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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 17:53

- Comment est né le festival Korona Karpat ?

Le festival Korona Karpat a été organisé pour la première fois en 2010. En réalité, je travaille avec le festival depuis cette année. J’étais directeur de programmation d’un autre festival. Mon devoir est d’organiser la programmation des films en compétition et hors-compétition. C’est le directeur général du festival actuel Oleh Karpyn qui a lancé l’initiative. Il assiste souvent à différents évènements du monde cinématographique. En Ukraine, il existe en fait de nombreux festivals plus ou moins grands. Oleh se demandait pourquoi il n’y avait pas de festival de grande envergure dans l’Ouest de l’Ukraine. Pourtant il y a de quoi intéresser les cinéastes. Les paysages des Carpates, la culture y est plus préservée et enfin, selon l’exemple de Karlovyi Vary, c’est aussi une ville thermale. Et Trouskavets fait partie de ces villes qui ont toute l’infrastructure nécessaire pour un tel évènement. Peut-être que le seul défaut est l’absence d’aéroport à Trouskavets. De plus la reconstruction de l’aéroport de Lviv nous a posé quelques problèmes. Donc l’idée était là, mais comme vous le savez une simple idée ne suffit pas. On est passé par une période de recherche d’associés et la création d’une équipe. On peut dire que cette période est toujours en cours. Le festival est très jeune et nous devons tous encore beaucoup apprendre et acquérir de l’expérience. Si le premier festival était plutôt modeste, le deuxième quant à lui était assez ambitieux. Par conséquent, on a fait face à de nouveaux problèmes. Ce festival est comme un enfant qui grandit, et nous grandissons avec lui en découvrant toujours de nouvelles expériences.
 http://koronakarpat.com.ua/content/galleries/2010/15/_MG_5404-800.jpg
- Quel est l’objectif du festival ?

En réalité, l’objectif initial était d’attirer l’attention sur cette région à l’aide d’un festival de cinéma, mais avec le temps, avec l’entrée de nouvelles personnes dans l’équipe, nous avons mis au point de nouvelles idées que notre festival peut accomplir. Le bilan du deuxième festival montre déjà que les Carpates peuvent s’avérer très intéressantes aux yeux des cinéastes. Etant moi-même producteur, j’ai eu l’occasion de discuter avec quelques uns de nos invités à propos d’une coproduction. J’espère que cela sera concluant. Je pense que l’état actuel du cinéma ukrainien est connu. Ce sujet est très douloureux, parce que même s’ils filment en Ukraine et s’ils soutiennent que c’est un film ukrainien en coproduction, je me dois d’être en désaccord. Parce que le cinéma ukrainien, ce n’est pas un film qui parle de la province russe et qui est tourné en Ukraine, nous avons les moyens de réaliser des films, nous avons des spécialistes et le tournage ne coûte pas cher du tout en Ukraine. Surtout lorsqu’on compare avec les prix européens ou même russes. Ainsi, le festival nous ouvre de nouvelles perspectives que nous pouvons réaliser grâce aux diverses rencontres avec des gens de différents pays. L’un des buts est aussi d’attirer l’attention des chaînes de télévision ukrainiennes. Il y a aussi des téléfilms pendant le festival, et notre objectif est de montrer aux chaînes le niveau de production de chaque pays pour qu’ils aient aussi un moyen de comparaison avec leur propre production.
 
- Quels sont les partenaires du festival ? Quel est votre partenaire en France ?

Actuellement, nous collaborons activement avec l’ambassade argentine en Ukraine. Nous avons le soutien de l’Institut Français. Après le festival de cette année, nous avons des partenaires en Autriche, Allemagne, Grande-Bretagne et Géorgie. Bien entendu, nous avons beaucoup de contacts en Russie et en Biélorussie.
 
Mais en ce qui concerne la programmation du festival, alors les pays représentés sont bien plus nombreux. Cette année, dans le programme du festival, des films de tous les continents ont participé, sauf l’Australie. Quant à nos relations avec la France, elles sont bien plus étroites maintenant. Notre partenaire est l’association Aye Aye VO Nancy Lorraine. Cette année, nous avons reçu le représentant de l’association Aye Aye, Anthony Folkmann, il nous a présenté leurs travaux et projets. Non seulement les cinéastes ukrainiens ont été très intéressés mais aussi les collègues d’autres pays qui étaient invités. Et j’espère qu’il y aura des suites positives de ce partenariat. En même temps, le soutien du Aye Aye nous attire beaucoup puisque ils existent depuis déjà assez longtemps et ils ont de l’expérience. C’est pourquoi leur soutien et leurs conseils nous sont très utiles et pertinents. Enfin, il est possible que ce partenariat donne naissance plus tard à un projet nouveau et passionnant. Je pense que notre partenariat est une étape de plus dans le dépassement des frontières entre la culture et ses représentants. La collaboration est toujours une expérience utile. J’aimerais aussi que cette collaboration entre des festivals de cinéma français et ukrainiens ait des résultats positifs pour nos deux pays.
 
- Quels sont vos projets ?


J’ai quelques projets cinématographiques que j’aimerais mettre en œuvre. La grande majorité est éventuellement dans la coproduction. Et d’ailleurs la France est un candidat possible en tant qu’associé. J’ai aussi un projet de comédie qui compte une collaboration avec l’Amérique latine. Quant au festival, c’est dur de l’admettre mais l’Ukraine est très dépendante de sa situation politique. Et cela vaut pour tous les domaines. Par exemple, cette année le festival n’a reçu aucune aide de la part du gouvernement ou du ministère de la Culture. Dans de telles conditions, il est difficile de prévoir à l’avance mais surtout de prédire. Nous continuerons notre recherche de partenariats, nous travaillerons afin que nous dépendions le moins possible de l’Etat. Mais je pense aussi à la troisième édition du festival Korona Karpat que nous commençons déjà à préparer. Et nous serons ravis d’accueillir la France comme partenaire actif de notre festival.

Prix du festival Korona Karpat 2011 :
Meilleur film : Un cuento chino, Argentine (Un conte chinois)
Meilleur réalisateur : Youriy Musyka, Russie
Meilleur scénario : Un cuento chino, Argentine (Un conte chinois)
Meilleur rôle féminin : Zuzana Kanoch, Slovaquie et Elisaveta Boiarska, Russie
Meilleur rôle masculin : Bohdan Stoupka, Ukraine
Meilleur visuel : Nebo, Peklo… Zem, Slovaquie (Ciel, Enfer… Terre)
Meilleur film psychologique : Al-raheel min Baghdad, Grande-Bretagne ( En partant de Baghdad)
Meilleur début : Petr Voltchanov, Bulgarie, Avariyno Katsane ( Atterrissage d’urgence)
Meilleure musique : Istanbul Reys, Azerbaïdjan (Le vol d’Istanbul)
Prix des spectateurs : Zagrava, Ukraine
Meilleur film documentaire : Inokynia, Biélorussie (La bonne sœur)
Meilleur réalisateur de documentaire : Vahtang Mikeladze, Russie
Meilleur scénario : The other Chelsea - a story from Donestk, Allemagne ( L’autre Chelsea)
Meilleure bande-son de documentaire : Inokynia
Meilleur montage de documentaire : Muchedumbre 30s, Equateur ( Foule du 30 septembre)
 

Propos recueillis par Darya K.

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 10:56

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/42/Stamp_Svyatyi_Mykolay_2002.jpgChaque année, les enfants attendent avec impatience Svyatiy Mykolay : il est leur bienfaiteur et apporte toujours de beaux cadeaux. Comme le veut la tradition, les enfants écrivent la lettre à Svyatiy Mykolay en faisant la liste des bonnes choses qu’ils ont faites pendant l’année, puis ils demandent pardon pour leurs bêtises et sollicitent un cadeau.

 

Selon la légende, la nuit du 18 au 19 décembre Svyatiy Mykolay descend du ciel d’où il voit tout ce que font les enfants. Il a un traîneau doré avec des chevaux blancs. Il arrive dans les maisons par la porte et non pas par la cheminée, comme le père Noël. Invisible, il met les cadeaux sous l’oreiller des enfants, à l’exception de ceux trop volumineux qu’il laisse près du lit. Il est souvent accompagné d’anges et de petits diables. Chacun d’entre eux argumente pour donner ou non le cadeau. Les petits diables tentent de voler le sac de cadeaux. Toutefois, ils n’y parviennent pas car Svyatiy Mykolay sait tout et les anges veillent.

 

Traditionnellement, les cadeaux préparés par les parents étaient des « Mykolajtchyky », des biscuits au miel aux formes multiples. Tous les enfants qui avaient été gentils durant l’année recevaient des biscuits ; les enfants pas sages étaient d’abord menacés, mais ils recevaient tout de même des biscuits pour qu’ils soient plus gentils l’année suivante.

illustrations-0955.jpg

Autrefois, la veille de la fête, les anciens du village se réunissaient pour brasser la bière de blé. Le grand festin qui suivait se terminait par des courses en traîneaux et avec des chants. Le Saint était célébré partout en Ukraine, mais certaines régions avaient leurs particularités. Dans la région de Kharkiv, les festivités duraient 3 jours. On y préparait la Koutia (un plat rituel à la base de blé, de pavot et de miel) et l’Ouzvar (une boisson sucrée à base de fruits secs) pour assurer une bonne récolte des céréales et des fruits l’année suivante. Dans la région de Podillia, on attendait « polaznyk » - c’est ainsi qu’on désignait la personne qui était la première à franchir le seuil de la maison ce jour là. Si c’était un homme qui franchissait le premier la porte de la maison, cela préfigurait la richesse et du bonheur toute l'année. Mais auparavant, le maître de la maison devait traverser la cour pour nourrir ses bovins en les saluant par la formule : "Que Dieu accorde à mes bovins une bonne journée et une bonne santé, ainsi qu’à moi et à ma femme!". Dans la région de Kiev, le maître de la maison qui revenait de l’église prenait un bol d'eau bénite, du pain et du sel, de la kwacha (une boisson fermentée), et allait bénir sa propriété et son bétail, en disant: « Svyatiy Mykolay, pardonne-nous et protège-nous de tout mal ! ».

 

Lesya Darricau-Dmytrenko

illustrations:

- timbre ukrainien Svyatiy Mykolay

- composition en pate à modeler d'Oksana Sklyarenko  www.coking.at.ua

 

 

 

Recette de « Mykolajchyky »
(Biscuit au miel)

http://s004.radikal.ru/i207/1101/9f/1e657d419269.jpg


Ingrédients

4 tasses de farine
1 cc de cannelle moulue
1/2 cc de clous de girofle moulus
1/2 cc de gingembre moulu
1/2 cc de noix de muscade moulue
1 tasse de sucre en poudre
2 cc de levure
2 oeufs
1 tasse de miel
2 cc de zeste d'orange
1 oeuf battu avec un peu d'eau pour le glaçage
20 amandes émondées (sans peau)
Cristaux de sucre

 

Préparation

Mélanger la farine, les épices, le sucre en poudre et la levure. Ajouter les œufs, le miel et le zeste d'orange pour faire une pâte ferme. Sur un plan de travail fariné, étaler la pâte d’1/2 cm d'épaisseur environ. Découper différentes formes (poisson, cheval, lion etc.), déposer sur une plaque antiadhésive de cuisson, et la brosser avec le glaçage. Placer une demi amande au milieu de chaque biscuit, saupoudrer de cristaux de sucre, et cuire au four préchauffé à 180 degrés environ 15 minutes. Refroidir sur une grille. Conserver dans des boîtes hermétiques.
 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 09:43

Pikardiyska Tertsia est un terme musical « emprunté » au compositeur ukrainien Anatoli Kos-Anatolski. Cela signifie un changement majeur à la fin d’une œuvre musicale. Tout a commencé en 1992 …

 

C’est au sein d’un chœur d’étudiants à l`Ecole Nationale de Musique de Lviv, Stanislav Luidkevych que Volodymyr Iakymec, Iaroslav Noudyk, Bogdan Bogach et Andri Kapral posent les fondations du groupe avant d’être rejoints par Andri Bazylykut et Roman Tourianyn. Ce qui caractérise Pikardiyska Tertsia, c’est la parfaite maîtrise du chant « a capella » conjugué à la volonté d’expérimenter d’autres genres musicaux. Depuis la création du groupe, seul un changement est intervenu : en 1996 Andri Shavala a remplacé Andri Bazylykut. Avant de faire partie de Pikardiyska Tertsia, Andri Shavala a chanté pendant 13 ans dans le célèbre ensemble Trembita.

 

En 1992, le groupe enregistre son premier disque «Jardin de chansons angéliques». Les chanteurs a capella deviennent dans la foulée lauréats du festival La Rue Rouge à Donetsk. En 1994, ils remportent le concours Le Destin à Tchernivsty. En 1995, ils triomphent au concours de télévision Mélodie et se classent à meilleures places des hit-parades ukrainiens. En 2000, 2001 et 2008, Pikardiyska Tertsia participe au prestigieux e festival international de chant a capella Vocal Total à Munich (Allemagne). En 2006, à Bruxelles, Pikardiyska Tertsia se produit devant les députes de la Commission Européenne. En 2008, le groupe se voit décerner le prix national ukrainien Taras Shevtchenko.

 

 

ENTRETIEN AVEC IAROSLAV NOUDYK membre fondateur de Pikardiyska Tertsia

illustrations-5479.jpg

Quelque chose a-t-il changé en vous depuis que vous êtes lauréat du prestigieux prix Taras Shevchenko ?

 Le prix Taras Chevtchenkofut une merveilleuse surprise. Cette récompense nationale n’est pas seulement la reconnaissance de notre créativité, de ce que nous avons déjà fait, mais c’est aussi un fort stimulant pour l’avenir de notre groupe. Dans l’absolu nous sommes restés les mêmes. On peut toujours nous aborder dans la rue, nous demander un autographe ou faire une photo. Nous avons pour principe de rester accessible et de ne jamais nous couper de notre public. Si un artiste fuit les contacts directs, il se prive d’un lien essentiel et s’éloigne peu à peu de son public non seulement au quotidien mais aussi même pendant ses concerts.

 

Picardiyska Tertsia est moins présent dans les médias qu’auparavant, comment l’expliquez-vous ?

Il faut poser cette question au gouvernement. Il est clair que sa politique ne favorise pas le développement de programmes culturels ukrainophones d’autant que toutes les chaines de télévision et de radio appartiennent à des investisseurs russes. Tant que cette situation perdurera, il y a peu de chance de voir une réelle amélioration en la matière en Ukraine. De notre côté, nous faisons le maximum pour promouvoir le folklore ukrainien et composer et interpréter de nouvelles chansons ukrainiennes modernes. Du point de vue économique, une des difficultés réside dans le fait que la production d’un clip de très bonne qualité coute deux, voire trois fois moins cher que son passage à la télévision. Les coûts de diffusion sont en effet devenus exorbitants.

 

Il est difficile d’imaginer un Noël à Lviv sans Picardiyska Tertsia.

Cela nous fait très plaisir. Les traditions populaires, il faut non seulement les perpétuer, mais aussi les promouvoir. C’est pour cette raison que nous avons dans notre répertoire de nombreuses chansons sur Noël que nous présentons en Ukraine ainsi qu’à l’étranger. Quand arrive le jour de Noël, nous allons de maison en maison, en chantant les koliady, ces magnifiques chants que nous ont appris nos parents dans notre enfance. Fidèles à la tradition immémoriale, les enfants comme les adultes les chantent d’habitation en habitation pour annoncer la Bonne Nouvelle aux gens : la Naissance du Fils de Dieu.

 

Propos recueillis par Liana Benquet

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 09:31

Le bulletin de Décembre 2011 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes.

 

Au sommaire:


p.1 Agenda culturel
p.2 « Héritage » un roman historico-politique d’Anna Shevchenko
p.3 Pikardiyska Tertsia, groupe emblématique de l’art vocal ukrainien
p.4 Entretien avec Iaroslav Noudyk, membre fondateur de Pikardiyska Tertsia
p.5 Святий Миколай - Svyatiy Mykolay , le Saint Nicolas ukrainien
p.6 Recette de « mykolajchyky »
p.7 - 8 Quatre-vingtième anniversaire de la disparition d’Abraham Mintchine
p.9 Exposition « URSS : fin de parti(e) - les années Perestroïka 1985-1991 ».
p.10 «Noël, le mystère » un livre du père de Roucy illustré par Natalia Satsyk

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 09:01

Une équipe de deux journalistes français s’est lancée dans un projet de web-documentaire consacré à l’Ukraine à l’heure de l’Euro 2012. Perspectives Ukrainiennes trouve cette initiative très utile pour la découverte de l’Ukraine par les Européens et soutient le projet. Stéphane Siohan, un des deux auteurs, évoque le projet et appelle tous ceux qui seraient intéressés à venir soutenir le projet sur le site de financement KissKissBankBank.
 
--
 
Pouvez-vous présenter en quelques mots votre idée ?
 
Je suis journaliste depuis une petite dizaine d’années, j’ai beaucoup voyagé et travaillé dans les pays d’Europe centrale et orientale. Il y a environ un an et demi, avec mon associé photographe et cameraman Matthieu Sartre, nous avons eu l’idée de faire un portrait de l’Ukraine contemporaine à l’occasion de l’Euro 2012, qui est la première compétition sportive majeure organisée dans un pays de l’ancien bloc soviétique depuis les Jeux olympiques de Moscou en 1980. Pour nous, le football est un langage universel, qui en Europe de l’Est prend des couleurs peu connus en France. Et à travers des histoires de football, c’est un portrait sensible de l’Ukraine contemporaine que nous souhaitons réaliser.
 
Quelle forme va prendre ce documentaire ?
 
Un web-documentaire est un film multimédia, diffusé sur un site internet, avec une interface web propre. La narration du documentaire est ce qu’on appelle délinéarisée et de façon interactive, l’internaute peut prendre en main le contenu documentaire à sa guise. En outre, Gol! #Ukraine2012, ce sera un webdocumentaire, mais également un jeu vidéo ! Dès le premier clic, l'internaute choisira entre une immersion classique dans le documentaire, ou un mode « quest » inspiré des jeux vidéo, où son cheminement dans Gol! sera une succession d'épreuves, avec quelques surprises à la clé... Notre projet sera diffusé sur le Monde.fr, principal site d’information en France, quelques semaines avant le début de l’Euro 2012.


Sous quelle forme souhaitez-vous parler de l’Ukraine ?

 

Notre webdocumentaire sera une succession de 16 films courts, tournés aux quatre coins de l’Ukraine, de Kiev à Donetsk, de Lviv à Dnipropetrovsk, avec d’autres endroits plus surprenants. L’internaute pourra les découvrir sur le site du Monde.fr et sur les réseaux sociaux, notamment Facebook où nous proposerons également des contenus courts. Par ailleurs, pour incarner notre documentaire, nous avons choisi deux personnages à la fois réels et fictifs, Oleg et Katya, deux jeunes Ukrainiens de 25 ans, qui emmèneront les internautes dans leur Ukraine à l'heure de l'Euro2012.
 
Comment comptez-vous financer votre projet ?
 
Nous allons certes diffuser le documentaire sur un média important, mais internet étant un univers gratuit, et nous les auteurs étant indépendant, nous devons aussi apporter des ressources propres pour financer notre projet. Nous avons effectué deux premiers tournages en juillet et octobre derniers. Mais nous devons continuer à chercher des financements complémentaires pour pouvoir tourner cet hiver. Pour cela, nous proposons aux internautes et à tous les amis de l’Ukraine de participer à l’aventure et nous soutenir financièrement, à partir de 1 euro, sur le site de crowdfunding (financement participatif) KissKissBankBank.com. Chaque personne contributrice aura un cadeau en échange, cela va de son nom dans les crédits du documentaire, à une voiture en passant par... un maillot du Dynamo de Kiev dédicacé par Andriy Shevchenko ! Nous devons avoir atteint 8500 euros avant le 12 décembre pour bénéficier de ce financement et continuer sereinement l’aventure en décembre. Pour cela, le moindre euro compte ! Mais surtout, ça nous fait plaisir de voir émerger une communauté de gens intéressés autour de notre projet.

 

 

Le lien vers le projet Gol ! #Ukraine2012, l’appel à financement KissKissBankBank et des vidéos teaser : 
http://www.kisskissbankbank.com/projects/gol-ukraine2012 ou taper « Kissbank » et « Ukraine » dans Google.

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 13:36

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 6 décembre 2011, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

NOUS ÉTIONS SI JEUNES  (ЯКІ Ж БУЛИ МИ МОЛОДІ)

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 photogramme-Nous-etions-si-jeunes.jpg

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1985, 84 mn, coul.

 

Réalisation : Mykhaïlo Biélikov

Scénario : Mykhaïlo Biélikov

Photographie : Vassyl Trouchkovskyi

Décor : Olexii Levtchenko

Musique : Youriï Vynnyk

Son : Anatole Tchornootchenko

Montage : Natalia Akaiomova

Directeur de production : Mykhaïlo Kostioukovskyi

Interprétation : Taras Denyssenko, Olena Chkourpelo, Nina Charolapova, Alexandre Pachoutine, Alexandre Svyrydovskyi, Anatole Loukianenko, Tetiana Kravtchenko, Mykhaïlo Kokchenov

Genre : mélodrame

 

Récompenses : Prix d’État Taras Chevtchenko en 1986 à Mykhaïlo Biélikov, Vassyl Trouchkovskyi, Olexii Levtchenko ; Premier Prix au Festival Pansoviétique à Alma-Ata en 1986 ; Prix du Comité d’État pour la cinématographie d’Ukraine et diplôme à l’opérateur Vassyl Trouchkovskyi ; Prix de l’Union des cinéastes d’Ukraine, Prix du public, Prix du meilleur rôle masculin à Taras Denyssenko au Festival Molodist en 1985.

 

Synopsis

Youlka et Sachko se connaissent depuis l’enfance. Pendant la guerre, Youlka avait bu un verre d’eau contenant du phosphore qu’elle avait pris pour du lait. L’amour naissant pour Sachko, qui vient de décrocher son premier boulot, la distrait de sa maladie, la leucémie. Bientôt, ils se marient sans perdre l’espoir d’une guérison. Malgré les recommandations des médecins, Youlka donne naissance à un bébé et promet à Sachko qu’elle va vivre.

 

 

Opinion

 

Réalisé en 1985, Nous étions si jeunes de Mykhaïlo Biélikov s’inscrit dans les œuvres sortant de l’ornière du cinéma brejnévien à quelques encablures de la perestroïka. Le style de ce film d’auteur est manifestement à l’opposé des mélodrames médiocres qui envahissaient de plus en plus les écrans. Tout en empruntant les trajectoires narratives classiques et neutralisant les passions idéologiques, le metteur en scène laisse courir son esprit créatif. Avec des images simples, non explétives, Biélikov filme le cours quotidien de la vie, les foyers d’étudiants, les premiers postes de télévision, les bals populaires dans les parcs publics, la vie dans les appartements communautaires régulée par une éthique de la solidarité et du partage. L’action se situe du début du dégel khroutchévien jusqu’au premier vol cosmique de Gagarine, le jour où Youlka mettra au monde un enfant. Pour cette œuvre de qualité montrant les séquelles physiques et psychologiques de l’après-guerre, Biélikov confia le rôle de Sachko au jeune premier Taras Denyssenko. Il sera la grande révélation du film d’Andriї Dontchyk, Anoxie (1991), et deviendra un acteur populaire dans les années 90. Sa partenaire Olena Chkourpelo, actrice de théâtre, ne réapparaîtra à l’écran qu’en 2010 dans le film russe de Youri Schiller, Le Moineau.

Connu en Occident pour La Désintégration (1990), la première fiction prenant pour thème la catastrophe de la Centrale nucléaire de Tchornobyl, Mykhaïlo Biélikov est de ces cinéastes passés par le VGIK qui intégrèrent les studios ukrainiens dans les années 60 et qui créèrent le fameux courant dit École de Kiev. L’un des opérateurs les plus doués de sa génération avec Alexandre Antypenko, Valeriï Kvas et Vilen Kalouta, Mykhaïlo Biélikov s’était fait remarquer notamment pour son travail sur le film Qui reviendra aimera (1967) de Léonide Ossyka et  Les Nuages blancs (1968) de Rolland Serhienko. Dès 1974, il se lança dans la réalisation de téléfilms en signant avec Alexandre Mouratov La Vieille forteresse (1973) d’après le célèbre roman de Vladimir Biélaiev, puis l’excentrique Coq rouge  de Plymouth Rock (1974). Ses premiers longs métrages, Sur ondes courtes (1977), Travail caché (1978), La Nuit est courte (1982), sont des films qui transcendent la problématique industrielle et sociétale en spectacle civique. À l’issue du Vème Congrès de l’Union des cinéastes de l’URSS en mai 1986, Mykhaïlo Biélikov remplacera l’apparatchik Timothée Levtchouk au poste de secrétaire général de l’Union des cinéastes d’Ukraine. Il y restera pendant une quinzaine d’années tout en continuant son métier de réalisateur.

 

Lubomir Hosejko

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 11:41

Dans le cadre de la manifestation "30 Ans 30 Films" du Festival international Jean Rouch qui se déroule du 5 au 27 novembre à Paris,


Le dimanche 20 novembre, à 15h à la Maison des Cultures du Monde (entrée gratuite) aura lieu la projection du film

"Un dimanche à Pripiat"
2006 – 26 min.
Blandine Huk, Frédéric Cousseau (France)

Comité du Film Ethnographique
30ème Festival International Jean Rouch
Muséum National d'Histoire Naturelle
36 rue Geoffroy Saint Hilaire - CP 22
75005 Paris
01 47 04 38 20
06 99 71 94 31
www.comite-film-ethno.net

 

Un dimanche à Pripiat
2006, 26 minutes, version originale et sous titres français
Un film de Blandine Huk & Frédéric Cousseau (France)
Distribution : Nofilm, nofilm at free.fr, www.nofilm.free.fr

Quelque part en Europe se trouve une zone interdite. Au coeur de cette zone, Pripiat était une citée modèle où vivaient 50 000 personnes. Le 26 avril 1986, un ennemi invisible a obligé les habitants à quitter les lieux.

Somewhere in Europe there is a forbidden zone. Lying in the heart of this zone is Pripyat, at one time a model city inhabited by some 50,000 people. On April 26, 1986, an invisible enemy forced the residents of Pripyat to evacuate the area in order to escape.

Née en 1969, Blandine Huk est journaliste. Après avoir été assistante-réalisatrice sur le film Sakhaline (2006), elle réalise : Le goût du cochon (2010), Garboucha (2009), Rouge Nowa Huta (2009).

Frédéric Cousseau est né en 1963. Musicien rock/punk, il commence à réaliser des films, fiction, documentaire, expérimental, fin des années 1980.
Filmographie : Pornographic Isolation (2011), Body (2010), Le goût du cochon (2010)
Garboucha (2009), Rouge Nowa Huta (2009), Sakhaline (2006), Le 17 au soir (2005), La fatigue (1998), Bartolin (1991), Des pieds et des mains (1989)

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 15:11

yuriy-bilak1.jpgQuelles vos sources d’inspiration ?

Je suis passionné par la peinture flamande dans laquelle les personnages sont mis en avant avec une certaine culture de la lumière. Cette peinture naturaliste du XIVe et XVe siècles aux figures isolées substitue les mouvements de la vie réelle et ouvre à l’oeil du spectateur les profondes perspectives du monde visible. Les oeuvres de Vermeer, Rembrandt, Van Dyck et Van Eck m’inspirent le plus.

 

Par ailleurs, outre l’art flamand, je suis également sensible aux oeuvres de William Bouguereau pour sa vision de l’onirique, du sacré et de la mythologie, les allégories d’Ingres et les magnifiques clairs obscurs de De la Tour dans lesquels je me reconnais pleinement. Surtout lors de mon travail en studio.

 

J’aime la peinture, mais je ne sais pas peindre, alors j’essaye de peindre à ma manière, avec la lumière. Bien sûr, il est beaucoup plus simple de le faire en studio en créant la lumière voulue, mais il me paraît intéressant d’adapter cette vision de la photographie dans mes reportages également. Par exemple, j’ai beaucoup apprécié de photographier la sortie de la messe de Pâques dans les Carpates en pleine nuit. La scène était éclairée essentiellement par des bougies, comme dans les tableaux de De la Tour. J’ai également ressenti cela lorsque j’ai eu l’opportunité de photographier les mineurs de charbon au fond de la mine, dans cette expérience, la lumière était le plus souvent l’éclairage de leur lampe frontale.

  pacques.jpg

J’aime beaucoup travailler dans mon studio mais ce que j’adore le plus c’est de découvrir des lieux atypiques, insolites et d’imaginer, d’élaborer une photo en fonction d’une thématique. Comme « Lady Godiva », « Jeanne d’Arc », « Gangster ». J’aime mettre en scène.

Comment s’établissent les contacts avec vos modèles ? Qu’est-ce qui fonde votre démarche vers le sujet ?

Mon mode opératoire est toujours le même, mon angle d’attaque est la personne, son vécu, sa culture. Dans un premier temps c’est une rencontre entre deux personnes, deux cultures. Il me faut du temps pour pouvoir découvrir une part de son quotidien et avant que je ne puisse sortir mon appareil photo. Je dois avant tout donner envie à mon interlocuteur de m’accorder une photo, cette image qu’il veut bien m’offrir de lui-même. Avec le temps… une heure, une demi-journée, une journée, cela marche souvent. Sinon, ce n’est pas grave, je n’aime pas voler mes clichés.

 

Pour le sujet, c’est simple, tout suscite ma curiosité. Je pars du principe que chacun de nous a quelque chose d’unique en soi et que certains ont envie de partager, d’offrir, que ce soit en studio, ainsi qu’en reportage. Là encore on peut parler de transmission. Sans cette confiance, la photo n’est pas la même à mes yeux.

 

Pour le choix de la personne, je dirais que l’on se cherche/s’attend l’un l’autre. Je suis toujours étonné lorsque j’y réfléchis, de tous ces milliers de kilomètres parcourus, avion, train, taxi, et marche à pied, là quelque part dans les alpages, les Carpates ou au fond d’une mine, il y a au-delà de l’échange une extraordinaire rencontre photographique. M’attendaient-ils ou pas ?

Comment vous est venue l’idée de vous plonger dans l’univers de la mine ?

 

Dans ma famille, il y a eu un mineur qui a travaillé dans une mine près de Lille et j’en garde un souvenir d’enfance. Des images très marquantes du dur métier qu’ils exercent. J’ai fait ces photos lors de mon « pèlerinage » de 3 ans tout au long de l’Ukraine qui a débuté à Uzgorod et que j’ai terminé dans le Donbass.

Mines-Ilakaka_8699.jpg

La découverte du pays de mes ancêtres a été bouleversante et j’en suis revenu avec beaucoup d’images émouvantes. Où peut-on voir vos œuvres ? Depuis le mois de février 2011 et jusqu'au 27 novembre 2011 au centre minier de Faymoreau (Vendée) sont exposées les photos de mineurs de charbon de la région de Donetsk et de Novovolynsk avec qui j’ai eu la chance de partager le quotidien.

 

"Gueules Noires, mineurs du monde" c’est une exposition collective en grand format en plein air. Fin mai 2011 lors d’un week-end de conférences portant « sur la vie des mineurs », les organisateurs du centre minier m’ont permis d’intervenir et d’échanger sur cette étonnante expérience que j’ai vécue parmi ces hommes. J’ai saisi l’occasion pour inviter lors de ce week-end mon guide/mineur ukrainien, Hennadij, de la région de Donetsk qui a été surpris de l’intérêt que les Français portent à cette profession.

 

Une autre exposition d’une cinquantaine de photos est actuellement en place dans la ville minière de Vouhledar (Donbas), le lieu même où ont été prises les photos exposées.

Que représente pour vous le domaine Tchornohora situé à Rochepaule en Ardèche ?


Cette maison familiale, lieu paisible où se rencontre la diaspora ukrainienne en France est située en Ardèche dans un écrin de verdure qui rappelle les Carpates. Elle a été ouverte par l’association FAVAL, regroupant dès 1974 une partie des émigrés d’origine ukrainienne dont le but était de sauvegarder la culture ukrainienne et de la faire connaître. Reprendre la présidence de Tchornohora est pour moi la continuité de transmission de ces valeurs aux enfants, comme l’ont fait mes prédécesseurs.

 

J’ai la chance de travailler avec une équipe très soudée, volontaire. Nous avons tous la même conviction dans l’implication que nous portons à ce lieu et à ces valeurs culturelles, cela est très plaisant. Nous souhaitons tous continuer à faire vivre cette maison en organisant les retrouvailles des anciens colons, louer ce magnifique lieu pour des événements familiaux, ou même l’ouvrir également en maison d’hôtes.

 

 

Depuis 37 ans, chaque mois de juillet, un séjour est organisé pour les enfants qui vivent trois semaines aux couleurs de l’Ukraine tout en profitant chaque jour de l’air sain, de cette nature généreuse entourée de montagne. Depuis quelques années, on m’a confié l’élaboration du spectacle de fin de séjour pour plus de cinquante enfants âgés de 6 à 17 ans qui chantent, dansent et jouent la comédie avec brio. Ce sont de véritables comédies musicales dans lesquelles j’aime placer des références historiques, littéraires, éducatives et également écologiques.

 

Tout au long du séjour, j’observe ces jeunes participants et j’écris mon scénario en fonction des enfants présents chaque année. C’est un véritable challenge en ce qui concerne le travail de scénariste et metteur en scène. Chaque fois c’est une mise en abyme total, pour moi travailler dans l’urgence est très stimulant et productif. Lorsque j’arrive sur place rien n’est écrit (chaque millésime est une nouvelle histoire) mais je suis aidé lors des soirées à thèmes au cours desquelles les enfants exposent leurs propres idées. Ensuite je brode (au point de croix bien sûr) avec leurs rêves et je rajoute mes fantaisies. Ces spectacles ouvrent l’esprit des enfants et leur curiosité, cela leur fait comprendre le simple fait qu’ils ont chacun leur propre personnalité et qu’il est possible de réaliser ces rêves. J’essaye de transmettre aux enfants l’envie de faire la comédie, de chanter, de danser.

 

J’ai toujours trouvé le milieu de l’éducation rigide et pas très drôle, alors avec les enfants de « Tchornohora » j’essaye de transmettre mon savoir de façon ludique et avec amusement et beaucoup d’humour. Avec mes collaboratrices (Maroussia Jonyk, Anne Jonyk, Nathalie Markarian-Kuzma, Laura Budka) nous essayons d’offrir à chaque enfant cette passion de la culture ukrainienne que nous avons reçue de nos parents, pour que peut-être un jour elle germe en eux. Comme dit une métaphore dont je ne me rappelle plus l’origine, « un enfant c’est comme la flèche d’un arc, quand on la lâche nous ne pouvons plus rien pour elle ». L’impulsion est très importante. Malgré les responsabilités et la fatigue, cette implication nous nourrit intellectuellement. enfants.jpg

 

Cette année, le nom donné au spectacle était « Onze et une ». À la surprise générale, comme chaque année nous avons fait salle comble lors des deux représentations. 300 personnes ont eu le plaisir de voir le spectacle à Rochepaule : 150 personnes des villages avoisinant pour le vendredi 29 juillet et 150 parents et membres des familles d’enfants le samedi 30 juillet. J’ai eu la chance d’avoir entre autres à mes côtés cette année, Mila 6 ans qui a eu une cinquantaine de répliques et qui a joué la comédie telle une professionnelle. L’époustouflante Elisa 8 ans, dans le rôle d’une magicienne avec un jeu interactif, Aurélio 15 ans qui nous a fait une interprétation magistrale de « Suzi » d’Okean Elzy (pour les connaibroderie_houtsoule.jpgsseurs). Je ne peux tous les citer (je m’en excuse d’avance), ce sont des jeunes qui d’année en année me permettent d’être l’heureux témoin de leur évolution. Un vrai bonheur ! Les parents prennent également part à mes créations, les musiciens sont mis à contribution pour les enregistrements des playbacks dans un studio improvisé, d’autres à l’accroche des lumières, costumes, cuisine, etc…


Quelles richesses humaines allez-vous nous faire découvrir ces prochains mois ?


Concernant l’Ukraine, j’ai pour projet en 2012 de mettre en place une exposition sur les mineurs de charbon. La perception que portent beaucoup d’Ukrainiens à ce métier n’est pas la même qu’en France et je souhaite par le biais de ce projet faire évoluer les pensées, car pour avoir vécu le quotidien parmi ces hommes, je peux dire aujourd’hui qu’ils sont à mes yeux de vrais héros. Si ce projet peut faire évoluer la considération envers ces hommes, j’en serai ravi. Je viens d’une famille issue d’une minorité (les Houtsouls, habitants d’une partie des Carpates ukrainiennes) et je m’intéresse beaucoup à toutes les minorités. C’est ce qui a inspiré, en autres, mon projet d’exposition de photos en relief pour les personnes non-voyantes réalisé en 2008.

 

Précédemment, au cours de ma carrière de comédien, j’ai eu l’opportunité de mettre en place un spectacle s’adressant à un jeune public de personnes malentendantes. Je voudrais changer le regard des gens sur cette partie de la population, qui doit faire face au quotidien à une incompréhension ambiante, aussi je pense que nous devons nous qui en avons les moyens leur permettre de vivre tout simplement. Cela peut fonctionner, je l’ai ressenti lors de mon exposition sur les personnes non-voyantes, qui, à ma plus grande joie, a voyagé dans toute l’Ukraine (Kiev, Lviv, Donetsk, Symferopol, Odessa, Tchernivtsi, Dnipropetrovsk). Une prise de conscience du reste de la population, tout simplement (apparition de menus en braille dans les restaurants à Lviv, sonorisation pour non-voyants dans le métro à Kiev…etc.). Ce type d’exposition a pour but de réveiller les consciences, bien au-delà de l’attrait esthétique que peuvent procurer de belles images placées sur des murs.

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Les idées ne manquent pas, … avis aux « sponsors » et « mécènes » (rire). Cette année, j’ai fait un voyage extraordinaire à Madagascar où j’ai réalisé plusieurs reportages avec différentes minorités là encore. J’ai découvert les « Houtsouls » malgaches (sourire) qui vivent dans les montagnes dans des maisons en bois. Mais ce choix de vie devient de plus en plus difficile à cause de la déforestation intensive entre autres. Alors, ils se résignent et commencent à construire des maisons en terre qui est une tradition perpétuée dans d’autres régions de l’île. Ils font de la sculpture sur bois comme les Ukrainiens et c’est assez curieux de retrouver des similitudes entre des peuples si éloignés géographiquement.

Propos recueillis par Lesya Darricau-Dmytrenko

 

le site d'Youry Bilak

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 14:41

NTCH-enseigne.jpgLa prestigieuse société scientifique Chevtchenko (Naoukove Tovarystvo Chevtchenko – NTCH), porte le nom du célèbre poète ukrainien Taras Chevtchenko. Sa création remonte à 1873, à Lviv.

 

L’institution a connu un formidable essor jusqu’à la première guerre mondiale. Durant l’entre deux guerres, la domination polonaise freina cet élan mais ne put néanmoins empêcher NTCH de rayonner. En 1939, l'occupation de Lviv par les Soviétiques entraîna la dissolution de la société. Beaucoup de ses membres furent arrêtés, envoyés au Goulag, ou exécutés. Cependant les liens scientifiques se sont avérés plus forts que les persécutions politiques, et les membres de NTCH, dont beaucoup s’étaient exilés, se sont retrouvés au sein des antennes étrangères : aux Etats- Unis, au Canada, en Allemagne, en Australie et en France. Leurs efforts communs ont permis de réaliser plusieurs travaux d’une importance capitale, les plus remarquables étant sans conteste les 14 volumes de l’Encyclopédie ukrainienne.

 

NTCH n’a pu revenir en Ukraine qu’à la fin des années 1980, au moment de la Perestroïka. L’antenne française s’est établie à Sarcelles en 1951, grâce à des dons privés. C’est elle qui a coordonné le travail sur l’Encyclopédie ukrainienne, une oeuvre de référence pour les spécialistes comme pour tous ceux qui cherchent des informations sur l’Ukraine. D’après le nouveau président de l’antenne de Sarcelles, Stéphane Dunikowski, avocat au barreau de Nanterre, la publication de l’Encyclopédie en français compte parmi les nombreux projets de l’organisation. C’est un travail considérable qui impliquera des ressources financières importantes.

 

Stéphane Dunikowski se présente modestement comme un président administratif qui a avant tout pour but de consolider les moyens de l’antenne, de lui permettre de continuer son travail, de rétablir des liens entre scientifiques et d’aider les nouveaux chercheurs à venir travailler en France sur des thématiques ukrainiennes. Il est épaulé par Michel Bergeron, trésorier, et Anne-Marie Dovhanuk, depuis longtemps secrétaire scientifique de la société. D’anciennes équipes de NTCH sont également à leur disposition pour redonner du souffle à l’association.

 

Néanmoins, selon Stéphane Dunikowski, il est nécessaire de s’ouvrir aux nouveaux talents. Ainsi, une première journée portes ouvertes a été organisée à Sarcelles cet automne. Elle a réuni des curieux, des sympathisants et tous ceux qui souhaitaient soutenir NTCH dans ses projets de développement. Le même jour, l’antenne de Sarcelles a lancé une nouvelle initiative : l’association des Ukrainiens du Val-d’Oise a été créée. Selon le président de NTCH, la formation d’associations de ressortissants ukrainiens en France, regroupées en fonction de leur emplacement géographique, permettra de parvenir à une plus grande synergie dans leur travail et les rendre plus efficaces dans leur collaboration avec les administrations françaises.NTCH

par Olga Gerasymenko

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 15:06

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Quand l'association a-t-elle été créée et quels sont ses objectifs ?


L'association a été créée par des Français d'origine ukrainienne afin de mettre en oeuvre tous les moyens de diffusion, de communication, d’information, de recherche et d’études concernant l’Holodomor. L'objectif de l'association est de porter à la connaissance du plus large public français, une information et une expression des plus pertinentes sur l'un des trois génocides européens : le Holodomor ukrainien, chronologiquement placé entre la tragédie de l'Arménie et la Shoah, mais plutôt méconnu, ou mal connu, des Français à l'exception de quelques cercles universitaires.
 
L’Europe reconnaît le Holodomor, l'ONU le commémore, l'Amérique du nord n'a pas de problème d'amnésie depuis plus d'une génération et la France reste muette sur le sujet. Il est temps d'agir tant que vivent les derniers témoins. Nous avons donc contacté une réalisatrice française de films documentaires, Bénédicte Banet. Elle a accepté et a même suggéré d’aller au-delà d’une diffusion à la télévision en visant la création d’un site Internet, dans lequel seraient mis en ligne la totalité des témoignages, des archives recueillis pendant les tournages (y compris ceux qui n’auraient pu être inclus dans le film). La création d’un DVD permettra à tous ceux qui le souhaitent de conserver le film. Ce projet nous séduit mais il implique plusieurs tournages en Ukraine, un énorme travail de traduction, des moyens de promotion et de diffusion. Le budget et très lourd. Tout nous laisse espérer que ce film passera à la télévision, sera projeté en salles, diffusé... et que les médias français soient sensibles au calvaire que l'Ukraine a subi il y a plus de 75 ans. Le Centre Culturel ukrainien de l'ambassade a déjà organisé une première rencontre avec l'équipe de tournage en juin dernier, au cours de laquelle a été projeté un extrait des témoignages déjà recueillis.

Nous organisons le 13 novembre, une nouvelle projection accompagnée d’une exposition de photos et tableaux qui se prolongera durant la semaine. La diffusion d'un tel documentaire, totalement inédit en France, est importante pour les Français d'origine ukrainienne car le déni est... étouffant. Voilà le but de l’association : recueillir toutes les preuves possibles du Holodomor, les traduire et les porter à la connaissance du public, notamment à travers la réalisation d’un film et d’un site internet. Pour cela il est indispensable de recueillir des fonds pour poursuivre et finaliser le travail déjà entrepris.

Que désigne-t-on précisément par le terme Holodomor ?


Sémantiquement ce terme signifie « exténuer par la faim », mais par extension nous pouvons dire « tuer par la famine ». On appelle Holodomor le génocide par la faim des paysans ukrainiens, disons plutôt des Ukrainiens en tant que nation essentiellement paysanne, des années 1932-1933. Néanmoins le processus du Holodomor remonte à l'année 1929 – année noire où la collectivisation violente des campagnes est mise en place, où l’anéantissement de l'élite pensante ukrainienne est effectuée avec la suppression de l'Église orthodoxe ukrainienne, les persécutions religieuses, la liquidation de l'Académie, des intellectuels, des écrivains, la fin de l'ukrainisation et le retour de la russification. Même le Parti Communiste d'Ukraine est purgé de ses éléments trop ukrainiens. Il n'est pas nécessaire d'assassiner toute la population pour qu'il y ait génocide. Staline ne visait pas à exterminer tous les Ukrainiens, et du reste il n'en avait ni les moyens ni la nécessité – il fallait encore des esclaves aux kolkhozes pour labourer la riche Ukraine. Mais il a réussi à briser la nation ukrainienne en tant que telle, à anéantir son identité religieuse, linguistique et culturelle.

Est-il possible de dresser un inventaire des conséquences humaines, démographiques et politiques du Holodomor ? Oui et non. Tout est tellement complexe que l'inventaire est difficilement quantifiable contrairement au génocide arménien par exemple ou au Rwanda. Mais un bilan sur l'état identitaire ukrainien est plus que faisable, il saute aux yeux. Encore maintenant lorsque je franchis la frontière du Zbroutch entre l'ancienne URSS et la Galicie polonaise (et ex-autrichienne) je vois à l'architecture et au comportement des gens plus âgés que j'ai changé de contrées tant la marque de l'histoire soviétique est présente. Certains Ukrainiens de l'ex-Ukraine soviétique présentent encore ce comportement d'éternels écorchés vifs si typiques de l'ancienne société communiste. Ajoutez à ça l'odieux sabir qu'est le sourjyk, ce baratin « petit-nègre » des villes russifiées et déjà la trace du traumatisme apparaît. La campagne donne l'impression d'avoir été balayée par un gigantesque tsunami après lequel on aurait recollé de-ci de-là des morceaux de civilisation ukrainienne. Il existe une nette différence de part et d’autre du Dnipro. La Podolie était polonaise au XVIIIème siècle, elle est restée ethniquement ukrainienne jusqu'à maintenant. Cette russification-soviétisation est l'une des conséquences les plus dramatiques de ce Holodomor.

Un mot sur les chiffres. Les entretiens que nous avons pu avoir avec des historiens font apparaître un bilan des plus probables : pour le pic de la famine allant de l'automne 1932 à la fin du printemps 1933 nous avons une fourchette allant de 3,5 à 4,5 millions de victimes. Les victimes de la collectivisation dès 1929, des réquisitions agricoles dans les kolkhozes entre 1931 et 1932 ainsi que les morts de maladies liées à la famine (occlusions intestinales, sous-alimentation des orphelins, etc...) portent ce chiffre à près de 6 millions. Des centaines de monuments ont été érigés en Ukraine. Le Holodomor est enseigné dans les écoles et quinze mille ouvrages et thèses universitaires ont été rédigées sur le sujet. L'Ukraine entame son deuil.

Le projet documentaire que vous développez relève-t-il de la thématique historique ou s'inscrit-il dans une perspective de sensibilisation mémorielle ?

Tout d'abord il est bon que ce soit une Française de souche qui réalise ce film. Une personne d'origine ukrainienne comme moi aurait eu une vue trop passionnelle et émotive, donc moins objective et oins réaliste des choses. L’intérêt de notre projet réalisé par Bénédicte BANET est d’apporter au-delà des témoignages de survivants et des archives, une vision de l'Ukraine contemporaine des campagnes où s'exposent les stigmates de cette époque : monuments, tombes sur les charniers et autres fosses communes. A celui qui sait voir, et là le défi a été pleinement relevé, l'Ukraine contemporaine expose toujours la souffrance de cette époque. Des interviews de philosophes, historiens, artistes, hommes politiques éclairent cette page de l’histoire ukrainienne et en révèlent l’impact sur l’Ukraine contemporaine.

Beaucoup de témoins ont raconté leur enfance pour dire « plus jamais ça ». Ils sont soulagés et heureux d’avoir apporté cette contribution à l’avenir de leurs enfants. Je dirais que la sensibilisation mémorielle alterne avec la thématique historique, une grand-mère de 103 ans témoigne après les propos d'un philosophe sur le trauma collectif, un barde chante sa complainte avant l'arrivée de mon père dans son village après 73 ans d'absence... Et l'art n'est pas absent de ce documentaire, on peut filmer sèchement les choses ou bien tenter de les transcender...

Je croyais bien connaître l'Ukraine, je l'ai revisitée autrement à travers la caméra.

Quels obstacles et difficultés rencontrez-vous dans votre démarche de recueil des témoignages de survivants ?

Témoigner pour l’histoire… À l’inverse des témoins de la Shoah ou du Rwanda, les derniers témoins du Holodomor n’ont pas, ou peu, le recul et l’analyse des faits. Et cela à cause de plusieurs barrières du souvenir qui expliquent le discours bref ou construit des témoins.

La barrière du temps.
Les témoignages que nos voyages en 2006, 2007, 2008 et 2010 ont permis de recueillir, s’inscrivent soixante-quinze ans après le point culminant de la famine de l’hiver 1932-33. Ces personnes âgées éprouvent des difficultés à se remémorer un événement si lointain, surtout après un tel refoulement de la mémoire et du langage. Pour eux, il ne s’agit pas tant d’évoquer la famine que de raconter leur enfance brisée et de l’extraire des brouillards du lointain passé. Les témoins, enfants ou adolescents à l’époque, n’avaient pas, au moment des faits, une perception d’adultes dans un champ plus réfléchi et plus vaste du temps et de l’espace. Cette vision des choses, liée à la vieillesse et à la distance temporelle, fait que, involontairement, les témoins paraissent, dans leur récit, percevoir le drame d’une façon atténuée. Certaines personnes ont déclaré pouvoir mourir apaisées car elles auront apporté leur témoignage avant de partir vers d’autres Cieux.

La barrière sociale.
Les fermiers ukrainiens, désignés comme « la classe à abattre », n’étaient pas des intellectuels et n’avaient pas un niveau scolaire élevé. Mais ils étaient pleins de bon sens et n’étaient pas non plus des illettrés. Parmi eux, certains ont rédigé par écrit leur témoignage, les autres ont laissé l’interlocuteur le rédiger devant eux. Mais l’élite intellectuelle du village - instituteurs, prêtes, koulaks - qui aurait pu donner des témoignages plus approfondis ont été liquidés. Une autre barrière sociale est notre origine. Vous n’entrez pas comme ça chez une octogénaire ukrainienne pour la questionner à brûle-pourpoint sur son enfance si vous n’êtes pas présenté par une personne de son entourage. Elles n’ont pas conscience de l’importance de leur témoignage.

La barrière du négationnisme d’État.
L’État soviétique a toujours nié l’existence de la famine. En parler pouvait vous valoir une dénonciation et des poursuites pénales. Pire encore, les manuels scolaires et la propagande vantaient la collectivisation et présentaient des images et des films de kolkhoziennes opulentes et joyeuses moissonnant sous les drapeaux rouges de la patrie socialiste. Il s’agissait non seulement d’un déni, mais de l’affirmation d’une situation opposée : « La famine n’a jamais existé et si quelques koulaks ont été condamnés c’est parce qu’ils étaient des saboteurs, des bourgeois nationalistes ! On vit heureux maintenant dans nos campagnes ! » - clamait la propagande politique.

D’autres contextes socioéconomiques se sont greffés sur cette situation du déni d’État. La jeune génération des survivants de la famine a été déracinée, après la guerre, dans d’immenses cités ouvrières aux périphéries des villes. Ici, la soviétisation des masses a été rapide et efficace. Le lien avec l’aïeul du village a été atténué, voire rompu. Ces villes inhumaines soviétiques, où les nouveaux colons russes étaient nombreux et où la survie économique dans la promiscuité des appartements collectifs était abrutissante, ne portaient pas le témoin à entretenir le souvenir et à rédiger quelques notes pouvant devenir des preuves à charge et vous valoir une condamnation…

La barrière du drame ou de l’implicite complicité.
Les rescapés des camps nazis “bénéficient” d’une identification claire de leurs bourreaux, de leurs motivations criminelles et du processus exterminateur. En qualité de victimes ils bénéficient d’une reconnaissance morale et d’une condamnation par l’Histoire non seulement de l’idéologie qui les a opprimés mais également de l’univers concentrationnaire clos qui les a torturés. Il en est partiellement de même pour les rescapés des goulags. Pour les rescapés du Holodomor tout est
plus obscur… Le processus génocidaire du Holodomor s’est non seulement attaqué aux adultes et aux enfants, mais a fait des adultes des complices indirects et involontaires du meurtre dans un de ses aspects les plus abjects. C’est la plus grande victoire des génocidaires. Si en haut de l’échelle les idéologies et les hauts responsables politiques sont identifiables (donc condamnables) en bas de l’échelle il y a des confusions entre la classe des victimes et celle des exécutants. Il s’agit de confusions sous la contrainte qui entraînent des culpabilités : des activistes ont été enrôlés sous la contrainte et parmi eux certains sont devenus des victimes, des parents ont assassiné leurs enfants ou se sont fait délateurs pour survivre… Le survivant éprouve une honte, la honte d’avoir commis un acte violent pour survivre, ou simplement d’être le dernier survivant d’une communauté.

Propos recueillis par Frédéric du Hauvel


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