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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 17:03

billets-de-banque-Ukrainiens.jpgL’économie ukrainienne, caractérisée par un vieillissement significatif de son appareil productif, voit ses acteurs se diviser sur la question d'une réforme fiscale, d'inspiration libérale, dont la finalité serait de favoriser les investissements tant domestiques qu’internationaux. Un tel projet serait de nature à remettre en cause les différents aménagements dont bénéficient les petits entrepreneurs.

 

L'avènement d'une réforme fiscale est attendu depuis des années aussi bien par les investisseurs internationaux que par plusieurs grands groupes industriels constituant le cœur du grand capital ukrainien ; les liens étroits qu'ils entretiennent avec le nouveau gouvernement ne pouvaient qu'inciter ce dernier à entreprendre une refonte, à leurs profits, d'une fiscalité considérée comme lourde.

 

L'enjeu d'une telle réforme est une dynamisation des stratégies d’investissement et la rénovation des capacités de production. Actuellement, de nombreux groupes ukrainiens font le choix de transférer leurs profits vers des zones off-shore pour éviter l’impôt sur les sociétés ; ils financent ensuite leurs efforts d’investissement en empruntant sur les marchés financiers internationaux.

 

Le secteur des PME et de l’entrepreneuriat individuel jouent un rôle fondamental pour la stabilité sociale de l’Ukraine et représente plus de 2,5 millions d’emplois. Bénéficiant de régimes spéciaux et d'exemptions diverses, ces entreprises sont présentes pour l'essentiel dans le secteur du commerce de détail ; elles sont particulièrement actives dans l’importation des produits de consommation mais n'interviennent que de manière marginale dans les exportations.

 

Ainsi, contrairement aux pays riches (Allemagne, Japon, France…) où les PME sont, pour la plupart, intégrées dans des réseaux de sous-traitance pour les grandes entreprises, en Ukraine, elles sont presque totalement déconnectées de « l’ économie du grand capital », celle-ci étant essentiellement axée sur l’exploitation des ressources naturelles et orientée vers l’exportation.

 

Il n'est pas anodin que la mise en place d'un régime fiscal simplifié pour les petits entrepreneurs soit intervenue consécutivement à la « Révolution Orange » ; cela s’explique certes par l’orientation idéologique de l’ancien Président et mais aussi par la nécessité de s'assurer durablement le soutien politique des petites et moyennes entreprises.

 

En tout état de cause la réforme du code fiscal du gouvernement Azarov soulève le problème fondamental de la légitimité de l'État aux yeux des Ukrainiens, ces derniers cultivant une méfiance générale envers les pouvoirs publics. En toile de fond se joue l'équilibre politique, la prospérité économique ainsi que la stabilité sociale du pays.

 

 

par Sergiy Chukhno

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 16:48

benedicte-banet.jpgVous préparez un film documentaire sur la Famine Génocide de 1932-1933, quelles sont vos motivations ?

 

C’est en réalisant un autre film que j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire de l’Ukraine. C’était un film sur les journalistes étrangers qui, fuyant  leur pays étaient venus se réfugier en France, la plupart du temps pour sauver leur vie. L’un d’entre eux était un journaliste ukrainien travaillant sous la période de Koutchma. La traductrice de ce journaliste, Lisa Centkievitz, m’a alors fait découvrir différentes facettes de l’Ukraine en me faisant rencontrer des chercheurs français d’origine ukrainienne et m’a servi de guide lors d’un premier voyage d’étude dans ce pays. J'ai pu faire la connaissance de journalistes, philosophes, Volodymyr Esypok (un bandouriste) et le chanteur du groupe Tapak. Je n’ai aucun lien familial avec l’Ukraine ou même avec un autre pays de l’Est. Je suis née dans les Cévennes, ma famille est savoyarde et je vis à Paris depuis mes 19 ans. Mon intérêt pour l’Ukraine est né de ma rencontre avec un pays mais surtout un peuple, un peuple qui essaye de se réapproprier son histoire pour construire l’avenir, un peuple qui a souffert de façon inimaginable. Comme la plupart des français, j’avais, avant cette prise de conscience de l’identité ukrainienne, une vision qui mélangeait Russie et Ukraine. Dans mes recherches j’ai découvert les différentes famines  et particulièrement celle de 1932-1933.

 

J’ai été frappée qu’une famine ayant fait sept millions de morts soit passée inaperçue ; au début de l’année 33, 25000 personnes mouraient chaque jour. Chaque fois que je parlais du Holodomor autour de moi, personne ne connaissait cet événement. Les films réalisés sur ce sujet, l'étaient soit par des Ukrainiens, soit par des cinéastes appartenant à la diaspora ukrainienne. En Ukraine, le Holodomor était un sujet tabou sous le régime soviétique et il a fallu attendre ces dernières années et la Révolution Orange pour qu’il y ait des commémorations et des monuments. Or l’Ukraine d’aujourd’hui ne peut être comprise que par l'analyse de ce qui s’est passé sous le temps de Staline. Pour ces raisons j’ai décidé de m’investir dans ce travail de recherche sur le Holodomor pour réaliser un film documentaire.

 

Quelle approche comptez-vous privilégier pour appréhender la problématique du Holodomor ?

 

Lors de mes recherches il m’est apparu que le nombre de documents iconographiques sur le Holodomor étaient rares, les seules photos existantes avaient été prises par des diplomates étrangers ; quant aux films il n’y en avait pas. Lorsque je suis allée aux archives nationales cinématographiques à Kiev, on m’a sorti des photos de la famine de 1921-22 mais aucune sur 32-33, car il n’y en avait pas. On peut voir clairement sur les photos de 21-22 que la famine, bien réelle, était mise en scène pour les photographes. Lénine, qui voulait obtenir de l’aide de l’étranger, menait ainsi un "plan de communication" sur cette famine. Or pour celle de 32-33, la récolte avait été surabondante et sans la volonté politique de Staline de détruire l'âme du peuple ukrainien il n’y aurait pas eu de pénurie. Dès le début de la famine, Staline a bloqué toute divulgation d’informations. Les journalistes n’avaient pas le droit de se rendre en Ukraine. Par ailleurs, à cette époque, le communisme faisait illusion, et ces journalistes ne voulaient pas perdre, en critiquant le régime, un poste de correspondant à Moscou. Seul M. Duranty, un journaliste américain à qui les services secrets soviétiques faisait toute confiance, a pu se rendre en Ukraine. Il a divulgué à travers le monde entier de fausses informations alors qu’un document du Foreign Office révèle qu’à l’ambassade d’Angleterre, Duranty lui-même avait évoqué une famine faisant  une dizaine de millions de victimes. Edouard Herriot fit un voyage officiel en Ukraine, mais il fut l'objet d'une véritable mystification de la part de Staline qui embaucha des acteurs pour jouer le rôle des Ukrainiens heureux ; j’ai des documents à ce sujet.

 

Dans ce documentaire, je ne veux donc pas utiliser des photos ou des films d’archives de 1921-22 pour évoquer le Holodomor. Pour palier à ce manque d’images, une dessinatrice qui est également infographiste va collaborer au film. En utilisant les témoignages et les récits historiques, elle va illustrer par des scènes animées les parties où les archives font défaut. Il s’agit dans ce film de démontrer  la volonté d’un homme, Staline, d’éradiquer le nationalisme ukrainien par la destruction du peuple ukrainien. Staline craint la volonté d’indépendance de l’Ukraine, son opposition à la collectivisation, de plus le plan quinquennal de 1929 met en place un projet ambitieux d’industrialisation de l’URSS. Le « grenier à blé » des plaines noires d’Ukraine peut servir de monnaie d’échange pour les machines et le savoir-faire de l’Occident. Cette famine est un génocide. Je me permets de rappeler quelques phrases dites par Lemkin lors d’un discours prononcé en 1950 :

« ……si le programme soviétique est mené à son terme, si l’intelligentsia, les prêtres et les paysans sont tous éliminés, alors l’Ukraine sera aussi morte que si tous les Ukrainiens avaient été éliminés, dans la mesure où elle aura perdu l’essence même de ce qui a permis de maintenir et de développer dans le temps sa culture, ses convictions, ses valeurs communes, et ce qui l’a guidée et lui a donné une âme, ce qui a, en résumé, fait d’elle une Nation et non pas simplement une masse de population. »


Le film s’attachera à replacer le Holodomor dans son contexte historique, de la première famine jusqu’à la deuxième guerre mondiale, en évoquant en outre les purges de 1936-38.

 

Avez-vous déjà commencé le tournage ?

 

Philippe Naumiak avec l’aide de sa sœur Anne-Marie a recueilli des témoignages du Holodomor dans le village de son père et souhaite les publier. Il y a  un an, lorsque j’ai pris contact avec lui, il m’a dit : «Aux vacances de Pâques  j’emmène mon père dans son village natal» ; son père, Vitaliy, avait sept ans pendant le Holodomor. Je lui ai répondu spontanément sans trop réfléchir à l’aspect financier de la mise en œuvre d’un tournage : « Puis-je partir avec vous avec une équipe ? » Et c’est comme cela que l’aventure a commencé. Je suis partie avec une équipe réduite composée de Janette pour la production et les photos, Jorge pour la prise de son et la lumière. Anne-Marie, la fille de Vitalyi vivant au Canada, nous a rejoints à Kiev où une universitaire avait préparé tous nos entretiens. Ensuite nous sommes allés à Sobolivka, le village de Vitaliy. Qu’ils soient intellectuels ou paysans, tous les ukrainiens que nous avons rencontrés nous ont remerciés de nous intéresser au Holodomor, touchés par le fait qu’aucun de nous n'était d’origine ukrainienne. Pour certaines personnes des campagnes c’était la première fois qu’ils parlaient de cette famine. Là-bas on a découvert l’importance pour les Ukrainiens de faire ce film et on a  pris conscience que ce n’était pas notre film mais le leur.

 

L’histoire a joué un mauvais tour aux Ukrainiens. Vu l’omerta imposée par les Russes depuis toujours, et malgré l’énergie dépensée par les Ukrainiens d’Ukraine ou de la diaspora, seulement dix pays reconnaissent le Holodomor comme un génocide. Cette non reconnaissance reste une plaie ouverte qui ne pourra se cicatriser que le jour où les Ukrainiens auront le sentiment que cette tragique période de leur histoire sera reconnue comme un génocide. Alors ils pourront en faire le deuil. Je tiens à remercier tous les Ukrainiens, ceux d’Ukraine et ceux de France,  pour leur précieuse aide avant, pendant et après les tournages, car sans eux rien n’aurait été possible. Janette vient de commencer un blog pour tenir informées toutes les personnes qui s’intéressent au Holodomor, et à l’avancement de notre film. On y trouve la description de nos tournages, des liens avec d’autres articles, des commentaires sur notre projet.

 

A quel stade se situe votre projet ?

 

Il me reste à vendre ce sujet aux télévisions françaises et étrangères afin de faire mieux faire connaître le Holodomor dans le monde. Je dois retourner en hiver faire un autre tournage et encore un dernier pour recueillir des témoignages dans la région de Kharkiv. Il me reste également à me rendre dans d’autres pays pour interviewer des historiens qui pourront donner une dimension internationale au film et surtout la recherche d’archives dans plusieurs pays étrangers.

Pour l’instant, j’ai investi mon argent personnel dans ce projet et je suis arrivée aux limites du possible. Je n’ai pas l’argent nécessaire pour retourner en Ukraine. Actuellement, sans l’aide des Ukrainiens aucune traduction ne serait faite. C’est pourquoi une association va se créer autour de ce projet de documentaire afin de pouvoir soutenir financièrement le film. Nous envisageons de recueillir des fonds par le biais de donations ou de souscriptions, de créer des événements comme une exposition de peinture et de photos qui est prévue, ou toute autre idée...

 

L'association  pourra travailler sur la reconnaissance du Holodomor comme génocide bien au-delà du film. D’ailleurs nous comptons avec la sortie du film faire un site internet afin de mettre en ligne tous les témoignages recueillis et les commentaires de chercheurs qui n'auront pu être intégrés dans le film. Pour moi c’est très important que l’aboutissement de ce travail ne s’arrête pas à quelques diffusions et projections.

 

Propos recueillis par Frédéric du Hauvel

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog du projet

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 19:39

L’Ambassade d’Ukraine et le Ciné-club ukrainien

Mardi 1er février 2011, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

 

LE PREMIER GARS  ( Перший Хлопець )

 

 

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1958, 86 mn, coul.

Scénario : Pavlo Loubenskyi, Victor Bezoroudko

Réalisation : Serge Paradjanov

Photographie : Serhiї Revenko

Décors : Alexandre Lissenbart, Valeriї Novakov

Musique : Yevhen Zoubtsov, Hryhoriї Glazov

Son : Nina Avramenko

Montage : Nina Horbenko

Interprétation : Heorhiї Karpov, Loudmyla Sossioura, Youriï Satarov, Valérie Kovalenko, Andriї Andrienko, Mykola Choutko, Tamara Alexeiéva, Loubov Orlova, Mykhaïlo Kramar, Yaroslav Sasko, Mykola Yakovtchenko, Youriï Tsoupko, Varvara Tchaïka, Ivan Matveiev. Avec la participation des kolkhoziens du village de Pechtchane.

Genre : comédie

 Le-Premier-gars-1-copie-1.jpg

Synopsis

Après sa démobilisation, Danylo (Youriï Satarov) rentre au village et devient très vite populaire grâce à sa passion pour le sport. Son retour ne perturbe en rien le cours paisible de la vie au kolkhoze, si ce n’est que Youchka (H. Karpov), jusque-là allergique à la culture physique, décide de devenir footballeur pour impressionner Odarka (L. Sossioura), la belle komsomole chargée des loisirs du kolkhoze. Youchka s’entraîne seul dans une grange à l’insu de tout le monde. Lors d’un match, il propose de remplacer le gardien de but défaillant, mais sa prestation peu glorieuse contribue à la défaite de l’équipe de son village. Youchka ne désespère pas et continue de s’entraîner pour les beaux yeux d’Odarka.

Opinion

Le-Premier-gars-2-copie-1.jpgPremier d’une série de trois longs métrages à consonance idéologique (Le Premiers gars, Rhapsodie ukrainienne, Une fleur sur la pierre), Le Premier gars est une comédie calquée sur des dizaines d’autres films louant le paradis soviétique, avec parfois des situations à la limite de l’absurde. Dans la traduction filmique du scénario aux velléités satiriques, ainsi dans la scène du dégel qui commence par la fonte d’un bonhomme de neige, Paradjanov arrive à injecter çà et là un brin d’ironie. Passant au crible quelques poncifs du cinéma stalinien et parodiant, par certains côtés, le burlesque américain, sa fantaisie moqueuse fait de cette comédie un classique acidulé du cinéma khrouchtchévien. Tout l’art du réalisateur, qui engage des comédiens frais émoulus de l’Institut théâtral de Kiev, consiste à tourner en dérision des choses qui passeront inaperçues ou seront minorées aux yeux de la censure et de la critique. De jolies blondes époussettent les tournesols avec des mouchoirs blancs, des tracteurs défilent sur un extrait du Lac des cygnes, des bicyclettes composent des ballets, le socialisme avance au rythme des moissonneuses-batteuses et de l’accordéon. Cependant, Paradjanov ne semble pas se soustraire au message social que lui demande de délivrer la direction des studios, mais s’attache à filmer avec une conscience militante, dans la plus pure tradition du réalisme socialiste. Ici, c’est le souci du détail, la décoration, le rituel, l’utilisation de la couleur qui l’intéressent. Extrêmement mobile, la caméra est celle de Serhiї Revenko, avec qui Paradjanov fit ses premières armes dans Maxymko en tant qu’assistant de Volodymyr Braun. Le tout est plutôt réussi, malgré quelques aspects irritants - joie de vivre, kermesse, chants et danses folkloriques -, les personnages devenant à la longue moins intéressants.

Film de commande largement diffusé à l’époque, Le Premier gars est sans doute le meilleur de la trilogie, universel et tout à la fois profondément ukrainien, laissant entrevoir le futur grand metteur en scène.

Lubomir Hosejko 

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 21:49

fetes fin annee 2010-2011 -2 copier

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 21:15


Le bulletin de Janvier 2011 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes.

 

Au sommaire:

- Agenda culturel
- Cacophonie d’empire (CNRS Editions)
- Rencontre avec Igor Stassiouk, chef ukrainien établi à Londres
- La Vie intellectuelle et littéraire en Ukraine au siècle des Lumières( Editions Honoré Champion)
- 3 questions à Olena Yashchuk-Codet, illustratrice franco-ukrainienne
- Le coq et l’épi de blé (L’Harmattan)
- Communication du Choeur Borysthène

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 21:51

L’Ambassade d’Ukraine et le Ciné-club ukrainien

Mardi 4 janvier 2011, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, M° Miromesnil, tel. 01 43 59 03 53.

Entrée libre.

 

RHAPSODIE UKRAINIENNE ( УКРАЇНСЬКА РАПСОДІЯ )

vostf

 

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1961, 88 mn. coul.

Scénario : Alexandre Levada

Réalisation : Serge Paradjanov

Assistant-réalisateur : Andriї Botcharov

Photographie : Ivan Chekker

Décors : Mykhaïlo Rakovskyi

Costumes : Nina Braun

Montage : Marthe Ponomarenko

Son : Nina Avramenko, Sofia Serhienko

Musique : Platon Maїboroda, avec la participation de l’Orchestre Symphonique de la RSS d’Ukraine sous la direction de  Benjamin Tolba.

Texte des chansons : Mykola Nahnybida, avec la voix d’Eugénie Mirochnytchenko doublant Olga Petrenko

Directeur de production : Bernard  Glazman

Interprétation : Olga Petrenko, Edouard Kochman, Youriï Houlaiev, Natalia Oujviї, Alexandre Haї, Valeriї Vitter, Stepan Chkourat, Serhiї Petrov, Valentin Hroudinine, Mykola Slobodian, Olga Nojkina, Dmytro Kapka, Kateryna Lytvynenko, Youriï Sarytchev, Constantin Stepankov, A. Pospelov, Olena Kovalenko, Svitlana Konovalova, et la participation des kolkhoziens du village de Boutchak et des soldats de l’Armée Soviétique.

Genre : mélodrame

 Photogramme Rhapsodie ukrainienne

 

Synopsis

Une jeune chanteuse lyrique, Oxana Martchenko, devient célèbre en remportant un prix dans un grand concours international à Paris. Son succès ne parvient pourtant pas à lui faire oublier  Anton, son bien-aimé, parti à la guerre. Blessé puis prisonnier, Anton s’évade du convoi qui l’emmène au camp. Recueilli et caché par un brave Allemand antifasciste, il est arrêté par les Américains qui libèrent le village où il s’est réfugié. Le hasard permettra aux deux amants de se retrouver un jour sur le quai d’une gare.

 

Opinion

Troisième long métrage de Serge Paradjanov réalisé en Ukraine au Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, Rhapsodie ukrainienne a la particularité d’appartenir à la série de films mélodramatiques, très en vogue au début des années soixante, tel Roman et Francesca de Volodymyr Denyssenko, dont l’action se déroule partiellement en Occident. Fortement agrémentées de chansons populaires et d’arias d’opéra, ces œuvres ne prétendent pas véritablement constituer un film musical/film-opéra. Dans le cas du film de Paradjanov, la rhapsodie n’intervient que dans le titre, et non dans sa structure diégétique. Confié au grand compositeur de musique de film Platon Maїboroda, connu pour la fameuse chanson Rouchnytchok dans le film d’Alexandre Michourine Les Jeunes années (1958), l’arrangement musical est quelque peu illustratif et frôle parfois la revue. Paradjanov avouera que dans ce film, ses aspirations et ses inexpériences se heurtèrent violemment: leur coexistence s’avéra inévitablement cocasse et absurde. À l’époque, il ne possédait ni culture ni métier, mais que de bonnes intentions, intentions louables, avec un résultat peu satisfaisant, loin de la subjectivité de ses films postérieurs, dont la mise en scène se dissoudra dans une solution picturale. Sur la fin de sa vie, il évitait que l’on parle de ce film, bien que par certains thèmes il annonçait Les Fresques de Kiev (film de 1966 non terminé et partiellement endommagé), et que l’utilisation de la couleur (Sovcolor), enluminée de collages artisanaux, deviendrait l’élément significatif de sa quête esthétique. En ce sens, Rhapsodie ukrainienne alterne des scènes  dominées par des tissus et des couleurs ouatées, et un monde minéral. La dissociation des matières qui symbolisent des mondes semble aussi supposer des voisinages ou des incrustations : ce qui devrait être ensemble mais est réellement séparé dans l’espace, se côtoie pourtant dans l’image. Les scènes sont éclatées et se répondent à travers des sensations et des sentiments liés par la musique, le chant et les chœurs. Mis à part quelques clichés conventionnels sur le patriotisme et les contraintes idéologiques du moment, la place faite à l’art lyrique dans ce film montre combien la musique a son importance dans l’œuvre du cinéaste, notamment dans la scène volontairement étirée d’Oxana devant son miroir où apparaît soudain Anton, réfugié dans une église allemande. Quelques plans laissent entrevoir un cinéaste en pleine mutation : un marché aux puces surréaliste, les ruines d’un théâtre où gisent pêle-mêle décors, toiles et sculptures, un soldat jouant du Beethoven sur un piano à queue. Dans les séquences montrant gauchement un Paris rêvé, Paradjanov arrive, avec peu de moyens à dire l’essentiel sans tomber dans le dépliant touristique par le truchement de l’humour et de la caricature : Paris au son du limonaire, peintres de la place du Tertre, ses clochards, passants africains, policier, midinette, titi parisien lisant ostensiblement L’Humanité (L’Humanitté, avec deux t - sic !). Exagérément présente, la propension paradjanovienne aux flashes-back (retour régulier au leitmotiv des rails et d’Oksana dans le train) est conçue pour dilater le canevas chronologique en évasant le lien entre le passé et le présent. Réalisé dans l’immuable tradition du cinéma soviétique de l’époque, cette chronique d’un amour de guerre se fond principalement sur les antithèses pour souligner le pathétique des situations. Les horreurs de la guerre sont volontairement éludées et remplacées par des objets symboles. Partagée entre le statique et le mouvement, la caméra n’est pas encore celle des Chevaux de feu.

Rhapsodie ukrainienne reste aussi un exercice de style pour le scénario signé Alexandre Levada. Admirablement interprété par Olga Petrenko, doublée pour les chants par Eugénie Mirochnytchenko, le rôle de la cantatrice, qui joue le fil rouge en reliant les séquences, figure comme rôle majeur dans la carrière de l’actrice qui tourna dans une quarantaine de films. Parmi les plus connus : Jeunesse inquiète d’Alexandre Alov et Volodymyr Naoumov, Le Poème pédagogique de Metchyslava Maїevska et Alexandre Masloukov, Une-deux, les soldats marchaient de Léonide Bykov, Mars froid d’Igor Minaiev, La Désintégration de Mykhaïlo Biélikov.

 

Lubomir Hosejko

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 13:19

Le bulletin de Décembre 2010 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes.

 

Au sommaire:

 

- Agenda culturel
- Entretien avec Bénédicte Banet, documentariste. (par Frédéric du Hauvel)
- Rencontre avec Volodymyr Kondrachuk, président de l’AUDESF (par Olga Gerasymenko)
- Réforme fiscale en Ukraine, entre confrontation et globalisation (par Sergiy Chukhno)
- Exposition «les insoumis » les 10 et 11 décembre 2010.

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 22:26

parlement-europeen-copier.jpgSéance plénière

Les allégations d'une influence croissante du gouvernement sur les médias, l'interférence politique des services secrets et l'adoption précipitée de nouvelles règles électorales qui sont perçues comme un recul, figurent parmi les préoccupations exprimées par les députés dans une résolution concernant l'Ukraine adoptée ce jeudi.

L'Ukraine peut solliciter une candidature à l'UE. Le pays a une perspective européenne avec d'importants liens historiques et culturels, ont souligné les députés   qui ont clairement indiqué l'appui de tous les acteurs politiques aux aspirations à l'adhésion à l'UE de l'Ukraine. Toutefois, les députés ont critiqué "les signes de plus en plus inquiétants d'un "respect amoindri" de la démocratie et du pluralisme" en Ukraine.


Manque de libertés


Les députés, profondément préoccupés par la liberté et l'indépendance des médias ont relevé les menaces ces derniers mois et attirent l'attention sur la disparition du rédacteur-en-chef d'un journal qui a mis en évidence des cas de corruption. Ils demandent également une enquête sur le service ukrainien de sécurité (SBU), sa politisation et son interférence possible dans le processus démocratique.


Règles électorales


Les députés admettent que les élections municipales et régionales du 31 octobre ont été conduites "d'un point de vue technique de manière régulière" mais font  observer toutefois qu'elles n'ont été à même d'offrir des garanties suffisantes pour protéger le droit des partis politiques en place à se présenter. En raison d'un  changement du code électoral effectué juste avant les élections, de nombreuses demandes d'enregistrement des partis d'opposition n'ont pas pu être acceptées, avec pour résultat une victoire massive du parti au pouvoir dans 85% des circonscriptions électorales.  


Sécurité énergétique


Malgré leurs critiques, les députés  conviennent que l'Ukraine reste un partenaire clé revêtant une importance stratégique pour la sécurité et la stabilité de l'Europe de l'Est et que ce pays  joue également un rôle pivot  pour la sécurité énergétique de l'UE. Ici, le Parlement demande d'autres accords assurant l'approvisionnement énergétique, bien qu'il fasse observer que pour les conclure, l'Ukraine devra moderniser et diversifier son réseau de transport de gaz.


Libéralisation de visas


Les députés se disent encouragés par les progrès des négociations de l'accord d'association UE-Ukraine lors du sommet du 22 novembre et l'établissement d'un plan d'action pour la libéralisation des visas pour l'Ukraine. Cette feuille de route peut aider les Ukrainiens à consolider l'État de droit et le respect des libertés fondamentales, estiment les députés. Le championnat d'Europe de football de 2012 pourrait également fournir l'occasion d'introduire des mesures spéciales visant à faciliter le voyage des détenteurs de billet, à l'effet de faciliter les déplacements des détenteurs de billets et de profiter de cette occasion pour mettre à l'épreuve le régime final d'exemption de visa.


La résolution adoptée ce jeudi a été rédigée conjointement par les groupes PPE, S&D, ADLE, ECR Verts/ALE et GUE/NGL,  

 
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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 21:05

Le Congrès mondial des Ukrainiens (CKY) vient de lancer une pétition internationale demandant au chef de l'Etat ukrainien, Viktor Yanoukovitch, de reconnaître la famine de 1932-1933 en Ukraine soviétique, comme acte de génocide. Cette pétition vous concerne si vous vous sentez blessé par les négations de ce génocide oublié, appelé Holodomor. Si vous n'en avez jamais entendu parler, ou si vous désirez en apprendre un peu plus, voici un dossier consacré au sujet.

On peut signer la pétition sur le site du CKY, respectable institution de la diaspora ukrainienne. Pour accéder directement à la signature, par ici.

 

 

Pour plus d'informations consultez également notre source : Blog de Pan Doktor Exrudis Vseznayko

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 18:48

FedirQuand fut fondée l’Association des Ukrainiens de Grande Bretagne et dans quel contexte ?

 

L'association a été créée juste après la Seconde Guerre Mondiale, par des militaires canadiens d'origine ukrainienne et par des Ukrainiens mobilisés dans l’armée polonaise, qui s'étaient retrouvés sur le sol britannique.

 

Des réunions se sont tenues dès 1945, mais c'est en janvier 1946 à Édinbourg que l'association fut fondée. Dans l'esprit de ses membres, elle s'inscrivait dans la perspective de voir un jour une Ukraine libre et indépendante. Quelque temps avant la création de l'association venait de paraître le premier numéro d'un journal qui allait devenir « La pensée Ukrainienne », et qui existe toujours.

 

C'est à cette époque que commencèrent à arriver en Grande Bretagne les Ukrainiens qui furent travailleurs forcés dans les camps de travail allemands. A l'issue de la défaite de l'Allemagne, ils s'étaient retrouvés dans des camps de réfugiés sous contrôle allié. Le choix qui s'offrait alors à eux était soit de rester en Occident, soit de revenir en Ukraine. Une décision lourde de conséquences pour des jeunes gens de 18-19 ans.

 

Je n’imagine pas aujourd’hui ma fille âgée de 20 ans confrontée à un tel dilemme : être d’abord enlevé à sa famille, forcé à travailler pendant 3 ans dans des conditions épouvantables, comparables à l'esclavage, puis se retrouver pendant 2 ans dans des camps de réfugiés, et finalement avoir à décider de ne pas revenir à la maison, de ne pas rejoindre les siens… Cela devait être très difficile, mais ces jeunes gens ont majoritairement décidé de ne pas revenir car ils craignaient d’être accusés d'avoir collaboré avec les Allemands (ce qui n'était absolument pas le cas) et d’être exterminés par le pouvoir soviétique. Une partie de ces réfugiés ukrainiens a choisi d'émigrer en Grande Bretagne.

 

C'est aussi à cette période que le gouvernement de la Grande Bretagne donna son accord pour accueillir 8 000 soldats de la division "Halychyna" sur le sol britannique. Cela en grande partie grâce aux efforts de l’Association des Ukrainiens de Grande Bretagne.

 

Seuls les Ukrainiens originaires de l’ouest de l'Ukraine, espace territorial qui avait été intégré à la Pologne à la fin de la première guerre mondiale, eurent la possibilité de rester en Occident. Les Ukrainiens originaires du centre et de l’est du pays furent renvoyés en Union Soviétique.

 

Quels étaient les objectifs de l’association ?


Les Ukrainiens qui adhéraient à l’association entendaient militer pour la préservation de leur culture et de leur religion. En 1947, ils ont acquis un immeuble qui appartient toujours à l'association ; au fil du temps, celui-ci est devenu une ambassade officieuse pour les Ukrainiens vivant en Grande Bretagne. Sa mission première étant d’accueillir les nouveaux arrivants, et de leur apporter aide et soutien.

 

En 1948 le gouvernement britannique avait annoncé son intention de renvoyer en Allemagne, et probablement ensuite en Ukraine, les immigrés ukrainiens frappés d'invalidité, et ne pouvant de ce fait travailler. Les autorités n'étaient intéressées que par des immigrés capables d’effectuer les travaux physiques et pénibles que refusaient de faire les Britanniques. L'association des Ukrainiens de Grande Bretagne manifesta sa ferme opposition, ce qui engendra une vive tension. Face à l'intransigeance du gouvernement, les Ukrainiens étaient résolus à se mettre en grève. Dans un souci de médiation, l'Association des Ukrainiens de Grande Bretagne et les autorités ukrainiennes décidèrent de fonder «la Maison des Invalides», indépendante de l’Etat et exclusivement financée par les cotisations des membres de la communauté ukrainienne. Le fond de soutien des invalides fut créé. Chaque Ukrainien s'engageait à verser un montant correspondant au quart ou au cinquième du salaire hebdomadaire moyen d’un Ukrainien en Grande Bretagne. Cet établissement, qui se trouve au sud de Londres, existe toujours !

 

Dans l'immédiat après-guerre, les Ukrainiens étaient convaincus que l’Occident n’allait pas tolérer la mainmise de Staline sur l'Europe orientale, et qu'ils pourraient regagner leur terre natale. Au fil des mois, ils comprirent peu à peu que ce retour devenait une hypothèse de plus en plus improbable, c'est pourquoi l'immigration ukrainienne posa durablement ses valises et s'enracina sur le sol britannique. Une intense vie associative se développa notamment autour d'événements culturels. A travers les chants, les danses et la poésie, c’est le destin tragique de l’Ukraine qui se racontait...

 

Quels regards portez-vous sur les différences qui caractérisent les Ukrainiens vivant à l’etranger ?

 

Les Ukrainiens de la nouvelle vague sont sensiblement différents de ceux de l’ancienne génération, car ils ont vécu dans un système différent. Ils viennent en outre de toutes les régions du pays. L’ancienne génération était bien plus homogène géographiquement et socialement. C'est pour cette raison qu'il faut du temps pour se comprendre, et saisir la diversité des aspirations de chacun.

 

Chaque communauté ukrainienne s’adapte à la société dans laquelle elle vit, et prend les traits de la culture dans laquelle elle se trouve. Les Ukrainiens des Etats-Unis sont souvent expansifs, ceux du Canada sont plutôt réservés, ceux de la Grande Bretagne sont disciplinés et organisés comme les Britanniques d’une manière générale…Ces particularités peuvent parfois paraitre singulières aux yeux des Ukrainiens qui arrivent d’Ukraine.

 

Quels contacts avez-vous avec les autorités britanniques ?

 

L'Association des Ukrainiens de Grande Bretagne entretient de très bonnes relations avec l’Ambassadeur de Grande Bretagne en Ukraine, que je rencontre régulièrement.

 

Ces contacts sont précieux, c'est en partie grâce au soutien de l’Ambassade de Grande Bretagne à Kiev que nous avons pu organiser une grande exposition qui a eu lieu à la « Maison de l’Ukraine » à Kiev. Je corresponds par ailleurs fréquemment avec le représentant du Ministère britannique des Affaires Etrangères en charge de l’Ukraine.

 

L'Association des Ukrainiens de Grande Bretagne a adressé plusieurs lettres au Président Yanoukovitch. Elles étaient toutes écrites en anglais, nous craignons en effet qu'il ne nous lise pas en ukrainien ! Nous l'avons interrogé au sujet de l'érection d'une statue de Staline à Zaporijia. Son embarras sur cette question a interpellé la classe politique britannique. C'est par une constante vigilance, mais dans une approche constructive et diplomatique, que les Ukrainiens résidant en Occident peuvent influencer les dirigeants ukrainiens. L'objectif que nous partageons tous est de voir l’Ukraine indépendante et démocratique.

 

La famine génocide de 1932-1933 (Holodomor) est un sujet que nous abordons avec pragmatisme compte tenu du contexte mémoriel et du passé colonial du Royaume Uni. Il est manifeste que la reconnaissance officielle de ce génocide par les autorités britanniques sera un objectif difficile à atteindre. En dépit de cela, nous entretenons un dialogue constructif avec le Ministère des Affaires Étrangères. Un représentant du Foreign Office avait d'ailleurs répondu favorablement à notre invitation aux cérémonies commémoratives, il y a deux ans.

 

Propos recueillis par Olena Yashchuk

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