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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 22:47

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

 

Mardi 6 novembre 2012, 18h30

 

Entrée libre.

 

LE CHIEN PIE QUI COURT LE LONG DE LA MER

 

(РЯБИЙ ПЕС, ЩО БІЖИТЬ КРАЄМ МОРЯ)

vostf

 Photogramme-Chien-pie-2.jpg

suivi d’une intervention d’Anne-Victoire Charrin,

anthropologue arctique,

spécialiste des cultures et des littératures des peuples autochtones de la Sibérie

 

 

Production : Studio Alexandre Dovjenko de Kiev, Allianz Filmproduktion, Regina Ziegler Filmproduktion, ZAF, 1990, 136 mn, coul
Scénario : Tolomouch Okéiev, Karen Guevorkian
Réalisation : Karen Guevorkian
Photographie : Igor Biélakov, Roudolf Vatinian, Karen Guevorkian
Décors : Yevhen Striletskyi, Heorhiї Oussenko
Musique : Sandor Kalloś
Son : Alexandre Kouzmine
Interprétation : Boiarto Dambaiev, Alexandre Sassykov, Doskhan Joljaksynov, Tokon Tagtyrbekov, Loudmila Ivanova
Genre : drame
 
Récompenses : Grand Prix au Festival Kinotavr, Sotchi, 1991 ; Médaille d’Or, Prix de la FIPRESCI, Prix du Jury Œcuménique, Prix Spécial du Jury International des ciné-clubs, Festival de Moscou, 1991 ; Grand Prix du film d’auteur au Festival de San Remo, 1993 ; Grand Prix au Festival international du film d'action et d'aventures de Valenciennes, 1993
 
 Photogramme-Chien-pie-1.jpg
 
Synopsis
 
Kirisk, un petit garçon de dix ans, accompagné de son grand-père, de son père et de son oncle, part pour la première fois à la chasse au phoque. Mais un malheur s'abat sur les chasseurs. Le brouillard s'est levé sur la mer et ils se perdent. Quand les réserves d’eau arrivent à leur fin, les hommes décident de se sacrifier pour sauver l’enfant et leur peuple.
 
Opinion
 
Unique film du réalisateur d’origine arménienne Karen Guevorkian produit en Ukraine, Le Chien pie qui court le long de la mer fut commencé en 1978 à la Lenfilm, puis arrêté sur décision du Goskino. Mais en 1986, sur l'insistance de Viktor Démine, le Derjkino donna au réalisateur la possibilité de continuer et de terminer son travail aux Studios Dovjenko de Kiev, où les traditions du cinéma poétique subsistaient toujours.
 
Le film s’inspire du récit de Tchinguiz Aimatov sur la condition humaine des Nivkhes, petite minorité ethnique de Sibérie orientale confrontée à la rigueur des éléments et menacée d’extinction. Par son style documentaire, mais néanmoins épique, il rappelle Nanouk, l’Esquimau, avant un final intensément dramatique. Les lois éthiques sont celles de la nature avec qui l’homme vit en harmonie, la combat et la tutoie comme un être humain. Riche tant sur le plan anthropologique que cinématographique, le film se découpe en deux parties. La première se passe sur terre non loin du littoral. La seconde, en mer d’Okhotsk, et se réfère directement au récit d’Aimatov relatant l’initiation d’un jeune garçon à la chasse au phoque par son grand-père, son père et son oncle. Malgré quelques similitudes avec le film de Flaherty et L’Île nue du Japonais Kaneto Shindo, le film n’en reste pas moins une brillante fiction philosophico-poétique, émaillée de paraboles mythologiques, où chaque geste devient rituel. Contrairement à Flaherty qui demandait à Nanouk de rejouer son propre quotidien, Guevorkian nous plonge au cœur d’une communauté, vue par un œil non pas exotique mais ethnographique. Le réalisateur jette un regard libre sur les mœurs et les traditions, directement liées au substrat religieux d’une culture ancestrale. Dominée par le blanc de la toundra et du brouillard, la photographie du film est généreuse en plans d’ensemble, où l’image se transfigure en hymne au grand créateur. Le film est encore plus poétique qu’Aérograd de Dovjenko, une œuvre splendide au rythme lent et puissamment universelle.


Formé au VGIK, d’abord en tant qu’opérateur puis réalisateur, Guevorkian est de ces cinéastes qui ont connu la censure durant la stagnation brejnévienne, parce que considéré comme antisoviétique. Il travaillera épisodiquement aux Studios ArmenFilm et Lentéléfilm, et ne réalisera que deux longs métrages en vingt ans, avant de créer sa propre unité de production, le Studio Navigator, en 1993.
 
 
Lubomir Hosejko

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 11:35

Le bulletin d'Octobre 2012 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes

 

Au sommaire:

 

p. 1 : Philippe de Suremain lauréat du prix Grégoire Orlyk 2012

p.2 : Polina Tarasenko princesse des cerfs-volants

p. 3 : 3 questions à Olexiy Avramenko, Directeur d’Obreey Content Management Ukraine,Plateforme de téléchargement de livres numériques

p. 4 : Hommage à Ivan Piddoubnyj (1871-1949) l’homme le plus fort d’Ukraine

p. 5 : Soirée littéraire : rencontre avec Dmytro Tchystiak, dimanche 14 octobre 2012

Peynier 1940 : cérémonie en hommage aux milliers d’Ukrainiens engagés dans la Légion Étrangère, vendredi 2 novembre 2012

p. 6 : Actualité du livre

 

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 11:29
До уваги громадян України,
що проживають у Франції
або перебуватимуть на території Франції 28 жовтня 2012р.
 
 
Вибори до Верховної Ради України
 
відбудуться у неділю, 28 жовтня 2012 року, з 8 до 20 години
у приміщенні Українського інформаційно-культурного центру у Франції 
 за адресою 22 
avenue de Messine, 75008 Paris
 
 
Аби мати змогу проголосувати за межами України, ви маєте бути включені до списку виборців на закордонній виборчій дільниці у Франції.
 
Щоб пересвідчитися, чи Вас було включено до попереднього списку виборців, просимо зателефонувати до дільничної виборчої комісії за телефоном  01.43.59.03.53. Виборча дільниця працює з 16 до 20 години щодня, крім неділі.
 
Щодо включення до списку виборців або внесення змін до Ваших персональних даних, зарошуємо Вас звернутися до дільничної виборчої комісії не пізніше 22 жовтня.
 
Включення до уточненого списку виборців здійснюється на підставі заяви виборця до органу ведення державного реєстру виборців, що подається особисто до закордонної виборчої дільниці. До заяви додаються копії документів, що посвідчують проживання або перебування виборця на території Франції станом на 28 жовтня 2012 року (наприклад, віза, titre de séjour, рахунок EDF або France Télécom з адресою проживання, авіаквитки, резервування готелю, тощо). Під час подачі заяви потрібно мати при собі оригінали цих документів.
 
Згідно діючого законодавства, уточнення списків можливе не пізніше 22 жовтня. Після цієї дати внесення до списків неможливе.
 
Виборча дільниця розташована у приміщенні Українського інформаційно-культурного центру у Франції адресою: 22 avenue de Messine, 75008 Paris.
 
Для участі у голосуванні, в день виборів необхідно мати при собі чинний паспорт громадянина України для виїзду за кордон (закордонний паспорт).
 
З повагою,
 
 
Дільнична виборча комісія з виборів народних депутатів України 28 жовтня 2012 року
закордонної  виборчої дільниці № 900102 (Франція)
 
Телефон:  01.43.59.03.53
Адреса: 22 avenue de Messine, 75008 Paris
Графік роботи: 16:00 – 20:00 (крім неділі)
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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 06:35

SoireeTchystiak-14-oct2012.jpg

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 00:00

Olexiy-Avramenko.jpgQuelle a été la genèse du projet ?

 Le début du projet remonte à l’année 2007, lorsque l’idée de la création d’un livre électronique est apparue pour la première fois. Notre activité principale, ainsi que celle de nos partenaires, était l’édition. Nous avons décidé ensemble d’aborder les choses différemment et de créer notre propre appareil qui permette de lire des livres en format électronique. Bien évidemment, ce marché était déjà saturé, nous avons donc choisi de nous distinguer de la concurrence par le contenu et la qualité de nos applications. Nous avons constitué un groupe d’informaticiens-programmeurs qui ont créé le Pocketbook. Cet appareil est un produit entièrement ukrainien : son design, ses applications, et jusqu’au choix des composants. Il est toutefois produit en Chine, comme les appareils de nos concurrents. En quelques années, nous sommes devenus leaders sur le marché des pays de l’ex-Union Soviétique et nous vendons le Pocketbook dans 24 pays du monde, la France incluse. Mais l’appareil lui-même n’a pas de valeur sans contenu. En décembre 2008, nous avons créé notre premier site de vente de livres électroniques, Bookland. Deux ans plus tard, nous avons pris la décision de le moderniser et avons ouvert le site-plateforme Obreey en octobre 2011.

 

Comment établissez-vous votre catalogue ?

Nous travaillons en collaboration avec des maisons d’édition ou directement avec des auteurs. Pour le moment, nous privilégions les maisons d’édition car ellesdisposent déjà de listes d’auteurs, des licences nécessaires etc. Toutefois, quelques auteurs connus et reconnus en Ukraine, comme Irène Rozdoboudko ou Andriy Kokotukha publient leurs oeuvres directement chez nous. En ce moment, nous travaillons sur la nouvelle plateforme Obreey Authors à destination des nouveaux auteurs qui se lancent. Aujourd’hui sur notre site on trouve environ 600 000 titres en 17 langues, c’est la plus grande boutique de livres électroniques en ligne dans les pays de l’ex-Union Soviétique. 200 000 titres sont en anglais, 300 000 en d’autres langues européennes, 40 000 en russe et seulement 3 000 en ukrainien… Mais ce nombre est en constante augmentation. Nous avons attiré des auteurs ukrainiens à succès : Sergiy Zhadan, Irène Rozdoboudko, Lada Louzina…

 

Quelle est la spécificité du marché ukrainien du livre électronique ?

Nos maisons d’édition ont du mal à gagner de l’argent et sont, par conséquent, très frileuses. En Ukraine, le livre en ukrainien est très peu soutenu par l’Etat, ce qui permet à certains acteurs du marché d’importer des livres en russe dans des conditions favorables. Il existe pour l’instant une seule chaîne de librairies qui vend des livres uniquement en langue ukrainienne : les librairies «Є» (« Ye »). En réalité, le livre électronique peut s’avérer très rentable pour les maisons d’éditions, car il exclut les frais d’impression et de logistique, qui pèsent lourd sur le prix d’un livre en papier. Mais l’obstacle principal au développement de ce nouveau marché est bien évidemment le piratage. Il est extrêmement difficile pour une boutique en ligne légale de proposer une liste de titres aussi exhaustive que celle des sites-pirates, car nous devons payer des licences tandis que les « pirates » ne payent rien. Nous travaillons sans relâche sur la protection de nos fichiers, car le format Adobe est facilement piraté. Les sites-pirates gagnent de l’argent grâce à la publicité et ils scannent des textes pour les mettre en ligne gratuitement. Un autre défi de taille est de fidéliser le lecteur. Un lecteur moyen dans les pays occidentaux a compris, dans sa majorité, qu’il faut payer pour un contenu électronique. En Ukraine, 3% des lecteurs achètent le contenu et 97% recherchent la gratuité. Je vais vous donner quelques exemples très parlants. Nous avons obtenu les droits exclusifs pour le dernier livre de Yuri Andrukhovych («Лексикон інтимних місць»). Le livre en papier coûtait 112 UAH (11,20 €).Nous avons proposé le texte en format électronique pour la moitié de ce prix. Mais un site-pirate a mis en ligne le texte gratuitement et nos ventes se sont écroulées. Nous avons alors renégocié le prix avec la maison d’édition. La nouvelle proposition a été imbattable : 1,11 €, soit dix fois moins cher que le prix initial. Ce livre est resté notre meilleure vente ! Un autre exemple. Nous avons lancé un projet social spécial : « Un livre en 24 heures ». 24 écrivains ont écrit chacun une nouvelle. Des illustrateurs les ont illustrées, des rédacteurs les ont corrigées, des informaticiens les ont mises en ligne, tout cela en 24 heures. Les textes étaient gratuits, mais nous avons encouragé nos lecteurs à faire un don pour des oeuvres caritatives. Les médias ukrainiens ont couvert cette action, le livre a été beaucoup téléchargé, mais les dons ont été rares…

 

Propos recueillis par Olena Yashchuk

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 13:48

Le bulletin de Septembre 2012 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes

 

Au sommaire:

 

p. 2 et 3 : Rencontre avec Hervé Maurey, Sénateur, Président du groupe d’amitié France-Ukraine.

p. 4 et 5 : Rencontre avec Philippe de Suremain, Ambassadeur, Président de l’Association Française des Études Ukrainiennes.

p. 6: A lire, à voir...

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 13:43

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

 

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

Mardi 2 octobre 2012, 19 heures

 

Entrée libre.

 

MY JOY

(ЩАСТЯ МОЄ)

vosta

 Affiche-My-Joy.jpg

Production : Sota Cinema Group (Ukraine), MA.JA.DE Filmproduktion (Allemagne), Lemming Film (Hollande), 2010, 122 mn, coul
Scénario : SergueїLoznitsa
Réalisation : SergueїLoznitsa
Photographie : Oleg Mutu
Décors : Cyril Chuvalov
Musique : Anatoli Dergatchev
Montage : Danielius Kokanauskis
Interprétation : Victor Nemets, Volodymyr Ivanov, Maria Varsami, Vladimir Golovine, Olga Chouvalova, Alexis Vertkov, Youriï Sviridenko
Genre : drame
Récompenses : Meilleur scénario, Festival du cinéma de la CEI Kinochok, Estonie, Lettonie et Lituanie, Russie, 2010 ; Meilleure réalisation, Prix de la Guilde des critiques et historiens du cinéma, Festival Kinotavr, Russie, 2010 ; Grand prix, Festival international du film Molodist, Ukraine, 2010 ; Grand Prix, Festival International Listapad de Minsk, 2010 ; Deuxième Prix du meilleur film, Abricot d’Argent Festival International d’Erevan 2010 ; Grand prix, Festival du Jeune cinéma VOICES, Vologda, 2010
Synopsis

Un jeune routier se perd dans la campagne avec son chargement de farine. Il croise un vétéran malheureux, une prostituée mineure, une étrange bohémienne, trois brigands, dont la brutalité alcoolique sera l'instrument de son destin, des policiers corrompus. Pris dans une spirale de violence et de trahison, il s’adapte progressivement à son environnement jusqu’à commettre un crime.

Opinion

     En 2010, pour la première fois de son histoire, le cinéma ukrainien est représenté dans la sélection officielle du Festival de Cannes. C’est à Sergueї Loznitsa qu’incombe de concourir avec son premier long métrage My Joy. Jusque-là, les cinéastes ukrainiens ne s’étaient fait remarquer qu’à la Quinzaine des réalisateurs, notamment avec le film Rez-de-chaussée de Igor Minaiev, Le Lac des cygnes. La Zone de Youriï Illienko et La Désintégration de Mykhaïlo Biélikov.

     Mathématicien de formation, Sergueї Loznitsa travailla quelque temps à Kiev comme cybernéticien et traducteur de japonais, avant de suivre les cours de réalisation du VGIK qu’il termina en 1997. Il réalisa ses deux premiers courts métrages en binôme avec son camarade d’études Marat Magambetov, passant du concept du numéro d’attraction, Aujourd’hui nous construisons notre maison (1996), à une œuvre élégiaque, La vie, l’automne (1998). Attaché au Studio des films documentaires de Saint-Pétersbourg, il enchaînera opus sur opus, perçus comme des docus-méditation, avec ses opérateurs attitrés, le Russe Pavel Kostomarov ou l’Ukrainien Serhiї Mykhaltchouk. L’univers filmophanique chez Loznitsa est celui des petites gens, soumises aux bouleversements économiques, sociaux et politiques : L’Attente (2000), La Colonie (2001), Portrait (2002) et surtout L’Usine (2004), véritable petit chef-d’œuvre impressionniste larguant aux oubliettes les docus de Dziga Vertov et autres bandes stakhanovistes. Loznitsa s’est fait surtout connaître par son documentaire Blockade (2005), un film de montage entièrement élaboré à partir de rushes longtemps tenus secrets du film de Roman Karmen Leningrad en luttePhotogramme-My-Joy-2.jpgC’est principalement dans ce film que l’on découvre combien l'architecture sonore joue un rôle prépondérant dans ses opus. Fasciné par le Grand Nord, Loznitsa réalisera encore  Artel (2006) et, en 2008, Lumière du Nord (Les Films d'Ici, Arte France), un film d’une extrême beauté, tourné dans la nuit polaire. Puis avec Revue, son premier documentaire tourné et produit en Ukraine (2008), monté à partir de bandes d’actualités de propagande des années 50-60, il revisitera la vie des gens, avec ses privations et ses rituels absurdes, mais illuminée dans le même temps par l’éclat glorieux du communisme.

 

      Grand admirateur de Robert Bresson, Loznitsa aborde la fiction avec un premier long métrage, My Joy, de prime abord hermétique et abstrus, mais en réalité d’une conception rigoureusement structurée à partir d’histoires glanées dans la Russie profonde. Cependant, il se voit refuser son financement par le Ministère de la Culture de Russie, et c’est grâce à sa rencontre avec Oleg Kokhan, premier grand producteur de l’Ukraine indépendante (notamment des films de Kira Mouratova), qu’il le réalisera en Ukraine, dans la région de Tchernihiv près de la frontière russe. My Joy (le distributeur français ARP Selection n’a pas cru bon de le présenter sous le titre Mon bonheur) cofinancé par l’Allemand Eino Deckert (Ma.Ja.De.) et le Néerlandais Joost de Vries (Lemming Film), sera distribué dans une vingtaine de pays. Loznitsa y a réuni une distribution internationale, avec le Bélarusse Viktor Nemets, les Russes Vladimir Golovine et Olga Chouvalova dans les rôles principaux, des comédiens non-professionnels rencontrés au moment des repérages, et a adjoint à son équipe technique l’opérateur roumain Oleg Mutu. 

      My Joy est un road-movie qui conduit le héros au bout d’une route qui ne mène nulle part, à un cul-de-sac du diable, où la violence est omniprésente. C’est la Russie postsoviétique profonde, cauchemardesque, corrompue, vue par un documentariste chevronné. Certains critiques reprochent à Loznitsa d’avoir copié son sujet sur des films des années 90 et d’avoir tourné ce film avec une haine pour les hommes et la pourriture du monde, mais encore un film ukrainien antirusse. En fait, tout en usant de l’ellipse, du flash-back et de réminiscences, où les traumatismes du passé se mêlent aux blessures du présent, Loznitsa porte un regard sombre et très critique sur la réalité, en livrant une métaphore sur un pays en pleine crise existentielle et identitaire. Il dit ne pas penser à la Russie, mais à ses mythes, ainsi dans l’épisode où il verse son obole à la culture nostalgique de la Grande Guerre Patriotique. C’est le cas du vieil homme qui raconte au routier comment, tout juste lieutenant, il avait été berné, humilié, une nuit, dans une gare, par un autre militaire dont il avait décidé de se venger. Avec des images choc sur la décadence sociale et humaine, Loznitsa filme des anciens indics devenus policiers de la route, des conscrits déserteurs réincarnés en voyous rackettant les honnêtes gens.

Photogramme-My-Joy-3.jpg

     Invité mystère de la compétition officielle du 63ème Festival de Cannes, Loznitsa affirme qu’il ne tourne ses films pour aucun pays. Les dollars pullulent dans le monde entier, pourquoi auraient-ils une nationalité ? Les films en compétition dans les festivals doivent-ils avoir une nationalité ? Toujours selon lui, aucune œuvre d’art ne relève de ce genre de classification. « Tourgueniev a vécu en France. Était-il pour autant un écrivain français, Nabokov – un écrivain suisse, Brodsky – un poète américain ? Les œuvres d’art ont une autre dimension : une tradition culturelle, par exemple. Cela a plus de sens que l’appartenance à tel ou tel pays », affirma-t-il dans une interview à Radio Liberty, le 12 mai 2010.

     Loznitsa réalisa son deuxième long métrage en 2011, Dans la brume (Allemagne, Russie, Lettonie, Pays-Bas, Belarus), Prix de la FIPRESCI au Festival de Cannes 2012, adapté du roman de Vassili Bykov Dans le brouillard (éditions Albin Michel, 1989). Il prépare actuellement une fiction sur la tragédie de Babyi Yar en Ukraine. Sergueї Loznitsa, ou plutôt Serhiї Loznytsia, accordera-t-il sa préférence pour une nationalité à son film ? C’est la question que se pose le monde du cinéma en Ukraine au sujet de la personnalité du réalisateur qui vit depuis 2001 en Allemagne, mais travaille principalement en Russie et en Ukraine. Loznitsa est connu en France depuis 2004 grâce, aux États Généraux du Film documentaire de Lussas et à des collectifs d’associations (Strasbourg, Metz, Nancy, Marseille).

 

 

Lubomir Hosejko

 

 

 

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 08:52

CINÉ-CLUB UKRAINIEN

ESPACE CULTUREL DE L’AMBASSADE D’UKRAINE

22, av. de Messine, M° Miromesnil. Tél. 01 43 59 03 53

Entrée libre.

 

SÉANCE SPÉCIALE

Jeudi 20  septembre 2012, 20 h 30

 

LIBERTÉ SECRÈTE

 

(ТАЄМНА СВОБОДА)

vo

 

suivi d’une intervention de Myroslav Skoryk,

compositeur de la musique du film Les Chevaux de feu

 

 Liberte-secrete.png

Production : Agence cinématographique d’État, Studio Kontakt, 2011, 52 mn, coul.

Scénario : Loudmyla Lemecheva

Réalisation : Serhiї Lyssenko

Photographie : Igor Ivanov, Yevhen Heranine, Volodymyr Houїevskyi, Vitaliї Filippov

Son : Heorhii Stremovskyi

Montage : Valeriï Matsiouk, Maxime Palahviї

Genre : documentaire

 

Opinion

Présenté lors du IIIème Festival International d’Odessa en 2012, ce documentaire riche en archives filmiques retrace les moments forts de l’histoire du cinéma ukrainien des années 60-70, notamment à travers les films-phare Les Chevaux de feu, La Croix de pierre, L’Oiseau blanc marqué de noir, Brèves rencontres, Et l’Acier fut trempé, Vol entre rêve et réalité. Ce documentaire de Serhiї Lyssenko diverge complètement du film expérimental d’Alexandre Balahoura Antolohion et, dans une moindre mesure, de celui de Anatoliï Syrykh À Ivan Mykolaїtchouk, tous deux de 1996, traitant différemment des mêmes pans d’histoire. Dans Liberté secrète, la scénariste Loudmyla Lemecheva revalorise l’atmosphère créatrice des sixties et seventies par une analyse très fouillée des pratiques et de l’esthétique des réalisateurs qui surent résister aux pressions idéologiques et rester libres dans leur for intérieur. Tous connurent la dictature du Parti communiste, plus tard celle du marché. Les figures qui défilent restent toujours dans la mémoire des nouvelles générations : Paradjanov, Mykolaїtchouk, Illienko, Ossyka, Machtchenko, Dziouba, Dratch, Yakoutovytch, Biélikov, Hrès, Balaїan, Kalouta, Mouratova, mais aussi les moins connus ou plus jeunes tels Constantin Yerchov, Serhiї Masloboїchtchykov. L’idée de réunir autour d’une table ronde dans les célèbres Studios Dovjenko de Kiev les acteurs principaux de cette époque - réalisateurs, opérateurs, scénaristes, décorateurs, comédiens et critiques de cinéma -, trouve ici le recul nécessaire pour s’interroger sur les liens étroits qu’exercent les images d’archives entre la fascination nostalgique et la potentialité de les raconter ou de les réinterpréter à bon escient. On y découvre un moment émouvant, où le cinéaste Youriï Illienko annonce sa mort prochaine, et l’on regrette l’absence de Bohdan Stoupka ou encore les divergences des frères ennemis Illienko et Balaїan. Par  leur opus, Serhiї Lyssenko et Loudmyla Lemecheva, laquelle avait signé douze ans auparavant le scénario de À Ivan Mykolaїtchouk, ont le mérite d’avoir donné une forte caution historique au cinéma d’auteur et à ce qui a été en son temps caché ou défendu : un hors-champ réinstallé faisant corps avec la surface écranique.

Lubomir Hosejko

 

 

 

 

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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 10:42

Le bulletin de Juillet-Août 2012 de Perspectives Ukrainiennes est disponible sur la page Archive des bulletins de Perspectives Ukrainiennes

Au sommaire:
 

Page 1: Editorial d’Alla Lazareva

Page 2 : Editorial (suite) - A la découverte des oeuvres françaises inspirées par l’Ukraine… « Mazeppa aux loups », Horace Vernet

Page 3: Entretien avec Iryna Zvarytch, gardienne de but de l’équipe nationale d’Ukraine

Pages 4 et 5 : A la découverte de la cuisine ukrainienne par Liana Panasevych- Benquet

Page 6 : Actualité littéraire

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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 23:52

Philippe-de-Suremain.jpgQuand et comment avez-vous décidé d'embrasser une carrière diplomatique ?

Très tôt, cette ''autre Europe" jadis si proche et devenue si lointaine m'a intrigué : mon grand-père, diplomate lui aussi m'en avait décrit la terrifiante et énigmatique réalité au-delà du rideau de fer. L'attrait pour la littérature puis la langue russe m'ont conduit à Langues'O où j'ai appris ensuite le roumain, que j'ai approfondi à l'Université de Bucarest en 1964 - très rude mais instructive expérience que j'ai voulu poursuivre plus avant. Le Quai d'Orsay était un choix d'évidence pour le nomade que j'étais et c'est quelque 25 ans, sans compter le Moyen-Orient, que j'aurai consacré à cette région pour aboutir à ma demande en Ukraine, où j'ai pris racine.

 

Depuis quand présidez-vous l'Association Française des Etudes Ukrainiennes ?

C'est à mon retour de Kiev en 2005 que je me suis vu proposer la présidence de l’A.F.E.U ; je n'ai pas résisté. L'attachement que j'éprouvais pour l'Ukraine et mon souhait de faire partager mon intérêt pour un pays si riche à tous égards et pourtant si méconnu m'ont incité à relever le défi. Qu'un diplomate succède à des universitaires aussi remarquables que Daniel Beauvois, fondateur de l'A.F.E.U. et Michel Cadiot pour poursuivre leur action avait un sens ; Hors de toute obédience politique ou autre, cette association vise à permettre à tous ceux qui portent attention à l'Ukraine, et en particulier à ceux qui l'étudient sous ses aspects les plus variés, de se rencontrer, de s'exprimer en toute liberté et de faire connaître les enjeux qu'elle représente. Expérience utile, certainement, stimulante assurément malgré les moyens modestes dont elle dispose : elle répond à une véritable nécessité.

 

Si l’Ukraine a remporté le double défi organisationnel et médiatique de l’Euro 2012 en raison, notamment, d'immenses investissements, comment, selon vous, le pays va-t-il gérer le retour à la réalité ?

De l'Euro 2012, les dirigeants ukrainiens n'ont sans doute pas tiré le bénéfice politique escompté, faute d'avoir réussi à détourner l'attention des média et opinions à l'étranger des procès en cours contre l'opposition. Il n'empêche que cette manifestation, par son organisation et son impeccable déroulement, a été une incontestable réussite. Les Ukrainiens se sont retrouvés dans une atmosphère de ferveur et de cohésion troublée par aucun incident et les supporters étrangers ont été séduits par cette ambiance festive et la chaleur de l'accueil qui leur a été partout réservé. Le Krechtchiatik en fête ne sera pas oublié de sitôt. Reste à espérer que ce n'est pas là une parenthèse refermée : les Ukrainiens se sont à nouveau montrés prêts à faire cause commune.

 

Au regard de l'acharnement dont est victime Ioulia Timochenko ainsi que des dégradations avérées des droits de l'homme et des libertés fondamentales, considérez-vous l'intégration européenne de l'Ukraine comme un horizon de plus en plus lointain ?

Nul ne conteste l'appartenance de l'Ukraine à l'Europe. Mais ce feuilleton politicojudiciaire entrave dans l'immédiat l'évolution en cours dans les faits et surtout les esprits, qui devrait permettre à un pays d'un tel potentiel sur le plan humain, riche en ressources naturelles et carrefour stratégique au coeur de l'Europe, d'en devenir la clé de voûte. Le défi est considérable : tout à la fois édifier un Etat de droit sur les ruines de l'administration soviétique, restructurer une économie désorganisée, consolider une identité à partir d'une diversité culturelle et régionale qui en constitue justement la richesse. Il y faut du temps alors qu'il y a urgence et nulle part la transition post-soviétique n'est aisée. A l'heure où des choix décisifs sont à prendre, il y faut l'adhésion de la population. Et donc gagner sa confiance par l'instauration d'une démocratie qui permette le développement à long terme avec le souci de l'intérêt général à l'abri de la corruption.

 

Voltaire a mis en exergue l'aspiration de l'Ukraine à la souveraineté tandis que Victor Hugo et Théodore Géricault ont célébré la gloire de Mazeppa, héros de l'indépendance. Comment expliquez-vous la fascination de ces grands hommes pour la cause ukrainienne ?

Voltaire, Victor Hugo, Géricault, et d'autres seraient à citer, ont été des visionnaires qui ont su discerner au-delà des contingences du moment les évolutions qui en profondeur affectaient l'évolution de notre continent et remettaient en cause "le concert européen" et l'équilibre précaire des puissances. L'émergence de forces nouvelles et du fait national qui a touché l'Ukraine ne leur a pas échappé et ils ont pressenti les enjeux que comportait ce phénomène inédit. Ils ont dévoilé le dessous des cartes.

 

Pierre Beregovoy est le plus illustre des Français d'origine ukrainienne, que vous inspirent son parcours et son engagement politique ?

Pierre Beregovoy aura été une figure exemplaire et populaire au meilleur sens du terme. L'exceptionnel parcours de ce fils d'émigré marqué par ses origines ukrainiennes ne lui a rien fait perdre de sa grande modestie ni renoncer à ses convictions et ses engagements. Nul cynisme dans sa démarche, soucieux qu'il était de l'intérêt général. Un homme d'Etat doué de discernement et d'une grande humanité dont la disparition avait suscité même à l'étranger une vive émotion.

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