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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 23:06

Le bulletin de Janvier 2014 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes ou en cliquant ici

 
Au sommaire:


p. 1 : Editorial


p. 2 - 4 : Entretien avec Jean Roche, directeur de BETEN International


p. 5 - 6 : Rencontre avec Jean Le Roch, directeur d’une école française à Odessa


p. 7 : Le cosaque et la gitane : un film de Nadine Beaudet


p. 8 : Invitation à l’exposition des tableaux d’Andriy Naboka


p. 9 : Projection - débat du film Holodomor, le génocide oublié


p. 10 : Actualité du livre

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 22:40

jeanleroche.jpgInterview de Jean Le Roche, directeur d’une école française à Odessa.


- Quels étaient les motifs et le contexte de l’ouverture de l’école ? Est-elle agréée par les ministères de l’éducation des deux pays ?
Je suis un entrepreneur qui œuvre dans un secteur passionnant et peu commun, le développement d'écoles françaises à l'étranger. Après la création en 2010 du Collège International Français de Sarajevo (CIFS), il m'est apparu que le réseau des écoles françaises est exclusivement implanté dans les pays d'influence française traditionnelle et/ou dans les capitales.


L'argument invoqué par les services de l'Etat chargés de l'enseignement français à l'étranger, pour expliquer cet état de fait, est d'ordre financier. Sans la base que constituent les clientèles captives des enfants des familles françaises expatriées et des enfants des familles du corps diplomatique il n'y aurait aucune perspective d'auto suffisance financière.


Ne partageant pas cette analyse, je souhaitais valider ma conviction au moyen d'un test grandeur nature. A ce titre, Odessa dispose de certains arguments.


L'Ukraine est un pays émergent de la zone CEI dont Odessa, avec son million d'habitant, n'est pas la capitale tout en étant cosmopolite et ouverte sur le monde. Par ailleurs, hormis Kiev, il existe 5 villes de plus d'un million d'habitants en Ukraine, ce qui autorise de substantielles perspectives de développement.


Et puis il existe une Histoire partagée entre Odessa et la France tout à fait prodigieuse. Je recommande à chacun d'écrire « Armand Emmanuel du Plessis, Duc de Richelieu » dans le moteur de recherche de leur navigateur internet, pour découvrir une page magnifique et méconnue de l'histoire de France.


Pour les écoles que j'ai l'honneur de développer, je recherche systématiquement l'homologation par le Ministère Français de l'Education National, qui constitue le seul cahier des charges indiscutable garantissant la qualité de l'enseignement dispensé.


Mais cette homologation n'est jamais préalable, elle ne peut s'obtenir qu'après inspection pédagogique et passage en commission d'homologation. Il faut donc d'abord exister et atteindre une taille critique afin de pouvoir s'inscrire dans une campagne d'homologation. C'est exactement le processus dans lequel nous sommes engagés à Odessa.


Parallèlement, nous continuons la discussion avec la représentation régionale du Ministère Ukrainien de l'Education en vue d'obtenir la licence ukrainienne. Même s'il n'aura échappé à personne que dans le contexte de la non signature de l'accord Ukraine-UE, l'administration ukrainienne traverse actuellement une période d'incertitudes.


- Combien d’élèves et de professeurs comptez-vous à ce jour?
L'école compte aujourd'hui 40 élèves, 2 Professeurs des écoles français dont un Chef d'Etablissement, 3 assistantes bilingues, 1 professeur d'Anglais, 1 professeur de Russe et 1 Directeur Administratif.

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- Quelles sont les attentes des élèves et des parents ?
Les élèves attendent naturellement la prise en compte de leurs désirs et sont en constante recherche de nouveautés. Ils recherchent la distraction, ce qui est assez antinomique avec l'apprentissage des règles, ce qui est le propre de la petite école. En ce qui concerne l'enseignement en français les élèves n'ont, si j'ose dire, pas d'opinion, les parents sont prescripteurs quand aux choix des langues d'apprentissage.


Les attentes des parents sont assez claires:


- l'école doit dégager une image "statutaire"
- l'organisation et les règles doivent être connues d'avance, aucune place ne doit être laissée à l'imprévu. Les règles qui diffèrent du système ukrainien sont difficiles à mettre en œuvre. Par exemple, l'absence de collation matinale, (ndlr formellement déconseillée par le Ministère Français de l'Education Nationale) ou encore le respect des horaires.
- Les parents attendent un niveau d'enseignement très supérieur à celui des autres écoles. Et confondent souvent qualité et quantité. Un Professeur qui donne peu ou pas de devoirs à la maison est perçu comme moyen voire pire. . Traditionnellement, les parents ukrainiens investissent massivement dans les cours particuliers, et sont assez incrédules lorsque nos enseignants leur conseillent de "laisser un peu respirer leurs enfants".
- les maths avant tout ! Le niveau de l'enseignement des mathématiques sert de référence pour apprécier le niveau général de l'école.
- les parents dont le projet scolaire pour leur enfant inclut un passage par l'étranger sont parmi nos meilleurs soutiens.

- Le rythme scolaire est différent en France et en Ukraine. Comment fonctionne l’école? Quels sont les avantages et les inconvénients de chaque rythme ?
En tant qu'école française nous appliquons strictement les programmes français. Aussi bien en terme de rythmes scolaires, de progression et de suivi pédagogique. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes avec certains parents qui veulent absolument accélérer le rythme des apprentissages

Rappelons que l'école maternelle est une" école", c'est à dire un lieu d'acquisition de connaissances et de socialisation avec des objectifs de progressions. C'est une spécificité française. En Ukraine comme dans tous les pays de la région, la scolarité commençait traditionnellement à 6 ans.


Avant cette entrée à l'école l'enfant était soit confié aux bons soins des grands parents, soit mis en garderie.

Pour faire une comparaison synthétique (et forcément un peu réductrice) entre les deux systèmes; je dirai que si le but du système ukrainien est d'enseigner des connaissances à l'élève, l'objectif du système français est de lui apprendre à apprendre.

Enfin, notons que 90% de nos élèves étant primo arrivants (non francophones) une place très importante est accordée à l'enseignement du FLE (français langue étrangère) durant le premier semestre.


- Que pensez-vous de la réforme du rythme scolaire qui est en train de se mettre en place en France?
La réforme des rythmes scolaires actuellement mise en œuvre est, de toute évidence, une bonne réforme puisqu'elle vise à optimiser la charge de travail scolaire des enfants. Par contre sa mise en œuvre, plus précisément les charges supplémentaires qu'elle occasionne aux municipalités, provoque un débat tendu, parfois même enflammé.


En clair une réforme importante et nécessaire est remise en cause sur la base d'arguments financiers et administratifs. Il ne m'appartient pas de commenter les attitudes des uns et des autres, mais il semble que bon nombre de collectivités territoriales françaises ne placent pas l'enseignement en position prioritaire lors de leurs arbitrages budgétaires.

- Etes-vous en contact avec vos collègues de l’école publique ukrainienne ? Est-ce qu’ils vous font part de leurs conditions de travail?
Le discours qui nous est tenu par nos collègues ukrainiens est malheureusement assez terne.
Il y a un sentiment général que le respect, autrefois très fort, envers la fonction de professeur est en net recul.

Et puis il y a cette critique du double discours permanent :
- le niveau de rémunération des professeurs étant très faible, une pression financière permanente est exercée sur les parents au travers de multiples prétextes (travaux pratiques, sorties scolaires, cours de soutien, fêtes de l'école, etc).
- Bien qu'ils rechignent les parents paient in fine. En règle générale ils sont d'accord pour soutenir un professeur "solliciteur" pourvu qu'il soit bon. D'ou la généralisation des cours particuliers.

Les autorités de tutelle de l'éducation en Ukraine, notoirement sous budgétée, n'ont pas le choix et laissent donc se perpétuer cet état de fait.


Autre conséquence de la paupérisation de l'enseignement public, l'augmentation de la disparité entre les écoles. Il y a aujourd'hui en Ukraine de jolies écoles fraichement repeintes avec du mobilier neuf et des ordinateurs de dernière génération dont les élèves sont issus de familles aisées et d'autres qui sont dans un état calamiteux parce que les élèves sont issus de catégories populaires.

Enfin, un autre aspect mal ressenti par les enseignants ukrainiens est la lourdeur bureaucratique liée à leur fonction. Le nombre de formulaires, questionnaires et rapports divers à remplir, de circulaires à appliquer et d'inspections à recevoir est tout à fait caricatural.

- Est-ce que les rapports parents-élève-école sont différents en Ukraine et en France?
Il existe une différence culturelle importante qui ravie nos professeurs français. En Ukraine, l'école et ses professeurs jouissent d'un respect clairement supérieur à la pratique française. Les occasions traditionnelles de célébrer et de remercier son professeur sont nombreuses au cours de l'année scolaire. Bouquets de fleurs à la rentrée et cadeaux en cours d'année, rendent très sympathique cette adaptation culturelle.


Sinon, les rapports des parents avec l'école de leurs enfants est finalement assez proche du modèle français. En Ukraine existent aussi les comités de parents représentants élus, qui assistent aux conseils d'école.

 

- Cela fait combien de temps que vous habitez en Ukraine ? Qu’est-ce qui vous plaît dans ce pays ? Parlez-vous ukrainien ?

Même si au cours de l'année écoulée j'ai séjourné environ une semaine par mois à Odessa, je ne suis pas résident permanent en Ukraine et, malheureusement, je ne suis ni russophone ni ukraïnophone.
Pourtant je ne me sens pas dépaysé en Ukraine, en raison peut être des nombreuses similitudes socio-culturelles qui existent avec les pays issus de l'ex Yougoslavie. Et plus particulièrement avec la Bosnie Herzégovine où j'habite depuis vingt ans.


D'autre part, mon "atterrissage" à Odessa a pu être rapidement productif grâce au soutien que m'a apporté l'Ambassade de France au travers de l'Alliance Française d'Odessa.
Propos recueillis par Valentyna Matiyiv

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 21:57

photo-J-Roche.jpgRencontre avec Jean Roche,  directeur de Beten international, société française d’ingénierie et de consulting spécialisée dans les pays de la CEI et principalement en Ukraine, depuis plus de 20 ans.

Beten offre une vaste gamme de services d’ingénierie aux développeurs, investisseurs et clients institutionnels. Sa vocation demeure principalement le montage de projets industriels, dans les bâtiments, les infrastructures, l’énergie et l’agriculture…
Pour plus d’informations

- Comment est née votre entreprise ? Pourquoi ce nom ?

Après mes études d’ingénieur en construction et génie climatique et énergétique,  j’ai travaillé dans les années 1970, dans des bureaux d’études et réalisation des projets dans le bâtiment et l’industrie.  Au bout de dix ans, j’ai créé ma propre société, Beten, ce qui veut dire initialement Bureau d’études (BE) Techniques et Nucléaires et maintenant c’est devenu Bureau d’Etudes en Technologies Nouvelles. Nous mettons dans ce terme également tout ce qui concerne les techniques d’environnement et de développement durable. 


- Quels sont vos premiers contacts avec l’Ukraine ?

Ma première visite de l’Ukraine remonte à 1967 ou, en tant qu’étudiant, j’ai visité l’Université Chevtchenko de Kyiv avec l’association France-URSS. Ce fut un voyage mémorable, à une période ou peu de choses concrètes et précises étaient connues de cette zone de l’ex URSS. Nous avons eu l’occasion de contacter de près la population étudiante de l’époque, de voir des usines grandioses (l’usine de tracteurs « Octobre Rouge » à Stalingrad, le barrage hydroélectrique sur la Volga, le stade de 100000 place de Leningrad, etc…), et de visiter Moscou et les musées du Kremlin ! Nous sommes revenus en jeunes héros pour présenter un reportage de tout cela à notre école d’ingénieurs de Strasbourg !


Ensuite, après mes études, j’ai eu le privilège, en tant que jeune ingénieur, de m’occuper dès  le début de ma carrière, de grands chantiers de construction comme : le parlement Européen à Strasbourg, une usine de pneumatiques en Allemagne, le forum des Halles à Paris, un quartier à la défense.


Puis je suis intervenu dans les secteurs industriels de pointe, et notamment j’ai travaillé sur le site nucléaire de « La Hague », ce qui m’a permis d’être parmi les premiers français à être au courant de la catastrophe de Tchernobyl (via les détecteurs de contamination qui ont rapidement repéré la pollution en provenance de l’est, puis par les images satellites).


En 1985, en pleine période de glasnost et de pérestroïka, j’étais à Moscou pour m’occuper de la construction d’usines dans le cadre du Plan et de la Reconstruction du Complexe Militaro-industriel de l’URSS. C’était le début de la période Gorbatchev, et nous avons directement négocié avec le Kremlin la construction de 20 usines de fabrication de circuits imprimés à travers de l’Union Soviétique. Cette évolution du complexe militaro-industriel avait pour objectif de fabriquer des objets de vie courante comme magnétoscopes, machines à laver, téléviseurs, etc….


J’ai été sollicité en tant qu’ingénieur français car en URSS, il y avait un manque de savoir-faire sur le circuit imprimé permettant de réaliser des appareils électro-ménagers modernes, et un besoin de maitriser la réalisation rapide d’usines complexes en « clef en main ». A l’époque on savait aller sur la lune, mais tout ce qui était la vie quotidienne était négligé. Par exemple, dans les immeubles soviétiques les marches dans les escaliers n’étaient jamais toutes de même hauteur, ce qui était particulièrement dangereux, et un total paradoxe pour nous, jeunes ingénieurs !

- Comment avez-vous travaillé en Ukraine de cette époque? Avez-vous vécu l’insécurité ?
En fin de cette période de perestroïka, je me suis retrouvé, au cours d’un voyage avec ma femme, en plein Putsch d’Aout 1991, et nous avons quasiment assisté en direct à la chute de l’Union soviétique. On a été présent, au pied des murs du Kremlin, lors du déboulonnage des statues de Sverdlov et Dzerjinski, les fondateurs du KGB !


C’était une période assez trouble ou nous avions deux usines en construction, une à Bakou en Azerbaïdjan, et l’autre à Alexandrie (région de Kirovograd) en Ukraine. Avec la guerre du haut Kharabat, les atterrissages à l’aéroport de Bakou se faisaient entre deux rangées de char, et pour se rendre jusqu’au chantier, il fallait franchir de nombreux barrages avec des miliciens qui nous mettaient sous le nez une kalachnikov bien armée !


Ensuite, pour pouvoir terminer ces usines, et à cause de la prise d’indépendance de l’Ukraine, j’ai dû déménager à Alexandrie en 1992 où je me suis installé dans la « Maison des Français ». J’ai pu terminer et mettre en route cette usine, mais ensuite la situation économique s’est dégradée, et j’ai vu l’inflation parfois grimper de 300% par jour. J’ai dû travailler comme les ukrainiens, en faisant du « troc » (« barter », comme on dit en Ukraine), car nous n’étions pas en mesure de donner le vrai prix : on me donnait un bateau de blé ou de tournesol, et en échange je fournissais des matériel agricoles comme des moissonneuse batteuse, des tracteurs, des semoirs, etc.  


Par la suite, nous sommes intéressés à beaucoup d’autres projets dans des domaines très divers comme par exemple dans le secteur minier (extraction et purification du Kaolin), ou la rénovation d’usines pharmaceutiques comme BHFZ, DARNITSA, KIEVMEDPREPARAT, ZDOROVIE, etc…
voeux-Beten.jpg
- Quels projets menez- vous actuellement ?
Nous avons toujours plusieurs projets en cours dans différents secteurs, ceci afin de répartir notre risque, et de tenir compte de l’instabilité économique de l’Ukraine.


Nous travaillons depuis de nombreuses années dans la production et la transformation des plantes aromatiques, et exportons les huiles essentielles produites en France et dans le reste du monde.


Dans le secteur de l’immobilier notre dernier projet et un complexe commercial multifonctionnel de 7000 m2 basé à Berditchev. Nous l’avons appelé Galerie Honoré de Balzac en souvenir de cet illustre écrivain qui s’est marié il y a maintenant plus de 200 ans à Berditchev, avec la comtesse Evelyne HANSKA.


En souvenir de cette histoire mémorable, j’ai créé l’Association Franco-ukrainienne Balzac-Hanska dont le but est de perpétuer, célébrer et promouvoir la mémoire des amours d'Honoré de Balzac et de la comtesse Hanska dans un souci d'amitié franco-ukrainienne. On peut nous rencontrer sur notre page Facebook , mais aussi sur notre site officiel, sur lequel on peut découvrir actuellement un très intéressante description à épisode, des incroyables voyages que faisait Balzac à l’époque, au travers de l’Europe, et notamment vers Berditchev et Verhrivna, pour rencontrer son amoureuse !


Vous pouvez aussi consulter, en sus de nos divers sites internet professionnels, celui particulièrement dédié à la Galerie Balzac. Nous cherchons actuellement, pour finir de remplir ce bâtiment, des clients qui pourraient être intéressés à nous louer tout ou partie des deux derniers étages de ce magnifique bâtiment, afin d’y installer des bureaux en « backoffice » ou un hotel etc….

Enfin il faut aussi signaler que ces quatre dernières année nous nous sommes beaucoup intéressés au secteur des énergies renouvelables, telles que l’éolien, le solaire et la biomasse.


Nous avons ainsi pu développer une dizaines de projets de taille et d’implantation diverses, dont le plus avancé, dans le domaine de la biomasse, est en cours de réalisation. D’un puissance d’environ 5MW, il permettra d’assurer l’énergie écessaire au process industriel d’une importante usine Agroalimentaire, en économisant le gaz dont l’Ukraine manque assez cruellement.

- Comment collaborez-vous avec votre bureau ukrainien ?
Ces vingt dernières années nous avons employé beaucoup de jeunes ukrainiens qui ont évolué très rapidement et positivement en adoptant les méthodes occidentales. J’ai formé moi-même mes collaborateurs et les ai envoyé faire des stages en France. Je travaille avec eux à Kiev en tant que chef de notre représentation locale et actionnaire de l’entreprise Ukraine Développement que nous avons créée.

- Avez-vous noté une évolution récente dans le monde des affaires ukrainien ?
La meilleure croissance de l’Ukraine, et de dynamique des affaires, avait eu lieu à l’époque du Président Koutchma.
Avec l’arrivée de Youtchenko et Tymochenko, le monde des affaires s’était ouvert, et rapproché des investisseurs Européens.


Aujourd’hui, depuis la crise de 2009, et la venue du gouvernement de Yanoukovitch, les choses semblent de plus en plus difficiles. L’espoir suscité par la signature à Vilnius de l’Accord d’Association avec l’Europe vient de tomber. Nous formons donc les vœux pour l’Ukraine que l’accord qui vient d’être récemment signé avec les Russes permettra, en 2014, de relancer la dynamique de croissance du Pays, afin d’éviter à l’Ukraine un retour en arrière, voir une nouvelle crise économique. Ceci impliquera cependant que nombre d’entreprises à capitaux étrangers doivent réadapter leur stratégie en fonction de la nouvelle donne politique.

Propos recueillis par Maryana Dymyd

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 23:12
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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 23:32

andrii-kozlov.jpgRésumé de l'interview d’Andriy Kozlov, avocat, co-auteur du programme postrévolutionnaire des changements, pour Lb.ua. En 1996, jeune étudiant, Andriy a travaillé au Rada suprême d’Ukraine, parlement, en tant que stagiaire et a pu participer à l’élaboration et assister à l’adoption de la Constitution ukrainienne.
Source

- Andriy, tu es optimiste, tu crois en victoire de la révolution. Sur quoi cet optimisme est-il basé?
Je pense que tous les gens qui habitent en Ukraine et ne souhaitent pas émigrer sont des optimistes. Je le suis donc aussi. Je suis persuadé que malgré notre hébétement, le peuple se révèlera et soutiendra un système juste de l’organisation d’Etat. Enfin, on ne peut qu’avancer.


Le peuple ukrainien est très intéressant dans ses relations avec l’Etat. Durant de nombreuses années, elles ont été inexistantes, puisqu’on n’avait pas d’Etat. Aujourd’hui, l’Etat existe, mais le peuple pense : laisse-nous tranquille, s’il te plaît, laisse nous travailler et créer des institutions justes et transparentes.


Le fait que Maidan existe est déjà un signal pour l’Etat qu’il a tort. Le peuple veut lui dire que l’Etat ne remplit plus ses fonctions, qu’ils ne sont pas contents et qu’ils exigent que l’Etat prenne ses responsabilités.

-    Mais les autorités s’obstinent à l’ignorer.
Il semble que l’Etat ne comprenne pas qu’actuellement dans la société naît une force très saine. On peut l’utiliser pour déclencher une percée sérieuse y compris avec des retombées financières pour le pays. Or, l’Etat fait le contraire ; il essaie d’empêcher le progrès, tente de l’arrêter, met des bâtons dans les roues et cherche à maîtriser la situation.


Pour une percée réussie il faut un programme porteur d’avenir. C’était donc la raison pour laquelle nous avons écrit notre programme (ndt : programme des changements postrévolutionnaires – en ukrainien). Aujourd’hui, nous proposons à chacun de laisser ses commentaires. La concertation du peuple permettra d'englober plus de domaines et  de chercher à aborder davantage de sujets.


Souvent on entend nos adversaires – «  mais que voulez-vous exactement  ? Nous allons quitter le pouvoir – et qu’y aurait-il après ? Vous voulez juste changer de tête? Pourquoi faire ?  ».


Donc, nous avons essayé d’appliquer une nouvelle approche : déclarer ce qu’on veut précisément maintenant et à l’avenir de la part de tous les politiciens quels qu’ils soient. C’est écrit dans notre Programme.
Tout d’abord, nous avons écrit ce qu’il faut faire pour ne pas voir la répétition du 30 novembre (ndt : dispersion violente d'une manifestation par les forces de l’ordre  - en ukrainien) dont nous avons gardé un souvenir désastreux.

-    C’est donc votre moyen de lutter pour vos droits ?
Quand on parle d’une lutte pour quelque chose, on sous-entend bizarrement toujours une violence physique. Une sorte de foule qui englobe et détruit tout sur son passage et prend le pouvoir dans ses mains … En tout cas c’est une image que se font ceux qui sont toujours mentalement dans le XX siècle. Même pire – tout au début du XX siècle.


Une lutte pour les droits et les libertés consiste actuellement en leur élargissement et en leur défense efficace. Maidan essaie de le faire, y compris – la défense physique des manifestants, par des barricades. Par ailleurs, l’offensive est également une retranscription en mots des doléances, avec l’idée que toute la société (ukrainienne) y comprend plus tôt ou plus tard son intérêt pour soi, puisque nous avons des valeurs qui nous rassemblent tous. Par exemple, personne ni à Lviv, ni à Louhansk, ni à Sébastopol, ni à Kyiv ne veut pas recevoir de coups de matraque.


Il n’est pas très logique pour les autorités de continuer à ignorer Maidan. Maidan est déjà une force avec laquelle il faut mener un dialogue.


Le problème de fond de nos autorités est leur incompréhension qu’une personne libre est beaucoup plus efficace au travail. Elle s’implique mieux, elle vit mieux, sans penser à la couleur des drapeaux sous lesquels il faut se mettre pour pouvoir continuer à travailler. C’est une raison pour laquelle cette personne est capable de développer une action individuelle, de protester. Elle s’identifie à Maidan.

-    Quel est ton avis sur ce qui se passe du point de vue du droit constitutionnel ?
Les évènements du 30 novembre sont un exemple classique de violation de la constitution, pour laquelle les coupables doivent endosser leur responsabilité juridique. La situation est la suivante : l’Etat est devenu dangereux pour ses citoyens.


Parfois il peut arriver le pire, par exemple – Tchernobyl. Avec des conséquences graves, des victimes, mais il s’agit toujours d’un accident, même s’il existait des erreurs dans le système qui ont mené vers cette catastrophe. Mais quand quelques centaines de personnes en uniforme sont animés par une unique volonté  et quand ils réalisent les actions qui violent les droits de l’homme – alors c’est un système. Si l’Etat viole fréquemment et en masse les droits de ses citoyens alors cela s’appelle l’usurpation de pouvoir. On n’a pas encore inventé un autre mot pour le désigner.

Rajoutons qu’il ne s’agit pas que d'agressions physiques. Il y avait également des décisions juridiquement bizarres qui interdisaient des actions paisibles de protestation. C’est-à-dire – non seulement on nous a agressé, mais on ne veut même pas prendre en compte nos doléances. C’est également un témoignage de violation systématique des droits de l’homme.


Dans la doctrine du droit constitutionnel depuis nombreuses années, depuis la Révolution française et la prise de la Bastille, il existe la conception de la liberté de manifester. Elle est appliquée en France, en Allemagne, eux États Unis. Elle a été prévue par la constitution ukrainienne de 1996.


-    On l’a donc enlevée ?
Oui, certaines personnes pas très courageuses ont décidé de supprimer cette liberté, en croyant traditionnellement le peuple comme «  pas mûr  ».


Alors ce qui se passe aujourd’hui sur Maidan c’est une sorte de témoignage de notre droit de soulèvement et de notre liberté de manifester. Ce n’est pas du tout une tentative de renverser l’ordre constitutionnel. C’est au contraire – notre retour vers lui, notre soutien à notre Constitution. Parce que les droits et les libertés de l’homme et du citoyen, selon son article 3, c’est l’épine dorsale de l’ordre constitutionnel. Si l’Etat viole systématiquement ces droits et ces libertés, alors il renverse lui-même l’ordre constitutionnel, usurpe le pouvoir – et il doit être remis à sa place.[….] Le limogeage du gouvernement est l'un des moyens pour cela. Notre exigence est donc constitutionnelle.

 

Interview réalisée  par Viktoriya Gerassymtchouk, 25/12/2013, résumé et traduite par Olga Gerasymenko de Perspectives Ukrainiennes

 

Pour suivre les actualités en Ukraine


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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 15:09

Ukraine accord d'associationLe 18 décembre 2013, une délégation des associations ukrainiennes de France* a été reçue par Remi Pauvros, président du groupe d’amitié Ukraine-France à l’Assemblée Nationale et Joaquim Pueyo, vice-président du groupe.

 

Les représentants des associations après avoir remis la pétition (version ukrainienne) ont soulevé la question du non-respect des droits de l’Homme en Ukraine. La délégation a demandé d’examiner la possibilité de ne plus délivrer de visas français aux responsables ukrainiens qui se sont rendus coupables de violations des droits de l’Homme ainsi qu’aux membres de leurs familles. Une "liste rouge" sera communiquée très prochainement. Par ailleurs, la question de l'envoi d'une mission parlementaire française en Ukraine a aussi été évoquée.

 

Remi Pauvros a assuré qu'il suit, comme ses collègues du groupe, avec une grande attention les évènements en Ukraine et qu’ils sont inquiets de la dégradation de la situation.

 

Les députés français ont demandé plus de détails sur la répartition des lieux des différentes manifestations. Nous avons alors transmis le tableau statistique des manifestants de Maïdan préparé par la fondation « Ilko Koutcheriv, Initiatives Démocratiques » et l’Institut International de Sociologie de Kyiv. Par ailleurs, nous avons précisé que si les manifestants sont moins nombreux dans les régions géographiquement proches de la Russie, c’est en raison du manque d’informations impartiales. Nous avons cité le cas de la chaine télévisée Marion en Crimée qui subit de graves pressions de la part des autorités pour avoir diffusé une version différente des actualités telles qu’on peut les voir à la télévision russe ou sur les chaines contrôlées par le pouvoir.

Malgré tous les efforts déployés par le pouvoir pour décourager les manifestations, nous avons insisté sur la mobilisation de toutes les régions d'Ukraine qui dure maintenant depuis quatre semaines.

 

Joaquim Pueyo a déclaré qu’il souhaitait participer au groupe parlementaire qui visitera la capitale ukrainienne en 2014. Pour les questions des visas, les députés ont promis de transmettre cette doléance au Ministère des affaires étrangères français et de l’appuyer auprès de Laurent Fabius.

 

La rencontre a été très cordiale et a jeté les bases d’une collaboration durable entre les deux parties.

 

 

*Union des étudiants ukrainiens de France, Comité répresentatif de la communauté ukrainienne en France, Perspectives Ukrainiennes

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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 22:48

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Mardi, 10 décembre 2013

 

 

 

Selon des statistiques, un militant moyen du Maidan, est un diplômé de Bac +5, âgé de 36 ans et parlant ukrainien dans la vie courante.


La raison principale qui a poussé les Ukrainiens à sortir dans la rue afin de participer à l’Euromaidan sur la Place de l'Indépendance (Majdan Nezalozhnosti) fut une violente agression contre des manifestants le 30 novembre dernier. Voici les résultats d’une étude sociologique menée les 7 et 8 décembre par la fondation « Ilko Koutcheriv, Initiatives Démocratiques »  et l’Institut International de Sociologie de Kyiv.


Au total, près de mille manifestants ont participé à cette étude.

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70% d’entre eux disent être venus au Maidan pour exprimer leur colère suite aux actions répressives des « Berkout » (police anti-émeute). 53,5%  manifestent à cause de la suspension de l’Accord d’Association avec l’Union Européenne.
La moitié des personnes interrogées espèrent provoquer par leur action de grands changements au sein de la société ukrainienne. La volonté de changer de pouvoir est également très affirmée (39%).

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Seulement 5% des interrogés ont indiqué être venus à l’appel des représentants de l’opposition.


Une protestation jeune, éduquée et sans parti


Les revendications principales des manifestants sont: la libération des manifestants emprisonnés, la fin de la répression, la démission du gouvernement et du président, ainsi que la signature de l’Accord d’association avec l’Union Européenne.

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Les participants de l'Euromaidan semblent très déterminés : 74% d’entre eux sont prêts à quitter la Place de l’Indépendance à  la condition d’obtenir gain de cause sur l’ensemble de leurs revendications. 28,5%  de manifestants se contenteraient d’un accord sur les revendications les plus importantes.


Si la suspension de l’Accord d’Association avec l’Europe fut le point de départ de cette contestation, l’agression contre des manifestants dans la nuit du 29 au 30 décembre provoqua un changement d’état d’esprit sur le Maidan.

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Selon les sociologues, les manifestants sont pour moitié des habitants de Kyiv, l’autre moitié vient du reste de l’Ukraine. La majorité des manifestants n’habitant pas Kyiv (92%) affirment être venus par leurs propres moyens. Seulement 2% déclarent qu’un parti politique les a fait venir.

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92% des manifestants disent n’appartenir à aucun parti politique, aucune organisation publique ou autre mouvement.
L’Euromaidan est plus « jeune » que le pays, disent les sociologues, mais il est néanmoins plus « mature ». L’âge moyen des manifestants est de 36 ans. Les personnes âgées de 30 à 54 ans sont les plus nombreuses. Cette tranche d’âge constitue pratiquement la moitié des manifestants. 38% des interrogés ont moins de 30 ans, et seulement 13% ont plus de 55 ans.

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La majorité des manifestants du Maidan est diplômée. 64% d’entre eux, sont titulaire d’un BAC + 5 au minimum. 22% ont un niveau Bac ou BTS (Bac +2), et 13% poursuivent leurs études supérieures.

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Quant aux secteurs d'activités des manifestants, les « spécialistes » avec un diplôme d’études supérieures constituent le groupe le plus important (40%).Viennent ensuite les étudiants (12%), suivis par les entrepreneurs (9%),  les retraités (9%),  les cadres (8%) et  les salariés (7%).

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Un peu plus de la moitié des participants du Maidan parlent ukrainien chez eux, 27% sont russophones, 18% parlent l’ukrainien et le russe, et 1% parle une langue étrangère.

 

Excel des stats
Traduction par Olga Iablonska avec le concours de Marina Kolesnik, Anna Jaillard Chesanovska et Basil Chrin

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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 22:42

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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 10:18

Contra Spem Spero

 

Sur la base de notre enquête (les parties 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7), nous avons résumé les réponses

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Un tiers des personnes interrogées estime que la corruption est insupportable en Ukraine et une quart d’entre elles n’en peut plus de la justice sélective. En toute logique, les manifestants jugent le pouvoir responsable de cette situation et souhaitent changer de président (et/ou de gouvernement) afin d’élire un dirigeant plus réceptif aux doléances du peuple.


L’absence de respect du pouvoir à l’égard de la population a eu le même impact que le manque d’indépendance de l’Etat et l’absence de démocratie dans le pays. Le pourcentage cumulé est comparable en ce qui concerne la liberté d’expression et celle des médias. Le nombre de réponses concernant les problèmes rencontrés au quotidien en Ukraine (santé, éducation, économie) témoigne des difficultés récurrentes pour trouver une réponse adéquate aux attentes de la population.


Enfin, nombreux sont ceux qui ont évoqué leur attachement envers leur patrie et l’envie de rentrer au pays (10%) tout en gardant la possibilité de voyager plus librement (7%).

 

Cette enquête ne reflète qu’une partie des voix qui s’élèvent contre la situation très préoccupante que connaît ce pays situé au cœur de l’Europe.

 

Nous espérons que ce sondage permettra aux Français de mieux comprendre les Ukrainiens et donc de s’en rapprocher. Coincés entre les fantômes du “plombier polonais”, de l’âme slave et des enjeux géopolitiques, les Ukrainiens ne sont finalement pas si étrangers que cela. Ils aspirent aux mêmes valeurs que les Français : la liberté, l’égalité, le respect et l’attachement à leurs racines.

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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 00:52

Ce 8 décembre 2013, une manifestation dans la lignée des Euromaidans a rassemblé un millier de personnes à la place Stravinsky à Paris.

 

Perspectives Ukrainiennes a proposé aux gens sur la place de dire de quoi rêvent-ils, qu'est-ce qui les a poussé de venir manifester et que chacun d'entre eux aimerait voir changer en Ukraine.

 

Voici leurs réponses.

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"Nous exigeons:

1. Changer le pouvoir!

2. reformer la police!

3. Reformer la justice et le parquet général!

4. Supprimer le système mixe d’élections législatives!

5. Que les hauts fonctionnaires rendent leurs comptes devant le peuple!

6. Indépendance des médias!

7. Déclaration transparente des revenues des fonctionnaires de tous les niveaux

8. Arrêter de persécuter tous les prisonniers politiques

9. Egalité de tous les citoyens devant la loi!

10. Liberté d'expression"

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"Démantèlement complet du système du pouvoir en place et création du système démocratique et transparente, [refondation] des branches du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire"

 

 

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"Suppression de la corruption de l'Etat et la société ukrainiens"

 

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"Je pense que l'implication d'une part importante de la population dans des institutions consultatives sur le modèle de conseils des seniors dans les pays scandinaves qui regroupent environ 1/3 de la population dans la gestion des projets locaux donnerait une meilleure acculturation des gens à la gestion de la vie publique."

 

 

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"Non à la cruoté envers des animaux errant!

Supprimer la corruption"

 

reve052

"Je rêve d'une Ukraine libre où les gens n'auront pas peur de parler, d'exposer leurs idées. Je rêve que les Ukrainiens puissent circuler dans le monde librement et ne soient plus les esclaves d'une élite corrompue.

Je rêve d'un Président qui soit ukrainien et qui pense à son peuple avant tout

Je rêve que tous les Ukrainiens à l'ouest et à l'est, du nord au sud soient fiers de leur culture, de leur histoire, d'eux-mêmes!

Nathalie Pasternak"

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