1. En 1731 Voltaire écrivait « L’Ukraine a toujours aspiré à être libre ». Que vous inspire cette citation ?
Non seulement cette phrase résonne singulièrement aujourd’hui en raison du combat du peuple ukrainien pour la liberté, au prix le plus fort qui soit, mais elle traduit une constante dans l’histoire de l’Ukraine. De par sa culture politique, elle n’a jamais été un pays dans l’orbite russe, qu’elle soit tsariste, soviétique ou poutinienne. C’est un pays d’abord tourné vers l’Europe, dans un premier temps rêvée puis réalisée. Pour ne nous en tenir qu’à la période récente, nous ne pouvons que rappeler la Révolution orange, Maïdan et, aujourd’hui, la résistance de l’Ukraine devant la volonté russe de la détruire ou de la soumettre en esclavage. Mais nous devons aussi nous souvenir de la période soviétique. Lors de l’un de mes récents voyages en Ukraine, en avril de cette année, j’ai eu le bonheur de visiter, à la Maison ukrainienne à Kyiv, l’exposition consacrée à Alla Horska et j’y ai consacré un article, d’ailleurs republié par le Kyiv Post. Cette artiste ukrainienne, assassinée par le NKVD en 1970, et ses compagnons, dont plusieurs d’entre eux furent aussi tués par la police secrète soviétique, se sont employés à défendre la singularité politique, culturelle et intellectuelle de l’Ukraine. Leur entreprise visait, par leur art comme par leur engagement, à sortir l’Ukraine des tentatives d’assimilation, coloniale et impérialiste, au sein de la Russie soviétique. Leur combat était indissolublement lié aussi à l’exigence de vérité, d’où leur mise au jour tant des massacres soviétiques de Bykivnia que de Babyn Yar, lieu emblématique de la Shoah par balles.
Le manque de travail et de curiosité autant qu’une longue propagande insidieuse, qui a fait croire beaucoup à une supériorité « culturelle » de la Russie, ont comme gommé l’Ukraine de la carte mentale des dirigeants ainsi que des analystes de sécurité occidentaux. Il y a eu comme une « fascination russe », pour reprendre le titre de l’excellent livre d’Elsa Vidal, qui a conduit à l’effacement de sa singularité. Il fut encore renforcé par un biais fréquent de l’analyse stratégique, ce que je développe dans Notre guerre, qui consiste à manifester une révérence aux « grands Etats » au détriment des supposés « petits » et une acceptation tacite, quoi qu’elle soit bannie en droit, des prétendues zones d’influence. Enfin, ceci correspondait à une forme d’indifférence de nombreux dirigeants envers le combat des peuples pour la liberté. Heureusement, ces conceptions géopolitiques archaïques commencent à être révisées, même s’il en subsiste encore de nombreuses traces. Fait assez peu noté, la redécouverte tardive de la littérature et de l’art ukrainiens va dans le même sens : rendre la parole, jusqu’à présent confisquée, aux expressions nationales qui ne peuvent être assimilées dans le magma indistinct des empires.
2. A quel moment vous êtes-vous senti concerné par le destin de l’Ukraine et des Ukrainiens ?
Je me suis rendu en Ukraine très souvent depuis vingt ans, et déjà cinq fois depuis le début de la guerre totale russe. Me rendre à Boutcha et Borodyanka en avril 2022, trois semaines après les crimes que l’on sait, fut un choc absolu. Au cours des vingt dernières années, rares étaient les politiques et même les experts des questions stratégiques qui effectuaient le chemin vers Kyiv, Lviv et Odessa. Au-delà des conférences que j’ai pu y prononcer, j’y ai aussi effectué plusieurs missions pour le compte de l’Union européenne à l’époque de Viktor Ianoukovitch où je voyais poindre les tentatives de capture par la Russie et, déjà, la volonté de résistance de nombreux Ukrainiens que je côtoyais. J’ai dès lors acquis une certaine familiarité avec ce pays. Je suis aussi allé souvent en Russie dans les années 2000 et cela m’a permis de mesurer le caractère incomparable entre les deux nations. Quand j’allais à Moscou ou Saint-Pétersbourg, je ne pouvais me défaire d’un sentiment d’oppression. En Ukraine, je percevais au contraire le vent de liberté qui soufflait malgré aussi les vents contraires, notamment à l’ère Ianoukovitch. J’avais acquis aussi la certitude du destin européen de l’Ukraine au point de camper, dans la partie prospective et fictionnelle d’un petit livre Quand la France disparaît du monde (Grasset) écrit en 2008, le personnage d’un commissaire européen ukrainien ! Parallèlement, l’analyse stratégique que je faisais de la situation du monde m’avait conduit à alerter déjà il y a presque vingt ans sur le danger que représentait la Russie pour la sécurité globale. Je m’étais élevé contre le reset lancé par Barack Obama, qui me semblait alors entaché d’une erreur d’analyse, puis bien plus tard sur toutes les tentatives de réengagement, y compris de la France, envers Moscou. Dès le début de la guerre russe contre l’Ukraine, en 2014, j’avais plaidé pour une action armée décisive des Alliés. Je l’ai réitéré avec encore plus d’insistance le 24 février 2022. Je persiste à penser qu’une intervention directe des Alliés est une nécessité.
En somme, mon propos était à l’entrecroisement d’une conscience que le sort de l’Europe et du « monde libre » se jouait en Ukraine et d’une alarme sur une Russie qui, je l’entrevoyais, irait jusqu’au bout, profitant de l’aveuglement des démocraties et de leur inaction. De manière plus intime, je voyais dès 2014 se profiler la volonté de destruction et de soumission d’un peuple que j’avais appris à connaître et à aimer. Je savais de quoi la Russie était capable – nous l’avions vu en Tchétchénie, en Syrie, en Géorgie et ailleurs. Je n’ai cessé, entre 2014 et 2022, de dénoncer notre inaction et toutes les tentatives – ou tentations – d’accords de paix avec la Russie. Je vibrais naturellement avec une nation que Moscou avait promis à l’anéantissement. Je fus aussi l’une des rares voix en France, avec Yannick Jadot, à demander un boycott de la coupe du monde en Russie en 2018 : les clameurs des supporters ont de fait étouffé les cris des victimes, syriennes et ukrainiennes. Je ne pense pas qu’on puisse séparer l’analyse stratégique de la conscience du crime, car cette dernière nourrit la première. Pour cette raison, j’ai sous-titré mon dernier livre Le crime et l’oubli.
3. Dans quelle mesure la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a-t-elle changé votre vision du monde ?
Je ne saurais affirmer, à vrai dire, qu’elle l’ait radicalement changé, car la perspective de cette guerre que je qualifie d’extermination faisait partie des réalités que je voyais poindre. Certes, je ne savais pas, avant 2014, si elle allait survenir, mais j’y faisais déjà allusion, dans deux livres écrits en 2011 et 2012, comme étant une possibilité. Je voyais cette marche vers l’abîme de la mort de la Russie et l’absence de réaction des démocraties. L’année 2013, marquée par l’absence de mise en application des lignes rouges énoncées par Obama après les attaques chimiques de la Ghouta, fut certainement un moment-charnière. La passivité observée en 2014, et les sanctions ridiculement faibles, en découlaient. Le refus, lors du siège et de la chute d’Alep en 2015-2016 d’établir en Syrie une zone de non-survol préfigurait l’abstention des Alliés envers l’Ukraine aujourd’hui. Je n’étais pas plus certain que la Russie déclencherait en 2022 une guerre totale contre l’Ukraine, mais elle était dans la logique que j’entrevoyais. Le retrait des troupes américaines d’Afghanistan en août 2021 la rendait plus probable et offrait une sorte de blanc-seing à Poutine.
Si ma vision du monde n’a donc pas changé, cela ne signifie pas qu’elle ne se soit pas assombrie. Certains signalent, au vu des réactions des Alliés, une conscience plus aiguë de la menace russe radicale. Ce n’est pas complètement inexact. Pour autant, je crains, puisque leur action reste somme toute beaucoup trop mesurée, que la compréhension des enjeux reste pour le moins lacunaire chez certains chefs d’État et de gouvernement. Imaginons d’ailleurs ce qui ce serait passé en, en février et mars 2022, si le président Zelensky avait préféré un taxi aux munitions et n’était pas resté à Kyiv, si la résistance ukrainienne n’avait pas été aussi forte et si l’armée russe avait été aussi puissante que certains l’estimaient. Les Alliés se seraient accommodé de la situation, auraient certes édicté de nouvelles sanctions, mais ils se seraient ensuite précipité à nouveau à Moscou. Quand je vois la manière dont certains d’entre eux, notamment les Etats-Unis et l’Allemagne, restent encore au milieu du gué en termes de fourniture d’armes, de refus de toute action directe de leur part et d’autorisation donnée à l’Ukraine de répliquer en territoire russe, je me dis qu’ils n’ont rien compris. Ils ont de fait laissé exterminer par les Russes de dizaines de milliers de vie et n’ont pas voulu les sauver. Ils ont aussi affaibli la sécurité de leur propre pays. Ils ont enfin permis à Poutine de développer ses propres raisons d’alliances ou de clients, soit moins dissuadés par un Occident libéral inconsistant, soit tentés de se dire qu’il ne fallait pas trop compter sur lui. Depuis quinze ans, nous avons assisté à l’érosion de notre dissuasion, prise globalement.
Donc si je me réfère à ce que je pensais il y a quinze ans et que j’avais exprimé dans un livre paru en janvier 2011 Le monde à l’horizon 2030. La règle et le désordre (Perrin), mon analyse du monde a partiellement évolué. Dans cet ouvrage, j’analysais certes déjà la menace russe, voyais poindre la révolte des peuples, notamment au Moyen-Orient juste avant la survenance des Printemps arabes et remarquais l’érosion des organisations internationales généralistes, mais j’imaginais encore l’existence de forces de rappel. Celles-ci me paraissent avoir largement fondu. On a assisté depuis quinze ans à un recul du nombre de pays démocratiques dans le monde, pointé par plusieurs instituts, et à un réarmement autant idéologique que militaire de plusieurs dictatures. La connexion entre celles-ci s’est développée alors que l’alliance des démocraties, que Joe Biden notamment voulait affirmer, est restée à l’état de slogan désarmé. Certains n’ont pas ainsi compris la nature de guerre totale de « l’opération spéciale » russe contre l’Ukraine et continuent à y voir une sorte de guerre classique. Ils la pensent à la lumière des guerres territoriales des XVIIe et XVIIIe siècle et non de la guerre hitlérienne et de la Shoah. Pour moi, qui suis l’héritier direct de parents qui ont combattu dans la Résistance dans leur vingtième année, je perçois, au-delà de toutes les différences, ce retour du mal radical dont beaucoup de dirigeants écartent mentalement la réalité. Dès lors, ils n’agissent pas en conséquence.
4. Qu’est-ce que, selon vous, l’Ukraine apporte à l’Europe et à la France, en particulier ?
Lorsqu’elle rejoindra l’Union européenne, j’espère en 2030, l’Ukraine sera la nation exemplaire de l’Europe, la seule à avoir depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale fait l’expérience d’une guerre d’agression et à s’être battue seule pour la défense et les valeurs de toute l’Europe. Elle portera, plus que toute autre, la conscience historique qui n’anime plus les autres. J’espère que celle-ci les fécondera et renforcera l’âme des citoyens de l’Europe. Si je parle ici de transfert, c’est parce qu’il y existe un fil de l’histoire que j’invite à renouer et qui lie ensemble les drames et les combats, ceux de la Shoah et de la Résistance, du Goulag et de la libération du communisme, et ailleurs qu’en Europe de la Révolution syrienne aux protestations de Hong Kong, du Laogai aux luttes des femmes iraniennes et afghanes – la liste pourrait être longue. Bref, Kyiv, en ce moment historique précis, sera le lieu de cette conscience universelle.
D’une certaine manière, ce sera alors Kyiv, plus que Bruxelles, Paris ou Berlin qui deviendra le cœur intellectuel de l’Europe comme par un transfert de cette mémoire historique. J’ai consacré tout un chapitre de Notre guerre à l’Ukraine comme nation exemplaire, non point nation ethnique, mais bien nation politique qui se forge par le combat pour la liberté, en somme quintessence de nation européenne. Le mot « nation » fait assurément peur dans certaines capitales européennes. Dans certains cas, il y a quelques bonnes raisons à cette crainte : plusieurs gouvernements européens ont érigé leur vision nationale en rempart contre la règle commune européenne et le droit international. Au nom de la nation, ils veulent restreindre certaines libertés énoncées dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et la Convention européenne des droits de l’homme du Conseil de l’Europe. En son nom, de manière très poutinienne, ils défendent des valeurs supposées traditionnelles contre certains droits et se défient des juges et de la liberté des médias. Ils défendent l’idée d’une nation qui se ferme ou se barricade contre la diversité à l’intérieur et contre l’universalité des droits. Or, précisément, l’Ukraine est différente. Elle reconnaît son caractère pluriel qui constitue sa force et qui se nourrit de sources aussi variées que l’orthodoxie, le judaïsme, l’islam de sa communauté tatare, le catholicisme et l’athéisme. Elle a réussi à marginaliser son courant ultranationaliste mieux que la plupart des nations d’Europe. La culture ukrainienne ne saurait être figée, mais se nourrit de la pluralité de ces apports. Elle ne pratique pas un nationalisme clos sur elle-même, mais chez elle la nation se conjugue avec les valeurs ouvertes de l’Europe. Elle constitue un antidote à l’idéologie russe qui inspire certains courants au sein de l’Europe.
Je me demande d’ailleurs si cette perspective ne fait pas quelque peu peur à certains dirigeants européens, comme si la force de l’Ukraine ne renvoyait pas à leur propre faiblesse. Ils peuvent voir aussi confusément en l’Ukraine une nation qui dispose de la légitimité pour s’imposer, alors que beaucoup d’autres l’ont perdue. Certes, beaucoup dépendra de celles ou de ceux qui dirigeront l’Ukraine dans les décennies qui viennent, de leur sens historique et de leur personnalité. Mais il est évident que l’Ukraine détiendra certains droits historiques spéciaux, si j’ose dire, à l’issue de la guerre, au même titre que les nations victorieuses après la Seconde Guerre mondiale. Elle n’aura pas oublié non plus ceux qui furent à ses côtés et ceux qui le furent moins. Elle aura aussi, par ce qu’elle a vécu et compris parce qu’elle fut obligée de mieux comprendre que les autres, une perception plus juste et réaliste de l’état du monde et de ses forces. A l’hypermnésie d’un certain nombre de dirigeants du monde libre, d’autant plus prompts à célébrer les résistances du passé qu’ils ne soutiennent pas celles du présent, ses dirigeants pourraient sans doute avoir une forme d’hyperconscience. Les plus jeunes de ses citoyens auront grandi plus vite, peut-être trop vite par leur fut ôtée l’insouciance qui sied à l’enfance, comme les jeunes résistants des nations libres il y a quatre-vingts ans.
5. Comment voyez vous l’évolution du conflit et quelles perspectives de résolution entrevoyez-vous ?
Je n’ai certes pas de don de voyance, mais je ne peux, par la raison, entrevoir autre chose qu’une victoire de l’Ukraine. Ma mère me disait toujours que, même lorsqu’elle était en déportation au camp de Ravensbrück et qu’elle voyait ses compagnes mourir par milliers, elle ne parvenait pas à croire en la défaite des nations libres. Je m’alarme d’ailleurs du fait que le défaitisme, que la propagande russe cherche à instiller dans les esprits, soit si répandu en France et en Europe. Je pense que certains, qui ne peuvent trop clamer ouvertement leur attachement à la Russie, le propagent d’autant plus que tel est leur souhait.
Je ne vais certes pas embellir le tableau : la situation est plus que difficile sur le front ; l’hiver va être dur pour le peuple ukrainien, soumis aux attaques incessantes des Russes et au manque d’électricité en raison des attaques sur les centrales ukrainiennes ; certains dirigeants sont prêts à conclure un accord avec Moscou qui laisserait sous son joug une partie de l’Ukraine et constituerait une menace à terme pour leur propre sécurité. Nous pouvons être alarmés aussi des incertitudes américaines, même si elles ne sont pas complètement nouvelles non plus. Enfin, la Russie a accéléré son effort de guerre, sacrifiant encore plus le reste de son économie et est aidée massivement par l’Iran, la Corée du Nord et, en large partie, la Chine. On sait que Moscou vise déjà le coup d’après, c’est-à-dire l’Europe.
Pour autant, l’Europe dispose toujours de capacités considérables pour autant qu’elle veuille les mobiliser, et je vois poindre une conscience, certes encore insuffisante, dans cette direction. L’Ukraine aussi – cela m’a d’ailleurs impressionné lors de plusieurs discussions à Kyiv – fait preuve une capacité d’innovation et d’une intelligence stratégique qui lui ont déjà permis de porter des coups aux forces russes, y contraire sur leur territoire, et cela devrait s’intensifier encore au cours des prochains mois, même s’il s’agit d’une course contre la montre. Donc il faut arrêter de dire que la guerre est perdue pour l’Ukraine, loin s’en faut. Je suis d’ailleurs heureux que le président Zelensky – une très ancienne recommandation de ma part – parle désormais de plan pour la victoire et non de plan de paix. Je crois que les soutiens de l’Ukraine devraient d’ailleurs se garder d’utiliser des expressions comme « négociations », même à une date reculée, « accords de paix », et même paix, car Kyiv ne doit rien céder.
On me demande souvent de dire ce que signifierait la victoire pour l’Ukraine. Je le répète constamment : retour aux frontières de 1991, les seules internationalement reconnues, jugement des crimes de guerre, contre l’humanité, de génocide et d’agression, retour des enfants déportés et des prisonniers de guerre, paiement intégral par la Russie des dommages de guerre et garanties de sécurité, qui passent par l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et à l’UE et stationnement des troupes alliés en Ukraine. Rien de cela n’est négociable : le droit international des frontières et le droit pénal international ne peuvent faire l’objet de compromis ou d’une médiation.
Imaginons qu’il n’en soit pas ainsi : cela signifierait que les Alliés auraient récompensé le crime d’agression, accepté que, plus encore que jamais, le droit international devienne un chiffon de papier, et donné aux Russes l’autorisation de continuer à tuer, à torturer, à violer et à déporter, puisque tel est la réalité des territoires occupés par les Russes. Devant cet abandonnement de tout principe et de toute règle, Poutine serait incité à continuer plus loin encore ses attaques, en particulier contre l’Europe, et ses amis nord-coréens, chinois et iraniens en feraient de même. Bref, cela signifierait que l’Alliance la plus forte du monde, l’OTAN, aurait été défaite, sans combattre, par un Etat faible et bientôt failli. De fait, s’ils le voulaient, ces pays pourraient défaire, avec leurs seuls moyens conventionnels, la Russie de manière quasi définitive, en tout cas pour longtemps. En intervenant directement, ils auraient pu gagner la guerre dès 2022. Là aussi, ils ne l’auraient pas voulu.
Mais j’ose penser que les dirigeants de l’Europe au moins, peut-être aussi malgré tout des Etats-Unis, s’arrêteront avant de plonger leur pays dans l’abîme. Ils le feront avec un coût incroyablement plus élevé que s’ils avaient agir en 2008, 2014, 2015, 2016 ou même 2022. Mais ils n’ont pas le choix. Que l’Ukraine ne soit pas intégralement victorieuse, et cela sera, pour de bon, l’Europe et le monde libre qui seront défaits.
commenter cet article …