CINÉ-CLUB UKRAINIEN
ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE
Mardi 15 mai 2012, 19h, à l’Espace culturel de l’Ambassade
22, av. de Messine, M° Miromesnil. tel. 01 43 59 03 53
Entrée libre.
L’ENFANT
(ДИТИНА)
vo
Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, 1968, 20 mn, nb
Scénario : Mykola Machtchenko
Réalisation : Mykola Machtchenko
Photographie : Valeriï Kvas
Décors : Anatole Dobroleja
Musique : Arkadiї Filipenko
Son : Youriï Rykov
Interprétation : Tania Ossyka, Volodymyr Frolov, Youriï Mykolaїtchouk, Uldis Putytis
Genre : court métrage de guerre
Synopsis
Perdue pendant l’exode de 1941, une fillette est recueillie par des soldats soviétiques. Egarée à nouveau pendant une fusillade, elle se retrouve dans les bras d’un Allemand.
MARIAGE AVEC LA MORT
(ВІНЧАННЯ ЗІ СМЕРТЮ)
vo
Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, Studio XXI, 1992, 79 mn, coul.
Scénario : Ivan Dratch, Mykola Machtchenko, Mykhaïlo Tchernytchouk
Réalisation : Mykola Machtchenko
Photographie : Serhiї Bordeniouk
Décors : Yevhen Pitenine
Musique : Vadim Khrapatchov
Son : V. Soulimov
Montage : S. Roussetska
Directeur de production : V. Rybakov, R. Tychkovets
Interprétation : Oleg Savkine, Heorhii Drozd, Heorhiї Moroziouk, Halyna Soulyma, Natalia Polichtchouk, Constantin Chaforenko, Loudmyla Tchyncheva, Heorhiї Melskyi, Andriї Alexandrovytch, Loudmyla Lohiїko, Victor Stepanenko, Olès Sanine, A. Hnatiouk, Alexandre Tcherniavskyi, S. Borovyk, O. Zatoutchnyi, V. Maїstrenko, O. Maїstrenko
Genre : drame psychologique
Synopsis
Vers la fin des années 30, la terreur stalinienne sévit partout. Le jeune lieutenant Chtcherbakov reçoit l’ordre d’exécuter plusieurs ennemis du peuple dans une forêt. Egaré sur les lieux de l’exécution, un cortège nuptial assiste malencontreusement au massacre. Conformément aux instructions militaires, le lieutenant est contraint de liquider les témoins de la tuerie.
Opinion
Après 1991, année bénie où le secteur privé complétait les maigres subsides de l’État, la baisse progressive de la production cinématographique ukrainienne n’épargne pas le Studio Alexandre Dovjenko de Kiev qui livre péniblement 11 longs métrages. Loué aux Occidentaux ou sous-loué pour d’obscurs contrats commerciaux, le studio reste néanmoins le dernier refuge pour les quelques cinéastes qui prennent une position ouverte en faveur d’un cinéma national, et parmi eux Mykola Machtchenko et Alexandre Mouratov. Libéré de ses fonctions de directeur général du Studio Alexandre Dovjenko (installé depuis 1989, il continue de le diriger dans l’ombre en qualité de directeur artistique), Mykola Machtchenko signe, en 1992, Mariage avec la mort, sur un scénario original d’Ivan Dratch et de Mykhaïlo Tchernytchouk, un sujet sur le comportement tragique d’individus enrôlés par manipulation idéologique et même par la force dans le NKVD. Oleg Savkine interprète le rôle d’un lieutenant de l’Armée Rouge, qui a décidé de consacrer sa vie au service de l’État en larbin docile accomplissant n’importe quelle mission. Héros tragique, il approuve au nom de la morale suprême les exactions des organes de sécurité. Monté dans la hiérarchie, il deviendra, à son tour, chef de camp et recrutera pour les services, comme il fut lui-même recruté dans sa jeunesse. Véritable descente aux enfers parmi les morts-vivants, des images très dures de simulacres d’exécutions ponctuent ce film aux personnages négatifs, minés par le doute, les réticences, les scrupules (Oleg Savkine), et la cruauté sanguinaire (Heorhiї Drozd, le sergent). Heorhiї Moroziouk incarne l’unique personnage positif, le pope, qui au nom du Christ et de l’amour du prochain tente de s’interposer dans la tuerie. Machtchenko, auquel on a souvent reproché le sentimentalisme, livre un film dur, angoissant, sur la métamorphose de l’individu en machine à tuer. Mariage avec la mort se range aux côtés d’autres films de la même époque abordant le thème des persécutions et déportations staliniennes, tels Le Tango de la mort d’Alexandre Mouratov, Le Jardin de Gethsémani et Les Chasseurs de tigres de Rostyslav Synko, Le Convoi secret de Yaroslav Loupiї.
Mykola Machtchenko débuta dans les années 60 avec des films tournés en binôme. En 1966, il réalise seul un film consacré à l’enfance Partout le ciel. Il connaît aussi, dès cette année, les affres de la censure : Plus fort que la mort, d’après une nouvelle d’Olès Hontchar, est arrêté pendant le tournage et ne sera produit que 20 ans plus tard sous le titre L’Amour triomphe toujours. Son court métrage L’Enfant est considéré comme un exercice de style de l’opérateur Valeriï Kvas, plutôt que comme un film d’auteur. Réalisé d’après le récit éponyme d’Alexandre Serafimovitch, L’Enfant fut interdit à la fin des années 60 pour pacifisme. Une réalisation enlevée où l’innocence, la naïveté, l’amitié et l’humanisme, mais aussi la cruauté atteignent à l’universel. On y remarque l’interprétation du soldat soviétique par Youriï Mykolaїtchouk, dont ce sera la seule apparition à l’écran, hormis sa participation dans L’Oiseau blanc marqué de noir. Mykola Machtchenko s’est fait connaître surtout par Les Commissaires (1970), film culte du courant poétique de l’École de Kiev, dont il est l’un des derniers grands représentants.
Lubomir Hosejko