5: Soirée littéraire: présentation du livre Noël, le Mystère
p.6: Exposition "Féminité slave"

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 10:01

Invit_Noel--le-Mystere.jpg

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 15:04

CINÉ -CLUB UKRAINIEN - ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 10 janvier 2012, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade, 22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

Cinéma d’animation ukrainien contemporain

 

LE TRAMWAY n° 9 (ЇХАВ ТРАМВАЙ НОМЕР 9)

Production : Ukranimafilm, 2002, 10 mn, coul.

Scénario et réalisation : Stepan Koval

 

Synopsis

Le tram n°9 parcourt la ville en bringuebalant. C’est l’heure de pointe, des gens montent, d’autres descendent. Des conversations s’engagent et s’interrompent. On parle du feuilleton télévisé de la veille, des problèmes de santé, des glorieux souvenirs de combats, du prix du poisson sous le régime soviétique et des impondérables du présent. Il est bientôt six heures, et les voyageurs ne sont toujours pas arrivés chez eux.

 

 

PANTOMIME POUR TROIS ACTEURS  (П’ЄСА ДЛЯ ТРЬОХ АКТОРІВ)

 

Production : Ukranimafilm, 2004, 10 mn, coul.

Scénario et réalisation : Alexandre Chmyhoun

 

Synopsis

Histoire émouvante de la façon dont la véritable amitié peut aider à surmonter les plus cruelles adversités de la vie.

 

COMMENT LES COSAQUES JOUAIENT AU FOOTBALL

(ЯК КОЗАКИ У ФУТБОЛ ГРАЛИ)

 

Production : Kievnaoukfilm, 1970, 18 mn 30, coul.

Réalisation : Volodymyr Dakhno

 PhotogrammeComment-les-Cosaques-jouaient-au-football.jpg

Synopsis

Après s’être préparée en vue du championnat du monde de football, l’équipe nationale cosaque affronte les équipes allemande et française. Puis vient la finale contre les Anglais au stade de Wembley, sous la pluie…

 

 

COMMENT LES COSAQUES LIBÉRÈRENT LEURS FIANCÉES

(ЯК КОЗАКИ НАРЕЧЕНИХ ВИЗВОЛЯЛИ)

 

Production : Kievnaoukfilm, 1973, 19 mn, coul.

Scénario : Volodymyr Kapoustian

Réalisation : Volodymyr Dakhno

 

PhotogrammeComment-les-Cosaques-delivrerent-leurs-fiance.jpg

Synopsis

Enlevées par des pirates, de jeunes femmes sont emmenées sur une île. Les Cosaques décident de partir à leur recherche à travers plusieurs pays du bassin méditerranéen.

 

 

LES PINSONS ET LES AUTRES (ЗЯБЛИКИ ТА ІНШІ)

 

Production : Ukranimafilm, 2001, 6 min. nb

Scénario et réalisation : Anatoliї Lavrenychyn

 

Synopsis

Sur une branche, un chœur d’oiseaux s’égosille. Mais certains brillent mieux que d’autres.

 

 

NEXT (НАСТУПНИЙ)

Production : Ukranimafilm, 2003, 3 min. 30, nb.

Scénario et réalisation : Anatoliï Lavrenychyn

 

Synopsis

Un bourreau s’affaire devant sa guillotine. Une file discontinue de condamnés attend son tour.

Soudain, le couperet se coince. Le bourreau se fait malencontreusement trancher la tête.

 

 

ÉTERNITÉ ÉPHÉMÈRE (ОДНОРАЗОВА ВІЧНІСТЬ)

 

Production : Ukranimafilm, 2002, 10 mn. coul

Scénario et réalisation : Mykhaïlo Illienko

 

Synopsis

Film composé de dix histoires courtes, plus absurdes les unes que les autres. Du Pôle Nord au Pôle Sud, elles font le tour du globe tel un boomerang.

 

 

KOMPROMIX (КОМПРОМІКС)

 

Production : Ukranimafilm, 2002, 5 mn. 30, nb.

Scénario et réalisation : Yevhen Syvokin

 

Synopsis

Variation sur le noir et le blanc, les forces du bien et du mal.

 

 

 

WEEK-END (УІК’ЕНД)

 

Production : Faculté du cinéma et de la télévision, Ukranimafilm, 1998, 5 mn, coul.

Scénario et réalisation : Evhenia Ilmenska

 

Synopsis

L’amitié nouée un jour de printemps entre un petit garçon et un chien s’éteint subitement. La nature du chien, accablé de tristesse, se transforme bientôt.

 

 

MARC DE CAFÉ (CAFÉЙНА ГУЩА)

 

Production : Faculté du cinéma et de la télévision, Ukranimafilm 1998, 6 mn 30, coul.

Scénario et réalisation : Alexandra Ilmenska

 

Synopsis

Assis à la même table dans un bar, un homme et une femme semblent s’ignorer, mais pensent tous deux à la même chose, les yeux fixés sur le marc de café qui se répand sur la table.

 

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Opinion

Le cinéma d’animation ukrainien, à qui Viatcheslav Levandovskyi donna ses lettres de noblesse en 1927 avec Le Petit taureau de paille, s’est distingué tout au long du XXème siècle comme un art à part entière dans la production cinématographique soviétique. Les réalisateurs Hyppolite Lazartchouk, Yevhen Horbatch, Dmytro Tcherkaskyi, Nina Vassylenko, Iryna Hourvytch, Alla Gratchova, Yevhen Proujanskyi, Volodymyr Dakhno et Yevhen Syvokin ont livré des œuvres de qualité, tels Mykyta Kojoumiaka, Parasolka, Les Aventures du Cosaque Enée, Maroussia Bohouslavka, Les Aventures du capitaine Vrungel, L’Ile au trésor, Docteur Aїbolyt, etc. On retiendra surtout l’incontournable série des Cosaques, dont Volodymyr Dakhno a été le grand concepteur pendant près d’un quart de siècle. Décédé en 2006 dans l’anonymat le plus complet, il fut considéré comme le chef de file du cinéma d’animation ukrainien. Dernier rescapé des grands maîtres de l’animation, son collègue Yevhen Syvokin reste quant à lui le mentor de la nouvelle génération. Cependant, Syvokin garde ses distances avec les nouvelles technologies numériques, dont les phases artistiques de pré-production s'effectuent moins à la main que sur des logiciels. Admirateur de l’œuvre de Walt Disney, qui en son temps influença l’animation ukrainienne, Syvokin fait de la résistance. Ses techniques restent conventionnelles : papier, cellulo, sable, pâte à modeler, figurines, etc. Il ne réalise que 6 à 7 secondes de film utile par journée de travail. Dans Kompromix, il utilise comme médium le sel et la poussière de charbon, (technique du sablage qui remonte à Man Ray). Pendant les années 90, le cinéma d’animation en Ukraine avait pratiquement disparu. Au Studio Ukranimafilm (antérieurement Kievnaoukfilm), des quelque 200 artistes, seuls 20 restèrent, livrant deux ou trois films par an. La plupart des cinéastes intégrèrent des studios privés ou partirent à l’étranger. Syvokin lui-même partit travailler quelques temps en Bulgarie et en Pologne. Alexandre Boubnov travailla en France. Serhiї Kouchnariov se fixa aux Etats-Unis (il travailla notamment sur la série Shrek), Igor Kovalov à Los-Angeles. Au début des années 2000, Mykhaïlo Illienko, qui jusqu’alors ne réalisait que des longs métrages de fiction, alla tâter de l’animation avec Eternité éphémère, une série de miniatures, marqués d’élucubrations folkloriques. Des jeunes réalisateurs, seul Stepan Koval décrocha une haute distinction internationale (Ours d’Argent au Festival de Berlin en 2003 pour Le Tramway n°9 (technique de la pâte à modeler), une très belle fable sur la société ukrainienne dépeinte à travers la représentation microcosmique de ses transports en commun. Toujours dans cette même technique, Stepan Koval a généré la série Mon pays – l’Ukraine, un florilège de 26 courts métrages de trois minutes racontant l’histoire des villes et les régions sur un mode divertissant et pédagogique. Pour ses débuts, Anatoliï Lavrenyshyn, élève de Syvokin, s’inspire d’un graphisme épuré dans Next ou d’une mise en image rappelant les Shadocks dans Les Pinsons et les autres. Quant à Yevhenia et Alexandra Ilmenska, elles utilisent le crayon de couleur : Marc de café reste un exemple époustouflant de ce que peut traduire un story-board au rythme du tango sur le thème du subconscient et de la réalité. L’animation en volume, la plus ancienne des techniques qui connut ses grandes heures pendant la période soviétique, reste toujours présente, mais cette fois-ci, mêlant les marionnettes traditionnelles et le numérique. Représentée par Alexandre Chmyhoun avec Pantomime pour trois acteurs, elle restitue une superbe fluidité des personnages se mouvant dans des décors grand-guignolesques.

Jusqu’à la récente crise internationale, le cinéma d’animation ukrainien n’a dû sa survie qu’aux maigres subsides de l’État et grâce au concours qu’il apporte aux studios américains ou français. Les studios privés Borysthène ou Novator-Film représentent à eux seuls plus de la moitié de la production nationale des films d’animation.

Lubomir Hosejko

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 18:36

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