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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 21:37

 

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

 

Mardi 9 avril 2013, 19 heures

 

 

77-ème séance

entrée libre.

 

TCHORNOBYL, CHRONIQUE DES SEMAINES DIFFICILES

 

(ЧОРНОБИЛЬ, ХРОНІКА ВАЖКИХ ТИЖНІВ)

vf

 

suivi d’une intervention de Galia Ackerman,

écrivaine, historienne et journaliste,

auteure de Tchernobyl : retour sur un désastre (Folio Gallimard, 2007)

 

Production : Ukrkinokhronika, 1986, 52 mn, nb/coul.

Scénario : Volodymyr Chevtchenko

Réalisation : Volodymyr Chevtchenko

Photographie : Victor Kriptchenko, Volodymyr Tarantchenko, Volodymyr Chevtchenko, Volodymyr Koukorentchouk, Igor Pyssanko, Anatoliï Khymytch

Son : Lev Riazantsev

Genre : documentaire

Récompenses :  Médaille d’or Alexandre Dovjenko (1986) ; Diplôme d’honneur, Festival International de Moscou (1987) ; Prix Perle noire, Festival du film méditerranéen de Pantelleria (1987) ; Prix Spécial, Festival international du film documentaire de Cracovie (1987) ; Prix Spécial, Festival Pansoviétique (Tbilissi, 1987) ; Prix d’État de l’URSS à Volodymyr Chevtchenko (posthume), Victor Kriptchenko et Volodymyr Tarantchenko (1988) ; Prix Nika de la meilleure photographie à Volodymyr Chevtchenko (posthume), Victor Kriptchenko et Volodymyr Tarantchenko (1989).   

Tchornobyl, chronique des semaines difficiles est le premier documentaire ukrainien sur la catastrophe nucléaire de Tchornobyl, survenue le 26 avril 1986. Dès le 14 mai, lorsque Gorbatchev déclare la situation sous contrôle, les autorités laissent les cinéastes pénétrer dans la zone interdite. Les équipes du réalisateur Volodymyr Chevtchenko et de Roland Serhienko sont les premières sur le site. Remarqué par son documentaire sur le voyage de Gorbatchev en Ukraine en 1985 Avec le Parti, avec le peuple, Chevtchenko est le mieux placé et le plus à même de se lancer dans la fournaise comme simple cinéaste réserviste parmi les liquidateurs du rang ou appelés. Jusqu’au mois de septembre, il tourne avec ses fidèles cameramen Victor Kriptchenko (ce dernier avait filmé l’inauguration de la centrale lors de sa mise en service en 1977), Volodymyr Tarantchenko, Volodymyr Koukorentchouk, Igor Pyssanko et Anatoliï Khymytch, ne rentrant à Kiev que certaines nuits pour les travaux de montage, rendu difficile faute de plans concernant les premiers jours de la catastrophe. Franchissant les protections en béton, il lui arrive de prêter son épaule à la caméra du cadreur ou de la brandir lui-même devant le mastodonte. Il filme le ballet des hélicoptères, le réacteur détruit, en plongée verticale, les robots inopérants sur le toit jonché de graphite où les compteurs Geiger crépitent comme des pistolets-mitrailleurs, la construction du sarcophage où gît le corps de Valeriï Khodemtchouk, en service la nuit de la catastrophe. Il photographie les fameux robots verts, recrues envoyées de force vers une mort certaine, les donneurs de sang et de moelle épinière, la terre que l’on ensevelit, les maisons, les puits, les forêts, le drapeau rouge qui flotte au-dessus du quatrième bloc.

 

Chevtchenko avoue vivre quelque chose d’unique et rechercher des sensations élyséennes, regrettant de n’avoir pu enregistrer cette luminescence qu’ont vue les premiers témoins. Le film débute en noir et blanc, montrant la désolation, l’évacuation de la population. La radiation n’a pas de couleur, ni d’odeur. Seuls les dosimètres parlent. Puis vient la couleur. La vérité. Le réalisateur veut démontrer de façon absolue que la radioactivité casse les barrières psychologiques et bureaucratiques, le non-dit. Il fait un film polémique et transparent, assiste aux réunions du Parti où sont dénoncées l’irresponsabilité, la dissimulation de l’ampleur de la catastrophe, l’incurie, la débandade générale. Par la voix du comédien Mykola Olanine, le commentaire d’Igor Malyshevskyi s’en prend aux falsificateurs, aux déserteurs qui n’obéissent qu’à l’instinct de conservation. Devant le Soviet régional de Prypiat, la foule conspue les communistes qui, les premiers, ont pris la fuite. Chevtchenko parvient à grand peine à filmer l’exclusion du Parti d’un des leurs pendant que l’on inscrit un nouveau membre qui se distingua sur les lieux de la tragédie. L’antinomie n’est pas nouvelle dans le cinéma soviétique, mais cette fois-ci terrifiante, assez proche du montage idéologique qu’utilisait Alexandre Dovjenko.

 

Le 2 octobre, le réalisateur monte à Moscou pour faire avaliser le film qui est accepté sur-le-champ. Mais en Ukraine, le film est jugé trop critique, et l’on essaie par tous les moyens d’empêcher sa diffusion. Après s’être battu contre le réacteur, Chevtchenko se bat contre les instances cinématographiques d’Etat qui bloquent tout. En réalité, tout le monde tremble, oubliant la glasnost. Pendant quatre mois et demi, Chevtchenko bataille avec la commission de censure qui l’oblige à revoir sa copie : il faut refilmer certains plans qui peuvent choquer, montrer impérativement les nouveaux logements pour les personnes évacuées, les réunions de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, insister sur le moratoire appliqué par l’URSS, enlever les séquences de l’exclusion du Parti. Soumises au diktat du lobby de l’industrie nucléaire, le Glavatom, les autorités ukrainiennes montrent leur incurie en matière de décision. Déniant le caractère social, éthique et philosophique du film, le Glavatom exige 152 coupures images/son alors que tout est relaté, analysé, discuté dans la presse officielle, que la chasse aux responsables est lancée et que le documentaire moscovite L’Avertissement passe sans encombre à la télévision. Refusant toute concession, Chevtchenko trouve enfin le soutien du Goskino, réformé grâce à la nouvelle direction. Les coupures sont minimes bien qu’inacceptables, notamment la séquence enregistrée dans la troisième tranche : 1500 mètres utiles du film obtiennent le visa de sortie.

Le 14 février 1987, à la Maison du cinéma à Kiev, a lieu la première de Tchornobyl, chronique des semaines difficiles, alors que les exigences du Glavatom menacent toujours la liste de montage du film. Le documentaire sort avec plus de quatre mois de retard, avec seulement quatre copies pour toute l’Ukraine. Il sera acheté par 132 pays. Fortement irradié et se sachant inexorablement condamné, Volodymyr Chevtchenko expire le 29 mars 1987. Son combat mortel contre le réacteur, son abnégation de robot humain, frappent les jurys de nombreux festivals. En Italie, au Festival de Pantelleria, l’Association internationale du cinéma scientifique créera le Prix Chevtchenko récompensant la meilleure œuvre sur le thème de l’environnement et de la paix.

Lubomir Hosejko

 

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 15:51

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

 

Mardi 2 avril 2013, 19 heures

 

76-ème séance

entrée libre

 

en présence de la réalisatrice Michale Boganim

 

et de

 

l’actrice Olga Kourylenko

(sous réserve)

 

LA TERRE OUTRAGÉE

(ЗЕМЛЯ ЗАБУТТЯ)

vostf

 

Production : Les Films du Poisson, ARTE France, Nikovantastic Film, Apple Film Productions, 2011, 108 mn, coul.

Scénario : Michale Boganim, Anne Weil, Antoine Lacomblez.

Réalisation : Michale Boganim

Photographie : Yorgos Arvanitis, Antoine Heberlé

Décors : Bruno Margery

Musique : Leszek Możdżer

Son : Frédéric de Ravignan, François Waledisch

Interprétation : Olga Kourylenko, Andrzej Chyra, Illya Iosifov, Serhiї Strelnikov, Viatcheslav Slanko, Nicolas Wanczycki, Nikita Emshanov, Tatiana Rasskazova, Julia Artamonov, Natalia Bartyeva, Maryna Bryantseva, Vladyslav Akulyonok

Genre : drame

Récompenses : Prix du public: Festival du Film d'Angers, Prix du public du 29ème Festival International du Film d’Environnement. Scénario lauréat de la fondation GAN.

 

Synopsis

 

Alors qu’Ania et Piotr célèbrent leur mariage à Prypiat, non loin de Tchornobyl, un accident se produit à la centrale nucléaire. Piotr, pompier réquisitionné, n’en reviendra pas. Alexeï, ingénieur à la centrale, tente d’alerter la population, mais il est condamné au silence par les autorités. Dix ans plus tard, Ania est devenue guide dans cette ville fantôme érigée en site touristique.

Opinion

Seconde fiction prenant pour sujet la catastrophe de Tchornobyl, après La Désintégration (1990) de l’Ukrainien Mykhaïlo Biélikov, La Terre outragée est aussi le premier long métrage de Michale Boganim, cinéaste franco-israélienne, remarquée pour son documentaire Odessa… Odessa. Il retrace les destins croisés d’individus qui ont vécu la tragédie et qui en portent les séquelles physiques et psychiques. Sorti sur les écrans en même temps que Un Samedi comme les autres du Russe Alexandre Mindadze et le film d’épouvante Chroniques de Tchernobyl de l’Américain Bradley Parker, il diffère de ces films décalés par son message  sur la survivance mémorielle des êtres et des faits.

la_terre_outragee.jpg Olga Kourylenko dans La Terre outragée

 

Tourné en français, en russe et en ukrainien, selon le rôle et l’origine des personnages, le film porte le titre ukrainien La Terre oubliée (Земля забуття) dont le sens est relié à Tchornobyl - sémantiquement herbe de l’oubli -, et semble générer un sentiment de terre devenue étrangère à tous ses habitants et où le temps semble arrêté. À vrai dire, le titre français paraît plus juste. Maintes fois outragée, la terre d’Ukraine vit une nouvelle fois une calamité anthropique, la plus grave que puisse connaître l’humanité. Pourtant, cette calamité est évoquée de manière distanciée, rejetant tout élément spectaculaire, morceau de bravoure ou effets spéciaux de film-catastrophe. Le film n’a rien de didactique, sa narration suit un schéma linéaire, avec une absence totale d’héroïsme individuel ou collectif, et le regard de la caméra ne constitue pas forcément le regard de la mort. Si héroïsme il y a, c’est le combat contre l’amnésie, aussi insidieuse que les radiations. En dépit des diverses contraintes de la part de l’administration ukrainienne dans l’enregistrement de certaines scènes in situ, les techniciens ont eu le mérite d’avoir effectué un travail approfondi et soigné sur le son. Dès les premières minutes, on devine une sourde explosion dans le lointain qui se perd dans les grondements de l’orage et le bruit des sabots de cerfs galopants. Puis vient le silence qui tel une chape de plomb s'abat sur la ville de Prypiat. Parfois, dans ce silence, on distingue un bruit de fond provenant non pas de la radioactivité naturelle permanente, mais d’une tension sourde, d’un son extra diégétique généré en surface par un mal invisible.

 

Le choix de la réalisatrice d’effectuer une ellipse dans le temps, dix ans après la catastrophe, reste louable, mais peut paraître anachronique au vu des événements. En réalité, en dehors des expéditions scientifiques, le tourisme à Tchornobyl avait débuté clandestinement pour les amateurs de l’extrême dès les années 90, et avait fini par rejoindre cette banalisation bien monnayée en 2011, l’année où les excursions furent autorisées dans un périmètre de sécurité défini et proposées par des agences spécialisées basées à Kiev. Au contraire, pour la réalisatricetout ne se passe pas comme si le tourisme permettait de fixer l’état catastrophique des lieux dans un décor évolutif. Elle nous fait pénétrer dans un lieu de glaciation où la vie reste hypothétique pour ceux qui y ont vécu et continuent à y vivre. Dans un monde marginal qui essaie de se reconstruire se dégagent deux personnages d’exception. Ania, guide touristique dans la zone interdite qui ne quittera pas son pays pour un étranger, mais y restera, résignée, pour témoigner et lutter contre l’oubli ; Alexeï, ingénieur à la centrale, déterminé à se battre contre l’inconscience, le déni de la radioactivité ambiante, et qui ne pourra plus vivre avec le mensonge d’État dans un système qu’il croyait transparent. Le personnage d’Ania est incarné par Olga Kourylenko, révélée dans le rôle de la James Bond girl dans Quantum of Solace de Marc Foster. Elle interprète le rôle émouvant d’une très jeune veuve qui ne parvient pas à faire son deuil et vit deux histoires d’amour, l’un avec l’ami ukrainien de son mari défunt, l’autre avec un Français. Le rôle d’Alexeï est tenu par l’acteur polonais Andrzej Chyra qui incarna le célèbre syndicaliste Lech Walesa dans le téléfilm L’Héroïne de Gdansk de Volker Schlöndorff. Effondré par l’ampleur des événements, il est atteint de folie, et ne sera jamais délivré de son errance métaphysique.

La Terre outragée est aussi celle de l’Ukraine profonde, soviétique et post-soviétique. Ici et là, quelques clichés émaillent son imagerie: femmes lavant le linge dans la rivière, vol de cigognes, repas sur les tombes le dimanche de Pâques, photo de mariage sous la statue de Lénine, malanka et son cortège carnavalesque… Cependant, cette imagerie n’est nullement un album de chromos kitsch, tant il est vrai que ces lieux communs s’insèrent dans la trame reconstituant la vie à Prypiat, avant et après l’accident, et ne sont aucunement des raccords spatio-temporels pour appuyer la fascination du désastre. Outre ces tableaux ethnographiques, le film abonde de références cinéphiliques. C’est le pommier planté par le père du petit Valéry, la veille de la catastrophe - clin d’œil à l’univers panthéiste rencontré dans La Terre d’Alexandre Dovjenko, et à la séquence tarkovskienne, où un cheval mange des pommes (L’Enfance d’Ivan). Et c’est bien de cette terre contaminée, qui reprend légitimement ses droits, qu’un vieux garde forestier offre des pommes aux touristes sans le moindre souci. Par analogie au film du Japonais Shohei Imamura Pluie noire (1989) dans lequel une pluie noire s'abat sur la mer et sur les passagers d’une embarcation, la scène de la noce reste sans doute la plus frappante. Ceux que cette pluie a souillés ne savent pas encore qu'ils ont été irradiés. Ceux de la noce sur les bords de la rivière Prypiat, non plus. Même si dans la réalité il n’y eut ni orage, ni toute autre intempérie ce jour-là dans la région de Tchornobyl, la référence au film japonais est juste et puissante. Elle est le premier marqueur radioactif venant d’un élément qui va frapper sournoisement la population, dans une nature où lentement la mort s'installera.

Cette honnête fiction est nourrie parfois de correspondances métaphoriques, tel le rappel biblique du paradis perdu, d’où l’Homme est chassé sans espoir de retour. Conquise par les animaux sauvages, squattée par des clandestins chassés eux-mêmes par les humains, cette terre devrait devenir dans cent ans une future mégapole et ville-musée, comme veut le faire croire le maire de Slavoutytch dans un discours captieux vantant le tourisme industriel. Mais l’Ukraine, dont la terre a été violée pendant des siècles, son tchernoziom emmené un temps par convois entiers, ses populations affamées et déplacées, peut-elle encore prétendre rester un pays de cocagne ? La réponse ne se trouve ni dans l’Apocalypse de Saint-Jean dont les commentateurs s’étaient saisi, ni dans une fable à valeur cathartique… Ou alors, dans l’ultime plan du film effectué en travelling latéral sur des flaques d’eau toujours gorgées de substance radioactive. Réalisé quart de siècle après la catastrophe de Tchornobyl, La Terre outragée est déjà perçu comme un film-paradigme pour d’autres fictions au postulat identique, dont la toute récente du cinéaste japonais Sono Sion Terre d’espoir.

Lubomir Hosejko

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 22:31

 L’Ambassade d’Ukraine

et

 le Ciné-club ukrainien

 

ont l’honneur de vous inviter à la projection du film

 

La Terre outragée

vostf

 

 de

Michale Boganim

 

le mardi 2 avril 2013 à 19h

 

suivie d’un débat en présence de la réalisatrice

-

La séance sera honorée par l’actrice

Olga Kourylenko

(sous réserve)

 

Espace culturel de l’Ambassade d’Ukraine

22, avenue de Messine, Paris 8ème

 

       

 la_terre_outragee.jpg

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 22:19

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

Mardi 5 mars 2013, 19h.

 

L’ARC-EN-CIEL

(РАЙДУГА)

vostf

 

d’après le roman éponyme de Wanda Wasilewska

 

 Affiche-l-Arc-en-ciel-img-35284.jpg                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

Production : Studio de Kiev, 1943, 91 mn, nb,  restauré en 1966 au Studio Gorki 

Scénario : Wanda Wasilewska

Réalisation : Marc Donskoï

Photographie : Boris Monastyrskyi

Décors : Valentyna Khmelova

Musique : Lev Schwartz

Son : Alexandre Babiї

Interprétation : Natalia Oujviї, Nina Alissova, Olèna Tiapkina, Valentyna Ivachova, Anton Dounaїskyi, Mykola Braterskyi, Alik Letychevskyi, Hanna Lyssianska, Nina Li, Hans Klering, Vitia Vynohradov, Emma Perelchtein, Volodymyr Tchobour, Vova Ponomarev.

Genre : film de guerre

Récompenses : Prix Staline à Marc Donskoï, Prix d’État à Natalia Oujviї, Nina Alissova, 1943 ; Prix des critiques des USA (Prix pour l’exceptionnelle contribution à la compréhension universelle), 1944 ; Prix spécial du meilleur film antifasciste au Festival International de Karlovy Vary, 1970.

 

 

Synopsis

Pendant l’hiver 1941-42, dans le village de Nova Lebedivka, où ne survivent que des femmes, des enfants et des vieillards, la garnison allemande est constamment harcelée par les partisans. Revenue enfanter au village, l’agent de liaison Olèna Kostiouk est dénoncé par le staroste au commandant Kurt Werner. Celui-ci propose de laisser la vie sauve à son enfant en échange de renseignement sur les partisans, mais, devant son mutisme pendant l’interrogatoire, il tue le nouveau-né. Torturée, portant à demi-dévêtue son enfant martyr, elle est emmenée puis exécutée devant les villageois impuissants. Werner essaie en vain de se renseigner par l'intermédiaire de sa maîtresse Poussia auprès de sa sœur Olga. Bientôt, jaillit un arc-en-ciel annonçant, comme le veut l’ancienne croyance, un heureux présage. L’arrivée de l’Armée Rouge.

 

Photogramme-L-Arc-en-ciel-2.jpg  Natalia Oujviї dans le rôle d’Olèna Kostiouk

 

Opinion

Comme la plupart de ses collègues cinéastes, Marc Donskoï se retrouve en Asie pendant l’occupation allemande de l’Ukraine. En juin et en août 1941, les Studios de Kiev et d’Odessa sont déplacés respectivement à Achkhabad et à Tachkent, où s’organise dans des conditions climatiques souvent difficiles une production liée à l’effort de guerre. L’accusation de l’agression et de la barbarie nazies, l’incitation à la vengeance, deviennent les thèmes essentiels qui régissent le cinéma de guerre soviétique. La tragédie du peuple ukrainien sous le joug allemand trouve un exutoire dans la haine de l’ennemi, dans l’héroïsme aveugle et le dévouement pour la patrie. Réalisé par Donskoï, L’arc-en-ciel en est l’illustration la plus émouvante, où s’exprime toute la colère absente de ses deux films précédents. Jusque-là, dans sa retraite au Turkménistan, le réalisateur avait participé aux fameux ciné-recueils, sorte d’albums cinématographiques de guerre qui se composaient de deux à cinq courts métrages plus ou moins romancés sur les actes héroïques des partisans ou les exactions nazies. Le neuvième de ces recueils comportait trois films, dont Le Signal de Donskoï, l’histoire d’une femme qui incendie sa maison côtière pour indiquer le lieu de débarquement à une unité soviétique. Dans la foulée, Donskoï réalisa en 1942 Et l’Acier fut trempé, d’après le célèbre roman du même nom de Nicolas Ostrovski, puis, en 1943, L’Arc-en-ciel, sur un scénario de l’écrivaine et combattante polonaise de l’Armée Rouge Wanda Wasilewska, un sujet terrifiant sur la femme pendant l’occupation. À travers une étonnante analyse psychologique, Donskoï y réunit plusieurs types de femme, à commencer par le personnage d’Olèna dont le comportement héroïque a des effets pervers. Sa fibre maternelle, annihilée jusqu’à l’horrible sacrifice par le sadisme de l’officier allemand Werner, porte l’abominable calvaire à son comble. Chacun de ses gestes, chacune de ses paroles découlent d’un seul concept : probité et dévouement à la patrie. L’opérateur filme fréquemment ses yeux en gros plan. Ce sont les yeux de l’actrice Natalia Oujvij qui interprète ici l’un de ses plus grands rôles dans le cinéma ukrainien. Ils sont au centre de l’image, assez longtemps pour pénétrer le regard du spectateur et lui communiquer sa terreur. Maloutchykha (Hanna Lyssianska), une autre mater dolorosa, semble plus proche de millions de mères accablées et résignées devant la mort. Poussia (Nina Alissova), la maîtresse de Werner, abattue froidement par son mari, lieutenant dans l’Armée Rouge, est le personnage épisodique grotesque que Dovjenko décrit par ailleurs en ces termes : « À Belgorod, 80% des jeunes femmes épousent des Allemands. Nous les punirons pour cela. Nous fusillerons les traîtres et les bâtards que nous avons nous-mêmes engendrés. » Et, enfin, l’inévitable harangueuse de service, Féodossia la kolkhozienne (Olèna Tiapkina), dont le discours final sur la justice reste trop rhétorique pour une femme du peuple.

 

Photogramme-L-Arc-en-ciel-1.png Natalia Oujviї dans le rôle d’Olèna Kostiouk

 

 

Projeté dans les unités de combat, L’Arc-en-ciel provoque des meetings allant jusqu’à la prestation de serment d’anéantir l’ennemi, qui n’est plus la masse compacte et indisciplinée, caricaturée dans les ciné-recueils, mais un adversaire plus subtil. Hans Klering, l’acteur fétiche dans les rôles de fasciste des années 30, incarne avec brio l’archétype nordique usant de la torture psychologique. Émotionnel sur tous les plans, le film tient autant de la symbolique païenne que de l’analogie biblique : sacrifice piaculaire, miracle et délivrance.

Pour oublier qu’ils travaillent au Turkménistan sans hiver, Donskoï et ses comédiens eurent recours à la méthode Stanislavski. Les décors extérieurs furent habilement reconstitués, notamment la neige et la glace, obtenues avec du coton matelassé, des plumes, du sel, de la naphtaline et du verre. Le film sortit en janvier 1944, et le 20 octobre à Paris. Grand classique du cinéma de guerre, encore que contesté par certains pour son austérité et sa cruauté, le film connut une carrière internationale, notamment en Europe et aux USA, où il fut récompensé comme meilleur film étranger. De retour dans la capitale ukrainienne, Marc Donskoï réalisera en 1945 Les Indomptés, qui, avec Et l’acier fut trempé et L’Arc-en-ciel, formera une trilogie propre au cinéma de guerre.

 Lubomir Hosejko

 

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 15:04

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

Mardi 26 février 2013, 18h.00

 

DEUX JOURS

vostf

Copie restaurée en 2012

                           Affiche-Deux-Jours.jpg                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

Production : Voufkou, Studio d’Odessa, 1927, 60 mn, nb, muet puis sonorisé en 1932, vostf 

Scénario : Salomon Lazourine

Réalisation : Heorhiї Stabovyi

Photographie : Danylo Demoutskyi

Décors : Heinrich Beisenherz

Musique : Boris Latochynskyi

Interprétation : Ivan Zamytchkovskyi, Serge Minine, Valeriï Hakkebouch, Marie Taut-Korso

Genre : drame psychologique

 

Synopsis

Antoine, vieux concierge chargé de garder  la propriété abandonnée par ses maîtres, ne partage pas les idées politiques de son fils André. Dès le retour des Blancs, André est dénoncé par le fils du propriétaire, puis condamné à mort. Antoine décide alors de le venger en incendiant la propriété.

 

Opinion

Parmi les metteurs en scènes qui précédent la venue d’Alexandre Dovjenko, Heorhii Stabovyi se taille une place enviable dans le cinéma ukrainien. Journaliste de formation et dramaturge travaillant dans les théâtres de Kiev, de Kharkiv et d’Odessa, Stabovyi est engagé par la Voufkou en 1924, d’abord comme scénariste puis comme metteur en scène. Elève et collaborateur de Tchardynine, il signe son premier grand film sur un scénario de Salomon Lazourine, Deux jours, qui, avec Le Cocher de nuit de Heorhiї Tassine et Zvenyhora de Dovjenko, donnera au cinéma odessite ses prPhotogramme-Deux-jours.jpgemiers chefs-d’œuvre. Comme au studio de Yalta le scénario de Lazourine n’intéressait personne, ce n’est qu’au bout de six mois que la Voufkou en confia la réalisation au jeune débutant. Passionné par le sujet, Stabovyi réussit si bien dans son entreprise que l’interprétation des personnages, plutôt rares à cette époque, amène la critique à comparer l’acteur Ivan Zamytchkovskyi au grand acteur allemand Emil Jannings. Zamytchkovskyi, qui a connu dans sa vie une tragédie similaire, campe un vieux concierge, chargé de veiller sur la propriété de ses maîtres, investie par les bolcheviks sous la conduite de son fils. Thème favori de Stabovyi, la guerre civile n’est plus traitée ici à la manière des agitfilms, complaisantes chroniques  théâtralisées toujours en vogue à cette époque. L’action se déroule en 48 heures avec une efficacité dramaturgique sans affectation ni artifice idéologique, dans l’intimité des caractères et leur transformation. Le réalisateur se focalise sur la fracture psychologique qui s’opère dans l’âme et la conscience du héros. L’opérateur Danylo Demoutskyi, qui venait de signer la photographie des deux premiers opus de Dovjenko, Vassia le réformateur  et  Petit fruit de l’amour, travaille avec des optiques douces, maîtrisant le clair-obscur dans toute la profondeur du champ. Les intertitres sont courts, le montage limpide. Dès sa sortie en Ukraine,  le film fut commercialisé en Occident, et fut le premier film ukrainien à être montré aux USA. En 1932, ce film, qui portait aussi un autre titre (Un père et son fils), fut sonorisé et accompagné d’une musique symphonique de Boris Latochynskyi. Il est l’un des tous premiers à comporter quelques éléments de bruitage et de chants.

Lubomir Hosejko

 

LE MIRABEAU

vostf

 

Copie restaurée en 2012

 

Production: Ukraїnfilm, 1930, 55 mn, nb, muet, vostf

Scénario : Anton Agalarov, Arnold Kordioum, Kostiantyn Matiach

Réalisation : Arnold Kordioum

Photographie : Joseph Rona, Youriї Tamarskyi, Alexandre Pankratiev

Décors : Volodymyr Kaplounovskyi.

Inteprétation :Lidia Ostrovska, Serge Minine, L. Negri, Petro Massokha, Volodymyr Sokyrko, Volodymyr Lissovskyi, Arnold Kordioum, Dmytro Loubtchenko, N. Reimers, M. Mykhaїlov, K. Stepanov, R. Orlov

Genre : drame historico-révolutionnaire

 

Affiche-Le-Mirabeau.jpg

    Affiche originale

 

                           

 

 

Synopsis

Venue soutenir la contre-révolution en Ukraine, la marine française impose le blocus du port d’Odessa. Mais la fraternisation des rouges avec les marins du cuirassé Mirabeau va empêcher le massacre des ouvriers et des paysans par les forces interventionnistes et oblige ces dernières à lever le blocus. Lancés sur leurs tatchankas, les détachements de la Première Division de la Steppe foncent vers la ville.

 

Opinion

D’abord responsable du Parti aux Studios de Yalta et d’Odessa, Arnold Kordioum réussit à s’imposer en tant que metteur en scène dès 1926 avec des films à thème internationaliste, notamment Le Mirabeau qui connaîtra un remake en 1966 avec L’Escadre appareille vers l’Ouest de Myron Bilinskyi et Mykola Vinhranovskyi. Ce drame historico-révolutionnaire, consacré à l’intervention des forces de l’Entente pendant la Guerre civile en Ukraine, fut l’un des tout premiers films, où l’image de la France apparaît dans la production cinématographique ukrainienne.

Photogramme-Le-Mirabeau.jpg

Au début du mois d’avril 1918, les troupes sous l’autorité de l’hetman Pavlo Skoropadskyi envahirent la Crimée au grand soulagement d’une partie de la population, qui voyait ainsi un semblant d’ordre revenir. Mais le 13 novembre, quelques jours après l’armistice du 11 novembre 1918, une flotte franco-anglaise composée notamment de cinq cuirassés français, franchit les Dardanelles, afin de défendre les intérêts des Alliés et chasser les unités allemandes qui occupaient le territoire de l’Ukraine suite à la Paix de Brest-Litovsk. Sous le commandement du vice-amiral Dejay, l’escadre française se présenta devant Odessa avec les cuirassés Mirabeau et Justice. Le 17, le Général Borius débarqua des troupes et installa le général russe Grichine-Almazov comme gouverneur de la ville, après avoir chassé les derniers contingents ukrainiens et allemands. Après une occupation relativement calme, la ville fut reprise par les troupes de l’ataman Grigoriev en avril 1919.

La notion de solidarité internationaliste étant un trait caractéristique du cinéma soviétique, Arnold Kordioum exploite un argument non fallacieux : grâce à la propagande bolchevique, les marins français refusent de tirer sur les ouvriers. Comme les matelots du cuirassé Potemkine, ils n’obéissent pas à leurs officiers et hissent sur le mât du croiseur Mirabeau le drapeau rouge. Cependant, il semble bien que, dans la réalité, ces mutineries n’avaient rien de spontané mais, bien au contraire, qu’elles avaient été préparées par différents mouvements politiques et syndicaux. Une centaine de mutins furent condamnés dont plusieurs à des peines de détention. En juillet 1922, une amnistie générale libéra l’ensemble des mutins de la Mer Noire, sauf André Marty qui le sera en 1924. Il y a, à vrai dire,  un véritable absent dans ce film : le personnage de Jeanne Labourbe, une communiste française vivant à Odessa qui tenta de rallier à la cause des soviets les soldats occidentaux et qui fut faite prisonnière par les blancs puis passée par les armes. Elle est relayée par une ouvrière bolchevique œuvrant dans la clandestinité. Un timide face-à-face entre les forces belligérantes se résume à de gros plans de gueule de canons obturés ou de baïonnettes pointées vers un ennemi lointain. Malgré l’excellente interprétation de Lidia Ostrovska, la clandestine, de Serge Minine, le chef de l’organisation bolchevique, et quelques scènes de masse bien réglées, l’intensité dramatique du sujet ne parvint pas à pallier une ligne conductrice quelque peu étriquée. Ayant appris le métier sur le tas, Kordioum avait une fâcheuse tendance au mimétisme. Dans Le Mirabeau, l’influence du Cuirassé Potemkine d’Eisenstein paraît on ne peut plus saisissante, et la dramaturgie moins pathétique.

 

Lubomir Hosejko

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 20:28

 

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

 

Mardi 19 février 2013, 19 heures

 

Entrée libre.

 

 

 

COURTS MÉTRAGES

 

 

LA TERRE DESSÉCHÉE
(ПЕРЕСОХЛА ЗЕМЛЯ)

vostf

Production : Studio Zoloti Vorota, Cinémathèque Nationale d’Ukraine, 2004, 25 mn, coul.
Scénario : Taras Tomenko
Réalisation : Taras Tomenko
Photographie : Mykhaïlo Markov
Décors : Vitaliї Chavel
Musique : Kipras Machanausas
Son : Maxime Demydenko
Montage : Natalia Lebeda
Interprétation : Mykhaïlo Holoubovytch, Serhiї Syplyvyi, Olena Hal-Savalska, Victor Olexienko, Mykhaïlo Jonine, Oleg Primohenov, Lala Jemtchoujna, Natalia Morozova, Anastasia Kyreieva, Vitalii Chavel
Genre : drame psychologique

Libre transposition cinématographique du conte de l’écrivain colombien Gabriel García Marquez Un monsieur très vieux avec des ailes immenses, le troisième opus de Taras Tomenko, La Terre desséchée, promène le spectateur du rêve au fantasme en passant par ses préoccupations métaphysiques. Dans le désert, un homme découvre un ange avec une seule aile. Il pense à l’apprivoiser et le met en cage. L’ange devient un objet de curiosité pour les badauds. S’en suit un spectacle décoiffant où les éléments magiques et surnaturels amplifient un visuel surréaliste. Humour, sarcasme, excitation et liesse de la populace, gens du cirque portés par l’alcool et la défonce orgiaque offrent un jeu absurde dans un décor carnavalesque. À eux deux, les acteurs Mykhaïlo Holoubovytch et Serhiї Syplyvyi réalisent une performance dominée par le merveilleux. On pense au baroque fastueux et grotesque de Fellini, mais encore aux lubies surréalistes d’Illienko, immergés dans un réalisme magique et naturalisme dévoyé. Bien avant Taras Tomenko, plusieurs histoires de Gabriel Garcia Marquez avaient inspiré des cinéastes, tels Francesco Rosi (Chronique d’une mort annoncée), Mike Newell (L’Amour au temps du choléra). Pour Babylone XX, Ivan Mykolaїtchouk utilisa le langage imaginaire par le prisme de la fable, du folklore et des mythes populaires rencontrés dans le célèbre roman du Colombien Cent ans de solitude.

Lubomir Hosejko

LE PREMIER KARAOKE

(ПЕРШЕ КАРАОКЕ)

vosta

 

 

Production : Sampled Pictures, 2005, 4 mn, nb

Réalisation : Oleg Tchornyi, Hennadiї Khmarouk

Musique : Hymne National de la RSS d’Ukraine, Anton Lebedynets

Remix : Alexandre Kokhanovskyi

 

Oleg Tchornyi appartient à la génération refoulée des années 90. Remarqué dans plusieurs festivals européens pour ses courts métrages, il crée avec Hennadiї Khmarouk sa propre maison de production en 1996, la Sampled Pictures, spécialisée dans le cinéma expérimental. Le Premier karaoké reste un joyau du found footage reformaté en un montage critique sur les actualités de l’époque soviétique. Tchornyi se prête à un geste iconoclaste en exhumant la version originale de l’hymne de l’ancienne République Socialiste Soviétique d’Ukraine, exécuté par un chœur dirigé par le compositeur de l’hymne lui-même Anton Lebedynets. La bande son remixée par Alexandre Kokhanovskyi offre un effet de bootleg, enregistrement pirate en live pour des cercles d’initiés. Les paroles de la troisième strophe de l’hymne, écrites en 1949 par le poète d’obédience stalinienne Pavlo Tytchyna (Lénine éclaira le chemin de la liberté, Staline nous conduit vers des cieux lumineux) furent modifiées en 1978 par son collègue Mykola Bajane (Lénine nous emmena victorieux, d’Octobre vers des cieux lumineux). Selon l’argumentation implicite du réalisateur, Staline serait l’inventeur du karaoké. Le petit père des peuples en offrit le tout premier à la nation ukrainienne.

Lubomir Hosejko

 


LE SERMENT 

   (КЛЯТВА)
vosta

Photogramme-Le-Serment-1.jpg
Production : Université Nationale du théâtre, cinéma et de télévision, 2007, 14 mn, coul
Scénario : Maryna Vroda
Réalisation : Maryna Vroda
Décor :
Musique : Anton Babakov
Son : Macha Nesterenko
Montage : Taїssia Boїko
Interprétation : Assia Kylyvnyk, Valérie Bohdanova, Olexiї Loboda, Lessia Samoieva, Alexandre Kobzar

Le Serment est le film de fin d’études de Maryna Vroda, tourné en 2007, où l’on distingue le penchant de la réalisatrice pour l’univers de l’adolescence. C’est l’histoire d’un premier amour qui débouche sur un drame. Deux enfants, Aliocha et Assia, viennent de se jurer fidélité, mais ils sont rattrapés par la vie : Aliocha doit suivre sa famille qui déménage. À l’instar du destin d’Aliocha, l’avenir de la cinéaste restera-t-il incertain ? En 2010, l’année où elle fut assistante sur le film de Serge Loznytsia My Joy, Maryna Vroda réalisera un téléfilm (Souris, lorsque les étoiles pleurent) sous un nom d’emprunt (Margarita Krassavina). En 2011, elle obtiendra la Palme d’or du court métrage au Festival de Cannes pour Cross.
Lubomir Hosejko

 

COMMENT LES FEMMES VENDAIENT LEURS MARIS 

(ЯК ЖІНКИ ЧОЛОВІКІВ ПРОДАВАЛИ)

vosta

 

Production : Kievnaoukfilm, 1972, 9 mn 30, coul.

Scénario et réalisation: Irène Hourvytch

Photogramme-Comment-les-femmes-vendaient-leurs-maris-2.JPG

Au début des années 70,  le cinéma d’animation en Ukraine atteint un essor considérable. Les réalisateurs Yevhen Syvokigne, Volodymyr Dakhno, David Tcherkaskyi, Alla Gratchova, ont chacun leur propre style, mais leurs sources divergent rarement des traditions nationales et de l’art folklorique. Pour Comment les femmes vendaient leurs maris, Irène Hourvytch s’inspire directement d’une chanson populaire comique, sujet s’associant à la célèbre foire de Sorotchyntsi. La bande est réalisée telle une broderie courant le long d’un interminable chemin de table, amalgamant des situations entre époux les plus cocasses.

Lubomir Hosejko



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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 11:38

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

 

Mardi 8 janvier 2013, 19 heures

 

Entrée libre.

 

 

Affiche Le Cheval qui pleure 

 

LE CHEVAL QUI PLEURE

(ДОРОГОЮ ЦІНОЮ)

vostf

d’après le récit de Mykhaïlo Kotsioubynskyi
Production : Studio de Kiev, 1957, 98 mn, coul.
Scénario : Iryna Donska
Réalisation :Marc Donskoï
Photographie : Mykola Toptchiї
Décors : Mykola Reznyk
Musique : Lev Chvartz
Son : Léonide Vatchi
Interprétation : Vira Donska, Youriï Didovytch, Ivan Tverdokhlib, Olga Petrova, Pavlo Chpringfeld, Maria Skvortsova, Stepan Chkourat, Palladiï Bilokin, Alexandre Romanenko, Fédir Ichtchenko, Kostiantyn Nemolaiev, Volodymyr Vassyliev, Ivan Markevytch, Lélia Hrehorach, Dania Volocheniouk, S. Chychkov
Genre : drame social
Synopsis
Ostap et Solomia s’aiment, mais leur seigneur décide de marier Solomia au haïdouk Stepan. Menacé de conscription, Ostap s’enfuit au-delà du Danube. Solomia part le rejoindre le jour de ses noces. Fuyant une terre inhospitalière, ils sont traqués par des patrouilles sur le Danube, puis recueillis par des tsiganes. Mais leur bonheur ne dure guère. Lors de la fouille du camp, Ostap est arrêté. Avec l’aide d’Ivan, un compatriote, Solomia décide d’enlever Ostap. Un combat s’engage sur le fleuve. Ivan et Solomia périssent. Ostap est livré aux autorités.
Opinion

 

Après avoir connu une période de disgrâce due à l’eugénisme culturel imposé par Jdanov et à l’antisémitisme ambiant, Marc Donskoï effectue, en 1953, un retour discret dans les studios de Kiev avec un sujet footballistique qui passe inaperçu, Nos champions. Hors cet intermezzo alimentaire, Donskoï livre au cinéma ukrainien deux de ses créations majeures, La Mère (1955) et Au prix de sa vie (1957). Sortie en France sous le titre Le Cheval qui pleure, cette dernière reste son œuvre sans doute la plus aboutie. Elle représente aussi la fusion panthéiste entre Mykhaïlo Kotsioubynskyi, auteur de nouvelles cinégéniques, et un cinéaste enraciné dans le terroir et la culture ukrainienne, fidèle à un style sobre, inaltéré par les fluctuations politiques et les modes. C’est dans les deux premiers plans de ce chef-d’œuvre que l’on découvre le Donskoï humaniste, féru de littératures russe et ukrainienne, liant dans son épigraphe une citation de Gorki :  « Ce que nous aimons, nous l’aimons jusque dans la mort » à celle de la poétesse Lessia Oukraїnka : « Qui n’a pas vécu dans la tourmente, ignore le prix et la force des choses, ignore que les hommes ont toujours aimé la lutte et le labeur ». L’action se déroule en Ukraine dans les années 1830, où, écrasés par le servage, les paysans fuyaient par milliers vers les vastes steppes de la Bessarabie et tombaient dans les mains des patrouilles riveraines. Fouettés, marqués au fer rouge comme du bétail, ils étaient renvoyés enchaînés aux seigneurs, enrôlés de force dans l’armée ou exilés en Sibérie.

Sous la houlette du directeur de la photographie Mykola Toptchiї, Donskoï déploie des tableaux contemplatifs au lyrisme pur, des marines et des ciels impressionnistes d’une beauté absolue. Des images baroques s’égrènent des deux côtés du Danube, avec des fêtes rituelles et foraines, accompagnées de danses endiablées. Exécuté magistralement par l’actrice Olga Petrova, le solo de la Tsigane Marioutsia s’inscrit dans les chorégraphies les plus célèbres du cinéma. Entourés de comédiens du théâtre Romen, les protagonistes Vira Donska-Pryssiajniouk (Solomiїa) et Youriï Didovytch (Ostap) transcendent chaque moment de leur amour fou dans une société plus folle encore. Le titre français du film provient de la séquence où, voleurs de chevaux peu scrupuleux, les Tsiganes décident de revendre leur dernier cheval après avoir masqué ses défauts. Le riche marchand qui l'achète découvre la supercherie et, après avoir arraché la fausse crinière, bat le pauvre cheval qui se met à pleurer. Par sa passion pour les paysages et la générosité humaine, Donskoï fait parfois penser à Mizoguchi et à Renoir, et davantage au cinéma de l’Ukraїnfilm des années 30. Novateur, son film influe sur les jeunes cinéastes, notamment sur la future École poétique de Kiev. Andriech et Les Chevaux de feu de Paradjanov en subiront l’influence initiatique la plus manifeste. Les assistants de Donskoï, Volodymyr Dovhagne et Volodymyr Denyssenko, lui devront d’avoir appris le métier sur un film où les sentiments priment sur le social.

En 1958, Le Cheval qui pleure est récompensé en Grande-Bretagne et obtient un succès commercial en France, accompagné de critiques élogieuses. Henri Agel le définira en tant qu’élégie dramatique, contée comme une légende d’un Tristan et Iseult d’Ukraine, et rangera le réalisateur parmi les romantiques apparentés à Dovjenko. Paradoxalement, en Ukraine, son chef-d’œuvre fut considéré comme un film passéiste, tant sur le plan technique qu’esthétique. Il en fut de même pour les films réalisés à cette même époque d’après les récits de Kotsioubynskyi, Aube sanglante d’Olexii Chvatchko, Sur le four de Volodymyr Karassiov et Les Chevaux sont innocents de Stanislav Komar. On crut un moment que Marc Donskoï allait reprendre le flambeau de la cinématographie ukrainienne après la mort d’Alexandre Dovjenko, survenue en 1956, mais le cinéaste fut réintégré au Studio Gorki de Moscou, où il réalisera sept films jusqu’en 1977.

 

Lubomir Hosejko

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 22:16

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

Jeudi 6  décembre 2012, 18 heures

 

 

Ciné-concert

 

 

LE COCHER DE NUIT 

(НІЧНИЙ ВІЗНИК)

vostf

 

copie restaurée en 2010

Photogramme-1-Le-Cocher-de-nuit.jpg

musicalisé par Arsène Trofimov

 

Production : VOUFKOU, Studio d’Odessa, 1929, nb, muet, 55 mn
Scénario : Mykhaïlo Zats, Heorhiї Tassine   
Réalisation : Heorhii Tassine
Photographie : Albert Kun
Décors : Heinrich Baisenhertz, Josef Shpinel
Interprétation : Ambroise Boutchma, Marie Ducimetière, Karl Tomskyi, Youriï Choumskyi, Mykola Nademskyi
Genre : drame social
Affiche-Le-Cocher-de-nuit.jpg

Synopsis


Durant la guerre civile, la ville d’Odessa se retrouve aux mains des interventionnistes. Pendant que le cocher de nuit, Hordiї Yarochtchouk, conduit les officiers blancs dévoyés, sa fille Katia imprime des tracs à son insu, aidée par le jeune bolchévik Boris. Hordiї, qui a fini son labeur plus tôt qu’à l’ordinaire, décide d’aller la chercher à la sortie de son travail. Il apprend que Katia a quitté son emploi depuis deux mois. Furieux, il rentre chez lui, aperçoit Boris et va le dénoncer. Par malchance, c’est Katia que le commissaire arrête, et Hordiї doit amener lui-même sa fille à la morgue où elle est tuée sous ses yeux. Le vieil homme erre toute la journée dans la ville. À nouveau interpellé par le commissaire qui vient d’appréhender Boris, il se rachète en faisant signe au prisonnier de sauter en marche avant de précipiter son attelage du haut de l’escalier Potemkine.

Opinion

Tourné au Studio d’Odessa en 1928, année bénie du cinéma muet en Ukraine avec plus de trente longs métrages de fiction, Le Cocher de nuit est considéré comme l’une des œuvres majeures de l’époque. Réalisé par Heorhiї Tassine sur un scénario de Mykhaïlo Kats, ce film, ainsi que Deux jours de Heorhii Stabovyi, sont de ceux qui vont ouvrir la voie au réalisme en décentrant l’individu par rapport à la masse et en plaçant le héros au cœur des événements. Né du rejet de la représentation abstraite et symbolique de la réalité que véhiculent les films allégoriques, ce nouveau courant psychologique manifeste un intérêt pour le destin des individus, leurs drames personnels et leur interaction avec le milieu social. L’histoire du vieux cocher Hordiї Yarochtchouk, qui voiture pendant la nuit les officiers blancs dans Odessa, semble être celle d’un homme fermé à tout ce qui est hors de sa sphère familiale et ne veut pas entendre parler de politique. Mais à la suite d’une tragédie personnelle, son histoire devient le récit d’un héros qu’une prise de conscience pousse au courage civique. En dénonçant Boris (Karl Tomskyi), l’ami bolchevique de sa fille Katia (Marie Ducimetière), il la dénonce involontairement. Le rôle-titre est tenu par la star du cinéma de l’époque Ambroise Boutchma, venu du théâtre de Lès Kourbas. À cette époque, entre 1926 et 1930, Boutchma travaille exclusivement pour le cinéma en tenant les premiers rôles dans les films de Tchardynine, Okhlopkov, Tassine, qui lui donnent une liberté artistique totale, notamment dans les rôles de composition où il campe tantôt un Français, tantôt un Anglais ou un Américain. Son partenaire Youriï Choumskyi, qui a connu les affres de la guerre civile, interprète avec brio celui de l’officier des services secrets. Cette œuvre émotionnelle de portée socio-politique, qui marque un tournant dans le cinéma ukrainien, soulève le problème des populations prises en otage par l’ennemi, thème qui sera exploité jusqu’à l’écœurement dans le cinéma soviétique. Le Cocher de nuit  fut très vite comparé au film Le Dernier fiacre de Berlin de Karl Boese, et le jeu de l’acteur Ambroise Boutchma à celui d’Emil Jannings dans Le Dernier des hommes de Friedrich Murnau.Photogramme Le Cocher de nuit 2
À l’instar de la plupart des films odessites, Le cocher de nuit fut tourné in situ. Le réalisateur ne se servit pas de la ville comme d’un décor pittoresque, mais comme d’un élément constitutif de l’intrigue et du jeu des acteurs. Les séquences principales furent enregistrées dans un splendide ensemble urbain, partant du Palace Vorontsov jusqu’au boulevard Primorsky (à l’époque boulevard Feldman) et la Place Catherine. Selon le témoignage d’Ambroise Boutchma, la scène finale, qui se déroulait sur les escaliers Potemkine, fut amputée pratiquement de sa totalité. Tassine avait pour principe de ne pas truquer ses scènes et demandait à ses acteurs de ne pas être doublés. Un cheval d’une caserne de pompiers bien entraîné fit l’affaire devant plusieurs caméras installées sur les marches. Boutchma lança sa monture au galop en dirigeant la calèche dans les escaliers. Il sauta de celle-ci lorsque le cheval, devenu fou, se brisa les jambes sur un palier intermédiaire. Enregistrée à l’aube, cette ultime scène se terminait par la mort de l’officier et du cocher, les yeux fixés sur les nuages moutonnant dans le ciel.
Le Cocher de nuit fut présenté avec un accompagnement musical live d’Arsène Trofimov au Premier Festival du cinéma muet d’Odessa Mute Nights’ Silent Films Festival, le 18 juin 2010.

Lubomir Hosejko


Ciné-concert

 

L’HOMME À LA CAMÉRA

(ЛЮДИНА З КІНОАПАРАТОМ)

vostf

 

musicalisé par Volodymyr Shpinov

 Affiche--L-Homme-a-la-camera.jpg

Production :VOUFKOU, Studio de Kiev, 1929, nb, muet, 1h.07mn

Scénario : Dziga Vertov

Réalisation : Dziga Vertov

Photographie :Mikhaïl Kaufman, Gleb Troyansky

Montage :Elizaveta Svilova, Dziga Vertov

Genre :documentaire

 

Distinction : œuvre citée parmi les douze meilleurs documentaires de tous les temps au Festival International de Mannheim en 1964.

 

Synopsis

Un jour de la vie à Odessa. La ville s’éveille le matin. Un homme filme tout à l’improviste : les rues animées, le travail, les machines, les loisirs. À midi, la pause, puis le rythme reprend de plus belle, l’agitation grandit, la caméra s’emballe, les images se bousculent. Un œil mécanique se ferme, le soir tombe, la ville s’endort. Photogramme-L-Homme-a-la-camera-2.jpg

Opinion

Après lui avoir commandé, en 1928, la réalisation d’un film de propagande, La Onzième année, la Direction générale photocinématographique d’Ukraine (VOUFKOU) apporte une nouvelle fois son soutien à Dziga Vertov pour sa création la plus audacieuse et la plus achevée, L’Homme à la caméra. Dans ce film expérimental proche de l’écriture automatique, où le montage joue un rôle central, se chevauchent quatre lignes conductrices : l’opérateur en quête d’images, la vie au quotidien du citoyen lambda, la monteuse rivée à sa table de montage, le spectateur observant l’écran. La destruction volontaire du récit, assurée par un montage d’une complexité rigoureuse, et l’absence totale d’inter-titres, n’altèrent en rien le relevé diégétique spatio-temporel : une grande ville d’Ukraine sous la NEP – le film est tourné sur le vif à Kiev, Kharkiv et Odessa -, en plein processus institutionnel dit de l’indigénisation. Partout,
Photogramme-L-Homme-a-la-camera-1.jpg l’ukrainien envahit progressivement le paysage socioculturel. Enseignes, calicots, panneaux publicitaires, administrations, journaux, signalétique sont photographiés au hasard, non pas pour les besoins d’une propagande superflue, mais en tant qu’éléments différentiels, témoins iconiques d’une volonté qui s’opère plus en surface qu’en profondeur. Surchargés d’allitérations visuelles, de collages, de surimpressions à échelles différentes, de dédoublements ou d’inversements de l’image et, en guise de bouquet final, d’un enchaînement ultrarapide de plans courts, le film reste incompris du public, rejeté par la critique pour fétichisme technique et infantilisme. Ce film fondateur de la théorie sur le ciné-œil reste un hommage de l’homme à sa nouvelle conquête mythique - la caméra, qui, sous l’aspect technique et esthétique, se conjugue à la première personne. Vertov cherche, en réalité, à en faire une sorte d’essai sur la morphologie filmique en s’interrogeant sur les capacités de l’œil humain et du médium lui-même. En réinventant l’espace quotidien de la vie d’une cité, ce manifeste futuriste préfigure, en quelque sorte, le futur dispositif de vidéosurveillance des grandes agglomérations d’aujourd’hui.
Lubomir Hosejko

 

 


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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 22:07

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

Mardi 4 décembre 2012, 19 heures

 

Entrée libre.

 

L’ÉTÉ INDIEN

 

(ТАКА ТЕПЛА, ТАКА ПІЗНЯ ОСIНЬ)

 

Affiche-L-Ete-indien.jpg
Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1981, 90 mn, coul
Scénario : Vitaliї Korotytch, Ivan Mykolaїtchouk
Réalisation : Ivan Mykolaїtchouk
Photographie : Youriï Harmach
Décors : Vitaliї Volynskyi, Mykola Rieznyk, Serhiї Khotymskyi
Son : Sofia Serhienko
Interprétation : Ivan Mykolaїtchouk, Halyna Chtchebyvovk, Petro Mykhnevytch, Borys Tsymba, Natalia Soumska, Nadia Dotsenko, Hryhoriї Hladiї, Lès Serdiouk, Fedir Stryhoun, Yaroslav Havrylouk Taїssia Lytvynenko, Valentyna Saltovska, Farida Muminova
Genre : mélodrame

Synopsis

Michael Rousnak, émigré de Bucovine, a passé toute sa vie près d’une base aérienne au Canada. L’air y était tellement pollué qu’il le rendit aveugle. Cinquante ans plus tard, Rousnak revient au pays avec son ami noir Jackson et sa petite-fille Oryssia. Tout ce qu’il ne peut plus voir de ses propres yeux, il le revoit avec son âme et sa mémoire : les chemins vicinaux, le lit du ruisseau disparu, sa terre à laquelle il demande pardon à genoux. Cette terre promise sur laquelle Oryssia jette un regard curieux et désabusé à la fois, déçue par une idylle sans lendemain.

Opinion

En 1965, lors du Festival de Mar del Plata où il présenta Les Chevaux de feu, l’acteur Ivan Mykolaїtchouk avait rencontré un vieil émigré ukrainien frappé de cécité évolutive, qui voulait revoir sa patrie avant de mourir. Par l’intermédiaire du comédien, celui-ci obtint un visa de séjour. Mais en retrouvant sa famille, le choc fut tel qu’il perdit définitivement la vue. De cette histoire vraie, Mykolaїtchouk tira en 1973 un scénario original qu’il dut, sous la pression des censeurs, coupler à une nouvelle de Vitaliї Korotytch à coloration politique prenant pour sujet le séjour en Ukraine d’une jeune femme d’émigrés nationalistes. Il en sortit un scénario artificieusement arrangé, souffrant d’une imagination indigente et confuse, car trop d’années avaient passé entre l’idée même et sa réalisation. Entre temps, le monde avait changé, les esprits et les rapports avec l’Occident aussi. La jeune génération de la diaspora ukrainienne, qui ne connaissait pas le pays de ses ancêtres, y était perçue comme étrangère, et ses connaissances parcellaires. Élevée dans une société multiculturelle et ouverte, Oryssia (incarnée par la jeune première Halyna Chtchebyvovk) ne peut accepter de se fondre dans une culture dominée par un groupe qui la rejette. Certes, Mykolaїtchouk et Korotytch avaient voyagé à l’étranger, senti la souffrance de leurs compatriotes mais en tant que touristes soviétiques, surveillés, n’approchant que la communauté progressiste de la diaspora. Trop de clichés convenus émaillent ce mélodrame, notamment les scènes hyperthéâtralisées d’outre-Atlantique ressemblant à un rite maçonnique, le laquage topographique de la Bucovine soviétique, les tribulations des agents de l’Intourist, les chants, les danses désynchronisées. L’erreur du réalisateur ne fut pas tant de débiter des lieux communs – la nostalgie, l’amour de la patrie, le pacifisme – que de les amalgamer et les détourner au profit du thème de l’expatriation. Tout patriote qu’il fut, Mykolaїtchouk restait étranger au thème de la perte de la mémoire, de l’abandon de la terre natale, de la recherche du temps perdu. Seule la superbe séquence du carnaval sauve in extremis ce film : on y retrouve le grand Mykolaїtchouk de Babylone XX, son premier film où il semblait renouer avec les traditions de la célèbre École poétique de Kiev. À l’évidence, en demi-teinte par rapport au personnage de Fabien dans Babylone XX, l’acteur-réalisateur semble s’être consumé par la complexité du sujet : trompé par une nature tardivement refleurie, l’homme est comme un bourgeon stérile à l’automne de sa vie. Dernier hommage à la Bucovine de l’enfant du pays, L’été indien aurait gagné la sympathie du public s’il avait pu être coproduit avec le Canada, utopie qui deviendra réalité à la fin de la décennie. Mais Ivan Mykolaїtchouk n’était plus de ce monde.

 

Lubomir Hosejko







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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 22:52

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

 

Mercredi 7 novembre 2012, 18h30

 

Entrée libre.

 

Séance dédiée au Holodomor

CHRONIQUES DU HOLODOMOR 1933

(ЛІТОПИСНИЙ ВІДЕОМАТЕРІАЛ ГОЛОДОМОР 1933)

 

vo

 

 

 

TÉMOIGNAGE DE VALENTYNA HAVRYLIVNA KOULYNYTCH

Свідчить Валентина Гаврилівна Кулинич

Production : Studio des films documentaires d’Ukraine, Service cinématographique d’État, Ministère de la Culture d’Ukraine, 2008, 17 mn, coul.

Réalisation : Suzanna Chapovalova

Photographie : Alexandre Mokhnatko

 

TÉMOIGNAGE DE MARIA MYKYTIVNA VYNOGRADOVA

Свідчить Марія Микитівна Виноградова

Production : Studio des films documentaires d’Ukraine, Service cinématographique d’État, Ministère de la Culture d’Ukraine, 2008, 15 mn, coul.

Réalisation, Photographie : Volodymyr Vassyliev

 

 

TÉMOIGNAGE DE PETRO MAXYMOVYTCH KOUKHARTCHOUK

Свідчить Петро Максимовитч Кухарчук

Production : Studio des films documentaires d’Ukraine, Service cinématographique d’État, Ministère de la Culture d’Ukraine, 2008, 12 mn, coul

Réalisation, Photographie : Volodymyr Vassyliev

 

 

TÉMOIGNAGE DE  YEVDOKIA MYKHAÏLIVNA DOUBININA

Свідчить Євдокія Михайлівна Дубініна

Production : Studio des films documentaires d’Ukraine, Service cinématographique d’État, Ministère de la Culture d’Ukraine, 2008, 22 mn, coul.

Réalisation, Photographie : Volodymyr Vassyliev

 

Genre : documentaire

 

Courts métrages basés sur des documents filmiques, photographiques et phonographiques, datant de l’époque du Holodomor 1932-33, ainsi que sur des témoignages de rescapés, enregistrés dès l’avènement de la perestroïka jusqu’à la Révolution Orange.

 

 

 

 

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