Comme tous les ans, Senlis accueille pour une journée d'Anne de Kyiv.
Comme tous les ans, Senlis accueille pour une journée d'Anne de Kyiv.
Concert caritatif
UKRAINE: des talents pour l'avenir
Le 4 Mai 2015 20h30
Salle Cortot, 78, rue Cardinet , 75017 Paris
Sous le Haut-Patronage de S. E. M. Oleg Shamshur, Ambassadeur d’Ukraine en
France
association “Aide Médicale & Caritative France-Ukraine“ (http://amc.ukr.fr/), vous présente:
Récital de piano
Dmytro Sukhovienko, piano
Mykyta Burzanitsa, piano - Donetsk
Khrystyna Mykhailichenko, piano - Crimée
Au programme:
Kolessa 'Prelude "About Dovbush"'
Bach/Kempff Siciliano from the Flute Sonata N.2
Bach/Busoni Chaconne from Partita for solo violin N.2 in D minor
Dmytro Sukhovienko, piano (Ukraine-Belgique)
Revutsky 'Chanson'
Mozart 'Rondo'
Debussy Pièces de ‘Le coin des enfants’: 'Clair de Lune', 'Doctor Gradus ad Parnassum'
Khrystyna Mykhailichenko, piano (Ukraine)
Skoryk 'Une Melodie ukrainienne'
Liszt 'Mephisto-Valse'
Rimski-Korsakov/Vilensky 'Le vol du bourdon'
Mykyta Burzanitsa, piano (Ukraine)
Brahms Les danses hongroises № 6, 5
Khrystyna Mykhailichenko, Mykyta Burzanitsa, piano
Deux jeunes musiciens et un pianiste de renom international s'unissent pour une cause commune : Faire connaitre leur pays d’origine davantage et collecter de l’aide pour des enfants ayant perdus leur parents à la guerre en Ukraine, afin de leur permettre de se reconstruire après le drame vecu.
Les deux jeunes talents, Khrystyna Mykhailichenko et Mykyta Burzanitsa se joindront donc à Dmytro Sukhovienko pour un programme proposant de grandes œuvres de musique classique.
Khrystyna Mykhailichenko et Mykyta Burzanitsa ont dû, eux aussi, quitter leur vie d’avant la guerre en raison des combats dans les quartiers residentiels et de l’annexion du territoire par l’Etat voisin.
Venez-nombreux pour profiter d'un concert d'exception et soutenir une noble cause.
Les recettes de ce concert serviront à financer des séjours linguistiques en France pour les enfants ukrainiens via l'association
“Aide Médicale & Caritative France-Ukraine“ (http://amc.ukr.fr/ ).
Billetterie:
Tarif normal : 25 €
Prévente, étudiants et tarif pour les groupes (minimum 10 personnes) : 20 €
Gratuit pour les jeunes -16 ans
Billetterie en ligne:
1) Helloasso: http://goo.gl/2lYyGj
2) Weezevent: https://www.weezevent.com/amcfu
3) Fnac - Carrefour - Géant - Magasins U – Intermarché : www.fnac.com - www.carrefour.fr - www.francebillet.com - 0 892 68 36 22 (0,34€/min)
Contact: amc@ukr.fr
Centre culturel Anne de Kyiv invite à la conférence-dédicace avec :
Antoine Arjakovsky
auteur de "Russie-Ukraine : de la guerre à la paix",
historien, codirecteur du pôle "Société, liberté, paix" du Collège des Bernardins
Alain Guillemole
auteur de "Ukraine, le reveil d'une nation"
journaliste
adresse: 2 rue de Meaux, 60300 Senlis
pour informations: annedekyiv@gmail.com
Français, d’origine ukrainienne, ses grands-parents ont quitté l’Ouest de l’Ukraine dans les années 1930 pour chercher du travail en France. Après un DEA d’histoire sur les dissidents ukrainiens et des recherches en Amérique du Nord, Cyril Horiszny est parti travailler en Ukraine. Il enseigne d’abord le français à l’Université catholique de Lviv, puis dirige pendant deux ans le centre français de Lviv. En même temps il commence à photographier l’Ukraine de long en large et à exposer son travail en Europe. A la fin de son contrat pour l’ambassade de France, il souhaite rester en Ukraine, où il a vécu entre temps la «Révolution orange», Cyril Horiszny veut donc continuer de témoigner en tant que photojournaliste sur un pays en construction. Quelques années plus tard, il crée la maison d’édition «Léopol», qui en français ancien signifie «Lviv», sa ville d’adoption. En 2014, Léopol publie un roman graphique selon un œuvre du classique de la littérature ukrainienne Ivan Franko – « Héros malgré lui ». Perspectives Ukrainiennes a rencontré Cyril à cette occasion.
Comment l'idée de créer la maison d'édition est apparue?
J’ai travaillé pendant cinq ans pour la presse internationale. Un jour, le journal «Newsweek» a commandé à l’agence française qui représente mon travail, des photos d’«Ukrainiens tristes». Je ne voulais pas être complice de cette mascarade, de cette logique malsaine qui consiste à montrer les aspects les plus misérabilistes et sensationnels d’un pays, pour espérer vendre mes photos. Par ailleurs, le photojournalisme ne se porte pas très bien depuis quelques temps. Pour montrer des projets photos plus personnels, j’ai donc mis l’accent sur les expositions et j’ai crée ma propre maison d’édition pour diffuser mon travail autrement, mais également celui d’autres auteurs issus de différents champs de l’art et du savoir. Cette confrontation des regards et des disciplines est devenue une source d’inspiration importante pour donner une image plus profonde du pays de mes grands-parents, à l’aide d’historiens, d’écrivains, de dessinateurs, de photographes. Par ailleurs, je suis revenu a mes premiers amours, l’histoire... l’histoire d’un pays encore largement méconnue par les Ukrainiens eux-mêmes ! Notre but est de mettre en valeur et de populariser le patrimoine historico-culturel de l’Ukraine à travers des publications esthétiques, alliant textes et images.
Pourquoi publier une BD?
La BD est un genre quasiment inexistant en Ukraine, on l’associe le plus souvent au journal communiste français «Pif et Hercules» chez ceux qui ont connu l’Union soviétique, ou bien aux «comics » américains et à leurs super-héros. Les références aux BD avant-gardistes européennes sont encore rares, faute de repères. Personnellement, je suis un lecteur de BD, sans être un fanatique. Dans mon optique, elle permet surtout de populariser l’histoire et la culture. D’un point de vue commercial, il s’agit d’un genre novateur pour l’Ukraine, malgré la présence sur le marché de quelques BD ukrainiennes qui se comptent sur les doigts de la main. Enfin, ma rencontre il y a 10 ans avec l’auteur des dessins de notre première BD, Mikhaï Tymochenko, a joué un rôle important. Venu de Roumanie, il a terminé l’Académie des Beaux Arts de Lviv et son talent m’a tout de suite interpellé.
Pourquoi vous avez choisi Franko et "Héros malgré lui"?
Tout d’abord parce qu'en grandissant dans la diaspora ukrainienne, on m’a appris à aimer Franko et Chevchenko, sans même que je puisse les lire, à cause de la barrière de la langue. Lorsque mon niveau d’ukrainien me l’a permis, je suis parti à la découverte de leurs textes et de leur pensée, à travers des paves soviétiques ou des livres post-soviétiques pas très esthétiques. L’œuvre de Franko se déroule entre autres en Galicie, la région où j’habite et que je connais le mieux en Ukraine. Et puis ses valeurs universelles m’ont tout de suite séduit. Les soviétiques le considéraient comme chantre de la lutte des classes et du communisme, les nationalistes ukrainiens comme le chantre de leur idée nationale. Franko deviendra au cours de sa vie un ardent défenseur de l’Ukraine libre, mais ce qui est au cœur de son œuvre, c’est l’homme.
Enfin, face à l’absence de culture de la BD en Ukraine, j’ai choisi un auteur culte, pour attirer l’attention d’un public néophyte, de même qu’un thème populaire: la ville très touristique de Lviv et son mythique passé autrichien. L’action se déroule pendant la Révolution du «Printemps des Peuples» qui a traversé l’Europe en 1848. Le thème de la révolution a également pesé dans la balance puisqu’il est très visuel. Ce que l’on ignorait en débutant ce projet il y a 3 ans, c’est que l’on vivrait nous-même une nouvelle révolution, à Maïdan, puis la guerre dans l’Est de l’Ukraine. Des parallèles et des valeurs communes s’imposent au lecteur, malgré plus de 150 ans qui séparent ces événements... à commencer par la lutte pour la liberté, pour l’indépendance d’un pays, mais également la solidarité entre révolutionnaires. Le héros principal, Stepan Kalynovych, est plutôt un antihéros à la base, il sort de l’ordinaire et du format classique du super héros. Enfin, j’ai choisi l’un des romans d’Ivan Franko les moins connus, pour surprendre un peu plus le public.
Comment le public ukrainien a accueilli le livre? Il y a-t-il de l'avenir pour BD en Ukraine?
Le plus souvent, les lecteurs découvrent cette œuvre de Franko, ce qui confirme mes soupçons... Au-delà du programme scolaire, les Ukrainiens ne connaissent pas bien encore leurs auteurs classiques. Cela dit en France, ma génération se souviendra surtout de «Germinal» mais ne retiendra pas grand-chose d’autre. Le public est également surpris je pense de réaliser qu’un Français et un Roumain portent autant d’attention à la culture ukrainienne. Nous avons préservé dans la BD la langue originale de Franko, c’est une belle récompense lorsque les lecteurs, jeunes ou moins jeunes, nous confient qu’ils ont lu le livre d’une traite et attendent avec impatience le tome 2. Je ne crois pas qu’ils auraient eu le courage de lire Franko dans les livres soviétiques que j’ai cités précédemment. «Chaque grenouille vante son marais» dit-on en ukrainien, mais nous sommes contents de constater que des journaux de référence à Kiev mettent en lumière notre travail.
Difficile de prédire l’avenir de la BD en Ukraine. Tout dépend de ce que l’on montre. Les Ukrainiens sont en quête d’autorités morales, de héros, d’autant plus dans un période aussi sombre pour l’Ukraine. Ils trouvent un certain apaisement à travers l’image de Tarass Chevchenko, ou celle des Cosaques... il s’agit la certainement des thèmes les plus populaires pour le public ukrainien. Mais cette culture abrite tant de trésors encore inexploités, et il y a tant d’artistes talentueux, qu’il y a fort à parier que la BD va se développer, à condition de trouver la bonne formule. Une chose est sure, la nouvelle génération d’Ukrainiens voit dans ce genre un produit venu de l’Ouest, synonyme de nouveauté et de modernité.
Où on peut l'acheter en France?
Le «Club littéraire ukrainien de Paris» nous a proposé d’organiser une présentation, ce que nous accepterons avec plaisir, des que nous serons de passage à Paris. En attendant, le livre est en vente en France (envoi par «la Poste»). Pour cela, il suffit de nous écrire a l’adresse suivante : mail@leopol.net ou de contacter Genia, la représentante des éditions Leopol en France, au 0667341488. Nous vous donnerons tous les détails.
Quels sont vos projets à venir?
Cette première BD nous a permis de développer notre réseau de distribution, de faire parler des éditions « Leopol », et sera je l’espère, un tremplin vers la création d’autres BD sur l’Ukraine, mais également de livres photos. En parallèle de mon exposition photo sur le village houtsoul de Kosmach dans les Carpates, je prépare depuis des années un livre à ce sujet. Mais notre prochain livre sera en principe consacré aux Carpates dans les années 1920-30 à travers le regard d’un photographe ukrainien très talentueux et encore méconnu, Mykola Senkovsky. Enfin, nous préparons avec l’historien ukrainien de renom, Yaroslav Hrytsak, une brève histoire illustrée de l’Ukraine, que l’on espère traduire dans plusieurs langues, y-compris en français. En ce qui concerne mes projets photo, j’exposerai en juin prochain dans la région Languedoc-Roussillon mes séries «Houtsuly – Peuple des Carpates» et «Les Ukrainiens – Entre Est et Ouest ».
Editions Leopol : www.leopol.net
Photographies de Cyril Horiszny : www.kyrylo.com
Propos recueillis par Olena Codet
Entretien avec Julia Lev, coordinatrice du projet, et Thomas Didier, co-organisateur du projet Run For Peace pour la France
Qu’est-ce que la Run For peace / Course pour la Paix, et quels sont les objectifs de ces jeunes coureurs ukrainiens ?
JL : C’est un projet sportif et humain magnifique, un défi sans précédent qui sera inscrit au Livre Guinness des Records. Il s’agit de parcourir 40 pays de l’Europe. Mais ce n’est pas seulement une performance sportive. L’équipe de 12 coureurs ukrainiens qui a quitté Kyïv le 21 mars, porte un message de la Paix pour l’Ukraine, notre pays mais aussi de la Paix et de l’Unité pour l’Europe à travers toute Europe.
La semaine dernière, Run For Peace a atteint le Mont Blanc. Par une course interrompue, l’équipe a parcouru déjà presque 4 000 km et a traversé sept pays européens. Dans chaque capitale, ils ont rencontré des leaders politiques, des journalistes, des habitants et la diaspora ukrainienne. Un Livre de la Paix accompagne les coureurs ukrainiens dans cet exploit et chaque personne qui le souhaite peut y laisser son commentaire et témoigner son soutien à l’Ukraine.
« Run for peace — une course incroyable, des rencontres et des paysages à couper le souffle ! Ces derniers jours ce sont les montagnes françaises et qu’est-ce qui peut être plus beau que les montagnes ! France, Espagne, Portugal, l’Europe entière ! Les Ambassadeurs de la Paix courent vers vous ! » - partage ses impressions Nathalia Martiachvili, membre de l’équipe ukrainienne.
L’étape parisienne est prévue pour le 26 avril 2015. Pouvez-vous nous dire ce qui est prévu pour cette étape ?
JL : Paris est une capitale sportive. Le Conseil de la ville vient d’approuver l’engagement de Paris dans une candidature pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Concernant l’étape parisienne Run For Peace, nous collaborons avec la Mairie de Paris qui accorde à ce projet son attention et espérons son soutien dans l’obtention d’une autorisation et d’un partenariat pour organiser une belle course internationale sur les berges de la Seine. C’est cette semaine que nous attendons la réponse.
Et la course passera-t-elle dans d’autres villes françaises ?
JL : Oui, voici le calendrier avant l’événement parisien, les coureurs seront ravis de rencontrer votre soutien :
9 avril à Chamonix et Mont Blanc
10 avril à Grenoble
11 avril à Cavaillon
12 avril à Montpellier
22 avril 2015 à Bayonne
23 avril 2015 à Bordeaux
23 avril 2015 à Angoulême
24 avril 2015 à Poitiers
24 avril 2015 à Loches
25 avril à Blois
25 avril 2015 à Orléans
26 avril 2015 à Paris
Comment la communauté ukrainienne et les sympathisants de l’Ukraine en France peuvent participer aux courses qui auront lieu en France ?
JL : par rapport au calendrier français général présenté plus haut, sachant qu’il est très difficile de chronométrer un tel événement bénévole, les coureurs nous laissent leur numéro de téléphone pour les joindre à l’approche d’une date et d’une étape : Roman +37122214439
TD : Concernant l’événement à Paris, en attente de l’autorisation de la Mairie, nous avons élaboré deux scénarios. Le premier, sous condition de son obtention, prévoit une course commune de l’Hôtel de Ville jusqu’à la Tour Eiffel sur les berges de la Seine. Toutes les personnes souhaitant y participer pourront rejoindre l’équipe de 12 coureurs. Cet événement sera annoncé sur le site de Top Chrono et toute personne souhaitant rejoindre l’évènement pourra s’inscrire.
Le deuxième scénario, si les délais pour l’autorisation ne sont pas suffisants, prévoit une course de coureurs à travers des lieux parisiens symboliques où à chaque endroit les Ukrainiens de Paris peuvent venir accueillir et saluer les coureurs.
Nous pourrons annoncer l’itinéraire définitif prochainement.
Cependant, ce qui est sûr, une rencontre et une prière commune pour la Paix en Ukraine sont prévues le jour même à 12h00 à la Cathédrale de Saint Volodymyr le Grand sur le boulevard Saint Germain de Près.
Propos recueillis par Grégoire Grandjean
Le bulletin d'Avril 2015 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes ou en cliquantici
Au sommaire
p. 2 - 3 : Entretien avec Cyril Horyszny, scénariste de la BD « Héros malgré lui »
p. 4 - 5 : Run for peace - une équipe qui gagne
p. 6 - 7 : A vos agendas !
p. 8 : Actualité du livre
Du 7 au 17 avril: La Maison des chiens, spectacle au théâtre de Montfort
Du 8 au 14 avril: La semaine du cinéma ukrainien
Vendredi 15 avril : Andrei Kourkov, Le concert posthume de Jimi Hendrix
Du 16 au 30 avril: Expo d'arts graphiques Ukraine Extra Ordinaire
Samedi 18 avril: Concert de la musique classique autour des œuvres de Valetin Sylvestrov
Du 19 avril au 7 mai: Expo d'art contemporain Décompression: Coming up for air
Lundi 20 avril: Concert de Dakh Daughters
les 22 et 23 avril: Resist(r)ance//Paris-Kiev par Orkestronika
Jeudi 30 avril: Concert de Million Kopek, le pop up du label
Mercredi 6 mai: Concert de Lyubomir Melnyk
Pour en savoir plus, suivez le lien!
Pour en savoir davantage sur le livre, cliquez sur le lien.
D’une énergie inépuisable et d’un talent incontestable, ce grand réalisateur ne cesse d'apporter une bouffée d’air frais à l’art ukrainien. Ses créations n’ont pas de frontières, ses spectacles outrepassent l’ordinaire et l’imaginaire et font écho à l’actualité en laissant le spectateur tête à tête avec ses réflexions. On s’est rencontré avec Vlad Troitsky à la veille du concert de Dakh Daughters dans le cadre du festival WorldStock, où les filles se sont produites le 2 décembre au Théâtre des Bouffes du Nord. Une découverte musicale pour les uns, et une nouvelle dose d’excitation pour les autres. Dès la première chanson, sorte de mini-spectacle, freak-cabaret plonge le public dans un état hypnotique, une euphorie dont on ne sort qu' à la fin du concert. Le ravissement et les bravos de l’auditoire ne laissent aucun doute sur la créativité, la puissance des idées et le génie d’un grand maître !
Quand on parle des spectacles « Stantsia », créés en collaboration avec Stéphane Ricordel ; « En Passant », mis en scène par Dmytro Iarochenko et Deni Lavant et « Resist(r)ance », la création musicale de Vlad Troitsky et Patrick Fradet, présentée cette année à GogolFest... D'où vient cette coopération avec la France et comment les projets franco-ukrainiens naissent-ils ?
Je ne me rappelle plus mais ça dure depuis longtemps. On a donné beaucoup de concerts, on s’est produit pendant les festivals, on a joué il y a 3 ans au Théâtre de la Ville. Ça fait déjà 5 ans environ qu’on coopère étroitement. La collaboration vient de l’intérêt commun: ils s’intéressent à nos projets et nous sommes curieux de leur travail. Une fois l’intérêt commun né, on obtient l'accord. Tout a commencé par une personne qui est venue à Kiev pour le festival GogolFest, puis il y en a eu trois, dix... C'est ainsi que nous avons instauré la coopération avec les directeurs de projet des divers festivals , ce qui a donné naissance aux projets coproduits.
L’automne en Ukraine vient avec le festival Gogolfest, qui n’a pas pour l’instant d’analogues. Qu’est-ce que a changé en 7 ans d’existence et quel est son but ?
Qu’est-ce qui a changé ? Tout a changé : le pays, moi, l’équipe qui fait le festival. Sauf le concept. Dès le début de sa création, le festival a été conçu multidisciplinaire et il le reste. Tous les artistes se réunissent dans un espace commun afin de créer des synergies entre eux et le public. GogolFest vise à former une nouvelle image de l’Ukraine. Notre but consiste à promouvoir l’Ukraine sur place et bien au-delà.
“Dakh”, le centre d’art contemporain, vient de fêter ses 20 ans. Le théâtre est connu aussi bien en Ukraine qu’à l’étranger. Vous avez mentionné dans une précédente interview que nos amis étrangers étaient plus intéressés par un projet que par le pays en général. Cette tendance a-t-elle changé au vu de la situation en Ukraine ?
Évidemment, l’attitude est différente. Quoi qu'il arrive, l’Ukraine se trouve de plus en plus au centre d’intérêts géopolitiques du monde. C’est le point de confrontation de deux civilisations. L’image de l’Ukraine ne doit pas se limiter à la situation difficile que nous vivons, mais aussi représenter une "Nouvelle Ukraine", montrer sur quel chemin on se dirige, définir ses convictions, et ensuite se demander ce qu’elle peut offrir au monde. En Ukraine, chaque institution publique suit un vieux modèle, où les gens ne sont pas habitués à penser au lendemain. Malgré ce défi, on observe un sens de l’initiative qui apparaît. Ce sont les gens qui, au lieu de se plaindre et donner tort aux autres, prennent leurs propres initiatives. Ces gens deviennent de plus en plus nombreux et on place en eux de grands espoirs .
Vous, personnellement, “Dakh Daughters” et « Dakha Brakha » avez pris une position civique très claire pendant la Révolution de la Dignité. Ces événements ont-ils influencé le fonctionnement du théâtre ? Cela se réflète-t-il dans les nouveaux spectacles ? Leur ont donné un second souffle ?
L’année dernière a changé tout le pays, sans exception. C'est certain. Le monde subit des changements et il est impossible de ne pas tenir compte des derniers événements. Mon dernier opéra « Koriolan », selon Shakespeare, dont la première a eu lieu le 29 novembre dans le cadre du projet « La Nouvelle Musique », fait notamment référence à tout ce qu’on a subi en Ukraine.
Après Maїdan, l’Ukraine a dû choisir un nouveau Ministre de la Culture pour le gouvernement provisoire. Votre candidature figurait sur la liste des candidats. Pourquoi n'avez-vous pas été élu ? Y avez-vous réfléchi ?
Pourquoi ce ne fut pas moi ? Je vais donner deux raisons. Premièrement, personne ne me nommera jamais en tant que fonctionnaire, deuxièmement – je ne le souhaitais pas. Ce statut pour moi était donc inconcevable. De plus, il était impossible que je bénéficie d’un tel poste, car le pouvoir n’y aurait trouvé aucun avantage. Je suis avant tout réalisateur et non fonctionnaire.
L’état des choses dans le domaine culturel a-t-il changé en Ukraine, avec Yevhen Nyshchuk, qui a occupé la fonction de Ministre de la Culture par intérim à partir de février jusqu’à décembre 2014 ?
Yevhen Nyshchuk, le Ministre de la Culture au gouvernement provisoire du 24 février au 2 décembre 2014 a essayé de changer la situation autant que possible, en théorie… J’aurais plutôt dit que c’était totalement impossible théoriquement. C’est comme réformer un cimetière : quelles que soient les réformes, ça restera toujours un cimetière. Le modèle du Ministère de la Culture comme il fonctionne aujourd’hui, a été créé en 1930. C’est une histoire stalinienne qui visait à transmettre une certaine idéologie. Après la chute de l’Union Soviétique, aucune nouvelle idéologie n'est née. Elle s’est transformée en idéologie de la cleptomanie : le vol d’un côté, et l’ancien système de l’autre. C’est dans un tel état « soviétique » et « archaïque » que la fonction publique existe encore aujourd’hui.
Le 21 novembre les filles de « Dakh Daughters » ont fêté son 2ième Anniversaire. Cette musique de nouveau format ne peut pas laisser insensible, ni en Ukraine, ni à l’étranger. Quelle est la clé de cette réussite ?
Le groupe Dakh Daughters n'est pas né sur une feuille blanche. A cette époque le théàtre Dakh et le groupe DakhaBrakha avaient déjà créé la piste. Donc ça a certainement servi un background. Ayant une bonne formation et du talent, les filles ont choisi un style de musique subversif et explosif. Les filles sont très douées et talentueuses. Il ne faut pas oublier qu’elles sont comédiennes et jouent au théâtre Dakh depuis 10 ans. On peut faire référence à la cuisine : si un cuisinier possède une bonne recette, sait mélanger des ingrédients, il aura un bon plat. Voilà, c'est ce qu’on a réussi.
Vous parlez toujours de deux types de rêves : un qui est réalisable et celui qui restera un rêve. Avez-vous un projet précis absolument impossible à réaliser ?
Si je veux réaliser un spectacle, je ne vois aucun obstacle. Bien sûr que j’ai un rêve. Je rêve que l’Ukraine devienne un État éclatant. Qu’elle sorte de la nostalgie soviétique et de l’immaturité, pour que les gens cessent de se renvoyer la balle et de se comporter en victimes. L’Ukraine est un pays digne, nous l’avons prouvé cette année. En principe cela pourrait servir une réelle avancée, apporter une solution aux phénomènes de crise. Pas uniquement à l’intérieur du pays mais aussi sur le continent euroasiatique. Il est clair que la Russie subit une crise profonde, mais l’Europe aussi ! La différence est qu'elles se manifestent de manières distinctes. La Russie se trouve sous l’autaritarisme et la dictature de Poutine tandis que l’Europe, une civilisation bien-formée, se confronte aux défis de ce monde, y compris le multiculturalisme, l’immigration, des problèmes sociaux et l’infantilisme des Occidentaux. Une fois nés, les européens considèrent que le monde est à leurs pieds. Il faut savoir camper sur ses positions mais le problème est qu’on n’a pas beaucoup d’énergie. Le jeu entre la tolérance et le radicalisme en même temps peut mal se terminer.
Comment se débarrasser de la conscience soviétique qui nous poursuit depuis 23 ans?
Il y a toujours le divin et un héro qui vivent dans nos têtes, c’est-à-dire une personne libre et un esclave-conformiste qui préfère rester silencieux, ne pas risquer. Tant qu’il y aura cet esclave, on restera dans la dimension soviétique. Je tiens à indiquer qu'un homme libre n’apporte aucun profit à personne. C’est une question de liberté mûre, et non d’anarchie. Être libre pour une personne signifie être digne, être prête à défendre cette liberté, que les autres partagent les mêmes valeurs éthiques.
Ce concert de Dakh Daughters est-il différent des autres ? Comment Vlad Troitsky surprendra-t-il le public franco-ukrainien au Théâtre des Bouffes du Nord?
Chaque concert est un spectacle. Tout d’abord il s’adapte à un espace et aux conditions où il se trouve. Le Théâtre des Bouffes du Nord est un lieu légendaire, avec sa propre histoire et son atmosphère. On a ressenti cette ambiance, essayé de bénéficier de sa force en y ajoutant la nôtre. Réussi ou pas, c’est vous qui déciderez.
Propos recueillis par Karina Krasnosilska
Gogolfest 2014, ouverture
Dakh Daughters, Zozoulytsia
Dakha-Brakha - Rap de Carpates
Le soir du 13 octobre 2014 la salle du théâtre Le Monfort dans le 15ème arrondissement de Paris est pleine à craquer. Nous attendons les musiciens du groupe Dakha-Brakha avec impatience. Trois femmes en coiffes de laine noires imposantes et un seul homme habillé en noir montent sur scène et s’installent devant leurs instruments, prennent leur temps... et le mystère commence... Lorsque nous écoutons cette musique, étonnante, à la fois traditionnelle et moderne, archétypique et universelle qui nous envoie quelque part, très loin, à explorer nos origines ... Un seul mot vient à l’esprit : la puissance. La puissance des voix et de l’imagination musicale, la puissance des tambours et des émotions, la puissance des traditions ukrainiennes qui disparaissent et reviennent sous une nouvelle forme.
« DakhaBrakha » signifie « donner/prendre » en ancien ukrainien. En effet, les musiciens donnent au public le meilleur d’eux-mêmes. Ils accompagnent leurs chants polyphoniques d'instruments indiens, arabes, africains, russes ou encore australiens... La magie opère immédiatement. Issus du milieu universitaire et artistique, Iryna Kovalenko, Olena Tsybulska, Nina Harenetska et Marko Halanevych forment le groupe depuis 2004 sous la direction de Vlad Troitsky, le directeur de théâtre d'avant-garde le Dakh à Kyiv. C'est que DakhaBrakha est un projet artistique avant d'être un projet musical, et continue à jouer régulièrement dans des pièces théâtrales du Dakh.
Leur carte de visite - les costumes - sont très recherchés et facilement reconnaissables: les coiffes de laine noir très hauts, les robes blanches brodées, les colliers lourds et riches, portés à la façon traditionnelle ukrainienne des femmes, la chemise noir et la barbe de Marko. « DakhaBrakha » occupe une place unique sur la scène musicale ukrainienne. Habitués des festivals internationaux prestigieux, ils ont su conquérir le public en Europe, aux Etats-Unis et au Canada. Dans son entretien avec Stéphane Deschamps de « Les InRocks », Marko Halanevych a parlé du concept du groupe : « On n’est pas de pop-stars, on ne passe pas à la télé. Mais dans la sphère de la world-music, on est connus, nos concerts font venir des milliers de personnes. Notre public est plus jeune en Ukraine qu’à l’étranger, et plutôt urbain. Ils nous voient comme l’expression d’une réunification de l’Ukraine, une nouvelle énergie. On est la bande-son d’un idéal, d’un désir de vivre autrement. Notre mission, c’est de créer des nouveaux mythes ukrainiens, pour une nouvelle génération. Parler de l’Ukraine aux Ukrainiens, de cette culture riche et unique, dont on peut être fiers, et qu’on peut montrer dans les pays étrangers. On a l’opportunité de voyager, de briser les stéréotypes et l’ignorance que les étrangers ont par rapport à l’Ukraine. On est des Européens, ouverts, amicaux, avides de démocratie. Dans notre musique, on utilise des racines de musique traditionnelle, mais jouées de façon innovante. On mélange par exemple des rythmes dubstep avec des polyphonies traditionnelles propres à l’Ukraine. On compose peu, on a écrit deux chansons peut-être, on prend des chansons anciennes dont on change le rythme, les paroles. Mais ces vieilles chansons, elles ont quelque chose de magique, de shamanique, on ne peut pas vraiment les améliorer. Notre répertoire est largement composé de chants rituels préchristianiques, avec une dimension chamanique et spirituelle. Mais on en fait de l’art, pas une religion, on n’est pas une secte. »
Ouest France : « Dakhabrakha a fait vivre au public une transe musicale de toute beauté. Étonnant de voir les spectateurs se laisser emporter autant par ces airs ukrainiens. Par moment, ce n'est pas un rêve, on se croirait presque dans une rave ». La présentation du concert : « Un bel envoûtement, l’hallu totale un vrai choc durable, la sensation d’avoir trouvé une musique tradi-moderne, à la fois ancestrale (les instruments, les polyphonies traditionnelles) et neuve (les rythmes de transe, l’influence du hip-hop) ».
DakhaBrakha représente « Une Ukraine qui s'émancipe de la Russie. Une Ukraine qui résiste. Et une Ukraine féminine loin des clichés ». « Voix des femmes » (Belgique) : « Laissez-vous bousculer, laissez-vous emporter. DakhaBrakha, c'est de la bombe ».
Ceux qui ont eu la chance d’assister au concert le 13 octobre 2014 à Paris, n’ont pas été déçus. Au début les spectateurs sont silencieux et étonnés, mais déjà au milieu de la performance une partie du public est attirée vers la scène pour danser aux rythmes envoutants, afin de finir dans une sorte de transe collective d’une beauté sidérante. Malheureusement, les technologies modernes même les plus sophistiqués – les vidéos et des enregistrements – ne sont pas capables de transmettre entièrement cette énergie incroyable, cette puissance des voix et cette magie que l’on puisse ressentir dans l’obscurité de la salle de concert en compagnie des spectateurs enthousiastes et totalement conquis. DakhaBrakha revient en France en 2015 pour participer au Festival Art Rocks, alors ne le manquez pas!
Par Oléna Codet