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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 21:20

 

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Mardi 7 juin, 19 h. Entrée libre.

 

 

LA CROIX DE PIERRE ( КАМІННИЙ ХРЕСТ )

vostf

copie restaurée en 2010

photogramme-La-Croix-de-pierre-1-copie-1.jpg

Projection suivie d’un débat animé  par Jean-Bernard Dupont-Mylnyczenko, professeur agrégé d’histoire, auteur de Les Ukrainiens en France, éd. Autrement, 2007

 

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1967, 82 mn, nb.

Réalisation : Léonide Ossyka

Scénario : Ivan Dratch

Photographie : Valeriï Kvas

Décors : Mykola Rieznyk

Musique : Volodymyr Houba

Son : Sophie Serhienko

Interprétation : Danylo Iltchenko, Boryslav Brondoukov, Kostiantyn Stepankov, Vassyl Symtchytch, Kateryna Mateїko, Boris Savtchenko, Ivan Mykolaїtchouk, Antonina Leftiї, Olexiї Atamaniouk

 

Récompense : Prix de la meilleure photographie décerné à Valeriï Kvas, Prix du meilleur rôle masculin à Boryslav Brondoukov au Festival Pansoviétique de Leningrad, 1968. Premier Prix décerné à Léonide Ossyka au Festival de l’art orthodoxe l’Orante d’Or, Kiev, 1995.

photogramme-La-Croix-de-pierre-2-copie-1.jpg 

Synopsis

 

Accablé d’impôts, Ivan Didoukh a trimé toute sa vie. Au sort de paysan abruti par l’alcool et le travail sur une terre rocailleuse où règnent la loi du silence et une justice sommaire, il préfère, pour lui et ses fils, le destin d’immigrant qui ira creuser sa tombe au Canada. Pour réunir l’argent nécessaire au voyage, il vend tout ce qu’il possède. Détroussé pat un voleur, il décide de le tuer.

Opinion

     Revigorée par sa vitalité créatrice, la production cinématographique ukrainienne de 1968 est, contre toute attente, peu représentée au IIIème Festival pansoviétique. Seuls Calme Odessa de Valeriï Isakov et La Croix de pierre de Léonide Ossyka font le chemin de Leningrad où se tient le festival. Les distinctions qu’obtient le film d’Ossyka - Prix de la meilleure photographie et du meilleur rôle masculin – témoignent du travail en profondeur qu’effectue la nouvelle vague ukrainienne. Or, le langage poétique du jeune réalisateur, la beauté plastique des paysages filmés par Valeriï Kvas ne sont pas pour autant les surgeons paradjanoviens que d’aucuns voient d’un mauvais œil, car sortis du même sanctuaire géographique. Le film aurait été inconcevable en couleur, tant sa violence dramatique, son naturalisme virulent et son graphisme ascétique induisaient l’emploi du noir et blanc. L’idée du film naît à l’époque où foisonne une littérature appelée « prose rurale », inspirée par les migrations répétées des Russes et des Ukrainiens. Les premiers arrivent massivement en Ukraine, les seconds partent en Crimée ou vont défricher les terres vierges en Asie Centrale. C’est donc en opposition à ce chassé-croisé qu’apparaît l’intérêt vital d’affirmer leurs racines et leur culture.photogramme-La-Croix-de-pierre-3-copie-1.jpg

     Tiré de deux nouvelles de Vassyl Stefanyk, La Croix de pierre est par essence cinématographiquement préconçu en amont du scénario, au même titre que l’étaient les nouvelles de Kotsioubynskyi pour Les Chevaux de feu, les quelques infidélités faites au récit par le scénariste Ivan Dratch ne faisant que renforcer la portée sociale du film qui s’inspire d’un fait authentique, le départ, en 1912, vers le Canada du premier Ukrainien de la région, Ivan Akhtemiїtchouk. Quelques années auparavant, une tentative avait été faite en vue d’un documentaire sur Vassyl Stefanyk par la réalisatrice  Laryssa Chepitko, qui parcourut les Carpathes. L’histoire se passe dans les  Carpathes, d’où partent, comme de toutes l’Europe des misères, des milliers de paysans vers le Nouveau Monde. Ossyka chante l’abandon de la terre nourricière, thème central de l’œuvre de Stefanyk, et sublime le tragique en choisissant d’une manière expressément noire, la résignation sans espoir. Ici, tout est traité avec des longueurs diffuses, des travellings fluides, le plus souvent latéraux, des champs-contrechamps alternant gros plans et plans d’ensemble. Le dialogue est concis dans un dialecte houtsoule coloré. Hormis Danylo Iltchenko (Ivan Didoukh) et Boryslav Brondoukov (le voleur), Vassyl Symtchytch (Georges), Ivan Mykolaїtchouk (Ivan, fils), Boris Savtchenko (Mykola), Kostiantyn Stepankov (Mykhaïlo) et Antonina Leftiї (la belle-fille), tous les acteurs sont des non-professionnels du village de Roussiv et de Sniatyn. La caméra de Valeriï Kvas affectionne la terre aride et s’attarde volontiers sur les visages sortis tout droit de portraits de manants, bossus, borgnes et éclopés, croqués à la manière d’un Bruegel. Saisissantes la photographie et la dramaturgie de la scène précédant la mort du voleur, empruntée au tableau de Rembrandt Le Retour du fils prodigue. Alors que Paradjanov ou Illienko (La Nuit de la Saint-Jean) se servent de la couleur pour rehausser la métaphore, c’est vers un graphisme au style compassé qu’Ossyka se tourne pour activer la fonction visuelle. La croix que traîne le vieux Ivan jusqu’au sommet de la montagne, sépulture du voleur, est d’un exceptionnel rendu photographique, entretenu par sa force biblique. Formant une symétrie avec Les Chevaux de feu de Paradjanov autour d’un axe ethnographique et ritualiste, La Croix de pierre souligne, dans le même temps, son antinomie avec La Terre de Dovjenko, une terre où l’homme, tout aussi mortel, fusionne avec la nature, riche et généreuse. On retrouve encore cette analogie dans la scène culminante de la danse, où Didoukh et sa femme exécute une polka face à un public stupéfait. Dans le courant poétique du cinéma ukrainien, la danse remplit essentiellement une fonction plastique et dramatique. Tel fut le cas pour la danse de Vassyl dans La Terre, pour Ivan et Maritchka dans Les Chevaux de feu, de Dana et Orphotogramme-La-Croix-de-pierre-4-copie-1.jpgest dans L’Oiseau blanc marqué de noir de Youriï Illienko. Elle est accompagnée obligatoirement par une musique symphonique mâtinée de variations folkloriques, écrites par des compositeurs de renom, tels Valentin Sylvestrov, Léonide Hrabovskyi, Vitaliї Hodziatskyi et, principalement, Volodymyr Houba. Auteur de musiques de film assorties à une culture régionale, Volodymyr Houba en a signé en près de cinquante ans plus d’une centaine.

    C’est à partir de  La Croix de pierre que se dégagera l’impression d’une sorte de réserve carpathique nationale dans le cinéma ukrainien, louée pour des œuvres de plus en  plus personnelles, auxquelles s’associent les décorateurs Reznyk, Novakov ou Yakoutovytch. Dès sa sortie, le film servira de matériau de cours pour la célèbre école de cinéma de Lodz en Pologne. C’est encore à partir de ce film-culte que le critique polonais Janusz Gazda appellera la nouvelle vague ukrainienne des années soixante « École poétique de Kiev », école qui aujourd’hui encore a ses émules.

Lubomir Hosejko

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 23:23

Le bulletin de Mai 2011 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes.

Au sommaire:

- Agenda culturel
- Trois questions à Charles Tordjman, directeur du festival Passages
- Représentations exceptionnelles à Metz de Vlad Troïtskyi et de la troupe du théatre Dakh
- Igor Gaïdaï se révèle au public lorrain avec un projet intitulé Ensemble
- Autour de la mer Noire, géopolitique de l’espace pontique
- Cinq questions à Alexandre Panarin, chargé de communication de l’association Echanges Rhône-Alpes Ukraine
- Journal de la Vie absente, un journal portait signé Denise Kawun
- Ivan Kawun, peintre français d’origine ukrainienne

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 08:33

Comment l'idée d'écrire un roman ayant pour toile de fond la catastrophe de Tchernobyl vous est-elle venue ? Nous savions que 2011 serait le 25e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, et nous avons pensé que c’était un moment propice pour sensibiliser les enfants et les adolescents à ce drame et à ses conséquences. Nous nous rappelons ce moment terrible, nous étions nous mêmes de jeunes adultes, et on nous rassurait en nous disant que le nuage radioactif s’était arrêté aux frontières de la France… Comme si la radioactivité se souciait de frontières ! Ce mensonge reste encore matière à triste plaisanterie 25 ans plus tard pour tous ceux qui l’ont entendu… Quant aux enfants actuels, nombreux sont ceux qui, en France, n’ont jamais entendu le nom de Tchernobyl. sylvie baussier

Comme si tout cela n’était plus que du passé sans intérêt. Or nous savons bien que les conséquences sont encore là, et bien là.

 

Comment avez-vous procédé pour vous documenter ? Nous avons consulté les archives de la presse écrite française, une vidéo tournée en URSS au moment de la catastrophe et dont la diffusion avait été interdite à l’époque ; nous avons lu La supplication, le célèbre recueil de témoignages de Mme Alexievitch, et les photos et textes de Igor Kostine… Ça a été un travail d’investigation long et passionnant. Nous en avons appris beaucoup sur les détails de l’affaire.

 

pascale perrierA quelles difficultés avez-vous été confrontées ? Il fallait que tout, dans le roman, soit vraisemblable. C’est pourquoi l’intrigue se passe dans la France actuelle. Nous ne voulions pas nous lancer dans un roman qui se passerait dans une Ukraine actuelle (nous ne la connaissons pas suffisamment pour être à l'aise en l’évoquant de trop près). Certaines difficultés peuvent paraître inattendues : nous avons fait appel à une professeur de russe pour que les fautes de français d’un des personnages principaux soient réalistes. Pour valider les détails techniques ayant trait au nucléaire, nous avons aussi demandé la caution d'un ingénieur spécialisé dans le nucléaire. Enfin, nous voulions mettre en scène une intrigue vivante qui ne donne pas dans le pathos ni dans le moralisme facile. Passer entre les écueils…

 

http://baussier-auteur.monsite-orange.fr/albumsetromansjeunesse/image/couv%20Tchernobyl.jpg 

Quel message souhaitiez-vous faire passer ? Bien sûr, Tchernobyl c’est du passé. Mais c’est aussi le présent des populations qui vivent autour du site. Plus largement, c’est une sourde menace dont on ne parle que quand les choses se gâtent, comme lors des grands incendies de l’été dernier, qui pouvaient remettre en circulation dans l’atmosphère des particules radioactives enfouies dans le sol. Et l’état du sarcophage qui recouvre le réacteur endommagé, qu’en savons-nous exactement ? Tchernobyl peut donc aussi devenir notre futur, malheureusement. D'autant qu'une nouvelle catastrophe vient de se produire au Japon... Être un citoyen à part entière, c'est d'abord savoir ce qui se passe. Sinon, comment peser les choses, comment réagir ?

 

Cette année l'Ukraine commémorera le 25e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl mais aussi les 20 ans de la proclamation de son indépendance, que cela vous inspire-t-il ? Le 25e anniversaire est l’occasion de sensibiliser les enfants aux avantages et aux inconvénients des centrales nucléaires, le plus objectivement possible. C’est aussi pourquoi notre roman comprend un dossier documentaire à la fin. Il est un moment de recueillement, de souvenir, mais aussi de réflexion nécessaire. Quant à l’indépendance de l’Ukraine, de ce point de vue, on ne peut qu’espérer que ce pays tout neuf aura les moyens de prendre soin de toute sa population, de la terre contaminée dont elle a hérité, et de ce monument en ruines qui menace de se réveiller si on n’est pas suffisamment vigilants.

 

Pascale Perrier et Sylvie Baussier, ont chacune un site personnel.
Nous vous invitons à aller les découvrir :


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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 21:48

DSC01332.JPGPour les chrétiens orthodoxes, la fête de Pâques est une célébration majeure de l’année. Les croyants font la veillée nocturne à l’église. Les non-pratiquants vont bénir leurs Paskas (pain traditionnel de Pâques) dès potron-minet. – Force de tradition qui n’a pas pu être éradiquée même par 70 ans d’athéisme d’Etat. Pourtant il a été fatal à de nombreux trésors de la culture ukrainienne.

Perspectives Ukrainiennes propose à nos lecteurs une recette de Paska, de la part de notre ami, Igor Stassiouk, chef-cuisinier ukrainien établi à Londres.

 

 Scan001.jpg

Recette du Gâteau de Pâques (Paska) avec les raisins secs

Ingrédients


4 verres de farine supérieure de blé
2 verres de lait
1 verre de sucre en poudre
100g de levure fraiche ou 10g de levure de boulanger déshydratée
10 jaunes d'œuf
200g de beurre doux (ou de margarine)
1 verre de raisins secs
zeste d’un citron (facultatif)

sel


Préparation


D’abord dissoudre la levure dans 0,5 tasse de lait tiède avec 1 cuillère à soupe du sucre et 2 cuillères à soupe de farine.

Battez les jaunes d’œuf avec le sucre, ajoutez du lait tiède, du sel, de la farine, des raisins, le zeste de citron. Pétrissez bien.

 

Lorsque la pâte est levée, ajoutez du beurre fondu, pétrissez bien à nouveau et laissez reposer dans un endroit chaud.

 

Huilez un moule et mettez de la chapelure au fond. La pâte doit être légère. Remplissez le moule au 1/3 avec la pâte. Laissez reposer. Badigeonnez le dessus de Paska avec 1 jaune d'œuf battu.

 

Faites cuire au four à 180° pendant 1 heure. Laissez la Paska refroidir avant de démouler. Mettez le glaçage.   

Glaçage


Battez 1 verre du sucre en poudre et le jus d’un citron pendant 15-20 min jusqu'à ce que le mélange adhère au récipient. Selon votre goût vous pouvez ajouter du rhum ou de la liqueur d’abricot.

 

Traduit de l’ukrainien par Olena Yashchuk

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 22:28

20110429 Hosejko

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 20:08

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Mardi 3 mai, 19 h. Entrée libre.

 

 

INCLINE-TOI JUSQU'À LA TERRE (ВКЛОНИСЯ ДО ЗЕМЛІ)

vostf

 

Projection suivie d’un débat animé par Virginie Symaniec, spécialiste du théâtre bélarusse, chargée du pôle édition et traduction (Maison d’Europe et d’Orient)

Photogramme Incline-toi jusqu'à la terre 2

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1985, 78 mn, coul.

Réalisation : Léonide Ossyka

Scénario : Valentin Yéjov, Volodymyr Loubomoudrov, Léonide Ossyka

Photographie : Valeriï Kvas

Décors : Petro Slabynskyi

Musique : Volodymyr Houba

Son : Alexandre Kouzmine

Interprétation : Stéphanie Staniouta, Nadia Markina, Victor Fokine, Pavlo Kormounine, Nina Tobilevytch, Slava Kniazev, Evhen Pachyne, Alexandre Movtchane, Lev Kolesnyk, Lès Serdiouk, Mykola Krioukov, Svitlana Kniazeva, Volodymyr Andreïev.

Genre : drame psychologique

 

Récompense : Diplôme du Festival de Jdanov décerné à Léonide Ossyka, Prix du Comité d’État de la cinématographie d’Ukraine et Diplôme de la meilleure Photographie décernés à Valeriï Kvas.

Synopsis

 

Maria vit dans une petite métairie. Survient la guerre, son mari part au front. Les AllemandPhotogramme Incline-toi jusqu'à la terre 1s occupent le village voisin. Maria cuit du pain pour les partisans qu’elle rejoint bientôt avec ses trois fils. Au cours d’un raid, son fils Mykola est arrêté et fusillé. Sa fille Nina préfère le suicide au déshonneur. Son fils cadet tombe en héros sur le champ de bataille. Plongée dans le chagrin, Maria trouve un jour à côté d’une femme tuée un bébé. Elle recommence à vivre et adopte par la suite trois orphelins qu’elle aime comme ses propres enfants. La voici grand-mère avec ses petits-enfants. Mais le temps n’efface pas ses peines. Des années plus tard, Maria retrouve la tombe de celui qu’elle enterra de ses propres mains en 1943.

Opinion

Après huit années d’absence, Léonide Ossyka revient à la fiction avec Incline-toi jusqu’à la terre, relatant le rude destin d’une femme ukrainienne qui a perdu sa famille pendant la guerre, réalisé dans l’esprit du film d’Elem Klimov Requiem pour un massacre. Le thème de ce drame psychologique est aussi celui qu’il développa dès son premier long métrage Qui reviendra, aimera (1967) – le destin d’une mère face à la guerre. Le rôle de l’héroïne Maria est interprété successivement par la jeune première Nadia Markina et par l’actrice bélarusse Stéphania Staniouta, coutumière des rôles de mater dolorosa. Devenue très populaire en dehors de sa patrie, après l’admirable rôle de Daria qu’elle tint dans Les Adieux à Matiora d’Elem Klimov et Laryssa Chepitko, Stéphania Staniouta revient une deuxième fois dans le cinéma ukrainien. En 1976, elle avait participé à Septembre, mois d’angoisse (1976), autre film de guerre du même Ossyka qui stigmatisait le maquis nationaliste ukrainien. Photogramme Incline-toi jusqu'à la terre 3Ici encore, comme dans la plupart des films de guerre de l’époque, une séquence antinationaliste s’impose. Marie, la jeune héroïne, refuse de se donner à un policier ukrainien parce qu’elle ne veut pas de rejeton nationaliste. Film alimentaire, quand bien même humaniste mais bien en-deçà des Cloches de paille que Youriï Illienko se prépare à réaliser, Incline-toi jusqu’à la terre sera le dernier tribut que paiera Léonide Ossyka au cinéma brejnévien. Passage obligatoire pour la survie des cinéastes, ce cinéma phagocyte plus du quart de la production des Studios Alexandre Dovjenko de Kiev, livrée à l’occasion du 40ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le succès de Stéphania Staniouta lui vint relativement tard dans sa carrière, lorsque des rôles de femmes âgées lui furent confiés. Par la suite, l’actrice participera dans d’autres productions ukrainiennes, notamment dans Les Histoires d’Ivan (1988) de Boris Ivtchenko, Le Paria (1990) de Volodymyr Saveliev et Le Prix d’une tête (1992) de Mykola Ilinskyi, des films importants qui laisseront une trace visible dans le passage mouvementé de la perestroïka vers l’indépendance.

Lubomir Hosejko

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 08:50

Le bulletin d'Avril 2011 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes.

 

Au sommaire:

- Agenda
- Rencontre avec Roman Rijka, romancier (par Grégoire Grandjean)
- Entretien avec Gregory Dufaud, historien (par Frédéric du Hauvel)
- La caverne, un roman de Marina et Sergueï Diatchenko
- DakhaBrakha en concert en France
- Saveurs ukrainiennes sous le ciel de Paris

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 21:45

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Mardi 5 avril, 19 h. Entrée libre.

 

 

L’EXPLOIT D’UN ÉCLAIREUR  ( ПОДВИГ РОЗВІДНИКА )

vostf

suivi d’un débat animé par Raymond Clarinard, journaliste au Courrier International et écrivainphotogramme L'Exploit d'un éclaireur 1

 

Production : Studio de Kiev, 1947, 89 mn. nb

Réalisation : Boris Barnet

Scénario : Mikhaïl Bleiman, Kostiantyn Issaїev, Mykhaïlo Maklarskyi     

Photographie : Danylo Demoutskyi

Décors : Mauritz Oumanskyi

Musique : Oscar Sandler, Dmytro Klebanov

Son : Alexandre Babiї

Montage : Valentyna Oliїnyk

Interprétation : Pavel Kadotchnikov, Victor Dobrovolskyi, Ambroise Boutchma, Dmytro Miloutenko, Serhiї Martinson, Olena Izmaїlova, Boris Barnet, Mykhaïlo Romanov, Petro Arjanov

Directeur de production : Mykhaïlo Kaminskyi

Genre : espionnage

 

Récompenses : Prix d’État de l’URSS en 1947 à Mikhaïl Bleiman, Kostiantyn Issaїev, Mykhaïlo Maklarskyi, Boris Barnet, Mauritz Oumanskyi, Pavel Kadotchnikov

 

photogramme L'Exploit d'un éclaireur 2Synopsis

 

Parachuté en Ukraine occupée par la Wehrmacht pour une mission à haut risque, l’officier des services secrets soviétiques Alexis Fedotov se fait passer pour un entrepreneur zurichois sous le nom d’Heinrich Eckert. Pour infiltrer le haut commandement militaire ennemi, il noue des liens avec Friedrich Pommel, un vieil industriel allemand dont le fils le conduit à Vinnytsia et l’aide à rencontrer le général von Kuhn. Bien qu’il déjoue un à un les pièges que lui tendent les services secrets nazis et qu’il liquide un agent double, il ne parvient pas à subtiliser un document secret signé du Führer, relatif à un plan d’offensive dans le sud de l’Ukraine. Il décide alors d’enlever le général et l’emmène à Moscou.

Opinion

À l’automne 1947, Boris Barnet, qui travaille alors au Studio de Kiev, termine L’Exploit d’un éclaireur où réapparaît le thème de la guerre. Le film subit tous les aléas de la production de l’après-guerre, assujettie aux moindres décisions du Conseil des Ministres. Le temps de tournage est réduit de moitié, cinq mois au lieu de dix, la précarité des équipements techniques, des accessoires et des costumes entraînent inévitablement le chômage technique. À cela viennent s’ajouter la pénurie d’électricité, le manque de comédiens, de discipline aussi. Comme un peu partout en Europe, Barnet tourne dans les ruines. Il prend une certaine liberté par rapport à l’Histoire en entourant  de caractères intéressants le célèbre partisan et agent soviétique Nicolas Kouznetsov, rebaptisé ici Alexis Fedotov. photogramme L'Exploit d'un éclaireur 3

Eu égard au grand succès populaire du film, les critiques croient discerner le début d’une nouvelle étape dans le cinéma ukrainien. Mais si tous les ingrédients du film d’espionnage sont réunis, le réalisme froid d’une dramaturgie construite comme une passionnante partie d’échecs ne peut corroborer une telle supposition. Le film est plein de mots de passe, de rencontres anonymes, de rendez-vous secrets, de personnages doubles, et il est indéniable que ce type d’exploit fait du héros, admirablement campé par  Pavel Kadotchnikov, un cauteleux psychologue dont la tâche consiste justement à ne pas éveiller les soupçons des nazis. Cependant, tout ce qui a trait au sentiment, jusqu’au monologue intérieur de Fedotov, est soigneusement écarté. Sauf, peut-être, dans la scène où, après que les nazis viennent de porter un toast à leur victoire, il répond justement : « À notre victoire ! » Misant sur le patriotisme, L’Exploit d’un éclaireur fait volontiers penser à un film antérieur, Sigmund Kolossovski (réalisé en 1945 par Sigizmund Navrotskyi et Boris Dmokhovskyi) à ceci près que le documentarisme cède le pas à l’épique et au suspense, renforcé par la superbe photographie de Danylo Demoutskyi. Le grand acteur Ambroise Boutchma, qui tient le rôle d’un vieil agronome et dont c’est le dernier vrai rôle dans un film – il apparaîtra une ultime fois à l’écran en 1952 dans la pièce filmée Le Bonheur volé d’Isaac Chmarouk -, interprète un personnage pathétique dans lequel se reconnaissent des millions d’individus qui eurent à surmonter la difficulté de rester loyal envers leur patrie face à l’occupant. À l’opposé, Dmytro Miloutenko, qui incarne l'espion allemand Berejnyi, demeure le personnage incontournable du cinéma de l’époque, un nationaliste ukrainien chargé d’infiltrer la résistance bolchevique. Pour sa part, Kadotchnikov conquiert, à la sortie du film, le cœur des spectateurs ukrainiens par son interprétation romantique. L’Exploit d’un éclaireur, dont la quasi-totalité des comédiens et des techniciens est ukrainienne, deviendra pour de longues décennies le film culte de la jeunesse soviétique. Il paraîtra en France en 1947 sous le titre Personne ne le saura. 

Lubomir Hosejko

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 21:43

Le bulletin de Mars 2011 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes.

 

Au sommaire:

- Agenda culturel
- Les relations Eglises-Ecoles-Etat en Ukraine de 1954 à 2007 (Maryana Dymyd)
- Trois questions à Sylvie Brien, auteure de Spirit Lake (Frédéric du Hauvel).
- Entretien avec Mikola Bilous (Ivan Safianyk)
- Présentation du Projet Inversion
- La Galicie au temps des Habsbourg (1772-1918) - Histoire, société, cultures en contact
- Communication du Choeur Borysthène Kurbas

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 14:11

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Mardi 1er mars, 18 h.30. Entrée libre.

 

 

SYNDROME ASTHÉNIQUE  ( АСТЕНІЧНИЙ СИНДРОМ )

vostf

Avec le concours d’Arkeion Film et l’intervention de Martine Godet, auteure de la monographie La pellicule et les ciseaux, la censure dans le cinéma soviétique du Dégel à la perestroïka (CNRS Editions, 2010)

 photogramme Syndrome asthénique 3

 

Production : Studio d’Odessa, 1989, 156 mn. coul/nb

Réalisation : Kira Mouratova

Scénario : Kira Mouratova, Serguei Popov ; Alexandre Tchernykh          

Photographie : Volodymyr Pankov

Décors : Yevhen Holoubenko, Oleg Ivanov

Musique : Franz Schubert

Son : Elena Demydova

Montage : Valentyna Oliїnyk

Interprétation : Serguei Popov, Pavlo Polichtchouk, Alexandre Tchernykh, Victor Aristov, Nikolaï Semionov, Olga Antonova, Natalia Bouzko,  Galina Zakhourdaieva, Alexandra Svenskaia, Natalia Ralleva, Galina Kasperovytch, Vira Storojeva, Oleg Chkolnyk, Léonide Kouchnir

Directeur de production : Natacha Popova, G. Tatchan

Genre : drame psychologique

Récompenses : Ours d’argent, Prix spécial du Jury, Festival de Berlin (1990), Prix Nika du meilleur film (1990). Prix du meilleur second rôle féminin décerné à Olga Antonova par L’Académie des sciences et des arts cinématographiques au Festival Souziria (1990).

 


Synopsisphotogramme Syndrome asthénique 1

Dans un cimetière, Natacha qui vient de perdre son mari crie sa douleur. Rejetant ses amis qui tentent de l’aider, elle s’enfuie et se réfugie dans une solitude désespérée. Elle quitte son travail à l’hôpital et déa mbule, hagarde, dans les rues, transformant sa souffrance en haine envers le genre humain. Nikolaï se réveille dans  une salle de cinéma. Il n’a rien vu du film projeté et se lève, indifférent aux paroles du réalisateur qui veut  lancer le débat. Il est en effet atteint du syndrome asthénique, dû à son incapacité de se consacrer à l’écriture, un état de perpétuelle faiblesse qui lui vaut de s’endormir n’importe où et n’importe quand. Il se retrouve dans un hôpital parmi des fous. Sorti de l’hôpital, il s’endort dans le métro. Une rame vide le conduit dans un  tunnel sombre.

Opinion                                                                                                                                          

Dans Le Syndrome asthénique (1989), Kira Mouratova, à coups d’images-choc, assène sa vision morcelée d’une société soviétique moribondephotogramme Syndrome asthénique 2 en plein chaos. La réalité que montre la cinéaste – celle des années de la perestroïka – n’est plus qu’une parodie des rapports humains. Les deux héros – qui apparaissent dans deux segments de film successifs – réagissent de manière diamétralement opposée à l’agression permanente qu’ils subissent du monde extérieur, à la spirale de violence que la réalisatrice nomme « corridor de la haine ». Le premier, une veuve qui vient d'enterrer son mari, "cogne” littéralement tous ceux qu'elle croise sur son chemin. Le second, enseignant, souffre du “syndrome asthénique”: sa tactique de fuite consiste à s’endormir chaque fois qu’on l’assaille, jusqu’à ce qu’il ne se réveille plus de ce sommeil irrésistible, allongé par terre dans une rame de métro, mort dans l’indifférence générale.  Mouratova alterne lieux publics (bus, marchés, escaliers d'immeubles collectifs) où l'obscénité est à son comble, et lieux privés, où l'individu affronte soit une solitude insupportable, soit une incommunicabilité totale. Un assemblage de voix cacophoniques occupe la plus grande partie de la bande-son. Les dialogues ne sont que des monologues à plusieurs. Ils sont rédigés dans un langage largement ordurier, ce qui a retardé de quelques mois l’autorisation de sortie du film, bien que la levée de toute censure ait été proclamée en 1986 lors du Ve Congrès de l’Union des Cinéastes de l’URSS. Dans cette œuvre majeure de la perestroïka, Mouratova tend à tous un miroir où se reflète la désintégration de la société soviétique, épuisée par 70 ans de lutte des classes et un combat acharné pour la survie quotidienne, a atteint un stade extrême d’agressivité.

Martine Godet

 

Témoignage de la réalisatrice

C’est un film qui existe parce que la perestroïka existe. Il montre l’image totale de la société soviétique actuelle. On ne sait pas comment faire, comment changer. Nous disons toujours en URSS qu’il faut changer sans savoir exactement comment y parvenir et où aller. Si je ne m’endors pas, c’est parce que l’acte de réalisation m’est possible. Sinon, comme nous ne savons pas quoi faire avec cette vie nous restons passifs. Je suis combative pendant que je filme. Quand c’est fini, je deviens très conformiste dans la vie. Filmer, écrire, faire de l’art, c’est comme un royaume de liberté. Cette liberté, quand je filme, m’est suffisante. C’est à ce moment que je ne veux pas de règles, de lois, de morale.
                                                                                                                                               Kira Mouratova                                            
                                  

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