« Ne pense pas au rouge » est l'histoire d'une jeune ukrainienne qui abandonne une vie toute tracée pour s'en aller chercher l'amour et le bonheur au delà des frontières... s'agit-il d'un récit autobiographique, les personnages sont ils fictifs ?
Sans être totalement autobiographique il est clair que ce livre s'inspire énormément de mon parcours de vie. Des proches peuvent s'y retrouver quasiment traits pour traits. Ainsi la mère de Dmytryk, un ami gay, a reconnu son fils dans le roman et a découvert à cette occasion son orientation sexuelle, alors que j'avais pourtant changé son prénom. Cela a eu pour conséquence d'inciter Dmytryk a avoir plusieurs conversations avec ses parents. Ils arrivent enfin à communiquer même si pour l'heure ils leur est encore difficile d'assumer cette réalité. Autre détail du roman, j'ai rencontré mon mari Darell lors du concert d'un saxophoniste qui avait pour nom Jim...
Avez-vous déjà essayé d'écrire directement en anglais ?
Oui, de courts récits...que mon mari apprécie. Mais il est évident que mon anglais n'est pas d'un niveau shakespearien. Mais je n'oublie pas que la littérature anglaise a toujours su accueillir des auteurs immigrés comme par exemple Joseph Conrad, né lui aussi en Ukraine ! Qui sait si un jour je ne tenterai pas l'expérience ?
En qualité de journaliste au service ukrainien de la BBC, quel auteur contemporain recommanderiez-vous à un public non ukrainien ?
Sans hésitation je dirais Volodymyr Dibrova. Originaire de Donetsk, il s'est installé aux Etats-Unis en 1996 ; il enseigne à Harvard. Son roman « La Descente Saint-André » est remarquable, il a d'ailleurs été désigné livre de l'année 2007 par le service ukrainien de la BBC.
Quels livres français avez-vous lu dernièrement ?
J'ai lu tout récemment « Les bienveillantes » de Jonathan Littel. Cette œuvre qui relate les mémoires imaginaires d'un officier SS durant la seconde guerre mondiale a recueilli des critiques élogieuses en Grande Bretagne. Auparavant j'ai lu plusieurs livres de Fréderic Beigbeder... mais ils ont tendance à tous se ressembler !
D'une manière générale, est-il plus facile d'aimer et d'aider Ukraine lorsque l'on vit à l'étranger ?
Il est bien difficile de donner une réponse globale ! Cela dépend de chacun ! Les anglais disent que la distance renforce l'amour... mais c'est à contrebalancer avec le proverbe « loin des yeux, loin du cœur »...
propos recueillis par Olena Yashchuk
Le prix Prix Henri-Langlois 2009 qui vous a été décerné témoigne de la dimension internationale de votre œuvre. Aviez vous conscience en tournant "Famine 33" de la portée universelle qu'allait revêtir ce film ?
Quand je travaillais sur ce film, j’étais surtout animé par un constant désir de perfection. Je souhaitais que ce film réponde à toutes mes exigences qualitatives. « Famine 33 » a été mon tout premier film, je l’ai réalisé en rassemblant toute mon énergie et toutes mes convictions en faisant abstraction des réactions qu’il ne manquerait pas de susciter auprès du public.
Dans le cadre de la préparation du film "Famine 33" avez vous eu accès aux archives relatives au Holodomor ?
Oui, j’ai en outre eu l’immense chance d’avoir pour consultant le remarquable historien américain, James Mace, qui, à l’époque, était à la tête de la Commission du Congrès des États-Unis sur le Holodomor. C’est par son intermédiaire que j’ai eu accès aux archives et aux témoignages des survivants.
Plusieurs de vos films relatent la vie de personnalités ukrainiennes emblématiques, quel regard portez vous sur l'histoire de l'Ukraine au XXe siècle ?
J’ai une approche très critique de l’histoire de l ’Ukraine au XXe siècle. J’estime que les bolcheviks sont à l’origine de la plupart des dramatiques évènements auxquels a été confronté le peuple ukrainien. Il me parait clair que le siècle dernier a été pour l’Ukraine d’une terrible noirceur tant il fut marqué par des tragédies qui auraient pu être évitées sans l’avènement du régime soviétique.
Y a-t-il des réalisateurs et des acteurs français qui ont influencé votre vision du cinéma ?
J’aime le cinéma français, surtout la Nouvelle Vague. Je suis tout particulièrement reconnaissant à la France car c’est elle qui a offert au monde le septième art. Parmi les illustres acteurs français, mon acteur préféré est Jean Gabin. Chez les actrices j’aime beaucoup Anouk Aimée.
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Pour l’heure je suis en pleine promotion de mon nouveau film « Le Métropolite Andrey » et je m’emploie à l'élaboration du scénario de mon prochain film dont il ne m’est malheureusement pas possible de vous dévoiler ne serait ce qu’un indice.