Le dimanche 2 décembre, pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise gréco-catholique, l’intronisation de l’Exarque Apostolique pour les Ukrainiens de France, du Benelux et de Suisse s’est déroulée en la Cathédrale Notre-Dame de Paris.
« Le lien qui unit l’église gréco-catholique ukrainienne à la cathédrale est le résultat d’une relation durable installée par le défunt Monseigneur Hrynchyshyn - a annoncé dans son discours le recteur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Monseigneur Patrick Jacquin. – Tous les ans en novembre, nous accueillons les Ukrainiens et nous joignons à eux lors des commémorations des victimes de Holodomor. Les Ukrainiens gréco-catholiques font partie désormais de notre grande famille ecclésiastique ».
Des prêtres du monde entier mais aussi des Ukrainiens d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas et d’Ukraine sont venus à Paris pour célébrer l’intronisation de Mgr Borys Gudziak. La cérémonie s’est déroulée en présence de l’Archevêque de Paris le Cardinal André Vingt-Trois et du Cardinal Christoph Schönborn. La liturgie fut célébrée par le Patriarche de l’Eglise ukrainienne gréco-catholique Sa Béatitude Sviatoslav Chevtchouk.
La cathédrale Notre-Dame de Paris peut accueillir environ 3000 personnes. Mais selon le personnel de la cathédrale, il y en a eu beaucoup plus que cela! « Vous devriez marquer 3500 personnes », m’a conseillé un agent de sécurité.
Malgré les efforts des organisateurs, il s’est avéré difficile de trouver une place assise, même pour les invités. Les gens ont commencé à affluer une heure avant le début de la liturgie.
« Quelle est la place de la foi dans le monde d’aujourd’hui ? » - interroge Sa Béatitude Sviatoslav. – Ce n’est pas une idéologie mais un système de valeurs. Il s’agit d’un art de vivre ».
En la cathédrale Saint Volodymyr tout comme à Notre-Dame de Paris, le Patriarche de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne a accentué son discours sur la nécessité pour l’église de devenir un carrefour d’échanges intellectuels, non seulement pour les Ukrainiens, mais aussi pour les représentants d’autres cultures et nationalités.
Monseigneur Borys, le nouvel Exarque Apostolique, en répondant, la veille de l’intronisation, aux questions des journalistes français et ukrainiens, a également insisté sur la nécessité d’un dialogue plus profond entre les fidèles ukrainiens qui se trouvent en dehors des frontières de leur pays et les Français, Belges, Suisses.
« La communauté gréco-catholique à l’étranger est composée en grande partie de gens sans papiers qui travaillent au noir, - souligne-t-il. Mais Saint Pierre, arrivé à Rome, était dans la même situation. Il n’était pas citoyen, il n’avait aucun droit politique, il ne parlait pas la langue… Au premier regard il n’avait aucune chance d’influencer cette ville. Mais l’inverse s’est produit. L’église ukrainienne à l’étranger doit relever aujourd’hui le même défi. Elle doit sortir de son état marginal et partager avec le monde les richesses de sa foi, la foi de l’église-martyre ».
Un quart des visiteurs avaient des drapeaux nationaux ou portaient des foulards ukrainiens. On parlait ukrainien devant l’autel et dans les rangs, à l’entrée et à la sortie de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Comme lors des commémorations de Holodomor, l’un des symboles les plus marquants de la capitale française se transforme pour quelques heures en lieu de présence ukrainienne. Certes, l’église ukrainienne gréco-catholique rêve d’avoir encore plus d’impact, mais d’ores et déjà, on peut parler d’une habitude et de relations établies. Il suffirait d’une bonne occasion pour que s’installe un vrai partenariat interculturel et interreligieux.
Alla Lazareva
source « Ukrainian Week »