Abraham Mintchine, né en 1898 à Kyiv, a été mis en apprentissage à l’âge de treize ans dans la boutique d’un orfèvre. Il y perd la santé, mais apprend à travailler l’or, matière précieuse symbole de l’esprit qu’il manipulera jusqu’à s’imprégner de sa lumière qui irradiera plus tard ses toiles.
Remarqué pour son aptitude au dessin, Mintchine est admis en 1914 à l’Ecole des Beaux-Arts de Kyiv sur la recommandation du poète Samuel Marchak. Kyiv, ville méridionale ouverte aux influences de l’Orient, est alors le berceau du futurisme littéraire et pictural, une étape pour les expositions artistiques itinérantes, un lieu de rencontre pour les créateurs de tous bords désireux de créer une culture originale conciliant modernisme et héritage national (art populaire ukrainien, art sacré et folklore juif).
L’atelier d’Alexandra Exter, pionnier de l’art du XX siècle, est un des salons de l’élite intellectuelle de la ville.
Si l’on ne peut affirmer avec certitude que Mintchine fut l’élève d’Alexandra Exter, l’atmosphère artistique de la capitale ukrainienne joua certainement un rôle dans sa formation.
En 1923, Mintchine rejoint Berlin en compagnie de sa femme Sonia, artiste lyrique. L’étape berlinoise marque une rupture ; guéri de la « maladie infantile de la peinture » qu’est cubisme, l’art de Mintchine va connaitre à Paris une évolution rapide : personnages et objets, libérés du trait noir qui cernait et les emprisonnait, s’entoureront d’une aura de lumière qui les transfigure.
Les tableaux de Mintchine, exposés au Salon des Tuileries, aux Indépendants et au Salon d’automne, attirent l’attention des critiques et collectionneurs. Il expose en 1928 à la galerie Margaret Henry, l’année suivante chez Alice Manteau, puis chez Zborowski. Trois de ses œuvres figurent à la section russe de l’exposition française d’art contemporain à Moscou. La même année nait sa fille Irène qu’il représentera dans son berceau, veillée par un ange...
Le contrat signé avec René Gimpel en 1930 le met à l’abri du besoin et lui permet de se consacrer entièrement à la peinture en Provence.
Le 25 avril 1931, le peintre meurt d’une rupture d’anévrisme, à la Garde, près de Toulon. Sa mort prématurée, puis la dispersion de ses toiles ont privé Mintchine d’une reconnaissance que connaitront ses amis, Gontcharova, Larionov, Lanskoy, Soutine et d’autres. L’unique toile de Mintchine en Europe de l’est se trouve dans la galerie publique dans la région de Penza (Russie).
Massimo Di Veroli veille sur l’héritage artistique d’Abraham Mintchine. Courant décembre 2014, il vous accueillera dans sa galerie, au 19 rue Miromesnil à Paris, à l’exposition « Paysages urbains: Paris-Toulon-Colliour ».
(les éléments biographiques proviennent du texte de Hélène Menegaldo de la monographie « Abraham Mintchine 1898-1931» éditée par Massimo Di Veroli).