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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 21:19
Slow Galerie, Ukraine Extraordinaire
Slow Galerie, Ukraine Extraordinaire

Entretien avec Aurélie Pollet, co-organisatrice de l’exposition

La Galerie Slow qui a ouvert ses portes en février 2014, est dédiée aux arts graphiques. Sa vocation est « d’être une scène active où s’expriment les talents de l’image ». La galerie a présenté aux parisiens l’exposition des œuvres graphiques « Ukraine Extraordinaire ». Elle a été inscrite dans le programme du festival UKRAINE SCENE LIBRE. Du 16 au 30 avril 2015 le public a pu découvrir les artistes ukrainiens d’une nouvelle génération.
C’était un des événements marquants de cette année qui souligne l’intérêt grandissant des Français pour la scène artistique ukrainienne. Nous ne pouvons que célébrer le développement plus profond des échanges culturels entre les deux pays par le biais des rencontres et la création des projets artistiques communs.
Cinq artistes ukrainiens d’avant-garde, ont exposé leurs œuvres : Olexa Mann, Ivan Semesyuk, le duo Braty et Kristina Yarosh. Et l’accueil des parisiens a été chaleureux : les artistes « expriment leur exigence de liberté, leur force de résistance, et leur extraordinaire créativité. Avec humour, provocation et poésie, cette exposition s’annonce comme un événement fort et incontournable » (Blog www.yvesetcoco.com par Marina).
L’exposition a pu avoir le jour notamment grâce au partenariat de Slow Galerie avec les directeurs artistiques du The Parisianer, Aurélie Pollet et Michaël Prigent.

Aurélie Pollet :

L’exposition a été organisée par Slow Gallery, représentée par Lamia Magliuli et Oleg Sosnov, commissaire ukrainien de l’exposition, coordinateur du festival UKRAINE, SCENE LIBRE. Moi et Michaël Prigent, mon collaborateur sur le projet de « The Parisianer », nous avons participé également.


Lamia Magliuli a ouvert Slow Gallery il y a un an et demi. L’initiative est récente et elle explose. Il y a des vernissages une fois par semaine. Elle montre la scène artistique parisienne avec une envie de monter des projets transculturels. Avant « The Parisianer », moi et Michaël, nous avions d’autres projets et nous avons fait une exposition ici. C’est grâce à cet événement, nous avons fait la connaissance de la galeriste et nous avons sympathisé.


Lorsque nous sommes partis avec Michaël à Kyiv pour présenter le projet « The Parisianer », nous avons découvert la scène artistique ukrainienne. Déjà étant là-bas j’ai eu une idée de faire quelque chose à Paris pour que le public parisien connaisse. Oleg Sosnov nous a présenté des artistes qui exposent aujourd’hui dans la Slow Galerie. Nous avons choisi les images qui nous ont le plus touchés. Au début j’imaginais de faire une grande exposition avec la photo et l’art graphique. Mais cela a été difficile à organiser, car nous n’avions pas de budget, pas de subventions. A ce moment-là j’ai contacté Lamia pour savoir si cela pourrait l’intéresser de faire quelque chose dans sa galerie. Elle a tout de suite adhéré, surtout lorsqu’il s’agit des artistes engagés qui se battent pour la liberté de leurs pays. Cela l’a vraiment touchée. Par rapport à l’espace, nous avons décidé de limiter l’exposition à l’art graphique, plus précisément en rapport avec la ligne éditoriale de la galerie qui est concentré sur l’art graphique. L’exposition des photos peut être organisée plus tard dans un autre endroit. On aimerait bien retourner en Ukraine et faire ensuite une exposition plus ample. Pour cela il faut avoir du temps et de l’argent.


Les premières impressions de cette exposition sont bonnes, les gens avec qui j’ai parlé l’ont aimée. J’ai l’impression qu’ils ont été touchés par les images qui m’ont touché moi personnellement. Ils aiment bien l’initiative. Cela donne envie d’encourager ce genre de rencontres culturelles.


Pour plus d’information, retrouvez
SLOW GALERIE
5 rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris
www.slowgal
erie.com

Par Olena Codet

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 23:00
The Parisianer en Ukraine
The Parisianer en Ukraine

La 12ème édition du festival « Le Printemps Français en Ukraine » a eu lieu du 4 au 29 avril 2015. Cette année les Kiéviens ont été éblouis par un spectacle d’ouverture extraordinaire. La compagnie française « Spectaculaires – les Allumeurs d’images » a présenté « Je suis un rêve », des images projetées sur la façade de la cathédrale Sainte-Sophie qui rappellent l’histoire récente de l’Ukraine. Ce spectacle a célébré le courage et l’amour pour la liberté des Ukrainiens.
Le festival, créé en 2004, se déroule dans plusieurs villes en Ukraine : Kyiv, Dniepropetrovsk, Kharkiv, Lviv, Odessa et d’autres. Cet événement artistique est devenu incontournable dans la vie culturelle de la capitale et des grandes villes régionales. Les visiteurs ont pu assister aux pièces de théâtre, des expositions, des conférences et des débats, participé aux échanges intellectuels.
« Les Perspectives Ukrainiennes » ont rencontré deux artistes français qui ont présenté leur projet aux Ukrainiens, donné des conférences et animé les séminaires dans le cadre du festival. Nous avons recueilli leurs impressions de ces rencontres, enrichissantes et révélatrices, entre deux cultures. Nous discutons avec Michael Prigent, illustrateur, co-directeur artistique du projet « The Parisianer » (la création de 100 couvertures pour un magazine imaginaire, l’ouvrage paru chez les Editions 10/18 en mars 2014) et Camille Besse, dessinatrice
de presse.


Quelles sont vos impressions du festival « Le Printemps Français en Ukraine » et de l’accueil des Ukrainiens ?
Michael Prigent : C’est notre deuxième voyage en Ukraine. C’était fascinant de retourner dans un pays où nous avons déjà rencontré des gens, la culture, la première fois (en octobre 2014). La première impression était très forte, un souvenir d’une très belle exposition, plein de rencontres d’artistes, des citoyens ukrainiens, des Français vivant en Ukraine… On revenait en Ukraine avec cette idée en tête de revoir tout cela. Personnellement, j’ai eu une grande surprise d’avoir encore plus d’émotions, d’avoir fait encore plus de rencontres.


Le rythme a été soutenu : le premier jour je suis arrivé à Kyiv, le deuxième jour, je suis parti à Kharkiv pour un vernissage, le troisième jour – à Dniepropetrovsk pour un autre vernissage, et ensuite le retour à Kyiv pour assister au spectacle de lumière à Saint-Sophie.


En ce qui concerne le Printemps Français en Ukraine, c’était un très grand honneur d’y être invité. Il y a un an, notre participation n’était pas encore programmée. Une occasion incroyable de retourner sur place. Cet événement a été très bien organisé. Ils nous ont accordé une place très honorifique : l’on a pu inaugurer quatre villes. J’ai visité deux galeries et j’ai été impressionné par leur professionnalisme et leur accueil. Chaque jour en Ukraine a été une découverte, un voyage, un vrai bonheur. L’accueil, les gens, le public, tout était incroyable. On nous avait dit qu’il était possible qu’il n’y aurait pas beaucoup de public. En réalité, c’était tout le contraire ! Les salles ont été remplies : des jeunes, des moins jeunes, des étudiants, des artistes, les gens qui ne travaillent pas du tout dans l’art, il y avait tout public, les Ukrainiens et les Français expatriés. J’ai pu observer une curiosité, une envie, la disponibilité, un regard qui cherchait à comprendre, une envie à échanger, à discuter… Mes impressions sont très positives.


La Galerie Pictoric à Kyiv a proposé à moi et à Camille Besse d’animer une conférence sur notre projet. Camille est dessinatrice de presse et a été invité comme participante du projet « The Parisianer » (la création de 100 couvertures pour un magazine imaginaire).
Nous avons proposé de couper la conférence en deux pour qu’elle puisse présenter son métier. Encore une fois on était très bien accueilli, nous avons rencontré des gens adorables. Une petite centaine de personnes est venue assister à notre présentation, que des jeunes, des étudiants, des gens curieux. Nous avons parlé pendant deux heures de nos projets, de dessins de presse. La question qui a été souvent posée : « Est-ce qu’en Ukraine on est assez bon ? ». Ma réponse est oui, évidemment. La politique culturel en France et en Ukraine n’est pas la même. Il y a moins de visibilité, moins d’argent d’Etat. C’est pour cette raison que les jeunes Ukrainiens doutent de leurs capacités. Pendant mes conférences à Kharkiv et à Dniepropetrovsk j’ai insisté sur le fait qu’il ne fallait pas attendre que l’on vienne vous chercher. Même si en France nous avons l’impression qu’il y a beaucoup de projets, il y a aussi un grand nombre d’initiatives personnelles. En Ukraine, les artistes ont un très bon niveau. Toutefois, l’on peut penser qu’en France tout est facile ce qui ne correspond pas à la réalité. Donc il ne faut pas se poser cette question de niveau, mais avancer.
« The Parisianer » est un exemple d’un projet réalisé sans aides d’Etat. Tout d’abord, on s’est entouré du public. Cela peut paraître difficile de monter un projet et ça l’est, mais créer un réseau, monter une équipe, c’est toi qui peut faire. Cela représente beaucoup de travail, mais c’est faisable. Je ne suis pas un éditeur, je suis quelqu’un qui veut faire des images avec des amis, des artistes, de faire un travail.
Les artistes Ukrainiens ont du potentiel et des capacités nécessaires à leur réussite, il faut en avoir confiance !


Camille Besse : J’ai participé à l’exposition parisienne ( « The Parisianer ») en tant que co-auteuer, mais je n’étais pas la fondatrice du projet. Je suis Aurélie Pollet et Michaël Prigent depuis leur premier travail ensemble.
J’ai remplacé Aurélie pour présenter le projet « The Parisianer » au festival « Le Printemps français en Ukraine ». L’exposition avait lieu dans quatre villes. Michaël est parti à l’Est de l’Ukraine et je suis partie à l’Ouest : Rivne et Lviv. Ensuite on s’est rejoint à Kyiv où l’on a fait le séminaire.


Je suis arrivée de Kyiv à Rivne en voiture, la route représente 300 km de steppe ! J’étais très étonnée de constater à quel point ce pays est plat ! J’avais l’impression d’être dans une carte postale un peu ancienne. C’était la fin de l’hiver, la terre était noire, il y avait une très belle lumière, le ciel très lourd, presque violacé. Les petites maisons avec le toit à plusieurs inclinaisons, très mignon, désuet, une carte postale d’un siècle passé. Pour moi, c’était une image très forte. C’est un paysage dur, froid, car c’était la fin de l’hiver, mais avec cette lumière douce. La ville de Rivne n’est pas jolie, le centre n’est pas très charmant, donc pas très touristique. Par contre, j’ai été accueillie par des gens tellement heureux d’être là. L’exposition à Rivne a eu lieu dans un restaurant d’un petit hôtel. Les représentants de deux chaînes de télévision locales se sont déplacés, des journalistes, toute la communauté francophone était là. Nous avons senti que les gens étaient vraiment avides, avaient faim de culture. Je pense que la crise économique et politique n’y est pas pour rien. Mais j’ai ressenti une telle reconnaissance, une telle gentillesse ! Les gens étaient fantastiques, avec une vraie énergie positive, avec une envie de faire des choses ! C’est très touchant. J’ai envie de les remercier mille fois.


Malheureusement, je n’ai pas eu la possibilité de bien visiter Lviv cette fois-ci. La présentation a eu lieu le soir et je suis repartie tôt le matin. Une fois de plus, les trois jeunes francophones qui étaient au vernissage, ont insisté pour me faire visiter la ville sous la tempête de neige. C’était tellement gentil ! Je dois absolument retourner à Lviv, car cela a l’air très beau.


De retour à Kyiv nous avons donné une conférence et organisé un séminaire. Nous nous sommes retrouvés face à une centaine des participants : des jeunes designers, graphistes, illustrateurs, artistes ukrainiens, avides de projets, avec une envie de faire des choses, qui ont très peu de moyen pour des multiples raisons. Nous leur avons expliqué que nous venions d’un pays riche, certes, mais nous avons monté notre projet avec rien. Nous avons eu recours au crowdfunding, en pré-vendant le livre, nous avons tout autofinancé. Nous n’avons pas attendu que l’argent vienne vers nous. En faisant marcher notre réseau, en faisant marcher les volontés de chacun nous avons réussi à réaliser notre projet (The Parisianner).


Les jeunes Ukrainiens que nous avons rencontrés ont une telle énergie ! Si cette jeunesse tellement puissante arrive à construire des relations à l’horizontal (à s’entre-aider), elle peut révolutionner le monde de l’art en Europe.


Je disais aux jeunes Ukrainiens, qu’en ce moment, l’Europe de l’Est est à la mode en France. On adore l’art de ces pays. C’est tellement exotique. L’Ukraine est en train de vivre une révolution politique et culturelle, sa jeunesse est en train de découvrir sa force et sa puissance. Le jour elle aura compris à quel point elle est libre, à quel point elle est puissante, elle renversera tout sur son passage.


Il n’est pas question de comprendre l’Europe, il faut que l’Europe vous comprenne (l’Ukraine). La solution, c’est de monter des projets, créer des partenariats. Je suis journaliste, dessinatrice, illustratrice en France, je vois ces images (à l’exposition des artistes du Maïdan à Slow Gallery à Paris, avril 2015), je vois immédiatement qu’il y a des choses à faire en Ukraine. Mais avant de se faire connaître au-delà des frontières, il faut faire. A chacun de prendre sa part et faire en sorte d’aller envers l’autre. Il faut que les Ukrainiens aient confiance en eux, qu’il n’y ait pas de complexe de jeunesse. Vous êtes nouveaux. La France ne doit pas donner des leçons, il faut que cela soit un vrai échange. Moi personnellement, je suis extrêmement honorée, mais je suis également extrêmement humble face aux jeunes Ukrainiens que je rencontre ou jeunes Français, jeunes créateurs. Nous, on ne devait pas se battre pour pouvoir s’exprimer. Ce n’est pas le cas des jeunes Ukrainiens, cela leur donne une force qu’ils ignorent. Le jour ils auront compris à quel point nous, on est faible, ils comprendront à quel point ils sont forts.


D’accord, il faut aller vers l’Europe pour montrer qu’ils existent. L’Ukraine a énormément des choses à faire apprendre à l’Europe. Nous, on est une vieille dame fatiguée, on est essoufflé. L’Ukraine est un pays avec un nouveau souffle. J’attends beaucoup de l’art ukrainien, de cette énergie nouvelle. La France a de l’expérience et l’Ukraine – de l’énergie. Le message que je vous faire passer aux Ukrainiens : vous êtes jeunes, créatifs, talentueux, vous avez des choses à dire. Donnez-vous la main, s’entre-aidez-vous, cela va marcher. J’ai envie d’être très optimiste.

Propos recueillis par Olena Codet

Camille Besse

Camille Besse

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