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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 08:38

CINÉ -CLUB UKRAINIEN  - ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 7 février 2012, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade, 22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53. Entrée libre.
Photogramme-Au-devant-du-reve-6.jpg
AU DEVANT DU RÊVE (МРІЇ НАЗУСТРІЧ)
vostf

Production : Studio d’Odessa, 1963, 64 mn, coul.
Scénario : Olès Berdnyk, Ivan Bondine, Mykhaïlo Karioukov
Réalisation : Mykhaïlo Karioukov, Otar Koberidze
Photographie : Olexiї Herassymenko
Décors : Youriї Chvets, Oscar Feltsman, Vano Mouradeli
Musique : Edouard Artemiev
Son : Edouard Hontcharenko
Interprétation : Nicolas Timoféiev, Otar Koberidze, Laryssa Hordeїtchyk, Boris Borissionok, Nicolas Volkov, P. Chmakov, Alexis Guenesine, Léonid Tchinidjants, Semen Kroupnyk, Oleksiї Korotioukov, Viatcheslav Voronine, Vitold Janpavlis, Peter Kadr, Vassyl Viekchyn
Genre : fantastique, anticipation
Photogramme-Au-devant-du-reve-3.jpg
Synopsis
Après avoir entendu un chant venu de la Terre, les habitants de la planète Centuria décident d’y envoyer un vaisseau spatial, proposant ainsi la première rencontre intergalactique. Mais le vaisseau subit une avarie sur Phobos, une lune de Mars. Les Terriens entreprennent alors une périlleuse mission de secours pour aller à la rencontre des extraterrestres. Mais le vol se complique, une seconde mission part ravitailler le vaisseau.

Opinion
Sorti sur les écrans deux ans après l'expédition de Youri Gagarine, Au devant du rêve de Mykhaïlo Karioukov et Otar Koberidze est le second film de science fiction du cinéma ukrainien, quatre ans après Le Ciel appelle, réalisé par le même Mykhaïlo Karioukov en binôme avec Alexandre Kozyr. Projectionniste de formation puis opérateur spécialisé dans le domaine des effets spéciaux, Mykhaïlo Karioukov ne livra que ces deux longs métrages en tant que réalisateur sur la fin de sa carrière. Deux œuvres mythiques alliant fascination pour la technologie et poésie, réalisées dans des décors futuristes splendides. L’une et l’autre doivent beaucoup au décorateur Youriï Chvets qui, à travers des trucages mécaniques et des maquettes au rendu très réaliste, privilégia une vision particulièrement soignée des reliefs planétaires, ainsi qu’à l’ingénieur du son Edouard Hontcharenko, dont le travail fut considéré comme avant-gardiste.Photogramme-Au-devant-du-reve-2.jpg
Le scénario de Au devant du rêve n’est autre que l’adaptation du récit d’anticipation Le Cœur de l’univers d’Olès Berdnyk, auteur populaire de romans de science fiction et futur dissident, co-fondateur du Groupe ukrainien de Helsinki. À cette époque, l’URSS et les USA se livrent à une compétition sans merci dans la course à l’espace. La rivalité culturelle, notamment dans le domaine du Septième art, est à l’image de cet enjeu. Dans le cas de Au devant du rêve, les cosmonautes soviétiques ne se déroutent pas pour sauver des astronautes américains en détresse, mais pour une rencontre intergalactique avec des habitants d’une planète inconnue. Face à des scientifiques sceptiques, ils apparaissent ici comme des sauveurs de l'Univers prodiguant un message pacifiste. Bien qu’il tende au space-opéra regorgeant de séquences spatiales contemplatives, ce film détonne par l’absence totale de l’apesanteur.
À la lecture des scénarios, les analogies entre les films de science-fiction soviétiques et américains paraissent évidentes. Il est vrai que le cinéma hollywoodien s’empara ouvertement des films ukrainiens L’Appel du ciel et Au devant du rêve de Mykhaïlo Karioukov, comme de ceux du cinéaste russe Pavel Klouchantsev. Le producteur Roger Corman, spécialiste du recyclage des films soviétiques, acheta les droits dans le but de les adapter au goût du public américain. C’est ainsi que le débutant Francis Ford Coppola  réalisa la version américaine de L’Appel du ciel en ajoutant même des monstres martiens (Battle Beyong the Sun - La Bataille au-delà du soleil), et que Curtis Harrington reformata Au devant du rêve (La Planète de sang - Planet of Blood). Par ailleurs, on note des ressemblances flagrantes dans Alien de Ridley Scott  avec Au devant du rêve : les cosmonautes découvrent un vaisseau extraterrestre échoué en plein désert martien et pénètrent dans l’aéronef. Dans les deux films, la découverte se fait de la même manière. Vêtus de leur combinaison, les équipages se dirigent vers l’épave. Des caméras Photogramme-Au-devant-du-reve-1.jpgintégrées filment de manière subjective ce qu’ils voient. Les explorateurs s’engagent à bord du vaisseau à travers un couloir aux apparences de boyau puis pénètrent dans une grande pièce circulaire où siège au centre une extraterrestre figée aux étranges commandes de son engin. Dans Au devant du rêve, l’alien centurian se révèle être une charmante spationaute, et non plus une créature humanoïde fossilisée. En pleine tempête, l’équipage l’évacue, mais faute de place dans le vaisseau terrien, un des humains se sacrifie pour qu’elle survive. Otar Koberidze qui fait ses premiers pas de metteur en scène interprète ici le rôle du cosmonaute se sacrifiant.
Dans son ensemble, le cinéma ukrainien a produit des films de science fiction de manière épisodique. On retiendra Sous la constellation des Gémeaux (1978) et Mission stellaire (1982) de Boris Ivtchenko, Le Retour de l’orbite (1983) d’Alexandre Sourine. On s’étonnera aussi qu’aucun des romans des spécialistes du genre, comme Volodymyr Vladko, Dmytro Bouzko, Mykola Dachkiev et notamment Vassyl Berejnyi, ne fut porté à l’écran.
Lubomir Hosejko

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 15:04

CINÉ -CLUB UKRAINIEN - ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 10 janvier 2012, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade, 22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

Cinéma d’animation ukrainien contemporain

 

LE TRAMWAY n° 9 (ЇХАВ ТРАМВАЙ НОМЕР 9)

Production : Ukranimafilm, 2002, 10 mn, coul.

Scénario et réalisation : Stepan Koval

 

Synopsis

Le tram n°9 parcourt la ville en bringuebalant. C’est l’heure de pointe, des gens montent, d’autres descendent. Des conversations s’engagent et s’interrompent. On parle du feuilleton télévisé de la veille, des problèmes de santé, des glorieux souvenirs de combats, du prix du poisson sous le régime soviétique et des impondérables du présent. Il est bientôt six heures, et les voyageurs ne sont toujours pas arrivés chez eux.

 

 

PANTOMIME POUR TROIS ACTEURS  (П’ЄСА ДЛЯ ТРЬОХ АКТОРІВ)

 

Production : Ukranimafilm, 2004, 10 mn, coul.

Scénario et réalisation : Alexandre Chmyhoun

 

Synopsis

Histoire émouvante de la façon dont la véritable amitié peut aider à surmonter les plus cruelles adversités de la vie.

 

COMMENT LES COSAQUES JOUAIENT AU FOOTBALL

(ЯК КОЗАКИ У ФУТБОЛ ГРАЛИ)

 

Production : Kievnaoukfilm, 1970, 18 mn 30, coul.

Réalisation : Volodymyr Dakhno

 PhotogrammeComment-les-Cosaques-jouaient-au-football.jpg

Synopsis

Après s’être préparée en vue du championnat du monde de football, l’équipe nationale cosaque affronte les équipes allemande et française. Puis vient la finale contre les Anglais au stade de Wembley, sous la pluie…

 

 

COMMENT LES COSAQUES LIBÉRÈRENT LEURS FIANCÉES

(ЯК КОЗАКИ НАРЕЧЕНИХ ВИЗВОЛЯЛИ)

 

Production : Kievnaoukfilm, 1973, 19 mn, coul.

Scénario : Volodymyr Kapoustian

Réalisation : Volodymyr Dakhno

 

PhotogrammeComment-les-Cosaques-delivrerent-leurs-fiance.jpg

Synopsis

Enlevées par des pirates, de jeunes femmes sont emmenées sur une île. Les Cosaques décident de partir à leur recherche à travers plusieurs pays du bassin méditerranéen.

 

 

LES PINSONS ET LES AUTRES (ЗЯБЛИКИ ТА ІНШІ)

 

Production : Ukranimafilm, 2001, 6 min. nb

Scénario et réalisation : Anatoliї Lavrenychyn

 

Synopsis

Sur une branche, un chœur d’oiseaux s’égosille. Mais certains brillent mieux que d’autres.

 

 

NEXT (НАСТУПНИЙ)

Production : Ukranimafilm, 2003, 3 min. 30, nb.

Scénario et réalisation : Anatoliï Lavrenychyn

 

Synopsis

Un bourreau s’affaire devant sa guillotine. Une file discontinue de condamnés attend son tour.

Soudain, le couperet se coince. Le bourreau se fait malencontreusement trancher la tête.

 

 

ÉTERNITÉ ÉPHÉMÈRE (ОДНОРАЗОВА ВІЧНІСТЬ)

 

Production : Ukranimafilm, 2002, 10 mn. coul

Scénario et réalisation : Mykhaïlo Illienko

 

Synopsis

Film composé de dix histoires courtes, plus absurdes les unes que les autres. Du Pôle Nord au Pôle Sud, elles font le tour du globe tel un boomerang.

 

 

KOMPROMIX (КОМПРОМІКС)

 

Production : Ukranimafilm, 2002, 5 mn. 30, nb.

Scénario et réalisation : Yevhen Syvokin

 

Synopsis

Variation sur le noir et le blanc, les forces du bien et du mal.

 

 

 

WEEK-END (УІК’ЕНД)

 

Production : Faculté du cinéma et de la télévision, Ukranimafilm, 1998, 5 mn, coul.

Scénario et réalisation : Evhenia Ilmenska

 

Synopsis

L’amitié nouée un jour de printemps entre un petit garçon et un chien s’éteint subitement. La nature du chien, accablé de tristesse, se transforme bientôt.

 

 

MARC DE CAFÉ (CAFÉЙНА ГУЩА)

 

Production : Faculté du cinéma et de la télévision, Ukranimafilm 1998, 6 mn 30, coul.

Scénario et réalisation : Alexandra Ilmenska

 

Synopsis

Assis à la même table dans un bar, un homme et une femme semblent s’ignorer, mais pensent tous deux à la même chose, les yeux fixés sur le marc de café qui se répand sur la table.

 

Yevhen-Syvokin-au-banc-titre-avec-une-eleve-copier.jpg

Opinion

Le cinéma d’animation ukrainien, à qui Viatcheslav Levandovskyi donna ses lettres de noblesse en 1927 avec Le Petit taureau de paille, s’est distingué tout au long du XXème siècle comme un art à part entière dans la production cinématographique soviétique. Les réalisateurs Hyppolite Lazartchouk, Yevhen Horbatch, Dmytro Tcherkaskyi, Nina Vassylenko, Iryna Hourvytch, Alla Gratchova, Yevhen Proujanskyi, Volodymyr Dakhno et Yevhen Syvokin ont livré des œuvres de qualité, tels Mykyta Kojoumiaka, Parasolka, Les Aventures du Cosaque Enée, Maroussia Bohouslavka, Les Aventures du capitaine Vrungel, L’Ile au trésor, Docteur Aїbolyt, etc. On retiendra surtout l’incontournable série des Cosaques, dont Volodymyr Dakhno a été le grand concepteur pendant près d’un quart de siècle. Décédé en 2006 dans l’anonymat le plus complet, il fut considéré comme le chef de file du cinéma d’animation ukrainien. Dernier rescapé des grands maîtres de l’animation, son collègue Yevhen Syvokin reste quant à lui le mentor de la nouvelle génération. Cependant, Syvokin garde ses distances avec les nouvelles technologies numériques, dont les phases artistiques de pré-production s'effectuent moins à la main que sur des logiciels. Admirateur de l’œuvre de Walt Disney, qui en son temps influença l’animation ukrainienne, Syvokin fait de la résistance. Ses techniques restent conventionnelles : papier, cellulo, sable, pâte à modeler, figurines, etc. Il ne réalise que 6 à 7 secondes de film utile par journée de travail. Dans Kompromix, il utilise comme médium le sel et la poussière de charbon, (technique du sablage qui remonte à Man Ray). Pendant les années 90, le cinéma d’animation en Ukraine avait pratiquement disparu. Au Studio Ukranimafilm (antérieurement Kievnaoukfilm), des quelque 200 artistes, seuls 20 restèrent, livrant deux ou trois films par an. La plupart des cinéastes intégrèrent des studios privés ou partirent à l’étranger. Syvokin lui-même partit travailler quelques temps en Bulgarie et en Pologne. Alexandre Boubnov travailla en France. Serhiї Kouchnariov se fixa aux Etats-Unis (il travailla notamment sur la série Shrek), Igor Kovalov à Los-Angeles. Au début des années 2000, Mykhaïlo Illienko, qui jusqu’alors ne réalisait que des longs métrages de fiction, alla tâter de l’animation avec Eternité éphémère, une série de miniatures, marqués d’élucubrations folkloriques. Des jeunes réalisateurs, seul Stepan Koval décrocha une haute distinction internationale (Ours d’Argent au Festival de Berlin en 2003 pour Le Tramway n°9 (technique de la pâte à modeler), une très belle fable sur la société ukrainienne dépeinte à travers la représentation microcosmique de ses transports en commun. Toujours dans cette même technique, Stepan Koval a généré la série Mon pays – l’Ukraine, un florilège de 26 courts métrages de trois minutes racontant l’histoire des villes et les régions sur un mode divertissant et pédagogique. Pour ses débuts, Anatoliï Lavrenyshyn, élève de Syvokin, s’inspire d’un graphisme épuré dans Next ou d’une mise en image rappelant les Shadocks dans Les Pinsons et les autres. Quant à Yevhenia et Alexandra Ilmenska, elles utilisent le crayon de couleur : Marc de café reste un exemple époustouflant de ce que peut traduire un story-board au rythme du tango sur le thème du subconscient et de la réalité. L’animation en volume, la plus ancienne des techniques qui connut ses grandes heures pendant la période soviétique, reste toujours présente, mais cette fois-ci, mêlant les marionnettes traditionnelles et le numérique. Représentée par Alexandre Chmyhoun avec Pantomime pour trois acteurs, elle restitue une superbe fluidité des personnages se mouvant dans des décors grand-guignolesques.

Jusqu’à la récente crise internationale, le cinéma d’animation ukrainien n’a dû sa survie qu’aux maigres subsides de l’État et grâce au concours qu’il apporte aux studios américains ou français. Les studios privés Borysthène ou Novator-Film représentent à eux seuls plus de la moitié de la production nationale des films d’animation.

Lubomir Hosejko

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 13:36

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 6 décembre 2011, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

NOUS ÉTIONS SI JEUNES  (ЯКІ Ж БУЛИ МИ МОЛОДІ)

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 photogramme-Nous-etions-si-jeunes.jpg

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1985, 84 mn, coul.

 

Réalisation : Mykhaïlo Biélikov

Scénario : Mykhaïlo Biélikov

Photographie : Vassyl Trouchkovskyi

Décor : Olexii Levtchenko

Musique : Youriï Vynnyk

Son : Anatole Tchornootchenko

Montage : Natalia Akaiomova

Directeur de production : Mykhaïlo Kostioukovskyi

Interprétation : Taras Denyssenko, Olena Chkourpelo, Nina Charolapova, Alexandre Pachoutine, Alexandre Svyrydovskyi, Anatole Loukianenko, Tetiana Kravtchenko, Mykhaïlo Kokchenov

Genre : mélodrame

 

Récompenses : Prix d’État Taras Chevtchenko en 1986 à Mykhaïlo Biélikov, Vassyl Trouchkovskyi, Olexii Levtchenko ; Premier Prix au Festival Pansoviétique à Alma-Ata en 1986 ; Prix du Comité d’État pour la cinématographie d’Ukraine et diplôme à l’opérateur Vassyl Trouchkovskyi ; Prix de l’Union des cinéastes d’Ukraine, Prix du public, Prix du meilleur rôle masculin à Taras Denyssenko au Festival Molodist en 1985.

 

Synopsis

Youlka et Sachko se connaissent depuis l’enfance. Pendant la guerre, Youlka avait bu un verre d’eau contenant du phosphore qu’elle avait pris pour du lait. L’amour naissant pour Sachko, qui vient de décrocher son premier boulot, la distrait de sa maladie, la leucémie. Bientôt, ils se marient sans perdre l’espoir d’une guérison. Malgré les recommandations des médecins, Youlka donne naissance à un bébé et promet à Sachko qu’elle va vivre.

 

 

Opinion

 

Réalisé en 1985, Nous étions si jeunes de Mykhaïlo Biélikov s’inscrit dans les œuvres sortant de l’ornière du cinéma brejnévien à quelques encablures de la perestroïka. Le style de ce film d’auteur est manifestement à l’opposé des mélodrames médiocres qui envahissaient de plus en plus les écrans. Tout en empruntant les trajectoires narratives classiques et neutralisant les passions idéologiques, le metteur en scène laisse courir son esprit créatif. Avec des images simples, non explétives, Biélikov filme le cours quotidien de la vie, les foyers d’étudiants, les premiers postes de télévision, les bals populaires dans les parcs publics, la vie dans les appartements communautaires régulée par une éthique de la solidarité et du partage. L’action se situe du début du dégel khroutchévien jusqu’au premier vol cosmique de Gagarine, le jour où Youlka mettra au monde un enfant. Pour cette œuvre de qualité montrant les séquelles physiques et psychologiques de l’après-guerre, Biélikov confia le rôle de Sachko au jeune premier Taras Denyssenko. Il sera la grande révélation du film d’Andriї Dontchyk, Anoxie (1991), et deviendra un acteur populaire dans les années 90. Sa partenaire Olena Chkourpelo, actrice de théâtre, ne réapparaîtra à l’écran qu’en 2010 dans le film russe de Youri Schiller, Le Moineau.

Connu en Occident pour La Désintégration (1990), la première fiction prenant pour thème la catastrophe de la Centrale nucléaire de Tchornobyl, Mykhaïlo Biélikov est de ces cinéastes passés par le VGIK qui intégrèrent les studios ukrainiens dans les années 60 et qui créèrent le fameux courant dit École de Kiev. L’un des opérateurs les plus doués de sa génération avec Alexandre Antypenko, Valeriï Kvas et Vilen Kalouta, Mykhaïlo Biélikov s’était fait remarquer notamment pour son travail sur le film Qui reviendra aimera (1967) de Léonide Ossyka et  Les Nuages blancs (1968) de Rolland Serhienko. Dès 1974, il se lança dans la réalisation de téléfilms en signant avec Alexandre Mouratov La Vieille forteresse (1973) d’après le célèbre roman de Vladimir Biélaiev, puis l’excentrique Coq rouge  de Plymouth Rock (1974). Ses premiers longs métrages, Sur ondes courtes (1977), Travail caché (1978), La Nuit est courte (1982), sont des films qui transcendent la problématique industrielle et sociétale en spectacle civique. À l’issue du Vème Congrès de l’Union des cinéastes de l’URSS en mai 1986, Mykhaïlo Biélikov remplacera l’apparatchik Timothée Levtchouk au poste de secrétaire général de l’Union des cinéastes d’Ukraine. Il y restera pendant une quinzaine d’années tout en continuant son métier de réalisateur.

 

Lubomir Hosejko

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 16:30

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 8 novembre 2011, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

SÉANCE SPÉCIALE DÉDIÉE AU HOLODOMOR

PAYSAGE APRES LE DÉSASTRE  (ПЕЙЗАЖ ПІСЛЯ МОРУ)

vo

Production : Inspiration Films. Service cinématographique d’Etat, Ministère de la Culture d’Ukraine, 2008, coul. 58 mn.

Scénario : Olga Oungourian, Taras Oungourian, Youriï Terechtchenko

Réalisation : Youriï Terechtchenko

Photographie : Vitaliї Soulyma, Volodymyr Houїevskyi, Artem Sentchylo

Musique : Victor Krysko

Son : Andriї Demydenko

Témoignages : Natalia Dzioubenko-Mace, habitants du village de Velyka Fosnia, région de Jytomyr, Mykola Brytsoun, Yakiv Hrychtchouk, Valentyna Kravtchouk, Oleksiї Kravtchouk, Fedir Kravtchouk, Halyna Ostaptchouk, Olga Tytartchouk, Serhiї Fedorenko.

Genre : documentaire

holodomor 2

 

     Documentaire tourné dans le village de Velyka Fosnia, avec le témoignage central d’un policier qui avait réuni quelques 7000 documents prouvant la mort par la faim en 1933 de 120 habitants du village. Aujourd’hui encore, certains survivants vivent toujours dans une peur postgénocidaire. Évoquée pendant l’office des morts, où un pope énonce les noms des victimes, l’extermination de millions d’êtres humains est lisible sur les arbres généalogiques aux branches décapitées.

 

CIEL, DES INVITÉS (ОЙ ГОРЕ, ЦЕ Ж ГОСТІ ДО МЕНЕ)

vo

Production : Ukrkinokhronika, 1989, coul. 27 mn.

Scénario : Fédir Zoubanytch, Alexandre Koval, Pavlo Fareniouk.

Réalisation : Pavlo Fareniouk

Photographie : Alexandre Koval

Son : Alexandre Moroz

Genre : documentaire 

holodomor 1

     Des cinéastes s’invitent chez une vieille femme qui leur raconte le Holodomor. Dans sa khata de guingois, une radio crachote. Une voix lit un texte de Mykola Khvylovyi Moi, le romantique. Seule survivante de sa famille, la vielle femme commente de temps à autre. Sur les 80 koulaks de son village envoyés en Sibérie, seuls trois revinrent. Il ne restait plus de vache dans les khatas, ni de cochon, seul Staline sur les cloisons. Rentrant un soir du kolkhoze, elle retrouva dans un pot oublié par les voisins la chair salée de son enfant et ses vêtements enfouis dans le jardin.

Lubomir Hosejko

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 16:23

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Lundi 7 novembre 2011, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

LA ONZIÈME ANNÈE (ОДИНАДЦЯТИЙ)

vo

Production : VOUFKOU, 1928, 53 mn, nb, muet

Scénario : Dziga Vertov

Réalisation : Dziga Vertov

Photographie : Mikhaïl Kaufman

Montage : Elisaveta Svilova

Genre : documentaire

 Photogramme La Onzième année

 

     En butte à la censure du Goskino moscovite, Dziga Vertov est invité en 1927 par la VOUFKOU à travailler en Ukraine, où il conclut un accord pour la réalisation d’un documentaire célébrant l'industrialisation du pays à travers la construction d'une centrale hydroélectrique sur le Dniepr, l’électrification des campagnes, les charbonnages et fonderies, la société mutant vers le militantisme communiste. Vertov parle de son film comme d’un opus réalisé de manière spontané, sans scénario, dans un langage socialiste cinématographiquement pur où s’entremêlent photographie et surimpressions et où l’emploi d’images doubles qui s’empiètent à différents rythmes, crée la véritable dynamique du film. C’est la première partie du film qui est la plus intéressante, puisqu’elle enregistre sous tous les angles le dynamitage du saut Nenasytets sur le Dniepr. La construction entre 1927 et 1932 de la plus grande station hydro-électrique d’Europe devait inonder les sauts du Dniepr et engloutir à jamais le patrimoine archéologique. À cet effet, le célèbre ethnographe Dmytro Yavornytskyi procéda en toute hâte aux ultimes fouilles de l’île de la Khortytsia qui contenait des trésors sarmates, scythes et cosaques. La superbe image récurrente d’un squelette  scythe reposant en chien de fusil donne le ton au film : le passage de l’ancien au nouveau. Suspecté de formalisme, le film restera le moins connu des trois opus que Vertov réalisera en Ukraine, bien que dix mille spectateurs le virent durant les trois premiers jours de projection.

   Photogramme La Onzième année 3  La Onzième année a aussi une autre histoire. Lorsque Vertov le présenta en Allemagne en mai 1929, la presse l’accusa de plagiat. Vertov aurait emprunté impunément des scènes, tirées du documentaire allemand de Albrecht Viktor Blum et Leo Lania Im Schatten der Maschine (Dans l‘ombre des machines). Vertov resta perplexe parce que le contraire était vrai aussi : son film n'avait pas encore été montré en Allemagne, et avait été dépouillé par Blum et Lania pour leur propre compilation. En effet, l’activiste communiste autrichien Albrecht Viktor Blum avait été engagé par la Volksfilmverband pour réaliser un court métrage sur un scénario de Leo Lania. Ce court métrage devait être un recueil d’extraits de films ukrainiens inédits et de quelques séquences américaines sur la base de 50 à 60 films visionnés. Le film de Blum s’appuyait principalement sur la cinquième partie du film de Dovjenko Zvenyhora (1928) le réalisateur ukrainien lui-même s’était servi dans les stocks shot de ses collègues documentaristes -, et sur la dernière partie du film de VertovLa Onzième année. En réalité, Blum avait intégré dans son propre film, à partir du film de Vertov, 282 pieds (3'50’’ à raison de 20 images par seconde), presque inchangés. Ceci incita Vertov à récuser ces accusations dans la presse, bien que la Commission du Commerce Soviétique voulût étouffer l'affaire pour des raisons politiques. Du point de vue juridique, Vertov considéra l'affaire comme un plagiat et une infraction au copyright. De son côté, Blum déclara que son patron, la Weltfilm, l'avait empêché de citer les sources de son film à cause de la réglementation des quotas d’importation. Pour être déclaré allemand par le Comité de censure, le film devait être libre de toute matière étrangère. Mais autant que Blum, Dziga Vertov avait certainement visionné plusieurs travaux de ses collègues ukrainiens et s’en était approprié certains passages. La construction du barrage sur le Dniepr avait ameuté une foule d’équipes de tournage pour les actualités filmées de l’époque. Le documentaire Dniprohès de Hlib Zatvornytskyi exaltait la première grande édification jamais réalisée en Ukraine. Le réalisateur russe Victor Tourine, qui travailla en Ukraine entre 1924 et 1927, avait inclus des plans du Dniproboud dans son film de production kazakhe Turksib. Arnold Kordioum qui se préparait à tourner son film Le Vent des rapides, anticipa sa fiction avec le documentaire Bétonnage sur le Dniepr. C’est aussi à cette époque que Léonide Mohylevskyi, le futur Léonide Moguy, chef-monteur aux actualités et chroniques filmées de la VOUFKOU, signa à partir de 40 000 mètres de bandes d’actualités archivées ou privées les docus Comment c’était et Documents d’époque. Réalisé onze ans après la prise du pouvoir par les bolcheviks en Ukraine, La Onzième année est un autre exemple pratique de documentaire dans lequel le concept du reportage supplante celui de la propagande.

                  Lubomir Hosejko

 

 

 

 

LA SYMPHONIE DU DONBASS (ENTHOUSIASME)

СИМФОНІЯ ДОНБАСУ (ЕНТУЗІАЗМ)

vo

 

Production : Ukraїnfilm, Studio de Kiev, 1930, 68 mn, muet, nb.

Scénario : Dziga Vertov

Réalisation : Dziga Vertov

Photographie : Boris Zeitline

Musique : Extraits de La Marche de la symphonie du Donbas de Nemyrovskyi et du Premier  mai (Symphonie n°3 en mi bémol majeur) de Dmitri Chostakovitch

Son : Nicolas Tymartsev, Petro Chtro

Genre : documentaire

   La Symphonie du Donbass - Enthousiasme

 En Ukraine, le cinéma sonore apparaît de manière hésitante au début des années 30. Résultant d’une décision politique qui privilégie l’industrie lourde aux dépens de l’industrie légère, le passage du muet au parlant se fera par étapes successives. Sur les quelques 110 longs métrages tournés en Ukraine entre 1930 et 1935, seule une vingtaine sera sonorisée ou conçue sonore selon trois catégories : les films naturalistes ou expérimentaux, les films à illustration ou accompagnement musical, les films de fiction parlant. Expérimental selon la conception théorique vertovienne, La Symphonie du Donbass est considéré comme le premier film sonore ukrainien, tous genres confondus. Appelé aussi Enthousiasme, ce troisième et dernier documentaire de Dziga Vertov tourné en Ukraine connut en 1931 un  succès en Europe occidentale lors du passage de Vertov à Berlin, Hambourg, Breslau, Hanovre, Genève, Bâle, Paris et Londres. Mais une fois de plus le spectateur soviétique ne le suivit pas en raison du caractère expérimental de l’œuvre et sous l’effet défavorable de la critique de son film précédent L’Homme à la caméra. Initialement, dans ce documentaire sur l’industrialisation de la région houillère du Donbass, Vertov devait montrer comment les mineurs avaient voulu et pu atteindre en quatre ans seulement les objectifs que leur fixait le plan quinquennal, mais il s’enthousiasma pour un style lyrique enrichi par l’usage recherché des sons industriels et la musique de Nicolas Timoféiev et Dmitri Chostakovitch. Le son fut enregistré à l’aide de la première station mobile du cinéma sonore conçue par Alexandre Chorine, système encore balbutiant comparé aux techniques américaines ou européennes de l’époque. Le réalisateur et les preneurs de son travaillèrent avec acharnement, au jugé, sans possibilité de vérifier le résultat des enregistrements. Vertov recourut fréquemment aux surimpressions et aux collages aussi bien visuels que sonores. Le résultat fut plus que médiocre. Le réalisateur s’obstinait à user de son outil au maximum et finissait par empêcher toute perception normale de son propos. Lors des projections, il s’occupait lui-même des mises au point sonores, martyrisant les oreilles des spectateurs tant il montait le son des haut-parleurs. Bien que félicité par Charlie Chaplin qui, par sympathie et solidarité, considérait que c’était le meilleur film de l’année, Vertov n’obtint pas le succès escompté. Véritable symphonie du vacarme des machines, avec des enregistrements synchrones de voix humaines tantôt sourdes, tantôt tonitruantes, ce documentaire allait dans le sens du contrepoint sonore qu’inférait la théorie du ciné-œil/ciné-oreille - capter le son sur le vif et le dissocier au minimum de l’image -, mais le résultat fut plus cacophonique que de l’ordre d’une expérimentation avant-gardiste formelle. La bande-image primait sur la bande-son. Opposant l’ancien au nouveau dans un style très proche du reportage, Vertov s’attarda sur les fidèles dans les espaces cultuels qui allaient être désacralisés et repris par les activistes communistes. La séquence de la démolition du bulbe de l’église et son remplacement par l’étoile rouge est en son genre un spectacle visuel rarement égalé. La caméra chancelle face à des titubants ivrognes. Interactive, elle se faufile dans les fanfares militaires, les défilés du komsomol, mais reste contemplative, en contre-plongée frontale, face au secrétaire général du PCU Stanislav Kossior, l’un des futurs responsables du holodomor en Ukraine. De superbes séquences à effet visuel réalisées dans les fonderies rehaussent ce documentaire de commande et de propagande sociale.

                 Lubomir Hosejko  

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 09:13

Dans le cadre du jumelage des villes de Marseille et d'Odessa. Avec le soutien de la Ville de Marseille, le Consulat d'Ukraine de Marseille et l'Alliance Française d'Odessa. En présence de Lubomir Hosejko, historien et critique de cinéma, membre de l’Union des cinéastes d’Ukraine.

flyer Hommage cinéma ukrainien Marseille1p.1

flyer Hommage cinéma ukrainien Marseille1p.2

Source

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 20:52

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 4 octobre, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

ANDRIECH  (АНДРІЄШ)

avec le concours d’Arkeion Films

 Photogramme Andriech 1

 

Production : Studio de Kiev, 1954, 63 mn. coul.

Scénario : Emilian Boukov, Hryhoriї Koltounov, Serhiї Laline,

d’après le conte éponyme de Emilian Boukov

Réalisation : Yakiv Bazelian, Serge Paradjanov

Photographie : Souren Chakhbazian, Vadim Verechtchak

Décors : Victor Nikitine, Oleg Stepanenko

Son : Mykola Medvediev

Montage : Varvara Bondina

Musique : Igor Chamo, Grigoriu Tirceu. Orchestre du Ministère de la culture de la RSS d’Ukraine, sous la direction de Constantin Simeonov

Directeur de production : Naoum Vaintrob

Interprétation : Kostia Russu, Nodar Chachik, Loubov Sokolova, Kirill Chtirbu, Yevhen Ureke, Dominique Darienko, Robert Vizyrenko-Klavine, Tryfon Gruzine, Giuli Tchokhonelidze
Genre : conte épique et féérique

 

Synopsis

   Photogramme Andriech 2  Le jeune berger Andriech emmène son troupeau dans les pâturages. Il y rencontre le chef des bergers, Vainovan, qui lui offre une flûte magique dont le son procure plaisir et joie à tous ceux qui l’écoutent. Mais la musique éveille la colère du mauvais génie Tchornyi Viter. Celui-ci enlève la belle fiancée de Vainovan et déclenche un terrible orage sur la région qui emporte bêtes et hommes. La jeune femme et le troupeau sont transformés en statues de pierre dans la caverne du sorcier. Andriech parvient à s’en approcher pour rendre la vie à son troupeau, mais Tchornyi Vykhr déjoue son plan et le pétrifie à son tour. Aidé de ses amis, Vainovan, le bon génie, vole au secours d’Andriech au moment où l’ignoble sorcier est sur le point de s’emparer de la flûte magique.

 

PhotogrammeAndriech 4

   

Opinion

     Andriech est la version longue de Conte moldave, film de fin d’études de Paradjanov coréalisé au VGIK avec Yakiv Bazelian, avec la même distribution et la même équipe technique. Le film annonce le mode de récit de prédilection de Paradjanov en lui donnant libre cours à la magie et au merveilleux, à ses recherches et son goût pour les puissances visuelles propres à l’univers du conte épique et féérique. La mise en scène est étayée par une dramaturgie théâtralisée penchant volontiers vers l’opéra, et n’évite pas l’écueil des canons imposés des films soviétiques de l’époque, notamment le ballet folklorique. Les décors sont entièrement créés en studio, hormis les séquences pastorales et celle de la lande incendiée, superbement filmée. Saturée de ralentis, surimpressions, transparences, d’effets spéciaux, de couleurs et maquillage outré, cette réalisation qui n’attira sur elle ni l’intérêt du public ni celui de la critique, porte déjà l’empreinte du surréalisme magique qui marquera l’œuvre du futur grand maître.Photogramme Andriech 3 En général, celui-ci interdisait à son entourage de regarder ses films antérieurs aux Chevaux de feu, sauf Andriech, et affirmait qu’il aurait pu tourner son chef-d’œuvre bien plus tôt. Visiblement, le travail du jeune opérateur Souren  Chakhbazian inspirera le futur opérateur des Chevaux de feu Youriï Illienko. Déjà, certains cadrages, certains mouvements de caméra, par rotation ou par translation, s’opposent clairement à la photographie statique prônée par Paradjanov et codifient  les fondements et la modélisation esthétiques des Chevaux de feu. Filmer de cette manière était peu courant à l’époque, au vu de la production de 1954.

     Nés, l’un en 1924, l’autre en 1925, Paradjanov et Bazelian décéderont tous deux en 1990, à quelques jours d’intervalle.

Lubomir Hosejko

 

UN HOMME DANGEREUSEMENT LIBRE (НЕБЕЗПЕЧНО ВІЛЬНА ЛЮДИНА)

suivi d’une intervention de Lessia Matsko, cinéaste

 

 

 

Production : Cinémathèque Nationale d’Ukraine, Ministère de la Culture d’Ukraine, 2004, 52 mn. coul.

Scénario : Serhiї Trymbatch

Réalisation : Roman Chyrman

Photographie : Edouard Tymline

Animation : Radna Sakhaltouiev, Artem Sakhaltouiev

Son : Igor Barba

Montage : Artem Sakhaltouiev

Directeur de production : Elena Potapova

Genre : documentaire

 

 

     Parmi la quarantaine de documentaires sur Serge Paradjanov réalisés à ce jour, Un Homme dangereusement libre de Roman Chyrman est celui qui a cerné le plus la personnalité et le génie du cinéaste. Jusque là, les documentaires précédents n’étaient que panégyriques, celui de Chyrman montre le regard ironique de Paradjanov sur le monde et le refus total du pouvoir soviétique. C’est le premier film sur Paradjanov tourné dans l’esprit du maître arménien, artiste introverti et extravagant dans l’imaginaire comme dans le réel.

     Conçu sur un ton humoristique, le film mise sur l’ironie, l’autodérision, la mystification et les fantasmes du metteur en scène. Personnage carnavalesque, il est croqué non pas comme un martyre ou une victime du régime soviétique, mais comme un individu original, plein de paradoxes. Le titre du film lui-même a été soufflé au réalisateur par Roman Balaїan, cinéaste et fils spirituel de Paradjanov.

     Ponctués d’inserts, de collages, de dessins réunis de manière ironique, suivant chronologiquement la vie du maître, le film égrène en parallèle des extraits des Chevaux de feu, Le Premier gars, Une fleur sur la pierre, Natalia Oujvij, Sayat Nova, Achik Kerib. Puis le verbe surplombe l’image avec les interviews de son épouse Svitlana Chtcherbatiouk, du poète et scénariste Ivan Dratch, des actrices Alla Demydova et Sofiko Tchiaourelli, du directeur du Musée Paradjanov à Erevan, Zaven Sargsian et du photographe Youri Metchitov. Ses amis considéraient souvent ses récits et discours supérieurs à ses films, et ses anecdotes antistaliniennes toutes plus absurdes les unes que les autres. Il parle de Fellini qui a marqué son univers baroque, de son film Amarcord, du comédien Marcello Mastroianni, de son aversion pour les livres. Paria et cosmopolite refusant le terme de dissident, il clame néanmoins : «  Je suis un Arménien, né à Tbilissi, j’ai croupi dans les prisons russes pour nationalisme ukrainien ».

 

 

Lubomir Hosejko 

 

 

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 13:47

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

Mardi 13 septembre, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

LES  AVENTURES DU SERGENT TSYBOULA

(ДАЧНА ПОЇЗДКА СЕРЖАНТА ЦИБУЛІ)

vf

avec le concours d’Arkeion Films

 

 photogramme-Les-Aventures-du-sergent-Tsyboula-1.jpg

 

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1979, 77 mn. Coul.

Scénario : Pavlo Avtomonov, Vitaliї Chounko, Mykola Litous, d’après le récit de Pavlo Avtomonov  L’Autographe du sergent Tsyboula.

Réalisation : Mykola Litous, Vitaliї Chounko

Photographie : Victor Politov

Décors : Edouard Cheїkine, Mykola Terechtchenko

Son : Anatoliï Tchornootchenko

Musique : Ivan Karabyts

Montage : Roman Lorman

Interprétation : Serhiї Ivanov, Volodymyr Olexienko,  Mykhaïlo Kokchenov, Nadia Smyrnova, Volodymyr Tchoubarev, Mykhaïlo Lvov, Nina Reous, Stepan Olexenko, Serhiї Svietchnykov, Marguerite Krynytsyna, Boris Sabourov, Mykola Litous, Yevhen Majouha

Genre : Comédie

 

Synopsis

 photogramme-Les-Aventures-du-sergent-Tsyboula-3.jpg

De retour d’une expédition de diversion dans les lignes allemandes, le sergent Tsyboula est de nouveau envoyé dans l’arrière-front ennemi. Il a pour ordre d’acheminer aux partisans des médicaments, vivres et explosifs. Ayant pris les feux ennemis pour des signaux du maquis, Tsyboula atterrit chez l’ennemi. Bernant ses poursuivants, il fait prisonnier un officier supérieur et réussit à s’emparer d’un train blindé pour rejoindre les siens.

 

Opinion

 

L’héroïsme individuel ou collectif qui agrémente les films de guerre des années 70 demeure une caractéristique formelle de la cinématographie soviétique. Cependant, bien qu’au service de la conjoncture politico-militaire brejnévienne, l’amour pour la patrie laisse parfois place à l’humour tout court. Les images doivent divertir et faire oublier la guerre froide et les rigueurs des futurs conflits militaires. C’est le cas des Aventures du sergent Tsyboula (Partie de campagne du sergent Tsyboula), comédie loufoque de Mykola Litous, réalisée en binôme avec Vitaliї Chounko, relatant les exploits d’un éclaireur parachuté en zone ennemie.Photogramme-Les-Aventures-du-sergent-Tsyboula-5.jpg Le rôle du sergent est interprété par Serge Ivanov, comédien attitré des Studios Dovjenko de Kiev qui s’est fait connaître dans les célèbres comédies dramatiques de Léonide Bykov Seuls les anciens vont au casse-pipe (1973) et Une deux, les soldats marchaient (1976). Dans Les Aventures du sergent Tsyboula, Ivanov forme un duo comique avec Mykhaïlo Kokchenov, un policier empoté, Gergalo, caricaturé pour la circonstance de manière non moins sympathique. Tous deux sont exposés à des situations saugrenues mais finalement amusantes. Dans ce comique de guerre, le réalisateur Mykola Litous s’applique à détourner les codes du genre, qui exalte les violences spectaculaires, et à livrer une vision affadie de l’armée d’occupation. Le film fait penser à  La Grande Vadrouille de Gérard Oury et davantage encore au film de Robert Lamoureux Où est donc passée la Septième compagnie, distribués à l’époque en Union Soviétique. Avec La Mercedes en cavale (1980) de Youriï Lachenko, autre film-poursuite accumulant les exploits des Soviétiques infiltrés dans les lignes allemandes, il permet d’éponger les mauvaises recettes occasionnées par la programmation de mélos sirupeux, indiens ou égyptiens. La même année, Serge Ivanov ajoute occasionnellement son nom au registre pathétique du cinéma de guerre dans le film de Vadim Lyssenko Détachement à destination spéciale. Après une carrière émaillée de succès populaires dans plus d’une cinquantaine de films, il crée en 1991 une unité de production indépendante et réalise Lune de miel, une comédie sur le banditisme ambiant. Véritable star de la stagnation brejnévienne, Serge Ivanov décédera subitement en janvier 2000.

 

Lubomir Hosejko

 

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 21:20

 

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Mardi 7 juin, 19 h. Entrée libre.

 

 

LA CROIX DE PIERRE ( КАМІННИЙ ХРЕСТ )

vostf

copie restaurée en 2010

photogramme-La-Croix-de-pierre-1-copie-1.jpg

Projection suivie d’un débat animé  par Jean-Bernard Dupont-Mylnyczenko, professeur agrégé d’histoire, auteur de Les Ukrainiens en France, éd. Autrement, 2007

 

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1967, 82 mn, nb.

Réalisation : Léonide Ossyka

Scénario : Ivan Dratch

Photographie : Valeriï Kvas

Décors : Mykola Rieznyk

Musique : Volodymyr Houba

Son : Sophie Serhienko

Interprétation : Danylo Iltchenko, Boryslav Brondoukov, Kostiantyn Stepankov, Vassyl Symtchytch, Kateryna Mateїko, Boris Savtchenko, Ivan Mykolaїtchouk, Antonina Leftiї, Olexiї Atamaniouk

 

Récompense : Prix de la meilleure photographie décerné à Valeriï Kvas, Prix du meilleur rôle masculin à Boryslav Brondoukov au Festival Pansoviétique de Leningrad, 1968. Premier Prix décerné à Léonide Ossyka au Festival de l’art orthodoxe l’Orante d’Or, Kiev, 1995.

photogramme-La-Croix-de-pierre-2-copie-1.jpg 

Synopsis

 

Accablé d’impôts, Ivan Didoukh a trimé toute sa vie. Au sort de paysan abruti par l’alcool et le travail sur une terre rocailleuse où règnent la loi du silence et une justice sommaire, il préfère, pour lui et ses fils, le destin d’immigrant qui ira creuser sa tombe au Canada. Pour réunir l’argent nécessaire au voyage, il vend tout ce qu’il possède. Détroussé pat un voleur, il décide de le tuer.

Opinion

     Revigorée par sa vitalité créatrice, la production cinématographique ukrainienne de 1968 est, contre toute attente, peu représentée au IIIème Festival pansoviétique. Seuls Calme Odessa de Valeriï Isakov et La Croix de pierre de Léonide Ossyka font le chemin de Leningrad où se tient le festival. Les distinctions qu’obtient le film d’Ossyka - Prix de la meilleure photographie et du meilleur rôle masculin – témoignent du travail en profondeur qu’effectue la nouvelle vague ukrainienne. Or, le langage poétique du jeune réalisateur, la beauté plastique des paysages filmés par Valeriï Kvas ne sont pas pour autant les surgeons paradjanoviens que d’aucuns voient d’un mauvais œil, car sortis du même sanctuaire géographique. Le film aurait été inconcevable en couleur, tant sa violence dramatique, son naturalisme virulent et son graphisme ascétique induisaient l’emploi du noir et blanc. L’idée du film naît à l’époque où foisonne une littérature appelée « prose rurale », inspirée par les migrations répétées des Russes et des Ukrainiens. Les premiers arrivent massivement en Ukraine, les seconds partent en Crimée ou vont défricher les terres vierges en Asie Centrale. C’est donc en opposition à ce chassé-croisé qu’apparaît l’intérêt vital d’affirmer leurs racines et leur culture.photogramme-La-Croix-de-pierre-3-copie-1.jpg

     Tiré de deux nouvelles de Vassyl Stefanyk, La Croix de pierre est par essence cinématographiquement préconçu en amont du scénario, au même titre que l’étaient les nouvelles de Kotsioubynskyi pour Les Chevaux de feu, les quelques infidélités faites au récit par le scénariste Ivan Dratch ne faisant que renforcer la portée sociale du film qui s’inspire d’un fait authentique, le départ, en 1912, vers le Canada du premier Ukrainien de la région, Ivan Akhtemiїtchouk. Quelques années auparavant, une tentative avait été faite en vue d’un documentaire sur Vassyl Stefanyk par la réalisatrice  Laryssa Chepitko, qui parcourut les Carpathes. L’histoire se passe dans les  Carpathes, d’où partent, comme de toutes l’Europe des misères, des milliers de paysans vers le Nouveau Monde. Ossyka chante l’abandon de la terre nourricière, thème central de l’œuvre de Stefanyk, et sublime le tragique en choisissant d’une manière expressément noire, la résignation sans espoir. Ici, tout est traité avec des longueurs diffuses, des travellings fluides, le plus souvent latéraux, des champs-contrechamps alternant gros plans et plans d’ensemble. Le dialogue est concis dans un dialecte houtsoule coloré. Hormis Danylo Iltchenko (Ivan Didoukh) et Boryslav Brondoukov (le voleur), Vassyl Symtchytch (Georges), Ivan Mykolaїtchouk (Ivan, fils), Boris Savtchenko (Mykola), Kostiantyn Stepankov (Mykhaïlo) et Antonina Leftiї (la belle-fille), tous les acteurs sont des non-professionnels du village de Roussiv et de Sniatyn. La caméra de Valeriï Kvas affectionne la terre aride et s’attarde volontiers sur les visages sortis tout droit de portraits de manants, bossus, borgnes et éclopés, croqués à la manière d’un Bruegel. Saisissantes la photographie et la dramaturgie de la scène précédant la mort du voleur, empruntée au tableau de Rembrandt Le Retour du fils prodigue. Alors que Paradjanov ou Illienko (La Nuit de la Saint-Jean) se servent de la couleur pour rehausser la métaphore, c’est vers un graphisme au style compassé qu’Ossyka se tourne pour activer la fonction visuelle. La croix que traîne le vieux Ivan jusqu’au sommet de la montagne, sépulture du voleur, est d’un exceptionnel rendu photographique, entretenu par sa force biblique. Formant une symétrie avec Les Chevaux de feu de Paradjanov autour d’un axe ethnographique et ritualiste, La Croix de pierre souligne, dans le même temps, son antinomie avec La Terre de Dovjenko, une terre où l’homme, tout aussi mortel, fusionne avec la nature, riche et généreuse. On retrouve encore cette analogie dans la scène culminante de la danse, où Didoukh et sa femme exécute une polka face à un public stupéfait. Dans le courant poétique du cinéma ukrainien, la danse remplit essentiellement une fonction plastique et dramatique. Tel fut le cas pour la danse de Vassyl dans La Terre, pour Ivan et Maritchka dans Les Chevaux de feu, de Dana et Orphotogramme-La-Croix-de-pierre-4-copie-1.jpgest dans L’Oiseau blanc marqué de noir de Youriï Illienko. Elle est accompagnée obligatoirement par une musique symphonique mâtinée de variations folkloriques, écrites par des compositeurs de renom, tels Valentin Sylvestrov, Léonide Hrabovskyi, Vitaliї Hodziatskyi et, principalement, Volodymyr Houba. Auteur de musiques de film assorties à une culture régionale, Volodymyr Houba en a signé en près de cinquante ans plus d’une centaine.

    C’est à partir de  La Croix de pierre que se dégagera l’impression d’une sorte de réserve carpathique nationale dans le cinéma ukrainien, louée pour des œuvres de plus en  plus personnelles, auxquelles s’associent les décorateurs Reznyk, Novakov ou Yakoutovytch. Dès sa sortie, le film servira de matériau de cours pour la célèbre école de cinéma de Lodz en Pologne. C’est encore à partir de ce film-culte que le critique polonais Janusz Gazda appellera la nouvelle vague ukrainienne des années soixante « École poétique de Kiev », école qui aujourd’hui encore a ses émules.

Lubomir Hosejko

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 20:08

CINÉ-CLUB UKRAINIEN -  ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

22, av. de Messine, Paris 8ème, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53

Mardi 3 mai, 19 h. Entrée libre.

 

 

INCLINE-TOI JUSQU'À LA TERRE (ВКЛОНИСЯ ДО ЗЕМЛІ)

vostf

 

Projection suivie d’un débat animé par Virginie Symaniec, spécialiste du théâtre bélarusse, chargée du pôle édition et traduction (Maison d’Europe et d’Orient)

Photogramme Incline-toi jusqu'à la terre 2

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1985, 78 mn, coul.

Réalisation : Léonide Ossyka

Scénario : Valentin Yéjov, Volodymyr Loubomoudrov, Léonide Ossyka

Photographie : Valeriï Kvas

Décors : Petro Slabynskyi

Musique : Volodymyr Houba

Son : Alexandre Kouzmine

Interprétation : Stéphanie Staniouta, Nadia Markina, Victor Fokine, Pavlo Kormounine, Nina Tobilevytch, Slava Kniazev, Evhen Pachyne, Alexandre Movtchane, Lev Kolesnyk, Lès Serdiouk, Mykola Krioukov, Svitlana Kniazeva, Volodymyr Andreïev.

Genre : drame psychologique

 

Récompense : Diplôme du Festival de Jdanov décerné à Léonide Ossyka, Prix du Comité d’État de la cinématographie d’Ukraine et Diplôme de la meilleure Photographie décernés à Valeriï Kvas.

Synopsis

 

Maria vit dans une petite métairie. Survient la guerre, son mari part au front. Les AllemandPhotogramme Incline-toi jusqu'à la terre 1s occupent le village voisin. Maria cuit du pain pour les partisans qu’elle rejoint bientôt avec ses trois fils. Au cours d’un raid, son fils Mykola est arrêté et fusillé. Sa fille Nina préfère le suicide au déshonneur. Son fils cadet tombe en héros sur le champ de bataille. Plongée dans le chagrin, Maria trouve un jour à côté d’une femme tuée un bébé. Elle recommence à vivre et adopte par la suite trois orphelins qu’elle aime comme ses propres enfants. La voici grand-mère avec ses petits-enfants. Mais le temps n’efface pas ses peines. Des années plus tard, Maria retrouve la tombe de celui qu’elle enterra de ses propres mains en 1943.

Opinion

Après huit années d’absence, Léonide Ossyka revient à la fiction avec Incline-toi jusqu’à la terre, relatant le rude destin d’une femme ukrainienne qui a perdu sa famille pendant la guerre, réalisé dans l’esprit du film d’Elem Klimov Requiem pour un massacre. Le thème de ce drame psychologique est aussi celui qu’il développa dès son premier long métrage Qui reviendra, aimera (1967) – le destin d’une mère face à la guerre. Le rôle de l’héroïne Maria est interprété successivement par la jeune première Nadia Markina et par l’actrice bélarusse Stéphania Staniouta, coutumière des rôles de mater dolorosa. Devenue très populaire en dehors de sa patrie, après l’admirable rôle de Daria qu’elle tint dans Les Adieux à Matiora d’Elem Klimov et Laryssa Chepitko, Stéphania Staniouta revient une deuxième fois dans le cinéma ukrainien. En 1976, elle avait participé à Septembre, mois d’angoisse (1976), autre film de guerre du même Ossyka qui stigmatisait le maquis nationaliste ukrainien. Photogramme Incline-toi jusqu'à la terre 3Ici encore, comme dans la plupart des films de guerre de l’époque, une séquence antinationaliste s’impose. Marie, la jeune héroïne, refuse de se donner à un policier ukrainien parce qu’elle ne veut pas de rejeton nationaliste. Film alimentaire, quand bien même humaniste mais bien en-deçà des Cloches de paille que Youriï Illienko se prépare à réaliser, Incline-toi jusqu’à la terre sera le dernier tribut que paiera Léonide Ossyka au cinéma brejnévien. Passage obligatoire pour la survie des cinéastes, ce cinéma phagocyte plus du quart de la production des Studios Alexandre Dovjenko de Kiev, livrée à l’occasion du 40ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le succès de Stéphania Staniouta lui vint relativement tard dans sa carrière, lorsque des rôles de femmes âgées lui furent confiés. Par la suite, l’actrice participera dans d’autres productions ukrainiennes, notamment dans Les Histoires d’Ivan (1988) de Boris Ivtchenko, Le Paria (1990) de Volodymyr Saveliev et Le Prix d’une tête (1992) de Mykola Ilinskyi, des films importants qui laisseront une trace visible dans le passage mouvementé de la perestroïka vers l’indépendance.

Lubomir Hosejko

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